Obédience : NC Loge : NC 21/03/2009

Le Bâton

Je commencerai cette planche par une citation du poète arabe Mutanabi vivant au Xeme siècle dans la région de Bagdad

 Chaque fois que le temps a fait croître un bâton , au bout du bâton l’homme a mis une lance“.

Trois années de déambulation dans ce temple, en tant que maître des cérémonies, m’ont amener à réfléchir sur l’objet qui est attaché à la fonction, à savoir le bâton; appelé aussi, selon d’autres rites ou autres obédiences, canne ou verge. A l’origine des temps c’était un long morceau de bois rond. Il se décline aussi sous forme de baguette, de sceptre ,de crosse et revêt une multitude de significations.

Le bâton, sous toutes sortes de forme et de matière, a été utilisé depuis la préhistoire dans le monde entier, par toutes les civilisations, comme outil, comme arme, comme ornement, comme emblème ou ce qui nous intéresse davantage, comme symbole.

Que ce soit pour attaquer, se défendre ou transformer des objets, le corps humain n’est pas équipé d’outils naturels aussi efficaces que les griffes et les corps des prédateurs.Dès la préhistoire, pour survivre l’homme a donc dû développer des outils, c’est à dire des prolongements externes de son corps.Ainsi le bâton utilisé par les Australopithèques prolongeait et renforçait le poing.

On a trouvé dans des grottes datant du Paléolithique supérieur, à Aurignac en Haute Garrone, à Bayac en Dordogne, les premiers bâtons percés destinés à recevoir des pointes. Ces bâtons, sorte de grandes perches, étaient utilisés comme outils, comme armes ou parfois comme éléments de décoration.

Puis, quelques milliers d’années A.J. en Afrique Subsaharienne c’est le bâton à fouir des chasseurs cueilleurs qui est l’outil agricole le plus répandu de l’homme, et plus encore de la femme. Ancêtre de la houe , basé uniquement sur l’énergie humaine, il servait à la préparation du terrain qui allait recevoir les semis ou les plantations.

De nos jours encore , les Sénoufos de Cote d’Ivoire plantent dans le sol , à l’extrémité des rangs de plants cultivés, des bâtons ornés d’un oiseau ou d’une femme. Ces bâtons servent de buts , de marques ou de trophées dans les concours de plantation.

Peut on imaginer ,sur tous les continents, un berger sans son bâton appelée la houlette qui est une marque également d’autorité et de commandement.

Les primates et les êtres humains ayant des caractéristiques génétiques communes, des anthropologues passèrent des années à observer des chimpanzés en liberté dans un parc national de Tanzanie. Ils découvrirent que les chimpanzés étaient capables d’utiliser des outils simples, notamment des petits bâtons pour cueillir les termites et les fourmis, et qu’ils pouvaient jeter avec adresse des pierres et des bâtons. Lors d’une expérience, ils observèrent des chimpanzés en train de manier de lourds bâtons pour frapper un léopard empaillé.

On trouve , dans l’antiquité, une utilisation originale du bâton. En effet, les almanachs ( traduit textuellement de l’arabe, al mankh, par calendrier du ciel) antiques étaient gravés sur des bâtons en bois, appelés par les prêtres égyptiens: les doigts du soleil.

L’utilisation du bâton comme instrument auxiliaire de la musique, de la danse, du théâtre ou encore des jeux et des arts est aussi très ancienne. Ainsi on trouve en Afrique des bâtons de rythme, des cithares sur bâtons comportant des résonateurs faits de gourdes à chaque extrémité.

Le chef d’orchestre moderne apparut au XIX eme siècle. Auparavant , le chef était souvent un des interprètes tels les chefs de chœur de la Renaissance qui battaient la mesure en frappant le sol avec un bâton.

Dans de nombreux pays existe des danses de combat telles que les danses de bâtons pratiquées en Egypte, en Nouvelle-Zélande et en Grande Bretagne.Les danseurs font sonner ces armes pour accentuer le rythme. En Inde parmi les plus célèbres danses folkloriques on trouve le garba et le dandia ras ou danse des bâtons. En Océanie sur l’île de Pâques les danses rituelles se faisaient à l’aide de bâtons sculptés.

Au théâtre le brigadier, plus connu sous le nom de bâton, sert à frapper les trois coups d’ouverture. Les numéros d’acteurs qui consistaient à se frapper mutuellement avec un bâton sont très connus dans la comédia del arte, de même que le sac et les coups de bâton dans les Fourberies de Scapin.

