GLDF Loge : Amour et Spiritualité - Orient de Gex 11/03/2014

Le Tarot : origines, histoire, symboles, interprétations

Dans sa « Grande Encyclopédie du Tarot », en 1978, Stuart KAPLAN se réfère à quelque 250 jeux différents et 3200 arcanes illustrés.

Depuis de nouvelles cartes ont été éditées ; l'abondance et la diversité de ses jeux surprend d'autant plus que chacun de revendiquer un contenu ésotérique spécifique ou de se réfèrer à une démarche initiatique particulière. On peut se demander si chaque auteur, en concevant un nouveau Tarot n'est pas animé par le désir secret d'exprimer quelques fantasmes personnels. Cela s'explique fort bien si on entend par fantasme, à l'instar du Dictionnaire Le Petit Robert : « toute production de l'imagination par laquelle le moi cherche à échapper à l'emprise de la réalité », l'une des fonctions du Tarot étant d'ouvrir une porte ouverte, au-delà des références visuelles représentées sur les cartes, vers un monde détaché de l'emprise du quotidien et de ses conditionnements.

Toute science divinatoire est contrainte de passer par cette porte étroite : ramener d'innombrables données à la douzaine de hasards que l'homme croise presque obligatoirement au cours de sa courte vie.

En Chine, un texte, rapporte que 32 tablettes d'histoire furent présentées à l'empereur par un officier de la cour vers 1120. Les unes étaient relatives au Ciel, d'autres à la Terre, certaines à l'Homme, le plus grand nombre des notions abstraites comme la chance ou les devoirs du citoyen.

Le souverain les aurait fait reproduire et répandre dans tout l'empire. Le jeu comptait en réalité que 30 cartes : trois séries de la flamme chacune des trois atouts, qui sont les cartes nommées respectivement « 1000 fois digne », « la fleur blanche » et « la fleur rouge ». Sur les cartes cosmiques sont dessinées quatre marques rouges correspondants aux points cardinaux et sur les cartes humaines, 16 marques correspondant aux vertus dites, elles aussi par analogie, Cardinal (bienveillance, justice, ordre et sagesse), chacune exprimait quatre fois. La somme des marques du jeu résume le nombre des étoiles. Le jeu est alors un microcosme (l’Homme), un alphabet d'emblèmes, qui couvre l'univers (macrocosme).

De cette tendance encyclopédique apparaît non moins clairement dans les jeux indiens de l'époque Moghol (TAJ MAHAL), aux XVème et XVIème siècles, tout aussi systématique, mais plus étroitement tributaires de la théologie et comportant juxsqu'à 120 cartes.

On trouve à la fin du XVIème siècle, 50 ans environ après la mention des jeux indiens, une trace en Perse avec la description un jeu de 144 cartes, comprenant 12 séries de 12 lames. Le jeu fut réduit ensuite à 96 cartes soient 8 séries de 12 cartes.

On admet aujourd'hui que ce jeu est une adaptation islamique d'un jeu indien de 120 cartes, divisé en 10 séries de 12 lames chacune, correspondant aux 10 incarnations ou avatars de Vishnou et illustrés de leurs symboles respectifs.

L'iconographie des cartes varie avec les centres de fabrication. Ce jeu est nommé DASARAVATARA. Il est encore joué aujourd'hui en Inde.

La luxuriante mythologie des Naïbi, cartes connues en Italie depuis le XIVème siècle sont une sorte de mémorandum des connaissances utiles. Elles se composent de 50 images réparties en 5 séries de 10 lames. Les 4 séries correspondent aux âges de la Vie, aux Muses, aux Sciences et enfin aux Planètes.

La cinquième série de cartes est hiérarchisée selon l'organisation de la société médiévale avec la représentation des pouvoir suprême, temporel et spirituel, illustrés par ses différents membres avec le marchand, puis le gentilhomme, le chevalier, le docteur, le roi, et enfin l'empereur et le pape.

Les cartes de points, numérotées de un à 10, comprennent les quatre séries qu'on retrouve dans les jeux existants encore aujourd'hui en Espagne et en Italie (La Copa) et ayant pour figure des coupes, des épées, des deniers (= pièces de monnaie) et des bâtons. Ces enseignes passent pour faire allusion respectivement au clergé (la coupe est le calice), à la noblesse (les épais), aux commerçants (les deniers) et aux paysans (les bâtons).

Un traité paru à Venise en 1545 propose une autre explication : « les épées rappellent la mort de ceux qui se désespèrent au jeu ; les bâtons indiquent le châtiment que mérite ceux qui trichent ; les deniers montrent l'aliment du jeu ; enfin les coupes, le breuvage dans lequel s'apaisent les disputes des joueurs ».

Les Naibi semblent avoir fourni les arcanes majeurs, au nombre de 21, sans compter le Mat, lame non numérotée. Les 78 lames du tarot demeurent l'instrument par excellence (préféré et prestigieux) des cartomanciennes. Suivant le mode de tirages adoptés ont utilisé les seuls arcanes majeurs ou le jour du. D'ordinaire, la voyante étale devant le client les 22 arcanes majeurs retournés et lui ont fait choisir 12 qu'elle dispose, en conservant leur ordre, dans 12 emplacements appelés « maisons ». Elle mêle ensuite les arcanes restants aux cartes de points et recommence l'opération. Chaque maison est donc pourvue de deux lames. La première lame de chaque maison est censée révélée le principe qui commande la maison, la seconde lame de chaque maison est censée révélée les réactions éventuelles et les événements à venir. Les 12 maisons sont respectivement les domiciles de la vie, les biens, de l'entourage, de l'hérédité paternelle, des enfants, de la servitude, c'est-à-dire les serviteurs et les animaux domestiques (non chevauchables), du conjoint, de la mort, de la religion, des honneurs, des amis, des afflictions. Chacune correspond en outre à une partie du corps.

L'ensemble englobe tout ce qui peut survenir au cours de l'existence.

L'origine astrologique de ce cadre est évidente. Les 12 maisons sont ailleurs calquées sur les influences zodiacales (cf. Illustration jointe en annexe).
Quant aux cartes elles-mêmes, particulièrement pour les arcanes majeurs, elles ont fait l'objet des plus diverses faisaient subtiles exégèses.

Les emblèmes des cartes : sont assimilés aux quatre éléments : les épées à l'air (car l'épée tourbillonne dans l'air), les bâtons au feu (ils sont issus du bois, lequel s'enflamme), les couples à l’eau (elles contiennent des liquides), les deniers à la terre (ils sont faits des métaux qu'elle recèle). Mais ce n'est pas assez : les épées symbolisent en outre la volonté et la puissance, les bâtons le travail et les devoirs d'État, l'énergie matérielle et la fécondité, les coupes l'amour et le mysticisme, l'élaboration intime des richesses spirituelles, les deniers enfin les connaissances et l'art combinatoire, toute industrie créatrice qui aménage le monde extérieur. On n'en finirait pas d'énumérer les enseignements superposés que les 22 figures majeures sont censés véhiculer.

Il n'est pas de science conjecturale de doctrine ésotérique (l'astrologie par exemple),qui n'ait été mise à contribution pour en éclaircir ou pour en épaissir le mystère. Cette vue disparate a fait couler beaucoup d'encre. On n'y découvre le langage hiéroglyphique universel, ainsi COURT DE GIBELIN, Au XVIIIème siècle y déchiffra les trésors de la sagesse traditionnelle. L'égyptomanie de la première moitié du XIXème siècle à la suite de l'expédition en Égypte de Napoléon BONARPE, prétendit identifier les symboles en cédant du zodiaque de DENDERAH.

Les occultistes modernes tels Eliphas LEVI (1810-1875), le Docteur Gérard ENCAUSSE alias PAPUS (1865-1916), Stanislas DE GUAÏTA (1861-1897), Oswald WIRTH (1860-1943) enfin, interprétèrent chaque détail et la couleur de chaque détail. Tout revêtit une signification cachée et initiatique.

