Obédience : NC Loge : NC Date : NC


A La recherche du Mot de Maîtres

Ou
La Démarche Initiatique

PLAN
INTRODUCTION :  
                                   La mort d’Hiram
                                   Première analyses des conséquences.
1ére Partie
                                   L’apprenti
                                   Retour au point zéro, retour à la terre.
2éme Partie
                                   Le Compagnon
                                   La trahison.
3éme Partie
                                   Le maître
                                   La quête.

Introduction

Compagnon nous sommes introduit dans le temple en reculons, le dos tourné vers l’orient et retenu entre les colonnes. Le Grand Expert et le 1er expert nous tenant chacun par un  bras. Un profond silence règne dans le temple. Le Très Respectable Maître après avoir donner l’ordre au V\ M\ G\  Exp\ de nous faire retourner vers l’orient nous explique le sujet de sa tristesse et celle des FF\\  et SS\  qui composent l’atelier.

«  Un de nos maître a été assassiné et nous avons tout lieu de croire que les auteurs du crime sont des compagnons. »

En effet : «  Trois CC\aveuglés par la vanité, le fanatisme et l’ignorance avaient décidé d’obtenir de Maître Hiram, aussi savant dans l’art de l’architecture que dans le travail des métaux, le secret des MM\ afin de pouvoir être admis dans la chambre du milieu. » nous dit le rituel. Maître Hiram plutôt que de violer le secret qui lui avait été confié préfère  la mort. Se sentant condamné, il jette le « Bijou » qu’il portait autour du cou afin que le secret ne soit pas violé.

Hiram meurt et emporte avec lui à la fois le secret des maçons et la transmission de ce secret.

Le secret des Maîtres est perdu. Quel est donc ce secret dont l’importance paru tel à notre Maître Hiram qu’il préféra la mort plutôt que de le donner à ceux qui le lui demandaient ? 

1ére Partie : L’apprenti

Dans toute les traditions nous retrouvons cette notion de mot, de parole en tant que verbe porteur de germes de la création et placé à l’aube de celle-ci. Nous venons de la loge de Saint Jean (mémento d’apprenti) et dans le prologue de son évangile Jean dit : «  Au commencement  était le verbe, et le verbe était auprès de Dieu, le verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. »

« Quels que soient les croyances et les dogmes » nous dit le dictionnaire des symbole, la parole symbolise d’une façon générale la manifestation de l’intelligence dans le langage, dans la nature des êtres et dans la création continue de l’univers ; elle est la vérité et la lumière de l’être. »
           
La mort d’Hiram, ou cette rupture de la transmission  nous amène à un changement d’état, autrement dit à un changement de direction.

La mort d’Hiram bouscule nos habitudes et nous sommes renvoyés, sans le moindre ménagement, à la fois au silence par la perte du mot des MM\chargée vraisemblablement du plan d’architecture (parole créatrice) et de sa force de fécondité ; et le noir qui sied à tout deuil, noir, proche des ténèbres qui envahit maintenant le temple dans sa totalité ! Noir qui vient nous rappeler que tant que l’illusion et les préjugés nous aveuglent, l’obscurité règne en nous et nous voile le vrai. Préjugés et illusions qui, de plus, nous isolent. « Prisonnier de son égocentrisme, car incapable de percevoir d’autres appels que ceux de ses désirs refoulés, » nous dit Jacques Trescasses dans son ouvrage la symbolique de la mort « le suicidé de l’âme se coupe du monde … il est seul, incapable d’amour, de le susciter comme de le reconnaître et de le recevoir. » fin de citation.

Noir, proche des ténèbres. Silence, solitude. Un monde quelque peu infernal que j’ai déjà rencontré lorsque profane j’ai été introduit dans le cabinet de réflexion . Me voilà bel et bien revenu au point de départ et face à la nécessité comme le souligne Daniel Beresniak «  de remonter vers le sens, de redécouvrir la plénitude du sens des  symboles après avoir extrait des significations. C’est l’enseignement de l’énergie à restituer. C’est le thème du rythme de la vie, mort et résurrection. »  fin de citation.

