Obédience : NC Loge : NC 30/11/2004

J’ai 7 ans et plus

Je vais essayer de vous exprimer ce que je ressens de ces trois syllabes « 7 » « j’ai », « et plus ».

Tout est ordonné selon la forme et les nombres. Pythagore disait « Tout est arrangé par le nombre ».

Il y a 7 ans et plus, le 14 avril 97, j’étais initié au Rite Ecossais Ancien et Accepté.

J’ai emprunté une ligne droite lors des 3 pas de l’apprenti en partant d’un point, du un, du tout. J’avais 3 ans, j’étais dans la matière, l’équerre dominait le compas.

Au grade de compagnon j’ai appréhendé la surface au sol. Les pas de côté m’ont ouvert un espace nouveau. J’avais 5 ans. J’étais autorisé à aller voir ailleurs, à parler, à questionner. L’équerre était entrelacée avec le compas.

Au grade de maître j’ai ressenti le volume, représenté par le cercle avec un centre, un point, le tout. Les pas au-dessus du cercueil confirment cette impression de volume dans l’espace. Le compas recouvre l’équerre. Aujourd’hui j’ai 7 ans et plus.

Première constatation sur ces nombres. Pour qu’une loge soit juste et parfaite, il faut que 3 la dirigent, 5 l’éclairent et 7 la rendent juste et parfaite.

L’un des premiers travaux de l’apprenti est d’appréhender la vie de manière différente. La notion de dualité féconde qui engendre un troisième élément pour revenir à un tout, change quelque peu la perception de mon quotidien. Le nombre 3 symbolise ce que j’ai découvert, ce qui dans mon travail s’est manifesté à moi. Toute manifestation est le résultat de la combinaison de deux causes complémentaires et opposées. Le un, le principe créateur, le divin agit sur le 2. Le ternaire présente à l’homme la manifestation du Créateur. Le nombre 3 est symbolisé par le triangle isocèle.

Le nombre 4 représente la matière, la vie terrestre, les 4 éléments. C’est la matérialisation, l’incarnation des choses découvertes par nos sens de perception. C’est le passage du savoir (académique) à la connaissance (initiatique). Il est symbolisé par le carré.

Le 5 est le nombre de l’incarné. C’est la représentation de l’homme dans le cercle, étoile à cinq branches, c’est le pentagramme. Le 5 est l’animation de la matière par l’esprit. 5 = 4+ 1. C’est la quintessence, c’est la vie. Il met en éveil ma conscience.

Le 6. Chacun d’entre nous a une mission sur cette terre, un rôle à jouer, une place. Pour l’homme, le divin s’est manifesté à lui et il doit transmettre sa connaissance. C’est la révélation. Le nombre 6 est symbolisé par le sceau de Salomon. Double manifestations, deux triangles entrelacés, l’un pointe en haut, en relation directe avec le céleste et l’autre pointe en bas, dirigé vers la terre. Nous sommes en bas et en haut. Nous recevons la lumière et nous devons la réfléchir.

Le 7 est le nombre du révélé, le nombre de la connaissance. C’est le 4 + 3, union du matériel et du spirituel. L’esprit domine la matière, le compas repose sur l’équerre. On atteint un autre niveau de conscience.

Mais j’ai 7 ans et plus. Il y a donc une suite.

Le nombre 8 est le lien intermédiaire entre le carré et le cercle, entre la matière et l’esprit, entre le ciel et la terre. C’est le symbole de l’éternité, de l’infini. Il permet l’élévation, la transcendance. On prend conscience du dépassement de soi même. Sa représentation est un octogone, deux carrés entrelacés.

Comme le nombre 4 et 6, le 8 reste sur le plan terrestre.