C'est un fait, outre les représenttaions dela société de l'époque, les cartes semblent constituer un ensemble composite voisin des images d'origine biblique : le Jugement ( Lame XX, cf. annexes) Dernier, la Maison Dieu (Lame XVI, cf. annexes), qui s'apparente fort à la Tour de Babel, le Diable (Lame XV, cf. annexes), des Vertus prônées par l'Eglise : la Justice (Lame VII, cf. annexes), la Force ( Lame XI, cf. annexes), la Tempérance (Lame XIIII, cf. annexes) certains astres accompagnés de signes du zodiaque : la Lune (Lame XVIII, cf. annexes) avec le Cancer, le Soleil (Lame XVIIII, cf. annexes) avec les Gémeaux, l’Etoile (Lame XVII, cf. annexes) surmontant le Verseau, les deux grandes puissances du temps, le Pape (Lame V, cf. annexes) et l'Empereur (Lame IV, cf. annexes), avec l'Aigle ou la Tiare, et chacun flanqué d'une épouse (Lame II et Lame III, cf. annexes), fantaisie, irrévérence (La Papesse a un symbole phallique en travers du torse !) au besoin de symétrie ?

Sur l'arcane qui figure le Monde (Lame XXI, cf. annexes), on reconnaît les symboles des quatre Evangélistes (cf. annexes).

Les allégories de l’Amour et de la Mort sont classiques.

Le Pendu (Lame XII, cf. annexes) et la Roue de la Fortune (Lame X, cf. annexes) se rencontrent fréquemment dans l'imagerie médiévale.

L'Hermite (Lame VIIII, cf. annexes) avec sa lanterne évoque sans doute Diogène.

Les apostrophes les plus connus qui lui sont attribués sont : « Je cherche un homme » (parfois traduit par « Je cherche l'Homme » ou par « Je cherche l'Homme vrai ») phrase qu'il répétait en parcourant la ville avec sa lanterne, et « Ôte-toi de Son soleil » en réponse au roi de Macédoine Alexandre le Grand, était venu demander s'il avait besoin de quoi que ce soit…

Je reconnaîtrai volontiers Alexandre dans le triomphateur couronné revêtis une armure qui trône sur le Chariot (Lame VII, cf. annexes).

Le Chariot peut aussi être le Maassé Merkava ou « Char Céleste » décrit dans le premier chapitre du prophète Ezéchiel, visant à permettre à l’adepte une expérience de rencontre avec le divin : expérience d’extase et de montée vers les cieux, via l’Echelle de JACOB (cf. annexes) et que l’on voit aussi en annexe sur une Lame figurant le pendu avec 7 barreaux, le Pendu étant sur le 7ème. Il s'agit bien entendu d'Alexandre le Grand, 356-323 avant Jésus-Christ, roi de Macédoine est l'un des personnages les plus célèbres de l'Antiquité.

Il était fils de Philippe II lui-même élève d'ARISTOTE (384-322 avant Jésus-Christ) et roi de Macédoine il devint l'un des plus grands conquérants de l'histoire faisant de son petit royaume le maître de l'immense empire perse achéménide et s'avança jusqu'aux rives de l'Indus et fonda près de 70 cités, dont la majorité portèrent le nom d'Alexandrie.

La vogue d’Alexandre était précisément considérable à l'époque du moyen âge et de la création des jeux de cartes. Avec Diogène ils forment un couple légendaire où s'opposent le dénuement dédaigneux et la grandeur terrestre.

La première lame, le Bateleur, qui rappelle le célèbre tableau de Jérôme BOSCH (Peintre flamand, 1453-1516), l'Escamoteur (cf. annexes), appartient également au répertoire des allégories du temps. Elle commande tout le jeu. Sur la table du baladin, les accessoires qu'il a tirés de son sac, joint à la baguette qu'il brandit, renvoi, semble-t-il, aux 4 enseignes des cartes de points : des pièces de monnaie pour les deniers, des gobelets pour les couples, un couteau pour les épais, la baguette pour les bâtons.

Au centre, les dés, pour que le joueur ou le consultant d'oublie pas que la distribution des cartes dépend du Sort. Le dernier arcane, le Mat ou le Fou, sorte de vagabonds avec un mâtin (personne délurée, espiègle) à ses chausses, souvent rapproché une autre toile du même Jérôme Bosch, l'Enfant Prodigue (cf. annexes), ne fait pas partie de la série numérotée. Une carte libre, vagabonde, elle aussi, polyvalente. On pouvait sans doute l'ajouter à n'importe quelle combinaison qu'on avait intérêt à développer : sorte de Joker avant la lettre, ultime concession au surcroît de triomphe, chance à l'intérieur de la chance même et inconnue subsidiaire qui corrige l'inconnu repéré.

Le nombre des arcanes varie avec les jeux.

Un ancien tarot florentin comprend 35 lames numérotées : on n'y reconnaît les trois vertus théologales, les quatre éléments, les 12 sites du zodiaque, etc. En un mot, quel qu'en soit le nombre et la composition, la suite des symboles est constituée à l'aide des images parlantes les plus répandus. Les symboles sont indifféremment d'origine laïque ou ecclésiastique, paillettes aux chrétiennes, savantes populaires. L'essentiel semble bien d'obtenir une « totalité » qui enferme l'univers.

Oswald WIRTH conclut son « Introduction à l'étude du Tarot » de la façon suivante : « les jeux exercent. Ceux de l'esprit développent de précieuses facultés. User des 22 arcanes du tarot pour jouer la divination ».

Ainsi recommande-t-il ce jeu sur un jeu comme un excellent entraînement à imaginer juste. Je me suis souvent demandé, et bien avant de connaître ce conseil de lecture, ce que pouvait être l'imagination juste : c'est réunir, autant que faire se peut, les conditions de la conjecture heureuse.
Les éléments représentés, les signes imagés s'adressent souvent une certaine catégorie de personnes mais sont rarement indifférentes aux autres car il puise dans le réservoir de la tradition universelle.

Les différences de culture ou d'éducation nous rendent plus sensible à certaines « formes » mais les voix restent parallèle à la réalité profonde du Tarot, à son essence, résidant dans sa structure, dans son rythme : les archétypes sont sans doute « nombres » plutôt « qu'images » c'est-à-dire que ce sont des principes abstraits et non pas les apparences de la réalité. Ceci nous permet de dire que tout ce qui particularise l'image ne gêne pas, a priori, la fonction de ce qui est essentiel dans le Tarot : sa structure et les systèmes possibles d'organisation qui en découlent.

Les différents détails qui personnalisent l'image permettent, au contraire, par un langage approprié à une certaine catégorie d'individus, de comprendre l'essence même du jeu, laquelle rejoint le fondement de la tradition.

Parmi tous les jeux Tarot connus, l'un deux reste une référence généralement admise : il s'agit du Tarot dit « de Marseille » car imprimé dans cette ville par FAUTRIER ou par Nicolas CONVER en 1761 il fut édité ensuite par les éditions Paul GRIMAUD.

C'est ce même Tarot de Marseille que le franc-maçon Oswald WIRTH a redessiné et expliqué sous l'appellation tendancieuse de : « Tarot des imagiers du Moyen Âge », signifiant par là qu'il cherchait à reconstituer les fondements originaux des formes et des couleurs.

Il y eu aussi le tarot NOBLET conçu au milieu du XVIIème siècle ; le tarot de Jean-Pierre PAYEN en 1713 et le tarot flamand de VAN DEBORRE en 1780.

Au commencement étaient les 22 lettres des alphabets sacrés. Les adeptes remarquèrent qu'il était possible de les tirer au hasard pour, entre en résonance radiesthésie, décrit les états cachés ou l'avenir du monde. Cela reste à déposer dans le secret, consignées dans le savoir des marges (les voyelles désignaient la lumière nommée Dieu, les consonnes désignent la globalité de la création).