Tannhäuser, chevalier et ménestrel allemand est identifié au héros mythique qui inspira Richard Wagner. La légende dit qu’il se rendit en pèlerinage à Rome et que, sur le chemin du retour, il vit son bâton de pèlerin miraculeusement reverdir, signe du pardon divin à ses péchés.

En 1947 le peintre américain Jackson Pollock développa une technique nouvelle appelée dripping all over. Sur une toile étendue sur le sol, l’artiste projette de la peinture à l’aide de bâtons ou la laisse couler d’un pot percé. Il obtient ainsi un entrelacs complexe de lignes colorées frontales, le dessin et la couleur ne faisant qu'un.

Avant d’aller plus avant, je citerai deux importantes inventions.

Gersonides,de son vrai nom Lévi Ben Gerson, rabbin français du début du XIVeme siècle, est un auteur de nombreux ouvrages en philosophie, mathématiques, astronomie et droit, ainsi que d’œuvres consacrées à l’exégèse biblique. En tant qu’astronome, il inventa l’arbalistrille, ou bâton de Jacob, un instrument permettant de mesurer les distances angulaires entre les corps célestes, et élabora une théorie sur le mouvement de la lune en s’écartant du système de Ptolémée qui dominait la cosmologie de l’époque. Plusieurs de ses traités exercèrent une grande influence.

Napier Jhon mathématicien écossais, inventeur des logarithmes, inventa également des système mécaniques pour réaliser des calculs arithmétiques. Ce procédé de multiplication est connu sous le nom de bâton ou réglette de Napier.

Le bâton , tout au moins dans sa forme emblématique, est communément ressenti par les individus comme un élément de force ou de commandement par celui qui le détient. Rappelons nous des expressions, le retour de bâton,  la carotte et le bâton, la politique du gros bâton en parlant de la main mise des puissants sur les faibles, etc.N’a t’on pas appelé les premiers fusils des bâtons à feus.

Devenu sceptre il est symbole de commandement, il est l’insigne du pouvoir suprême, des royautés ou des empires, des monarques en général. Avec une main à trois doigts levés, placée ou bout du bâton royal il est symbole de l’autorité judiciaire sous le nom de main de justice.

Autres exemples; le bâton de maréchal est le signe suprême du commandement. Le roi, déléguant son pouvoir, donne le bâton au maréchal de France; le Grand Juge donne la verge à l’huissier; le maître sa baguette au majordome; les suisses d’un palais représentent leur seigneur par le bâton. Aux funérailles des rois de France, lorsque les obsèques étaient terminées, le Grand Maître des Cérémonies criait par trois fois “ le roi est mort “ en brisant son bâton sur son genou.

Autre symbole d’autorité, mais religieuse cette fois, la crosse, bâton pastoral des évêques ou autre religieux. L’évêque tient toujours la crosse en main, tournée vers l’avant comme signe de responsabilité. Dans la Rome antique, un bâton similaire en forme de crosse et appelé pédum, était l’attribut de certaines divinités champêtres.

Le bourdon , long bâton terminé à sa partie supérieure par un ornement en forme de gourde ou de pomme, est le soutien , le guide du pèlerin Le bâton est symboliquement sa monture invisible et le véhicule de ses voyages dans le temps et dans l’espace.

Pour les sociétés de compagnons le bâton devient une canne compagnonnique. A une époque où les routes étaient peu sures et ou les sociétés compagnonniques se faisaient la guerre, la canne était avant tout une arme de défense ou d’attaque.

Il faut rappeler que le compagnonnage fait référence à trois fondateurs légendaires : Salomon, maître Jacques et le père Soubise. Personnages allégoriques, il conviendrait de décoder tous les textes et récits qui les mettent en scène lors de la construction du temple de Jérusalem. Hélas force est de constater, que pour toutes sortes de raisons, les sociétés ou confréries compagnonniques étaient en lutte féroce permanente les unes contre les autres. La canne d’ordinaire ronde était parfois carrée, avec des angles saillants , pour mieux rosser son compagnon adversaire et parfois le tuer.

Prendre la canne de son adversaire fut longtemps considéré comme acte de gloire et d’héroïsme. La perdre ou, pire l’abandonner entraînait honte et déshonneur. C’est dire l’importance attribuée à la canne, importance qui dépasse la fonction et la quotidiennetée de l’objet lui même.

