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Cosmogonie d’ailleurs

En préambule, je tiens à dire que j’aborde le sujet en tant qu’observateur, mais pour respecter la tradition judéo chrétienne, je commence par la fin de ce livre par une lecture de droite à gauche.
Je laisse à chacun le soin d’établir les équivalences et les passerelles entre les cosmogonies étrangères à la civilisation occidentale. Je pense que l’on pourra établir un tronc commun à la diversité des cosmogonies mondiales. Lire la table des matières  : selon le bouddhisme, dans l’Inde, dans l’Iran préislamique, selon Israël, les Turcs et les Mongols, l’Islam, selon Canaan, les Hourrites, les Hittites selon Akkad Sumer et l’Egypte.
Voici les trois sujets choisis : la naissance du monde en Chine, au Tibet et selon les traditions Lao, le mythe de Khun Bulom.

Cosmogonie Chinoise : les auteurs signalent que les documents qui parlent de l’ancienne mythologie chinoise sont rares ce qui rend l’interprétation du mythe aléatoire.
On fait souvent allusion à P’an Kou au VIème siècle avant JC dans le Chou yi ki livre qui relate entre autre la cosmogonie chinoise, comme étant le démiurge créateur de l’univers
P’an Kou et le Couple Primordial :
« Au temps où le ciel et la Terre étaient un chaos ressemblant à un œuf, P’an Kou naquit dans celui-ci et y vécut durant dix huit mille années. Et lorsque le Ciel et la Terre se constituèrent, les purs éléments yang formèrent le Ciel, les grossiers éléments yin formèrent la Terre. Et P’an Kou, qui était au milieu, chaque jour se transformait neuf fois, tantôt dieu dans le ciel, tantôt saint sur la Terre. Le Ciel, chaque jour s’élevait d’un Tchang (mesure de longueur correspondant à trois mètres), et la Terre s’épaississait chaque jour d’un Tchang. Il en fut ainsi durant dix huit mille années et lorsque le Ciel atteignit à l’extrême de la hauteur, et la Terre à l’extrême de la profondeur, et P’an Kou à l’extrême de la longueur. »
Mon avis : on passe du chaos à l’ordre, avec le temps et l’espace !

La création de l’Univers :
« Les êtres vivants commencèrent avec P’an Kou lequel est l’ancêtre des dix mille êtres de l’univers. Lorsque P’an Kou mourut sa tête devint un pic sacré, ses yeux devinrent le soleil et la lune, sa graisse les fleuves et les mers, ses cheveux et ses poils les arbres et autres végétaux. Les anciens savants affirmaient que les larmes de P’an Kou avaient formé le fleuve bleu et le fleuve Jaune, que son souffle était le vent, sa voix le tonnerre ; la pupille de ses yeux faisait jaillir la foudre, le ciel était clair quant il était content et sombre quand il se mettait en colère.
Selon les croyances de l’époque des dynasties des Ts’in et des Han, la tête de P’an Kou devint le pic sacré de l’Est, son ventre, le pic du centre, son bras gauche le pic du Sud, son bras droit le pic du Nord et ses pieds le pic de l’ouest. »
Dans les pays de Wou et de Tch’ou on raconte que P’an Kou et son épouse sont à l’origine du Yin et du Yang.
Apparition d’une épouse à P’an Kou sans autre explication dans le texte. On peut penser à Osiris !
Autre exemple de la mythologie chinoise.

Dans l’ancienne mythologie chinoise, celle d’avant P’an Kou, on retrouve un couple frère sœur, Fou Hi et Niu-koua, deux génie à corps de serpents ou de dragons, souvent enlacés par les queues.
On retrouve ce couple, tantôt appelé empereur et son épouse, frère et sœur, mâles et femelle, dans un chapitre concernant : la Grande Inondation, déclenché par le rebelle Kong-kong :
« Niu Koua répara le Ciel azuré avec des pierres de cinq couleurs, coupa les pattes d’une grande tortue pour dresser quatre piliers aux quatre pôles, tua le dragon noir, Konkong, pour sauver le monde, accumula des cendres de roseau pour arrêter les eaux débordées… »
Pour ma part je pense à Lucifer à travers kongkong, de couleur noir, alors qu’en Chine le Dragon est symbole de bonheur, tout comme le blanc !
Selon la légende chinoise, Niu-koua était sinon la mère, du moins la créatrice de l’humanité :
« Selon la légende populaire, lorsque le ciel et la Terre furent crées, il n’y avait pas encore d’humanité. Niu-koua commença à modeler des hommes avec de la terre jaune. Mais elle trouva la tâche trop lourde pour ses forces ; elle alla donc puiser de la boue dont elle se servit pour faire des Hommes. C’est ainsi que les nobles furent des hommes formés avec de la terre jaune : les gens pauvres de condition vile et servile sont des hommes tirés de la boue ! »
Fong sou t’ong yi II° siècle après J-C