Un moment, en Orient, l'idée du jeu de cartes apparues, sous la forme de symboles non reconnaissables à l'envers et portant une certaine valeur à l'endroit. Par les routes commerciales le jeu de cartes se diffusa. La fabrication de ses collections de symboles reste affaire de spécialistes, les enlumineurs qui empruntaient des images ou en adaptaient d'autres pour confectionner des jeux de cartes sur mesure. Les collections de vues de sujets furent maintes fois comparées, affinant leurs thèmes et en figeant certains (il nous en reste quelques magnifiques premiers Tarots italiens) parfois sur la demande profane d'une clientèle, en rupture donc avec la tradition.

À un certain moment, les 22 lettres furent introduits dans le système de symboles des cartes. On leur avait trouvé des correspondances dans l'imagerie déjà connue, afin de les cacher et de les dissimuler dans l'exothermique. C'est cette combinaison qui connut le succès, dans son usage ludique, tandis que l'autre usage, la divination, rester affaire de spéculation.

L'arrivée du papier déclencha l'apparition en masse de ce système qui, du coup, échappa au spécialiste. C'est à partir de cette rupture historique que commencèrent les premières déviances, et aussi les premières tentatives de perception de l'essence du système.

L Tarot adopta la mode européenne pour habiller ses personnages, lorsque quelques graveurs ajoutèrent de légers détails du XVème siècle aux tuniques des manteaux des illustrations précédents.

Les figurations du tarot dans sa forme quasi parfaite, merveilleusement étonnante, combine les influences pythagoriciennes, cabalistiques (elle-même apparue tardivement hors de la Tradition), et d'autres traces du grand occultisme tel qu'il avait pu pour survivre en Orient en Occident après l'éradication par l'Eglise (qui les taxa d'hérésie) des gnoses néoplatoniciennes, des Mystères et autres savoirs antiques.

Aucun jeu du Tarot dit « de Marseille » nous a été conservé depuis la Renaissance même si on a deux séries incomplètes de tarots peints à la main dit « tarot des SFORZA-VISCONTI ». Cependant, il a été démontré qu'à cette époque du milieu du XVe siècle, un peintre comme Sandro BOTTICELLI (1445-1510), a utilisé les formes du Tarot de Marseille pour construire ses compositions.

Le lecteur vérifiera dans la planche que par exemple dans ces mêmes années Jérôme BOSCH peignit de magnifique représentation du Mat (cf. annexes). Ce qui signifie que les formes du tarot étaient déjà présentes à cette époque, soit plusieurs siècles avant les plus anciens jeux actuellement conservés.

Le mot tarot paraît provenir de tarocchi, non des plus anciens jeux italiens, succédant au début du XVIe siècle au trionfi qui désignait les 22 arcanes majeurs.

On pense aussi au mot « tarotées » qui désignaient les cartes dont le dos était marqué de grisaille, réalisé souvent à l’aide d’un stylet à l’or fin.

Monsieur Jean-Baptiste DE LA CURNE DE SAINTE-PALAYE (1697-1781) son « Dictionnaire historique de l'ancien langage français » en 1749, écrit que « Taraut ou tarot est la carte dont le dos est marqué de grisaille, en compartiments ; elles sont de plus graver d'autres figures que les cartes ordinaires ».

Pour Antoine COURT DE GEBELIN (1719-1784) dans son monumental « Monde Primitif comparé au Monde Moderne », volume VIII, Tome 1 en 1781, écrit que le tarot proviendrait des mots égyptiens tar (la voie) et ro (royal). Ce serait donc la « Voie Royale », ce qui n’est pas sans rappeler la royale pratiquée en franc-maçonnerie y aurait-il donc une relation entre tarot et franc-maçonnerie ?

C’est le but de la planche de ce soir que de montrer les parallèles qui pourraient exister entre les deux « phénomènes » initiatiques que sont d'une part le tarot d'autre part la franc-maçonnerie. (Pour plus d’info et lire l’extrait de l’ouvrage concerné, se référer à l’adresse mail suivante : www.tarock.infogebelin.htm ou demander le « forward » du fichier à l’auteur).

Mais sait-on que nos artistes les plus actuels n'ont pas craint de plier leur talent en exécuter une en exécutant de nouvelles représentations, établis à partir d'un prototype universellement connu, le tarot de Marseille ?

Ainsi Jean BAUCHARD entre 1974 et 1977 ou Frédéric LIONEL ont-ils dessiné et ouvragé des tarots ainsi Aleister CROWLEY ont-ils créé leurs propres tarots et les exemples modernes ne manquent pas dans la littérature la peinture ou la poésie.

Jean BAUCHARD est par ailleurs l’auteur d’un magnifique « Tarot des Alchimistes » et d'un non moins splendide « Tarot Maçonique ».

On ne peut pas dater précisément l'origine du jeu de tarot mais la structure du jeu est restée immuable : 78 cartes, nommé lames, tarots ou arcanes ; et parmi elles, 22 cartes richement et étrangement décorées, les arcanes majeurs.

Les 78 cartes du jeu sont donc répartis entre 22 arcanes majeurs et 56 arcanes mineurs. Fascinantes, ces lames qui toutes différentes et portent une numérotation, de I à XXI, avec lame non numérotée, la lame XXII ou O selon les auteurs; et tous les illustrateurs se plient à cette étrange convention.

Les noms des lames sont soit capricieux, soit poétiques, et ne sont guère modifiés depuis les origines et apparaissent toujours dans le cadre inférieur de la carte. On respecte même souvent l'ancienne numérotation romaine qui n'employait pas le système de retrait par rapport au chiffre principal et on continue d'écrire IIII est et non IV (cf. annexes). Pourquoi la 13ème lame n'a-t-elle pas de devises ? Secrètement on la nomme la Mort et les illustrateurs respectent cette coutume de ne pas donner de nom.

Les 56 cartes suivantes, les arcanes mineurs, se divisent en quatre séries de 14 cartes. Quatre couleurs, où enseigne, qui sont les bâtons, les épées, les coupes et les deniers. Dans ces 14 cartes, quatre figures honneur : le roi, la reine, le cavalier et le valet ; puis 10 cartes, allant de l’as au 10, aux dessins géométriques. Nous sommes déjà plus à l'aise car nous retrouvons nos jeux habituels avec les coeurs, les trèfles, les carreaux et piques ; mais nos jeux n'ont que 52 cartes, vallée des cavaliers ayant fusionné. Cependant les enseignes que sont bâtons, deniers, coupes et épées se retrouvent dans les jeux italiens et espagnols encore très populaires de nos jours, la Scopa (cf.annexes).

Le Moyen-Âge, riche en sa foi, est là avec son exubérance, son symbolique ; le tarot de même nature que la pierre taillée qui surgit dans l'ombre de l'église ; et le frère de la sculpture, du vitrail, de l'enluminure qui transmette la pensée car le livre n'est guère accessible, et les illettrés sont nombreux voir la majorité. Il ne serait pas invraisemblable qu'on ait cherché à diffuser une pensée ésotérique au moyen de ces cartes au format réduit, aux images récréatives d'apparence anodine. N'est-ce pas là la méthode employée par le bon Maître François RABELAIS (né entre 1483 et 1494, mort en 1553) qui, sous le rire, parle « docte manière » ?

Peut-être a-t-on voulu simplement reprendre une facture ancienne facilitant l'impression est ainsi diffusé ces cartes au moindre prix : on crée une matrice en bois ou en métal, à partir d'un dessin simplifié ou très précis, qu'on colore grâce au pochoir avec des couleurs franches et limitées qui répondent à un profond symbolisme.

L'artiste, en se pliant aux conventions « tarotiques », entend montrer sa conception artistique et d'une pensée philosophique, tout comme les littérateurs ont pu glisser leur vie en feuillets imprimés dans les personnes des troubles et envoûtant de Faust, Don Juan du Juif Errant, les interprétations prafois fantaisistes peut être de l'oeuvre picturale de Léonard De Vinci. Les arcanes reprennent donc des images gravées dans la pierre des querelles gothiques, comme le Christ en majesté au-dessus du porche d'honneur des églises (arcanes du monde) le pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle (le Mat), les allégories de la justice de la tempérance (le Campanile de GIOTTO, Notre-Dame de PARIS), les quatre évangiles représentés par des animaux fabuleux ou symbolique qui ornent le fronton de l'église Santa Maria DE TRASTEVERE à ROME (Vème siècle après Jésus-Christ) ou encore le Jugement Dernier, ou la Résurrection (Saint-Victor à Marseille), ainsi que le Christ en majesté au-dessus du portail nord de la cathédrale de Chartres.