Le nombre 9 représente trois fois le nombre du manifesté. On peut dire qu’il est le nombre de la manifestation parfaite. C’est la dernière étape avant la résurrection, représentée par le 10, donc le un, le Tout. Le 9 est le nombre du transcendé, c’est l’accomplissement de la tâche de l’homme non seulement sur terre mais aussi dans son univers. Il est microcosme et macrocosme à la fois, il est acteur et spectateur de son temple. Il est sujet et verbe. Il travaille à sa construction et en même temps il observe l’ascension de ce temple, sa propre élévation.

Depuis mon initiation, je suis passé du manifesté à l’incarné puis au révélé pour terminer par le transcendé. Je trouve les nombre 3,5 7 et 9. Que des nombres impairs. Ces nombres seraient ils divins ? Ce qui est certain c’est que toutes les attributions données aux formes et aux nombres sont déterminées par la conscience de l’homme. Chacun les perçoit selon la route parcourue.

Pourquoi ai je 7 ans et plus ?

Ce verbe avoir, donne l’image de possession, de stabilité et donc d’inertie. Le verbe Etre, au contraire émet une image de vie, de mouvement et de sensation. (Je n’ai pas une femme - je suis marié avec une dame.)

Je suis passé de la perpendiculaire au niveau et de l’équerre au compas. Je suis passé de l’avoir à l’être. Je ressens l’obligation de dire, Apprenti mon âge était de 3 ans, Compagnon il était de 5 ans et aujourd’hui Maître il est de 7 ans. J’essais d’abandonner un paraître pour mieux ressentir mon être.

Je pense que nous arrivons tous, un jour ou l’autre, à la maîtrise, au nombre 7, mais arrivons nous tous au « et plus ». Le 7 n’est pas une fin en soi, le Franc Maçon est un cherchant, il doit poursuivre sa route, sa quête, sa recherche.

En ce 14 avril 97, j’étais dans le monde des « morts » et grâce à la réception de la lumière j’ai rejoint le monde des « vivants ». Il ne faut pas se tromper sur la définition ésotérique du mot résurrection, la bible nous cite plusieurs passages.

L’élévation à la maîtrise symbolise l’ascension, la verticalité, la spiritualité. Je me souviens être entré à reculons dans un temple sombre. Une impression de malaise régnait. La seule lumière présente était celle de l’étoile flamboyante. Je me remémorais tous les symboles et outils du compagnonnage.

J’allais vivre un second psychodrame. En effet, je me revois vivre une sorte de veillée funèbre. Le Vénérable Maître me narre le mythe d’Hiram. Trois mauvais compagnons ont assassiné le Maître Hiram, l’architecte du temple.

Tous les frères me soupçonnent d’avoir assassiner le Maître Hiram. Ils m’indiquent que pire encore, la parole du Maître est perdue et qu’il faut la retrouver.

Je suis devenu ce maître assassiné. Le maître Hiram s’est réincarné dans le nouveau maître que je suis. Pour cela trois frères, les mauvais compagnons, tentent de me relever chacun à leur tour. Mais rien n’y fait. Il faut réunir ce qui est épars. Seule l’union des trois frères et les cinq points parfaits de la maîtrise réussiront à relever le nouveau maître.

Qu’est ce que ce « et plus » pour moi ?

C’est appréhender l’idée de la mort. Par la connaissance des systèmes des équinoxes et des solstices, j’entrevoie deux portes, celle des hommes et celle des dieux. La lettre G de Génération devient sacré et m’invite à vivre, à quitter mon enveloppe charnelle et à transmettre.

Transmission de mon vivant et après ma mort.

Dans ma vie professionnelle, profane et initiatique c’est appliquer le ternaire. C’est arriver à trouver la synthèse d’une dualité féconde.

C’est aussi utiliser tous les outils mis à ma disposition : le compas et l’équerre, le levier et son point d’appui, le maillet et la règle.

Ce « et plus » n’est pas une accumulation de connaissances mais au contraire une élimination de certitudes erronées et inutiles. C’est arriver à raisonner en conscience et non plus à agir et parler sans aucune réflexion.