La grande inondation et l’aménagement du monde
« Yu était un homme actif, serviable, capable et diligent, sa vertu n’évitait pas la peine, sa bonté le rendait digne d’affection ; sa parole était digne de foi. Sa voix était l’étalon des sons ; son corps était l’étalon des mesures de longueur ; les mesures de poids dérivaient de lui ! »
C’était sous l’empereur Yan : « les eaux débordées s’élevaient jusqu’au ciel. » L’empereur avait chargé Kouen, père de Yu, de le réprimer, mais il n’eut pas de succès et fut banni ; Yu, qui était encore que ministre fut charger de lutter contre l’inondation. Contrairement à Kouen qui construisait des digues, Yu ouvrit le cours des neuf fleuves et les conduisit aux quatre mers ; il approfondit les canaux et les conduisit aux fleuves ! »

Séparation du ciel et de la Terre
« Les multitudes qui souffraient d’oppression annoncèrent leur innocence d’en haut. Le Seigneur d’en haut (Chang-Ti) examina le peuple, il n’y avait pas de parfum de vertu s’élevant, mais la puanteur des châtiments s’exhalant. L’Auguste Seigneur eut pitié de la multitude innocente qu’on assassinait. Il fit sentir aux oppresseurs sa majesté, et détruisit le peuple de Miao en sorte qu’il n’y eut plus de descendance à l’avenir. Alors il ordonna à Tch’ong-li de rompre la communication de la Terre au Ciel afin que cessassent les descentes des dieux. L’Auguste Seigneur impartialement interrogea le peuple ; il y eut des plaintes contre Miao ! »
Le peuple des Miao dont il est question ici est légendaire ; c’étaient des êtres ailés, pouvant donc monter et descendre du ciel. Ils furent bannis aux confins du monde civilisé.

Les origines du monde chez les philosophes :
Je vais donner quelques phrases de philosophes chinois, point trop longue afin de ne pas alourdir le texte précédent :
Lao Tseu
« Le monde donna naissance à UN
Un donna naissance à Deux
Deux donna naissance à Trois
Trois donna naissance aux dix mille êtres
Les dix mille êtres portent le Yin sur leur dos et embrassent le Yang ! »

Moins connu que Lao Tseu, le philosophe Lie Tseu (3éme siècle avant JC)
« Jadis les saints gouvernaient la Ciel et la Terre, en conformité avec le Yin et Yang. Tout ce qui a forme prend forme dans ce qui n’a pas forme !
L’état où le Souffle-Energie, les formes et les corps étaient tous présents (virtuellement) quoique non encore séparés, c’est ce que l’on appelle le Chaos. Par Chaos, on désigne en effet l’état où les dix mille Etres étaient encore mêlés de façon chaotique : on n’aurait pu rien ni rien apercevoir, ni rien entendre, ni rien saisir !
Yi par mutation devint Un ; Un par mutation devint Sept ; Sept par mutation devint Neuf. Avec cette neuvième mutation, on arrive au bout et alors commence une nouvelle mutation, on revient à Un !
Ce qui était pur et léger monta et devint Ciel, ce qui était grossier et lourd descendit et devint la Terre ; les souffles médians formèrent l’Homme ! »

Autre philosophe chinois Houai-nan Tseu :
« Alors que le Ciel et la Terre n’avaient pas encore pris forme, le monde n’était qu’un grand amas confus et indéfini qu’on appelle le Grand Commencement. Le Grand Commencement produisit la Vacuité produisit l’Univers espace-temps ; celui-ci produisit le Souffle originel !
Les essences concentrées du Yin et du Yang formèrent les saisons, et lorsque les saisons se diversifièrent, elles formèrent les dix mille êtres. Le souffle chaud du Yang qui s’accumulait finit par produire le feu dont les éléments les plus subtils devinrent le Soleil. Le souffle froid du Yin qui s’accumulait finit par produire l’eau et dont les éléments les plus subtils devinrent le Lune. Les plus subtiles des émanations surabondantes du soleil et de la lune devinrent des étoiles… ! »

Voilà mes TTCCFF, un résumé de la Création du Monde vue par les Chinois, il est bien évident que ce travail est une compilation et un choix de texte qui m’ont semblé les plus évocateurs.

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