D'emblée, le jeu semble s'ériger en dépose en dépositaire et en héritier d'une tradition religieuse et philosophique ancienne, à la fois cachée est à la fois révélée par la mise en scène de symboles, qui parlent un inconscient d'abord avant d'émerger dans l'esprit rationnel. La dénomination donnée au « lame » fait penser aux tables de bois sur lesquels on grave les oracles têtus. « Les arcanes » mettent sur la voie d'un sens caché. Enfin le jeu en son entier met en relation des hommes, des allégories, des astres et des dieux. Il s'agit donc d'un jeu mystérieux, hiérarchisées entrent d'une part un monde majeur, et un monde mineur, et classé d'autres parts dans l'ordre donné par les noms. Il est une rotation du monde humain dans ses relations avec le ciel. C'est un théâtre sacré où l'homme est acteur de son destin sous le regard des dieux.

Les premiers jeux de Tarot retrouvés et conservés (Tarot de Charles VI réalisé pour les comtes d’ESTE, les « Trionfi » de la famille VISCONTI-SFORZA de MILAN, Tarot de FERRARE) apparaissent dans les cours princières de l'Italie du Nord au XVème siècle vers 1430, dans le contexte précis du quattrocento italien. On ne sait pas vraiment comment se veut utiliser : s'agit-il d'un jeu philosophique, d'un enseignement secret, d'un oracle d'un simple jeu ? Seule certitude le Tarot n’est utilisé pour la divination que bien plus tard après son apparition.

On ne sait pas exactement quand apparaît le tarot de même que son origine mais on doit évoquer les Eliphas LEVI, dans son « Dogme et rituel de Haute Magie » écrit : « nous croyons que le tarot et l'ouvrage d'Hermès. C'est la clé de voûte de tout édifice des sciences occultes. Il existait avant Moïse les prophètes et Guillaume POSTEL le nomme la Genèse d’HENOCH ».

Le Tarot serait-il donc « le résumé symbolique la Tradition Primitive ? ». Mais si nous désirons connaître le moment précis où apparurent ces cartes, il faut se référer aux décrets et interdits de police qui pèsent sur ce jeu d'argent dont on trouve des traces en 1367 et en 1408, qui interdisent les jeux de hasard.

On trouve ainsi en 1367 une traces de prohibition édictée, sans doute pour des motifs religieux, dans le canton suisse de Berne. Il en fut de même en 1376 à Florence en Italie, en 1382 à Lille et en 1397 à Paris par une ordonnance du prévôt de cette ville de tolérance jeu que les jours de fête.
À cette époque, les cartes étaient désignés en Italie sous le nom de naibbes qu'on retrouve dans le nom naipes (cf. annexes) que les Espagnols utilisent encore de nos jours, mais on a d'autre part que le mon naibi donné à ces mêmes jeux pour les anciens arabes semblent procéder de la racine naib, qui est d'origine hindoustani (et qui signifie quelque chose comme lieutenant, capitaine, commandant, officier, maître, guide...), ce qui accrédite dans une certaine mesure la thèse selon laquelle le tarot aurait introduit en Europe par les gitans chassés de l'Inde par TAMERLAN, et plus précisément les gitans espagnols.

Cette question de l'origine du tarot explique aussi pourquoi dans la cartomancie et dans la géomancie ont utilisé les résultats du tirage des lames du tarot comme maître mot de la vie des gens à qui en est destinée l'interprétation puisque l'on parle de guide de commandant de mettre donc de quelque chose qui indique qu'il montre la voie et pourrait-on déduire sur le plan franc maçonnique quelque chose qui montre la lumière ?

Le tarot est ainsi vraisemblablement issu de la combinaison des Naibi et des cartes de points dont on a parlé plus haut.

Il existe des ouvrages passionnants sur le tarot, tous éclairant une partie du vrai on trouvera en bibliographie ceux utilisés pour la rédaction de cette planche.

En fait tout le monde a raison, parce que le jeu de Tarot et « multipiste », et présente une variété importante de portes d'entrée, mais résultants toutes d'une tradition commune.

Le point de départ, notre porte d'entrée dans ce jeu initiatique se fera à partir d'une simple question qu'est la suivante : pourquoi il explose à La Renaissance, exalte t-il les valeurs du Moyen Âge courtois et avant lui de l'Antiquité Classique ?

Ces figures énigmatiques en tout cas intriguent ; le mystère qui émane de chaque lame provient une étrangeté, de la somptuosité, de la variété des figures ? Est-ce l'effet de la numérologie ? Des couleurs ? Des légendes ?

Pourquoi tant de réalisations, tant de commentaires ?

Valentin BRESLE, dans sa préface à l'étude d’Edmond DELCAMP (« Le Tarot Initiatique », cf. Bibliographie), écrit que « La transmission des secrets initiatiques demeure assurée grâce aux lames de ce livre non relié, grâce à l'innocence des figures colorées naïvement, semble-t-il, mais dont la substance évocatrice est immortelle en sa quintessence. Je dis quintessence car le tarot est aussi, est surtout, Alchimique… ».
Il reste à découvrir la valeur de cet archétype, rechercher la cellule mère qui abreuve cet inconscient collectif, cette « structure absolue de » selon l'expression de Raymond ABELLIO, écrivain ET PHILOSOPHE français du XXème siècle.

Comment ne pas découvrir une permanence abstraite dans toutes ces variations ? Par leur valeur symbolique, ils sont supports à la méditation. Le voyant peut lire aussi bien dans la boule de cristal, les taches d'encre, le marc de café, que dans la géomancie ou la disposition des cartes. De toutes ces études, qui parfois peuvent paraître fort divergentes, il fallait établir une synthèse, comparer les principales d'entre elles par rapport au prototype, le tarot de Marseille. Le symbole peut être commandé selon le degré de conscience de chaque lettre en aura un reflet provenant du noyau universel. Chaque réflexion stimule notre pensée, nous aurions sur le chemin de la vérité et cette voix n'est valable que pour chacun d'entre nous. Les commentaires s'adressent à chaque incertain plus qu'à d'autres ; aucun système est supérieur à un autre, puisqu'il n'a pour but que de permettre une communication entre interprète, lame de ces demandeurs ; questions et commentaires sont établis à partir du même plan de référence, selon le même processus de la pensée. Ainsi toutes les significations se recoupent grâce à la compréhension magique des mêmes événements vus à travers des tempéraments différents. Le langage du tarot s'écarte de tout dogmatisme ou le transcende, car il est un bien universel. Chaque lame n'est qu'un point de repère, un jalon sur le chemin de l'intuition et peut-être, par cette clairvoyance, parviendrons-nous découvrir nous-mêmes.

Parallélisme des similitudes entre le Tarot et la franc-maçonnerie

La Tradition

Les origines profondes du Tarot, comme de la franc-maçonnerie, se trouvent (où se perdent, ceci étant une question de point de vue) dans le champ des mythes, alors hors de notre civilisation. De ce passé émerge des images, des comptes, des mythes ou légendes dont est pétri la pensée globale de chaque civilisation. C'est les gens nous les connaissons, les pressentons tout au moins, avant de les avoir entendu tant elles sont, par avance, inscrit dans nos gènes. Ces légendes, ses mythes proviennent d'une époque où la relation entre l'homme et la nature était plus évidente et réelle par le fait même que l'homme était alors directement dépendant de celle-ci, dans ses besoins vitaux essentiels.

