Obédience : NC Loge : NC 11/2011


Quelle relation établissez-vous entre le devoir et la conscience

Ce thème soumis à ma réflexion m’ouvre un axe d’investigation autour de deux concepts qui a priori pourraient sembler complémentaires, mais alors, comment en établir l’étroite et possible relation qui aiderait à donner forme à une véritable passerelle qui oscillerait autour de l’autre notion qu’est la relation.

De prime abord, leurs quintessences intrinsèques pourraient servir d’axe d’approche. Le devoir qui se définit comme ce que l’on doit faire, apparait comme un ensemble d’obligations morale et sociale, voire légales, auxquelles se soumettent tous les membres d’une société. C’est entre autre la loi, qui elle, est une prescription établie par l’autorité souveraine applicable à tous, et définissant les droits et devoirs de chacun.

Le devoir peut être pris aussi comme une obligation de nature juridique, au travers des contreparties des droits de citoyens. Ces contreparties dans la vie se pratiquent et se rencontrent au quotidien à l’instar de l’échange entre une commande des travaux dans le BTP (pour l’exemple que je retiens) entre un maitre d’ouvrage et un entrepreneur, les deux liés par un marché ou un protocole, en retour duquel, le service doit être certifié fait, le tout se traduisant en termes d’obligations dans le cadre de l’exécution dudit accord. L’on pourrait, ainsi, à souhait étendre notre regard vers les engagements conjugaux du mariage qui lient les deux époux (les différentes obligations de l’un vers l’autre). L’on pourrait aussi en donner un contenu vers la morale ; à l’exemple de toutes ces règles ou dispositions qui guident ou orientent le citoyen dans les espaces publics en milieu urbain et aussi pourquoi pas, dans nos contrées lointaines autour des non dits dans le « mbongui » cette appellation qui nous devient familière avec le triangle dénommé désormais, le « mbongui du Pool », auquel je souhaite bon vent.

La notion du devoir trouve aussi son expression dans notre pays au moment des enjeux électoraux, à l’instar des dernières sénatoriales qui ont surpris plus d’un, car cette fois-ci, le grand électeur, je dirai à tenter de faire prévaloir son libre arbitre dans les urnes. Ainsi l’on peut dire que voter est un droit civique et légitime.

Le devoir n’est donc pas qu’une notion intellectuelle mais aussi une réalité sociologique. On peut en d’autres termes, le classifier comme une plateforme d’échanges, aux plans matériels ou contractuels.

L’accomplissement du devoir fait partie intégrante du travail initiatique maçonnique. Dès le premier degré, l’apprenti a comme premier devoir de méditer les enseignements du rituel afin d’y conformer sa conduite.

Ainsi il devra observer le devoir envers :

Sa famille ; Soi même ; Autrui.

Qu’en est-il de la conscience :

Venant du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire)…

La conscience peut être définie comme une pensée intérieure, un jugement de nous même et de nos actes, dont nous avons connaissance. Ainsi elle ne se résume pas à la conscience d’exister à soi et au monde. Elle permet à l’homme de percevoir si ses actions sont bonnes ou mauvaises : c’est la conscience conséquente, qui suit nos actes et les évalue.

Elle est la représentation mentale claire de l’existence, de la réalité de telle ou telle chose. Le concept de conscience, qui remonterait aux temps immémoriaux, avant J\ C\, renvoie à la perception des mauvaises actions que nous avons commises, ce qui peut conduire au remord et à la crainte de châtiment de l’au-delà. Les premières définitions de la conscience, que ce soit par les Grecs ou plus tard par les stoïciens, se sont donc ancrées dans la religion et se réfèrent à une seule loi naturelle ou divine, une connaissance innée de l’homme du bien et du mal.

La conscience peut être accolée à la notion de morale ou d’éthique. Avoir conscience c’est savoir que l’on existe : je pense donc que je suis, pour se référer à la pensée Cartésienne.

Elle confère entre autres, à l’homme, par le biais du travail sur soi, une certaine faculté tendant à porter un jugement de valeur sur ses propres actes ; ainsi l’on rencontre des expressions du genre : « chacun se décidera selon sa conscience » ou aussi, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

C’est la conscience morale. Elle désigne le sujet du jugement moral de ses actions. Elle dicte les attitudes et les comportements. C’est elle qui nous permet de distinguer le bien du mal. Elle se définit comme ce que je pense, le je suis, l’on pourrait dire qu’elle est palpable, c'est-à-dire matérialisable.

Ainsi au fond de chaque homme, quel que soit son origine, son ethnie, son âge, sa religion se trouve sa conscience qui lui indique où se trouve le bien et le mal, la justice et l’injustice. La conscience nous permet de nous déterminer, elle détermine en outres nos attitudes, nos comportements et nos agissements.

Dans notre quotidien, elle nous côtoie, elle s’assimilerait bien à un gendarme dans la fonction de dualité face à la répression et l’éducation ; elle nous observe et mieux nous interpelle en fort intérieur. C’est l’œil de Caïn si nous versons dans la mythologie Grec ou la Bible.