Soutien du voyageur, arme de défense, instrument de mesure, symbole d’un certain savoir , la canne est avant la fierté du compagnon qui la reçoit le soir de sa réception. Elle gage de son appartenance au compagnonnage. Comme par le passé, les cannes sont compagnonniques sont souvent en jonc. Chaque canne se compose d’un grand bout ferré à une extrémité et , à l’autre, d’un pommeau qui, selon le rite du compagnon, peut être en ivoire, en corne, en laiton ou, tout simplement, en bois. Sur le pommeau , il est possible de distinguer une pastille ( en laiton, argent, ou ivoire ) sur laquelle sont gravés le métier et le nom du compagnon, son rite , la ville et la date de sa réception ainsi que quelques lettres symboliques figurant autour de l’équerre et du compas, ou tout autre outil représentatif du métier. Notons aussi que toutes les cannes sont décorées de deux glands, en forme de pompon, dont les couleurs varient toujours en fonction du métier et du rite.

Cette division en trois parties (pommeau, jonc, bout ferré )est expliquée par certains récits légendaires. Ainsi ces trois parties représenteraient les trois outils (maillet, règle, et levier) des trois mauvais compagnons qui ont assassiné le maître. D’autres versions que cette explication allégorique présente la canne comme un don des chevaliers du Temple aux pauvres ouvriers qui les accompagnèrent en Orient

Mythe ou Réalité, lorsqu’on consulte des catéchismes du début du XIXeme siècle le rôle rituel de la canne apparaît avec insistance. La manière de la tenir répond à certaine règles. Les historiens détaillent plus de dix-huit façons de porter la canne. Ainsi, le compagnon doit toujours la tenir de la main droite, le pouce devant généralement cacher la pastille. La pointer le bout ferré en avant est signe de mépris ou de provocation. La présenter par le pommeau exprime l’amitié, la paix et la fraternité.

Aujourd’hui encore de nombreuses situations nécessitent l’emploi de la canne , par exemple lors du mariage d’un des leurs, pour former la voûte de cannes au dessus des jeunes mariés à la sortie de l’église ou de la mairie, ou encore à l’occasion d’un cortège funèbre. Dans ce cas les compagnons suivent le corbillard en tenant les cannes avec le pommeau incliné vers le bas.

Le rouleur ,sorte de maître des cérémonies , possède un bâton spécial, enrubanné. de faveurs , afin d’être reconnu dans les assemblées. Le rouleur est un personnage essentiel dans la vie quotidienne d’un siège compagnonnique. Cette charge est occupée à tour de rôle par les compagnons. Il est chargé du bon déroulement des fêtes ,des réunions, il veille au respect des règlements.

Les rites , unanimes, attribuent un bâton ou canne à tout maître des cérémonies en tant que symbole de son office. On ne voit pas d’ailleurs quel autre objet symbolique aurait pu lui convenir, sur le plan historique comme sur le plan fonctionnel. Historiquement, ainsi que nous venons de le voir, cette canne rappelle l’itinérance des compagnons bâtisseurs. Fonctionnellement. elle matérialise le soutien de quiconque marche beaucoup sur les chemin difficiles, ou bien l’auxiliaire de celui qui conduit des marches rythmées et collectives. Or en tenue le maître des cérémonies est un déambulateur quelquefois solitaire , doublé d’un accompagnateur de frères qu’il précède. Sa canne est donc le guide indispensable de ses multiple déplacements dans le temple.

Le bâton du maître des cérémonies est différent selon les rites, et les obédiences. Dans certaines loges ce peut être des verges de 180 centimètres, soit en bois soit en métal. En réalité on observe que dans chaque atelier le bâton du maître des cérémonie est original.

Symboliquement le maître des cérémonies est associé à Mercure, ou Hermés, le messager dont le principe est le mouvement. Comme lui, il conduit les voyageurs là ou ils veulent, il concourt à la circulation des choses, des êtres et des idées. La fonction de mouvement donne la vie au corps que constitue la loge et le MDC permet le mouvement. Il doit être un parangon: celui des Maçons qui vont de l’avant sur le chemin d la connaissance de soi et de la lumière, travaillant leur pierre jour après jour pour l’embellir et améliorer non seulement leur propre existence, mais aussi celle des personnes qu’ils fréquentent.

Compagnon de route, le MDC se déplace dans le temple pour  entraîner la loge de l’Occident vers l’Orient avec sa canne à la main pour mieux guider les pas au milieu des ténèbres. Il doit exprimer la volonté initiatique de progresser coûte que coûte sur le sentier étroit et incontournable de la perfection de soi. 