La Tradition, n'est cependant pas une matière morte et les différents langages par lesquels elle e s'exprime (astrologie, alchimie, Tarot…) Le véhicule une pensée qui relie l'homme à l'univers en faisant de lui la mesure de toute chose, et suscite une philosophie qui enseigne, où renseignent, sur le sens de la vie même. Concernant le tréfonds de lettres, l'objet de la mythologie reste source de réflexion et sujets d'actualité. Cet objectif ne doit pas être confondu avec un folklore conservatiste : « …Il s'agit de l'origine même des choses. La tradition à la transmission d'un ensemble de moyens consacrés qui facilitent la prise de conscience de principe mais immanents d'ordre universel ».

Lors de période particulièrement troublée et stagnante au plan de l'évolution de l'humanité, la connaissance se perpétue au sein de quelques foyers protégés. Ainsi durant les siècles d'invasion ou de mutation vers l'Occident, au premier millénaire, les formes de Connaissance se conserveront notamment en Espagne, lié au monde méditerranéen, et en Irlande ; celle-ci, plus retirée, conservera dans et hors de ses monastères la couleur de la tradition Celte.

La Tradition occidentale bénéficiera de ce double courant : méditerranéen et nordique. Les formes de connaissances mises en jeu ne peuvent se transmettre que par communication. La communication suppose un échange, elle concerne les prémices d'un Art que lettre ne découvre que progressivement. Comment appeler cela, sinon l'initiation ?

Cette situation implique aussi une approche particulière qui ne peut se faire qu'en un lieu dans des conditions spécifiques. Pour cela les maçons, depuis le Moyen Âge est sans doute avant, se réunissent dans des locaux proches des chantiers, souvent simplement local qui sert de remise à outils : la loge du chantier.

La science de construire était fondée essentiellement sur la géométrie et pour développer de tels résultats il fallait, en chaque détail, une perfection quasi absolue dépassant de beaucoup le simple savoir-faire. Atteindre ce degré de perfection suppose une « connaissance » autre que seulement théorique. Une connaissance qui impliquait exige une totale adhésion de lettres et devient un art au sens plein du terme au Moyen Âge la notion d'art n'était pas liée aux connotations esthétiques sentimentales que l'on n'y met depuis le XVIIIème siècle surtout ; l'art était l'expression et la mise en application une connaissance intégrée, dominée par le praticien est totalement maîtrisée dans laquelle l'individu s'engageait totalement. Il en est ainsi des arts libéraux, aussi bien que de l'alchimie de la taille de la pierre…

Les racines de la franc-maçonnerie

Les loges deviennent aussi des lieux d'accueil pour les maçons, charpentiers et autres « œuvriers » qui se déplacent de chantier en chantier. Ces tribulations sont facilitées par les « franchises » obtenues par l'intermédiaire de l'ordre du temple dès le XIIème siècle. Ces franchises sont nécessaires pour libérer les ouvriers des tutelles et des servitudes imposées à la plupart des corps de métiers par les seigneurs ou par les cités.

Dans son ouvrage « Les sources souterraines de la franc-maçonnerie, Mithra et la Tarot » (cf. annexes) Charles IMBERT rapproche la franc-maçonnerie et le Tarot, en mettant en exergue leurs origines, semble-t-il communes : la statuaire et les symboles de la religion mithraïque, un temps concurrente du christianisme.

Il est aussi l’auteur des « Sources du tarot » également référencé en bibliographie. S’il est convenu que la franc-maçonnerie spéculative moderne a été inventée en 1717, il n’en est pas moins vrai que sa symbolique et nombre de ses concepts s’enracinent dans des traditions venant de beaucoup plus loin dans le temps.

Parmi celles-ci, le Tarot, apparu tel que nous le connaissons à la Renaissance. Mais le Tarot lui-même est issu de concepts de la religion mithraïque.

Celle-ci, bien qu’occultée depuis l’émergence du christianisme, a survécu de manière « clandestine » ; sa conception du monde perdure, malgré « l’orthodoxie », et est réapparue régulièrement à travers l’histoire. La franc-maçonnerie, selon l’auteur, est l’un des réceptacles de cette conception du monde. Cette recherche d’antériorité et cette évocation d’un très ancien état d’esprit s’appuient sur une démonstration érudite qui met à mal la vision matérialiste et « rationnelle » de la franc-maçonnerie.

En Italie, les prémices de la Renaissance se font déjà sentir : Pétrarque, depuis les collines Émilienne devient le centre nouvel humanisme et son poème « Le Triomphes » (Trionfi) inspirera sans doute les dessins de tarots qui furent peints pour la famille VICONTI-SFORZA qui demeurent parmi les plus anciens connus.

En cette période les sociétés et les modes de pensée sont en mutation partout en Occident comme l'attestent certains événements apparemment secondaires tels que l'apparition de la fourchette sur la table des bourgeois ; cet événement, bien que d'aspect dérisoire, répond à un besoin profond et correspond à une nouvelle attitude de lettres devant les choses.

Dans ces mêmes années encore, les fabriques de pâte à papier en fibres végétales vont s'installer en France et en Allemagne. La recette de la fabrication du papier avait suivi, depuis l’orient, la route de la soie ; elle était déjà connue en Italie depuis près d'un siècle mais son emploi ne s'était pas répondu jusqu'alors.

La xylographie (gravure sur bois) pour que l'édition des images puissent bientôt s'effectuer… Mais déjà les premiers jeux dessinés à la main apparaissent en Europe dans cette décennie, sans doute peu avant 1370 (Des cartes numérales existent cependant en Chine depuis le Xème siècle). Ces premières cartes occidentales représentent des séries de « Vertus », qui, dès l'origine ont toutes les caractéristiques que nous rencontrerons dans les atouts, ou arcanes majeurs du Tarot. À la fin du XIIIème siècle, Moïse de LEON avait rédigé le ZOHAR (Livre de la Splendeur). Le système de pensée de cet ouvrage développe une nouvelle approche du Dieu de la Création, et de la relation entre l'homme et le Dieu révélé. Cette pensée, qui n'est pas sans inspiration néoplatonicienne, se développe dans les milieux ésotériques et kabbalistes de l'Espagne du XIVe siècle puis se répand en France.

Parallèlement aux remous du siècle, on s'interroge sur les fondements, les mécanismes de l'univers et sur la place de l'homme dans ce vaste ensemble. Faute de connaissance physique et astronomique complète et précise, on imagine des systèmes métaphysiques qui, par le plan par leur splendeur, sont des miroirs vivants, à facettes multiples, de ce que la science découvrira plus tard et ne contredira pas (par exemple l'héliocentrisme avec Galilée).

Sous couvert de « Vertus », les images du tarot « projettent » ou « reflètent » cette tendance, comme nous le trouvons mentionné dans un traité de 1377, de Johannes VON RHEINFELDEN, et conservé au British Museum : « …Un certain jeu de cartes nous est arrivé qui décrit les conditions des temps actuels, et les aspects du monde… ».

La Renaissance est caractérisée par un élan vers un humanisme nouveau un prospect en toutes les formes de connaissances dont on explore les origines. On redécouvre et on étudie les textes de l'Antiquité.

Pic de la Mirandole est un des représentants types de cette prodigieuse avidité de connaissance qui les réunit dans ses « conclusions philosophiques, cabalistiques et théologique ». Il ne se contente pas d'accumuler à savoir, la réflexion qu'il porte sur celui-ci lui permet de développer de nouvelles théories, jugées hérétiques d'ailleurs exprimé dans ses « discours ». Ces théories portent sur l'idée du microcosme et parle de la dignité de l'homme.

L'Académie florentine, avec pour chef de file Marcile FICIN (1443-1499) diffuse elle aussi cette pensée qui voit en l'homme le pivot d'un monde constitué dans l'harmonie de toutes les parties, chacune liée et dépendante de toutes les autres.

Ces idées étaient déjà inscrites refléter dans maintes peintures, qu'elle soit de chevalet ou de décoration murale, inspirés ou développées parallèlement aux images du Tarot qui se répandent en Italie ; elles ont parfois beaucoup d'analogie avec le contenu sémantique des lames du Tarot.

Les fresques de la Schiffania de FERRARE en sont un magnifique exemple. Exécutés au milieu du XVe siècle par Francisco DEL COSSA, leurs enseignements dépassent la simple allégorie. Elles sont contemporaines des gravures dites « Tarot de MANTEGNA » qui sont des recueils de suite gravée ne formant pas de jeunesse sont, pour certains dessins, très proche du contenu des autres Tarots.

