Obédience : NC Loge : NC 08/02/2011


Le mot sacré des Maîtres


Thème sur lequel notre TVM m’a demandé de travailler. Dans un 1er temps, le plus simple c’est de se pencher sur notre rituel et après avoir réfléchi à quelques idées, je vous proposerai de me suivre dans les pérégrinations où mon esprit m’a entraîné.
Que dit le rituel :
Les Mots véritables du maitre Maçon  (p22)
Les Mots substitués      …………………  (p22)
Les Secrets des Maîtres   …………….      (p51)
Le secret de l’œuvre      …………………  (p54)
Sa science     ……………………………..(p54)
La Connaissance       ……………………..(p54)
« C’est l’Architecte ! »  …………………. (p56)
« Moabon »         …………………………(p57)
La pérennité de l’œuvre   ……………….   (p58)

Je laisserai volontairement de côté les définitions possibles du Mot Sacré des Maitres.

MOABON  est donné par le TVM, après le relèvement par les 5 points parfaits de la maîtrise, dans une position particulière, de celui qui, symboliquement est identifié à Maître Hiram, l’Architecte assassiné par 3 mauvais Compagnons représentant l’ignorance, le fanatisme et l’ambition déréglée dépendant de l’esprit du mal, par opposition aux 3 VM, Frères aimants qui dirigent la Loge.

Les défauts des 3 mauvais Compagnons étaient indispensables au drame d’Hiram, car sans eux, l’accès à la conscience supérieure n’aurait pu avoir lieu.

Je ressens cette re-naissance (p59)  comme spirituelle et initiatique. Et cette prise de conscience est un nouveau pas vers la Connaissance, cette Connaissance que les 3 mauvais Compagnons ont, faute de pouvoir l’obtenir, essayé de détruire en frappant Hiram à la tête et au front. C’est le corps, la pensée et l’esprit qu’ils ont voulu détruire. Et qu’ont-ils utilisé : 1er  le fils à plomb qui symbolise la descente en soi (le corps), l’introspection qui mène à la morale, 2ème le niveau symbole de la rectitude de la pensée et 3ème le maillet symbole du pouvoir bienveillant parce qu’animé par l’esprit.

Suite au relèvement, si le secret n’est pas, pour le moment, retrouvé, le cœur du nouvel homme s’ouvre à une vie nouvelle.

Poussons plus loin.
Le mythe d’Hiram voit dans la mort de celui-ci la perte des « Secrets véritables des Maître Maçons » (p51). Hiram ne serait donc pas le seul à les détenir ? Et pourtant quand le TVM révèle les circonstances (p50) d’un crime inouï, il dit : « Lui seul possédait le Secret de l’œuvre  en cours d’exécution » (p54). Voilà qui est troublant.

Nous parlons de secret qu’il faut rechercher ; nous sommes bien dans la quête poursuivie par des générations de Maîtres Maçons. Et j’ai bien l’intention de pérenniser l’Œuvre entreprise (p58).

Qu’est ce qui a été perdu ? Les Secret véritables des Maîtres Maçons. Après réflexion, j’émets l’hypothèse qu’HIRAM n’était pas seul à connaître le Mot sacré des Maîtres, mais qu’il ne peut-être transmis individuellement. Il faut être 3 pour le communiquer, tout comme les Compagnons étaient 3 pour interrompre la chaîne de communication. De ce fait ? nous détenons un Mot substitué.

Ceci doit nous faire prendre conscience que sans morale, encore que je préfère l’expression « libre et de bonne mœurs, ami du riche et du pauvre s’ils sont vertueux», donc sans morale, l’ennemi extérieur (le vice) nous guette et empêche notre esprit d’accéder à la vérité.

Les secrets véritables relèvent donc de la Connaissance et non du savoir. Le savoir est communicable ; la Connaissance se découvre, elle est le fruit de l’expérience individuelle et j’irai plus loin en disant qu’elle est collective puisque nous sacralisons l’espace et le temps (p58) à travers le rituel.

