Sept ans et plus

Donner son âge pour un maçon, c'est indiquer son grade. L'âge doit donc reflé­ter les valeurs, les principes, l'enseignement du grade. L'âge du maître c'est "sept ans et plus" nous indique le rituel du grade de maîtrise. Et le rituel conti­nue pour nous mettre sur la voie: "Le maître maçon est parvenu à la sagesse et il est en mesure d'approcher la connaissance". C'est ce que nous allons essayer de découvrir.

Mais sept c'est avant tout un nombre. C'est ainsi le premier nombre impair qui ne divise pas soixante qui a constitué la première grande unité employée.

Sept peut s'obtenir aussi par la combinaison de plusieurs autres nombres. Sept peut ainsi être obtenu par l'addition de deux ou trois nombres qui lui sont infé­rieurs.

Arrêtons-nous rapidement sur deux d'entre elles: 4+3, et 6+1.

Quatre c'est la femelle, la terre, le terrestre. Trois c'est le mâle, le ciel, le spiri­tuel. Sept c'est donc l'androgyne primitif, la totalité de l'univers en mouvement, mais c'est aussi la création aboutie, la parole parfaite, l'unité originelle.

Six sont les directions qui structurent et organisent notre espace. Un c'est le point de convergence de ces directions, leur centre. Sept c'est donc l'aboutisse­ment du maçon, présent au centre du monde, du temple, de son propre temple intérieur, en équilibre sur le pavé mosaïque et placé sur l'axe du monde (passant par la polaire seule étoile fixe de notre hémisphère) tentant de rentrer en com­munication avec le divin. Sept représente donc, pour le maçon, en fonction des différents exemples précités, l'achèvement, la plénitude, la perfection, la fini­tion, donc la Sagesse.

Mais être "achevé", être maître est-ce une fin en soi pour un maçon? Non, le travail doit continuer, car pour le maçon l'inaction est synonyme d'anéantisse­ment, le repos définitif conduisant au néant. Il n'y a donc dans ces conditions d'autres ressources pour ne pas mourir que de continuer à travailler en s'asso­ciant aux puissances qui régissent notre monde. Sept est donc signe de conti­nuité. "Et plus" prend ainsi toute sa signification, et devient indissociable de sept; Sept ans et plus, tel est bien l'âge du maître maçon.

Mais continuer quoi, et comment ?

Si le Ciel et la Terre ont été crées en sept jours n'oublions pas que le septième jour est consacré au repos et à la réflexion. Et après ce jour de repos que fait Dieu? Il matérialise Adam à partir de la glaise du sol, il plante un jardin en Eden à l'orient, il modèle à partir du sol bêtes et oiseaux, et enfin il termine en façonnant la femme à partir de la côte de l'homme.

Sept c'est donc le sens d'un changement après un cycle accompli et donc d'un renouvellement qui ne peut être que positif pour le maçon.

Mais si un cycle s'est accompli, quel sera le suivant? Sept comporte alors une sorte d'anxiété par le fait qu'il indique le passage du connu à l'inconnu. Nous re­trouvons ici un thème cher au Compagnonnage : aller du visible à l'invisible ac­compagné du symbole du pont et des lettres L.D.P, liberté de passer.

Sept c'est donc le renouveau, donc la renaissance; mais pour renaître, il faut au­paravant mourir. Sept c'est bien le nombre du maître qui symboliquement meurt et renaît lors de son élévation à la maîtrise.

Le maître va donc renaître et donc revivre à une vie autre. Vie dans laquelle il va pouvoir approcher le non visible, l'ineffable puisqu'il en a acquis auparavant toutes les bases: la nature, sa propre connaissance, les arts et la sagesse. Le maître est donc son propre outil en quête de la Connaissance.

Cette quête se fera alors en toute quiétude et sérénité car le maître maçon n'est plus pressé. Car de l'autre coté du pont, du voile d'Isis, il y est passé une fois, et il connaît qu'il y retournera ; mais maintenant, il est prêt et libre de passer le pont.

Le maître a en effet compris qu'après sa mort matérielle, il y a une vie autre. Il s'y prépare par l'apprentissage de la Connaissance, qui seule lui ouvrira les portes de l'Eden. Et là, à l'Orient, il est sur de rencontrer la Lumière dans l'arbre de vie et de retrouver la parole perdue dans l'arbre de Connaissance.

Et alors, il pourra redevenir l'androgyne primitif image du Dieu « Un ». Est ce donc un pur hasard, si lorsque l'on additionne les valeurs de chaque lettre com­posant sept en prenant A=1, B=2, etc..., sept vaut soixante nombre dont nous avons déjà vu qu'il a été la première grande Unité utilisée?

J'ai dit Très Vénérable Maître.

Y\ B\