La première, intitulée « Misero » contient l'exacte symbolique du « Mat » et par ailleurs les autres cartes ou lames que sont notamment « l'Empereur », « la Papesse », « la Tempérance », « la Force », entre autres, reproduisent à l'évidence les arcanes correspondant aux jeux de Tarots. Les artistes rejoignent les philosophes et les scientifiques pour ouvrir le champ du savoir. Ils sont animés par le désir de transmettre leurs connaissances. Leur esprit a illuminé et enrichit profondément cette période. Cependant ils se heurtent souvent à l'incompréhension, voir à l'hostilité de ceux qui refusaient de sortir de doctrine imposée par l'autorité ecclésiastique.

Les sociétés secrètes

En conséquence, des mouvements plus ésotériques, les fraternités qui se protègent derrière le secret, se développe dès le début du XIIème siècle.

Des manifestes Rose-Croix, annonçant un nouvel âge de la Connaissance, sont ainsi publiés en France et dans les pays anglo-saxons au tout début de XVIIème siècle.

Dans les pays luthériens ou anglicans, on se montre particulièrement avide d'occultisme n'en est plus intéressé par les finalités mentales que par l'observation naturelle. On n'y associe la recherche de l'illumination et l'étude intellectuelle.

Valentin ANDREA (1586-1654), auteur présumé de : « Noces Chymiques de Christian ROSENCREUTZ », John DEE (1527- 1608 ou 1609), Robert FLUDD (1574-1637), Michael MAIER (1568-1622) et Francis BACON (1561-1626) sont les maîtres à penser d'un mouvement dont la base commune réside dans la recherche de la signification divine par l'interprétation du microcosme et du macrocosme, ceci grâce aux systèmes mathématiques de l'harmonie universelle.

Sans avoir le génie de ses prédécesseurs, Elias ASHMOLE (1617-1692) à recueilli leurs écrits. Comme il participe activement au mouvement Rose-Croix. On retrouve l'esprit de cette société dont certains des hauts grades de la franc-maçonnerie à laquelle ASHMOLE fut affilié dès 1646 dans une loge de Warrington assez proche de l'Écosse.

Dans les loges du Moyen Âge, autour des cathédrales, la réflexion était liée à la transmission de connaissances traditionnelles, en vue de la perfection géométrique du tracé et de l'exécution précise de toutes les formes et parties de l'ouvrage. L'exécutant s'associait à l'ensemble de l'œuvre et, par-delà celle-ci, à l'harmonie universelle ; sa philosophie était contenue dans le geste. Maintenant le geste est signifié et non plus réel.

Il conserve cependant, à travers la mémoire des outils, le potentiel de l'Esprit qui animait la matière devenue symbole.

Cependant, le fondateur de la divination par le Tarot est Jean-Baptiste ALLIETTE alias ETTEILLA (1738-1791) occultiste français, resté célèbre pour avoir popularisé une forme de cartomancie désignée sous le nom de cartomancie et repris la théorie sur le Tarot d’Antoine COURT DE GEBELIN dans l'ouvrage suscité « Manière de se recréer avec le jeu de cartes nommées tarots » publié à Amsterdam en 1770.

La portée symbolique

Le Tarot peut paraître un simple divertissement, un jeu.

En réalité, chargé de pouvoir, il transmit puissance effective parce qu'une ration symbolique, sont un langage lui ; il fixe notre attention, nous force à regarder, à imaginer ; un monde inconnu surgit, se dévoile, provoquant une nouvelle vision.

C'est lames-archétypes éveille les forces de notre subconscient ; elles provoquent une rupture avec notre environnement habituel. Sa division crée un système d'images analogiques ; grâce à son faisceau de correspondance nous pourrons interpréter les cartes selon notre propre degré de connaissance.

Si le cas si on parle de varier selon les individus, selon leur conception personnelle ; elles aboutissent cependant à des résultats similaires car la lame, puissant dans les valeurs éternelles, éveilla même processus de réflexion chaque lettre.

La lame tarot tique ne fournit pas une vérité intangible et dogmatique : elle nous place sur le chemin d'une connaissance intérieure ; elle nous fournit la première lettre de l'analyse ; à nous de trouver la seconde lettre. Cela nous évoque la phrase rituelle maçonnique « Je ne sais ni lire ni écrire le jeu ne sait qu’épeler ; donnez-moi la première lettre je vous donnerai la suivante ».

Ce qui nous invite un cheminement initiatique progressif tel que les 33° du Rite Ecossais Ancien et Accepté nous le proposent.

« Je n'enseigne pas, j'éveille » disait l’écrivain Auguste DE VILLIERS DE L’ISLE-ADAM (1938-1889).
Cependant au Roger CAILLOIS écrit en préface à l’ouvrage d’Oswald WIRTH « Le Tarot des Imagiers du Moyen-Âge » (cf. annexes) : « on n'en finirait pas d'énumérer les enseignements superposés que les 22 figures majeures sont censées véhiculées. Il n'est pas de science conjecturale de doctrine ésotérique (astrologie, agitent mots aussi, alchimie, etc.) qu'il était mis à contribution pour en éclaircir (ou pour en épaissir) le mystère. Cette vue disparate a fait couler beaucoup d'encre. On n'y découvrit le langage hiéroglyphique universel. COURT DE GEBELIN y déchiffra les trésors de la sagesse traditionnelle. L'égyptomanie de la première moitié du XIXe siècle prétendit identifier les symboles en s’aidant du Zodiaque de DENDERAH. Les occultistes modernes, Eliphas LEVI, PAPUS, Stanislas DE GUAÏTA, Oswald WIRTH enfin, interprétèrent chaque détail et la couleur de chaque détail. Tout revêtit une signification cachée et initiatique ».

Oswald WIRTH a écrit concernant le Tarot : « C’est une véritable machine philosophique qui empêche l'esprit de ces carrés, tout en lui laissant son initiative sa liberté ; ce sont les mathématiques appliquées à l'absolu, c'est la l'Iran du positif à l'idéal, d'une loterie de pensée toute rigoureusement juste comme les nombres, c'est enfin peut-être ce que le génie humain a conçu tout à la fois de plus simple et le plus grand ».

Lorsque l'on se réfère à la tradition si bien définie par René guenon, les groupements maçonniques s'intéressent au symbolisme qui se dégage des 22 arcanes. Comme nous avons déjà pu nous en rendre compte, COURT DE GEBELIN ouvrit la voie, cependant fort critiqué pour ses théories égyptiennes qui s’avèrent chimériques ; Stanislas DE GUAÏTA, Oswald WIRTH et PAPUS donnent des valeurs plus reconnues.

D'autres auteurs interrogent symbolisme des lames en concordance avec la pensée maçonnique, en se référant la réflexion d'Oswald WIRTH : « Tous les symboles se tiennent. Celui des francs-maçons transposant allégories constructives les données initiatiques traduites en termes de métallurgie par l’alchimie. Le Tarot rattache la même tradition idéologique des images colorées choisies à l'étalage artistes populaires du Moyen Âge. La communauté d'ésotérisme autorisé dans le tarot masque uniquement ».

Oswald WIRTH insiste sur la « vitalité universellement corporisante », « l’âme des choses qui tend à nous dégager de la matière en nous élevant de spiritualisant ».

Chaque lame du Tarot de Marseille reçoit ainsi une explication plus ou moins ingénieuse par rapport aux rituels maçonniques. Mais je pense pour ma part que la symbolique maçonnique puise dans un symbolisme beaucoup plus vaste, plus général et qu'en réalité nous pouvions évoquer des symboles qui n’appartiendraient qu'à cet ordre ; ce serait d'ailleurs réduire la pensée traditionnelle et son rayonnement universel. Il ne faut pas trop vouloir prouver, mais il reste vrai que certains symboles figurent aussi bien dans la franc-maçonnerie que dans les tarots, tout comme dans d’autres traditions.