Le TVM lors de la clôture de nos travaux approuve les mots substitués, apportés par les 1er et 2ème Surveillants, jusqu'à ce que les Mots véritables puissent être retrouvés (p23). Ce qui pourrait laisser entendre que ce qui est perdu c’est la conception de l’Unité dans la construction de l’ouvrage tracé, organisé et dirigé par HIRAM, d’où la nécessité d’une solution de remplacement, dite de substitution.

Le nouveau Maître est censé savoir lire et écrire puisqu’il est amené à utiliser la planche à tracer des Maîtres Maçons. Et sur quoi jure t’il de ne jamais révéler « aucun des secrets et mystères du grade du Maître, sauf en Chambre du milieu dûment ouverte », sur le Volume de la Loi Sacré ouvert au prologue de l’Evangile de Jean sur ces mots « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu ».
Les Mots véritables rappellent la puissance du Verbe, la parole créatrice. Contractés en un mot « MOABON », il relève de la Connaissance, du Principe créateur.

Et ce que nous recherchons symboliquement, c’est la vérité, c’est la Lumière, Lumière base de toutes nos démarches symboliques. Ne serions nous pas à la recherche du Graal.

Je veux rappeler en cet instant un autre mythe, celui de la Tour de Babel. La folie de ceux qui parlaient la même langue, va les détourner de la finalité de l’ouvrage, parce qu’ils voulaient rivaliser avec Dieu. Dieu les punit en les rendant incompréhensibles verbalement l’un à l’autre.

Ceci pour dire que le Secret détenu par HIRAM n’est pas définitivement perdu. Rassemblons ce qui est épars et comprenons-nous. Prenons conscience que nous sommes aussi esprit.

Mais revenons quelques temps en arrière. Apprentis j’ai épelé, Compagnon j’ai donné un mot de passe au risque de mal le prononcer. Au 3ème degré, le mot rapporté par le 1er Surveillant est approuvé par le TVM, jusqu’a ce que les mots véritables soient retrouvés. C’est ainsi que nous allons du silence intérieur à la parole qui va nous rendre possible le dialogue et l’émergence de la compréhension.

L’âge du Maître est 7 ans et plus. Le plus ne serait-ce pas cette intuition qui va nous permettre, peut-être, de retrouver le secret véritable des Maîtres Maçons. Quand la parole est perdue, quand le secret nous échappe, plongeons dans l’écoute de notre conscience et cherchons sans relâche. Les 3 mauvais Compagnons ont fait l’inverse, ils ont cherché à l’extérieur d’eux-mêmes ; ce n’est quand eux qu’ils pouvaient le découvrir.
C’est ce à quoi nous invite de drame initiatique du meurtre d’HIRAM. Car il s’agit là d’une transfiguration, comme le mot latin l’indique dans son sens premier de trans-figurare, c'est-à-dire de passer à travers le corps, d’apparaître à travers l’image de quelqu’un, de changer l’aspect en lui donnant un caractère éclatant, magnifique, ou encore de donner au visage un éclat inaccoutumé. C’est ce que dit le rituel « Le Maître est retrouvé et il reparait aussi radieux que jamais ! » (p58). Nous sommes bien là dans le domaine de la substitution d’où les Mots substitués qui en découlent.

Mais remontons le temps.
Quel est le meilleur endroit pour être à l’écoute de notre conscience. Pour moi, c’est dans le cabinet de réflexion. Et je pense à Pythagore, qui revenu à Samos après une quarantaine d’années de voyage, dont 22 ans passés en Egypte et 12 à Babylone, se construisit un Temple souterrain, pour lui un réservoir d’énergie, où il pouvait communiquer avec les forces de la nature, avant d’aller fonder son école de Crotone. Dans ce cabinet, nous avons pris conscience de la mort, d’un au-delà possible et aussi de la vie à travers le coq annonciateur du levé du jour, de la lumière. Mais ce qui a libéré mon esprit, c’est le miroir, et je l’avoue seulement arrivé au 3ème degré. Et plus particulièrement quand j’ai pris conscience que ce mot « réfléchir » avait un double sens, renvoyer l’image de quelqu’un et aussi l’action du cerveau humain, les 2 pouvant s’opposer ou  se mêler.