Il serait fastidieux d’énumérer toutes les significations symboliques ou emblématiques du bâton à travers le temps et l’espace, mais on se doit de parler des plus connues.

Ainsi dans la Chine antique, le bâton en bois de pêcher jouait un rôle majeur: il servait, lors de l’avènement de l’année, à l’expulsion des influences néfastes. Le bâton, le bâton rouge notamment servait à la punition des coupables. Il existe toujours des bâtons rouges justiciers dans la hiérarchie des sociétés secrètes. Les maîtres célestes Taoïstes sont souvent figurés tenant un bâton rouge dans la main.

Les prêtres de la première dynastie historique impériale de Chine, la dynastie Sang, appliquaient un bâton brûlant sur des os de vaches ou des écailles de tortues pour faire des prédictions.

Dans la mythologie chinoise on racontait que le singe était né d’un œuf de pierre créé à partir d’un rocher aussi vieux que le temps, et des essences même du ciel et de la terre. C’était un maître en magie, et ses armes comprenaient notamment un bâton magique capable de grandir comme de rétrécir. L’empereur de Jade, maître du ciel , en fit à l’instant le roi des singes, puis le nomma palefrenier des écuries célestes.

Mais c’est dans la mythologie égyptienne, gréés romaine ou encore dans l’histoire religieuse que l’on trouve le plus de récits légendaires, emblématiques ou symboliques concernant le bâton. Certains dieux ou presque dieux ne se séparaient jamais de leur bâton , soit qu’il était un signe de reconnaissance ou un attribut divin, telle la thyrse, long bâton de bois entouré de feuilles de vignes ou de feuilles de lierre et surmonté d’une pomme de pin emblème de Dionysos. 

Tirésias était un devin aveugle de Thèbes. Il existe deux légendes pour expliquer sa cécité. Dans l’une d’elle, il est rendu aveugle pour avoir vu la déesse Athéna au bain. L’autre est un peu moins traditionnelle. Un jour Tirésias vit deux serpents ( on verra plus loin que le serpent est souvent associé au bâton)  qui s’accouplaient et les frappa à coup de bâton, à la suite de quoi il fut changé en femme pendant un certain temps, assistant à la même scène, il les frappa à nouveau et se retransforma en homme. Cette expérience lui valut d’être interrogé par Zeus et Héra, les deux divinités suprêmes des grecs, afin de mettre un terme à une querelle qui les opposait: ils voulaient savoir qui de l’homme ou de la femme éprouvait le plus grand plaisir dans l’amour. Lorsqu’il répondit que c’était la femme Héra le rendit aveugle mais Zeus le récompensa en lui donnant le don de prophétie et une longue vie. Athéna lui fit cadeau d’un bâton d’or lui permettant de se déplacer comme s’il y voyait.

La symbolique du bâton est également en rapport avec le feu. Le feu a jaillit du bâton selon la légende grecque. C’est Hermès qui en aurait été l’inventeur, hormis celui que Prométhée apporta du ciel, pour les uns, en frottant deux bâtons l’un contre l’autre, l’un de bois dur, l’autre de bois tendre, pour d’autres Prométhée alla dérober le feu aux dieux en le cachant dans un bâton creux.

Ce feu, celui de l’étincelle, de l’éclair, de la foudre est fertilisant: il fait pleuvoir et jaillir les sources. D’un coup de bâton dans le rocher, Moïse découvre une source ou le peuple vient se désaltérer.Le prêtre de la Déesse Déméter frappait le sol avec un bâton, rite destiné à promouvoir la fertilité ou à évoquer les puissances souterraines.

Une nuit, le fantôme d’Agamemnon( roi d’Argos et de Mycénes) apparaît en songe à Clytemnestre (son épouse). Il se dirige vers son sceptre, que son meurtrier Egisthe s’est approprié. Il s’en saisit et l’enfonce en terre comme un bâton. Aussitôt Clytemnestre voit s’élever du sommet de cette tige un arbre florissant, dont l’ombrage a couvert toute la contrée des Mycéniens. Ce bâton qui reverdit et fleurit annonce le prochain retour du fils d’Agamemnon (Oreste) le vengeur. Il symbolise la vitalité de l’homme, la régénération et la résurrection.

Symbole de fertilité, de régénération, de vitalité, identifié à la lance ( le rayon solaire) ou au pilon dont le mouvement vertical de haut en bas se fait selon la direction de l’Axe du Monde, le bâton est comparé à un phallus. C’est un symbole phallique en rapport avec la forme et la signification du linga qui est aussi symbole de procréation, clairement identifié à l’origine avec l’érotisme. Chez les Sumériens,3000 avant notre ère,  la déesse de l’amour, Nanna, porte toujours un bâton autour duquel est enroulé un serpent. A ces rites de fécondité, au culte du bâton succède celui de l’arbre et celui de la pierre: avec l’adoration du bétyle, du menhir, de la pierre levée.