Sachant que de tarots sont stables, elles ne sont ni arbitraires ni hantises ; rien n'est laissé au « hasard ». Les cartes ne sont en elle-même ni bénéfique ni maléfique. Une carte-de fournir un sens général mais elle ne prend sa vraie valeur qu'en fonction des autres cartes qui l'entouraient lui donnent son véritable chance. La carte renversée, ou retourner, n'a pas obligatoirement une valeur négative : elle atténue les mérites et renseigne sur le comportement du consultant. Toutes les interprétations (tant symboliques que divinatoires) doivent être exprimées clairement, avec prudence et nuances ; elles doivent provoquer chez le consultant une prise de conscience qui devrait lui permettre de réagir ; mais sur la voie de la compréhension, chaque homme doit effectuer son travail intérieur ; la prise de conscience qui me le subconscient imaginaire.

Aperçu de numérologie

Pour l'Ecole Pythagoricienne (cf. ma planche sur le sujet présentée en loge en 6012) les nombres régissent le monde. Si l'univers et rythme, les rapports qui en découlent peuvent se transmettre de forme d'une figure harmonique, de nature vibratoire qui agit sur notre affectivité. Si le cosmos et nombre, on peut passer de l'harmonie des sons à celle des âmes selon l'échelle libératrice enseignée par le Maître de Samos. Proclus affirme : « le nombre le glorieux père des Dieux et des Hommes » et on identifie la cause première (la monade, l'unité) à Dieu. Ainsi chaque nombre possède des valeurs quantitatives et qualitatives qui lui confèrent une signification particulière dans l'ordre physique, métaphysique ou moral.

Carl Gustav JUNG dit que « le nombre est la forme d'expression la plus primitive de l'esprit » et qu'ainsi il contient toutes les connaissances humaines. Les nombres ne servent pas seulement à propos à compter ou à mesurer, ils opposent et ils concilient.

Or les lames des tarots portent un numéro souvent inscrit en caractères romains. Certaine la même possède une lettre hébraïque. Il est une relation entre ce nombre la valeur de la carte ? Nous parlerons du nombre en fonction de chaque arcane, mais il convient de donner dès à présent des indications générales quitte à conclure sur des études numériques particulières. La numérologie est étudiée à plusieurs reprises dans le présent travail, sur des plans différents de la Connaissance.

Nous évoquerons le nombre comme élément symbolique qui, par sa précision, son universalité, règle tous les éléments de la nature car il est essence de choses, de l'harmonie universelle que ce soit formes, sons, rythmes, actions… Pythagore affirme que le nombre ne manque pas, qu'il est vérité et il dit que : « tout est arrangé d'après le nombre ».

Cette langue de connaissance ne peut être développée ici, et je ne retiendrai que les principes mêmes, si richement évoqués par Raymond ABELLIO et quelques autres auteurs spécialisés (Cf. bibliographie).

Tout nombre est engendré par un, comme toute chose d’ailleurs.

Le MAT ou le FOU, se numérote selon les auteurs 22 ou 0, que faut-il en penser ?

Le ZERO est un point dilaté devenu le cercle, hiéroglyphe du Soleil, symbole du Céleste, de la Spiritualité, le carré étant le symbole du Terrestre, du Matériel (Rappelons-nous la Quadrature du Cercle et bien entendu l’Homme de Vitruve de Léonard De Vinci).

Le 22 contient tous les aspects de la création humanisée.

Le MAT est le jumeau du Bateleur, la lame n°1. Qu’il soit le zéro ou le 22 il le complète, il apporte la réponse au Bateleur, il est à la foi le commencement et la fin, l’alpha et l’oméga, on a là l’étymologie du mot symbole, issu du symbolum grec, deux pièces formant un ensemble, d’où le blanc et le noir du pavé mosaïque, le Yin et le Yang…

22 Arcanes majeurs.

Quant au 56, nombre des arcanes mineurs, par expansion théosophique on retrouve la somme de 1 + 3 + 6 + 15 + 21 avec les deux extrêmes des arcanes majeurs, le 1 et le 21.

Pour 78, qui est 22 + 56, on retrouve la somme citée plus haut des 12 premiers nombrés selon l’addition théosophique, et on fait alors aussitôt le rapprochement avec notre calendrier, les douze mois de l’année et par-delà l’astrologie et ses douze maisons zodiacales.

3, 7 et 12 ont aussi une grande importance dans le tarot.

Ainsi seules les 21 lames majeures sont numérotées, soit 3 X 7.

Les 56 arcanes mineurs sont le produit de 8 X 7.

Était-ce pour accorder une place privilégiée aux 7 planètes alors connues (Soleil, Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne) ?

7 s’écrit aussi come l’addition 4 + 3, alors qu’ne les multipliant on obtient 3 X 4 = 12, « Manifestation de la Trinité aux quatre points de l’espace » comme l’écrit Michel RANDON dans « La tradition et le Vivant » (Editions Le Félin, 1985, p. 73). « La division de l’année en 4 saisons de 3 mois, correspond à douze signes du zodiaque et aux 12 demi-tons de l’octave. 12 et 7 sont des nombres sacrés. Ils sont l’un et l’autre le père et la mère des choses manifestées, alors que le 1 et le 3 expriment l’essence qui se fait substance ».

Quelques valeurs de nombres harmoniques

Dans l’Antiquité, la science des nombres était une sorte de langage universel, théorie qui se reliait à la musique ; Par son influx dynamique, sa périodicité, son ryhtme, ce système se reliait à celui de l’Univers et au Monde qui ne s’était pas encore révélé, le visible n’étant qu’une face de l’invisible.

La Kabbale

Nous venons de constater que 22, nombre des lames majeures, était également en général celui des lettres des alphabets et plus spécialement celui de l’alphabet hébraïque.

Le Tarot ne semble pas selon les historiens être d’une origine juive ésotérique mais on a affecté malgré tout une lettre à chacun des arcanes majeurs et certains auteurs y ont vu une possible correspondance entre els lames du Tarot et l’arbre des sephirot.

Le développement de ce concept devrait faire l’objet d’une planche à part entière qui lui serait exclusivement consacrée.

Rapprochements astrologiques

Il est difficile d’associer les 22 lames du tarot avec les 12 signes du zodiaque, il faudrait pour correspondre ne s’occuper que des 12 premières lames, ou n’avoir que 11 signes du zodiaque, voire en avoir 22.

OU alors, en prenant en compte le fait que les planètes Uranus, Neptune et Pluton n’ont été découverts que récemment, on pourrait comme on l’a déjà signalé plus haut ne considérer que 7 planètes et de ce fait avoir une relation de 7 X 3.

La lecture astrologique est donc peu fiable quant à l’apparition et l’utilisation du Tarot à des fins divinatoires.

Il existe aussi des correspondances de couleurs, des correspondances avec les quatre éléments selon les lames, avec les métaux connus au moyen âge...et même il existe une interprétation alchimique où selon FULCANELLI dans ses « Demeures Philosophales » le « Grand Œuvre alchimique se décompose en 21 étapes de purification de l’ELIXIR ».

Alchimie

Outre les 22 arcanes majeurs dont la description fera l’objet d’une seconde planche, je vais vous parler brièvement des 56 arcanes mineurs, 4 séries de 14 cartes chacune. Cartes numérotées de 1 à 10 avec en plus un Valet, un Cavalier, une Reine et un Roi. 4 couleurs : Cœur, Pique, Trèfle et Carreau souvent mais surtout Deniers, Epées, Coupes et Bâtons.

DENIER = PASSIF, VALET, élément TERRE, Apprentissage vers le Compagnonnage
EPEES = ACTIF, CAVALIER, élément AIR, Compagnonnage
COUPES = PASSIF, REINE, élément EAU, Maîtrise
BATONS = ACTIF, ROI, élément FEU, Maîtrise et au-delà…

Deniers = pièces d’argent (les métaux, le plomb… ?) dont il faut se séparer pour entrer en purification au sein du cabinet de réflexion ? Caverne, athanor, lieu d’introspection, pour devenir un apprenti…

Epées : au sortir de la Terre le postulant franc-maçon est élevé pénètre l’élément AIR, première épreuve subie dans le Temple selon le rituel initiatique du REAA, où il est confronté à un certain nombre d’embûches.