Nouveau maître, je suis debout certes, mais pas encore libre. Pas libre au sens matériel – Libre au sens spirituel, capable de percevoir les secrets de la vie et penser par moi même.

Pour nous F\ M\, la parole c’est le logos, c’est le verbe. Elle nous permet de communiquer. La parole doit circuler. J’y vois le symbole du cercle, je part d’une idée et tente d’arriver au cœur du sujet, au centre du cercle. La parole n’engendre pas un savoir, elle se place sur le plan de la connaissance, sur celui de l’être et du spirituel. Le logos ne peut se résumer par des mots, il doit être vécu, comme le mythe d’Hiram. Les mots substitués deviennent sacralisés. Par le passage de la mort et la réincarnation du maître Hiram dans le nouveau maître, on passe de l’homme au divin. On est en chambre du milieu, on est dans le sacré.

Les mots substitués de la parole perdue tant recherchés par les trois mauvais compagnons me seront communiqués par le Très vénérable Maître et à partir de là on pourra dire que le nouveau maître ressort plus radieux que jamais.

Mais quelle est cette parole perdue ? C’est celle du Maître Hiram, perdue lors de sa mort. Si les trois mauvais compagnons cherchaient la parole ou les mots secrets au service de l’ignorance, du fanatisme et de l’ambition, ils ne l’ont certainement pas trouvée dans la bouche du Maître. Alors ils l’ont assassiné pour rien.

La parole au service de l’ignorance peut se retrouver dans le dogmatisme de certaines religions. Il ne faut pas confondre les mots gnose et foi.

La parole peut être aussi au service du fanatisme. Paroles totalitaires ou aliénantes de certains gourous ou dictateurs. Interprétations et déformations de certains écrits.

Enfin la parole peut altérer l’ambition. L’accession à la connaissance intellectualisée, ne demande aucune connaissance de soi, de l’autre ou de Dieu.

Notre chemin sur la route de la lumière est un vrai labyrinthe. Le labyrinthe, chef d’œuvre construit par Dédale, peut être le symbole d’une quête spirituelle. Non pas un labyrinthe religieux où le dogme propose une seule voie et une seule présentation des formes et des idées. Mais un dédale où le cherchant peut emprunter de fausses routes. L’erreur ou plutôt l’impasse est possible. La ligne droite n’est pas toujours la meilleure solution pour atteindre son but. Il faut savoir renoncer à quelque chose si on s’aperçoit qu’elle ne correspond pas à notre quête. La vérité prend sa source dans l’erreur, comme la Lumière dans les ténèbres. Sans Judas pas de Christ.

L’humanisme c’est lorsque l’homme parle de l’intérieur. C’est la parole d’amour, parole du cœur. On retrouve cette approche dans la philosophie. L’amour de la sagesse. Etre sage c’est lutter contre l’ignorance. Etre sage c’est maîtriser ses passions.

C’est au centre du cercle que le maître espère retrouver la parole perdue. En retournant au centre de la terre, dans le CDR, je dois chercher cette parole perdue. Elle se trouve dans mon moi intérieur. Si l’apprenti peut s’arrêter aux trois premières lettres VIT, visite l’intérieur de la grotte, en clair travaille ta pierre brute, le maître doit aller plus loin, utiliser toutes les lettres de VITRIOL, rectifier et trouver la pierre cachée. Et si la parole perdue était cette petite flamme représentée lors de la rédaction de notre testament philosophique ?

Notre rite est basé sur la tradition orale, au-delà des mots, le son est très important. Les vibrations donnent vie aux mots. Je serais tenter de dire aux syllabes voire aux lettres. De J et B, de M et B, à je ne sais ni lire ni écrire, je ne sais qu épeler…

Tout n’est que symbole, le mythe est symbole. Le mythe d’Hiram n’est il pas le fil conducteur, le fil d’Ariane, dans le labyrinthe de l’humanité pour revenir au centre, à l’origine de la parole perdue.

J’ai dit très Vénérable Maître

B\


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