Le bâton et le serpent ,en association ou séparément, ont une symbolique aussi forte que diversifiée. Aaron premier grand prêtre juif, seconda son frère Moïse dans sa mission de libérateur du peuple juif. Il accompagna Moïse chez le pharaon pour demander la délivrance des Hébreux, et participa alors au prodiges, dits les dix plaies d’Egypte, dont le plus célèbre fut la transformation de son bâton en serpent devant le pharaon. C’est ainsi que les hébreux purent alors sortir d ‘Egypte. L’arche d’alliance, coffre sacré ,aurait contenu le bâton d’Araon.

Du chef d’orchestre au souverain, du sourcier au magicien , d’Asclépios à Hermés, la baguette de bois, parfois de métal, est l’emblème de l’autorité, de la puissance, du pouvoir. Elle prolonge la main, l’index en particulier, dont elle concentre l’énergie vitale qui en sort, ou bien elle amplifie les énergies extérieures à l’homme qui les détecte plus facilement qu’à main nue. Le plus connu des bâtons est certainement le bâton du caducée

Le caducée, bâton symbolique, surmonté de deux ailes et autour duquel s’enroulent deux serpents était le symbole d’Hermés (Mercure) messager des dieux, il était en or. Chez les anciens grecs, les hérauts et les ambassadeurs portaient le caducée comme signe distinctif de leur charge et comme marque d’inviolabilité de leur personne.

Mais le caducée le plus connu est le bâton d’Asclépios, dieu grec de la médecine, autour duquel était enroulé un seul serpent, en l’occurrence une couleuvre, serpent non venimeux. Aujourd’hui , il est le symbole de la profession médicale.

Bien que cet emblème reste fort présent dans notre quotidien, il n’en demeure pas moins mystérieux. Que peut il bien représenter? Pourquoi un ou deux serpents? Essayons d’y trouver quelques significations.

De nombreux auteurs pensent que la médecine, en supprimant le second reptile, à voulu préciser qu’elle possédait la connaissance par le savoir non sacré, non divin, alors que les deux serpents prouvaient l’équilibre naturel donc divin. Au contraire d’autres pensent que ce seul serpent figure le savoir, représente la connaissance, le seul coté bénéfique de la puissance cosmique.

Pourquoi le serpent , cet animal rampant, répugnant, émule du diable entoure t il un axe vertical qui après tout, si ce n’est un arbre, reste un simple morceau de bois? Mais peut être ce tronc scié est celui d’un pommier. Dans la genèse le serpent tentateur apparaît enroulé dans l’arbre, conseillant à Eve de cueillir la pomme, le fruit défendu. Cette image est trop ancrée dans nos esprits pour que nous n’en fassions pas un rapprochement avec le symbole du caducée. Le serpent, l’arbre, ont joué un rôle si important dans la religion chrétienne que nous nous débarrassons malaisément de ces clichés qui abondent sous nos yeux.

Le serpent dans le cas du serpent de l’éden, symbole de vie et animal tentateur, représente t il le mal ou le bien ou les deux?

Sheikh Abdel Wahed Yahya, plus connu sous le nom de René Guénon, est revenu très souvent sur l’aciossiation  de l’arbre et du serpent, il a montré les deux aspects opposés du symbolisme du serpent, l’un bénéfique et l’autre maléfique. Pour lui, l’arbre symbolique ou bâton est “l’axe du monde“ et le serpent figure l’ensemble des cycles de la manifestation universelle. Il ajoute également que le serpent se rapproche ainsi de l’hélice dans un mouvement ascendant continu , forme reconnue de toutes les traditions.

De la préhistoire à nos jours, fort brièvement certes , tant est vaste le champ de recherche, nous avons vu quelques aspects de la symbolique du bâton. Je retiendrai surtout que le bâton est le guide indispensable du pèlerin qu’est l’homme sur la terre, qui accompli son temps d’épreuves pour accéder à la mort à la terre promise ou au paradis perdu. Un pèlerinage qui s’apparente aux rites d’initiation.

Je terminerai comme j’ai commencé par une citation de Ronsard cette fois:  un roi sans vertu porte le sceptre en vain.

J’ai dit.

P\ R\


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