L’impétrant est menacé par les épées une première fois, portées par les Maîtres, avec une double signification : celle d’élan, de pénétration et d’élévation, ainsi que celle de défense et de protection, révélée dans un deuxième temps au profane.

Les coupes : contenant de la nature humaine, centre vital de l’Etre, à la fois le ventre où sera recueillie l’énergie qu’elle va élever jusqu’au niveau du cœur dont le contenu est le sang, principe de vie, mais aussi les passions, d’où le signe d’ordre.

Les bâtons sont le feu purificateur, transformateur, qui transmute : c’est le sens de la finalité des déplacements de tout néophyte dans sa marche vers la lumière. C’est le moyen de transcender l’intellect et les possibilités ou les difficultés que possède ou rencontre l’individu pour dominer et transcender la Matière grâce à l’esprit.

En conclusion, les quatre séries du Tarot correspondent à la totalité de l’Etre dans son corps (Deniers), ses actes (Epées), ses émotions (Coupes) et son esprit (Bâtons).

La fonction symbolique du Tarot

Je viens de présenter le tarot comme étant une démarche évolutive, en continu. Ce n’est qu’une prise de conscience de ce qu’il est. Mais comme dans tout jeu, l’aléatoire et le combinatoire font partie de ses fonctions ; ce sont aussi, dans une certaine mesure, celles du symbolisme. On peut en effet réfléchir sur le rôle de l’image et de sa portée symbolique. Chaque image comporte plusieurs sens de lecture appréciés en fonction des références propres à chacun.

Cependant le symbolisme est un langage de connivence qui est susceptible d’établir une relation entre la surface de l’Etre et ses motivations profondes.

Pour que le symbole germe, se développe et porte ses fruits, la personne doit s’engager.

Oswald WIRTH précise à ce propos : « Le Tarot nous convie à l’effort qui, dégageant notre esprit de l’emprise de la pensée d’emprunt, lui permet d’acquérir des idées qu’il ne devra qu’à lui-même » et plus loin de rajouter : « Le propre du symbolisme est de rester indéfiniment suggestif : chacun peut y voir ce que sa puissance visuelle lui permet de percevoir. Faute de pénétration, rien de profond n’est perçu » ce qui est tout à fait ce que disait Léonard De Vinci : « Regarde la Lumière, ferme l’œil et observe. Ce que tu as vu avant n’est plus, ce que tu verras ensuite n’est pas encore ».

Parlant de puissance visuelle, WIRTH entend ce terme au sens de visualisation intérieure et d’imagination active.

Son propos signifie aussi que rien, dans ce domaine, ne s’acquiert sans travail de réflexion. Cette puissance de visualisation peut se développer, s’éduquer, mais attention à ne pas prendre des vessies pour des lanternes, à ne pas s’illusionner.

Il faut donc rester lucide et acquérir le recul que peut donner la culture, l’étude, l’acquisition de référents…

Le but est l’individuation, chère à Carl Gustav JUNG et à moi-même, qui mériterait là aussi une planche à part entière.

A cette condition le Tarot peut être un instrument servant à affiner la connaissance de soi en libérant l’esprit des contraintes cartésiennes et en stimulant l’intuition, le détachement. Il peut ainsi permettre d’accéder à une pensée plus universellement créatrice.

Par l’enchaînement des effets, cela nous conduit à espérer pouvoir approfondir les plans de conscience jusqu’à percevoir l’informulé et peut-être, définir des potentialités mais sans doute pas de certitudes.

Divination, révélation, transmission…

Les hommes ont toujours cherché à comprendre leur destinée et ont utilisé toutes sortes de moyens pour interroger les dieux sur leur devenir.

Les tribus nomades ont de tout temps utilisé la symbolomancie et ils ont sans doute contribué à y inscrire des archétypes de l’humanité.

A partir du 17ème siècle, le Tarot leur offrait un matériau de choix et la cartomancie s’est répandue dans toute l’Europe.

Par le biais de ce symbole s’établit la relation entre la conscience et certaines motivations qui souvent nous échappent, et qu’il est parfois difficile de comprendre. En utilisant ou non le hasard il est possible de pénétrer alors, de manière effective, dans le domaine de la prescience ou de la divination, c’est-à-dire de la part de nous-mêmes qui nous échappe, parce que transcendante. Si nous laissons de côté le mode de pensée rationnel, fort utile dans notre vie quotidienne, si nous sommes certain que toutes les structures de l’Univers s’interpénètrent, « que tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », c’est-à-dire que microcosme et macrocosme répondent aux mêmes lois et sont animés par les mêmes principes, si nous pensons que, comme dans un hologramme, chaque partie contient l’information du tout, pourquoi alors la mise en relation aléatoire d’éléments appartenant à une structure ne serait-elle pas porteuse de sens ? Mais ce n’est pas aussi simple car entre le conscient et l’inconscient viennent s’interposer toutes sortes de trames…

En projetant au niveau de la conscience l’univers intérieur de l’individu, le Tarot joue un rôle de miroir ; il s’agit d’un jeu de réflexions dans lequel le « moi » dialogue avec lui-même à travers le contenu symbolique de la carte.

En cela le Tarot diffère des cartes ordinaires car ses images constituées au cours des siècles empruntent leurs contenus aux sources mytho-allégoriques qui, elles-mêmes, reflètent les bases archaïques de la pensée humaine.

Personnellement, je suis convaincu que, si divination il y a, cela doit surtout marcher lorsque l’on se « tire les cartes » à soi-même.

La réalité et la nature de notre possible rapport entre l’homme et le divin ne peuvent être clairement définis par le raisonnement. N’oublions pas : « Le cœur à ses raisons que la raison ignore » selon Blaise PASCAL. Les questions en arrière-plan sont multiples : et tout d’abord l’homme est-il prédestiné ? La psychanalyse a changé la nature du problème en déplaçant le foyer des recherches : le « centre divin »devenant l’inconscient même, actif au sein de l’individu.

Chacun est alors responsable face à son destin, lequel résulterait en partie de l’attitude, de l’action, de la pensée et des choix au présent, même si dans ces faisceaux de possibles et de relations, les choix personnels sont en réalité extrêmement limités.

Tout acte de magie ou de prophétie ne peut être que suspect au regard d’un raisonnement logique, d’autant plus que les supercheries sont constantes en ce domaine.

L’exploitation qui en est faite quotidiennement de manière souvent répréhensible (sectes…) est aussi le résultat du refus d’étudier et de comprendre les fondements traditionnels de faits qui, pour ne pas être scientifiques au sens faussement cartésien, existent du moins en tant que phénomènes de société et concernant la psychologie de l’homme social.

Mais l’avenir est en partie fonction de nos choix dans le présent, il s’agit donc, aussi, de comprendre le « Ici et maintenant ».

Notre devenir, ou celui des évènements qui nous concernant, est en général fonction de nos aptitudes et de notre attitude face aux circonstances. Si le Tarot peut nous révéler une part de nos propres tendances, ou nous aider à les comprendre, son utilité en sera déjà évidente.

En fait il peut nous éclairer sur nous-mêmes et cela est déjà conséquent.

L’alchimiste et médecin Paracelse, au 1èème siècle, nous rappelle, à sa manière très poétique, que le monde st fait de structures toujours semblables du haut en bas, de l’extérieur à l’intérieur : « Le ciel intérieur de la créature humaine peut être autonome, à condition que par sa sagesse, qui est aussi savoir, il devienne semblable à l’ordre du monde, le reprenne en lui et fasse ainsi basculer dans son firmament intérieur, celui où scintillent les visibles étoiles ».

Se comprendre pour comprendre l’Univers et pouvoir transmettre avec efficience c’est répondre à l’un de principes fondateurs de la Franc-Maçonnerie.

V\ M\

J’ai dit.

C\ L\


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