La Franc Maçonnerie proclame comme principe « un maçon libre dans une loge libre ». La liberté est un maillon essentiel dans la devise, la liberté absolue de conscience, est l’un de ses principes. Elle symbolise la conviction que chacun doit faire soi-même de ses opinions, par un résultat inlassable de travail, de réflexions et aussi des enseignements qu’il a reçus et qui lui semble bons, car ici intervient la notion du libre arbitre. Il a donc la liberté de former soi-même son opinion ; il doit respecter cette même liberté chez autrui, ne doit non plus s’irriter si son prochain pense autrement que lui, et le manifeste, se dire que, puisque l’erreur est inhérente à tout humain, alors il doit intérioriser, accepter et tolérer, tel sera le vrai enseignement à tirer, c’est là ; l’enseignement de la pure doctrine maçonnique à intérioriser le long de ce parcours ou quête, parsemé par endroits d’embûches ou obstacles que nous essaierons ou tenterons toujours de contourner grâce aux mains tendues très fraternelles de tous les frères de par le monde…

En prenant ancrage sur les fondamentaux de notre Ordre, on revient sereinement à l’évidence que la Franc Maçonnerie nous enseigne et nous guide à tous égards vers le sens élevé du devoir ; lequel enseignement, nous conforte à retenir que le devoir n’est pas un vain mot, non plus un élément isolé au plan symbolique, mais plutôt, une assise très consolidée que nous devons inlassablement approfondir et confortée tout le long de notre parcours initiatique.

Dès notre entrée dans le cabinet de réflexion, profane, nous sommes appelés à méditer sur les devoirs de l’homme envers lui-même, sa famille, sa patrie, l’humanité. Ce passage constitue la première épreuve, celle de la Terre, accompagné de la sentence « VITRIOL », il nous enseigne que le premier devoir est de descendre au plus profond de soi-même pour parvenir à sa propre connaissance. Ainsi, nous devront dominer et vaincre nos passions pour trouver la vérité enfouie au plus profond de soi.

L’initiation est plus qu’une cérémonie symbolique : il est demandé au profane l’adhésion et l’engagement, l’obligation du secret, le devoir de solidarité, la nécessité du travail et du perfectionnement par la connaissance et l’exercice des vertus.

Puis, au plan graduel, devenu Compagnon, pouvant voyager, il a le devoir de connaître le monde et de se connaître dans cet univers où il ne sait pas trop ce qu’il est venu faire ou chercher. Son devoir est de surpasser les autres hommes par le développement des ses qualités tout en se mettant au service des causes liées au salut du genre.

Devenu maître, il a le devoir de faire rayonner sa conscience relative, de respecter l’homme et son organisation sociale, familiale et maçonnique. Le maître exerce sa méthode maçonnique dans la vie quotidienne pour tenter de construire un monde plus heureux, plus droit, plus d’équerre.

Alors, maçon, récemment reçu dans les hauts grades, je place mon interrogation perpétuelle et évolutive, autour de l’après HIRAM, car maintenant commence pour moi une nouvelle étape, qui me conduit vers une prise de conscience.

Aussi, tenterai-je, de dégager l’approche selon laquelle, faire son devoir et le connaître irait bien ensemble, ce qui pourrait jeter les bases de la complémentarité vers la conscience.

Placé devant son devoir et ayant pris conscience de la complexité de la tâche ; comment dois-je œuvrer pour intérioriser et mettre en synergie ces deux concepts :

 Le devoir va dès lors consister à agir en conformité avec cette conscience, sans attendre de cette action une récompense ni craindre une sanction. Il s’agit de faire ce qui doit être fait car il s’agit d’une exigence de cette partie intime de nous-mêmes. Ainsi là, se situe, le beau, le bon, le vrai, donc peut être la vérité. En accomplissant ses devoirs le F\ M\ harmonise sa vie de manière que les événements ne s’opposent pas au développement de son être. Le devoir est cet acte que je pose, de manière intuitu personae, ce, en toute conscience; c’est en d’autres termes cet acte que je pose par la conscience.

C’est dans la conscience que le monde nous apparaît. C’est par la conscience que le sentiment est connu, que les choses sont décrites et pensées, que l’image est imaginée ou que le jugement est prononcé. Nous connaissons tout par la conscience. C’est pourquoi le monde de l’extériorité paraît toujours plus clair que celui de l’intériorité.

Les devoirs sont donc l’expression d’un homme conscient et libre. Il n’ya pas de liberté chez un homme contraint, sauf s’il est inconscient !

Le devoir et la conscience sont perçus de tout temps sur la voie de cette quête maçonnique comme une préoccupation, non des moindres autour de nos engagements. La grande route du devoir conduit à la vérité qui est la lumière. La parole perdue est la connaissance du devoir accomplit.

J’ai dit !

P\ N\


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