Quel extraordinaire outil que ce miroir. Autrefois, on vérifiait le dernier souffle du mourant en approchant le miroir de sa bouche.
Aujourd’hui, nous Francs Maçons devons passer de l’autre côté du miroir pour rechercher les « secrets véritables du Maître Maçons ». Je rappelle que nous en avons  reçu les moyens, lors de notre cheminement et notamment lors de la cérémonie d’élévation au 2ème degré.
Je vous parlerai rapidement d’Orphée, ni Dieu, ni ½ Dieu, mais un homme, donc un mortel. Il réussit à s’introduire au royaume des morts après avoir endormi Cerbère, par quoi, par sa musique, et séduit Hadès, le prince des Enfers par ce même art. Poète et musicien, Orphée réussit à aller et à revenir du royaume des morts. Cela ne vous fait-il pas penser au nouveau Maître qui renaît au centre du Temple, entre l’équerre et le compas et aussi aux arts libéraux.
 
Mais concluons.
Pour moi MOABON est d’abord une vocalisation. Le son possède un pouvoir et par ses vibrations remue des forces. Les sons peuvent être doux (la voie de la mère) ou dangereux (briser le cristal). Une fois émis, il n’est pas rattrapable et peu se terminer en écho. Et, il n’est pas nécessaire d’y rechercher une logique, une compréhension précise. C’est le meilleur moyen de le protéger de la curiosité profane, et sa prononciation est liée et conditionne la relévation et sert d’impulsion. « Issu du père » ou « C’est l’Architecte » me suffit.
La recherche du Maître Maçon, c’est comme une remise en cause permanente de tout ce qui a été substitué à l’Homme, dans le but d’abolir les blocages qui nous entravent. Les mots substitués sont un 1er pas.
C’est dans le cercle, dont la circonférence n’est nulle part, et le centre partout que réside le secret des Maîtres.
Mais mes Frères, soyons humbles sur notre chemin, pensons à Narcisse qui de trop se mirer dans l’eau se noya, 1ère victime du miroir, et à la nymphe Echo amoureuse de Narcisse, mais repoussée par lui et qui passa le restant de sa vie dans les vallons où sa voix se répétait sans fin, sans fin, sans fin …

TVM, VM mes Frères  j’ai dit.

L\ P\

PYTHAGORE
(580-497 av JC) mathématicien, philosophe fuyant l’invitation du tyran POLYCARTE quitta Samos pour s’installer dans une caverne, où il pouvait mieux réfléchir, mais c’était une habitude des anciens sages de se retirer dans des lieux isolés.
SOCARTE (470-399 av. JC) philosophe.
PLATON (428-346 av. JC)  repris le travail philosophique de certains de ses prédécesseurs, notamment SOCARETE, HERACLITE et PYTHAGORE. Il a exposé l’allégorie de la caverne dans son livre VII de la République. Elle met en scène des hommes enchainés, dans une demeure souterraine le dos à l’entrée. Ils ne connaissent que des ombres et des sons. Elle expose la pénible ascension des hommes à la connaissance de la réalité et la non moins difficile transmission de cette connaissance.
PORPHYRE de Tyr  (234-305) tente de placer PYTHAGORE, SOCRATE et PLATON au même niveau. C’est par lui que le néoplatonisme va passer en milieu chrétien, jusque chez Saint Augustin.
Dans son De Antros 8 p 10,13 PORPHYRE rappelle que les pythagoriciens, et après eux PLATON, ont interprété la caverne comme image du monde.

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