Le mot des MM\n’est- il pas perdu que pour le chercher et le retrouver ?
 
Cette quête nous amène à la remise en question de toutes les certitudes acquises. « Cette quête, nous confie Beresniak, si elle est voulue et vécue selon l’Art, Régénère et rétablie la puissance créative. Cette remontée vers la plénitude du sens renouvèle  la fécondité de l’esprit. »(fin de citation).

Jean de la Fontaine dans la fable « Le laboureur et ses enfants » nous initie à cette quête en repartant du point zéro. « Travaillez, prenez de la peine. » Un riche laboureur sentant sa mort prochaine fit venir ces enfants et leur parla sans témoin.  « Gardez-vous, leur dit-il ,de vendre l’héritage … un trésor est caché dedans… » Le père mort, les fils retournent le champ de çà, de là, partout… D’argent point de cacher mais le père fut sage de leur montrer avant sa mort que le travail est un trésor.

J’ai envie à cet instant de vous proposer une vision du drame qui vient de se dérouler quelque peu anticonformiste : et, si ce n’était pas Hiram qui mourait ? et si au contraire c’était les mauvais compagnons qui étaient entrain de mourir ? La mort d’Hiram n’est elle pas une illusion proposée à nos yeux ?

Au-delà de l’illusion que voyons-nous :  
Le fanatisme, l’ignorance, l’orgueil, l’ambition, la jalousie qui n’existaient que par la résonance qu’ils avaient en Hiram, ne trouvent plus d’échos Hiram mort.

Autrement dit, notre ego ne peut que grossir et s’amplifier que si on lui prête intérêt ou attention. Cette fois nous ne sommes plus dans l’illusion mais dans cette réalité que vient nous rappeler le cabinet de réflexion.
 
Epouvantés à l’idée de regarder en nous-mêmes, nous sommes habitués à porter exclusivement notre regard vers l’extérieur. Dans la quasi-intimité du cabinet de réflexion nous prenons conscience à la fois d’avoir perdu tout accès à notre être intérieur et de retrouver la voie qui mène à ce chemin intérieur. Nous prenons conscience, à la fois de notre unité éparpillée aux quatre vents, de cette perte de notre désir essentiel, et de cette relation à nous même à reconstruire, à cette mort qui loin de nous anéantir, nous relève et dans la per/spertive de notre mortalité, renverse l’ordre des priorités et nous rétablie dans la vie ORDO AB CHAO.

Néophyte nous ne savons encore ni lire, ni écrire, tout juste épelé.
Apprenti le premier degré est celui de la préparation de l’initié.
Lors de notre 1er voyage initiatique le V\M\ nous informe que la quête démarre par ces mots :

« Ici tout est symbole, Cherches et tu trouveras. »

2éme partie Le Compagnon
   7156-1-1

Nous voilà inviter à voyager…

Cette quête de perfectibilité, de dépassement de soi, de la délivrance de l’infantilisme et de la bestialité qu’il y a en nous, cette quête de spiritualité, on la retrouve dans le voyage et le dépouillement, le voyage du pèlerin, dans cette aptitude à se séparer du superflu pour ne garder que l’essentiel… Le désir de s élever, en étendant le champ de ses investigations… Un ambitieux programme !

Un passage de la genèse m’interpelle, (chapitre 11). C’est l’épisode de la Tour de Babel, où nous retrouvons en prélude, une humanité parlant « d’une seule lèvre » (1 seul langage) et des « paroles unies », c’est à dire des mêmes mots,  et faisant halte commune pour s’établir en babylonie. Ces hommes, ces femmes ont une ambition : celle de construire une ville avec une tour dont le sommet soit dans les cieux. « Ils disent, l’homme à son compagnon : (ils se disent l’un à l’autre) offrons, briquetons des briques, flambons les à la flambée ; la brique est pour eux pierre, le bitume est pour eux argile… »   Mais voilà, l’orgueil, la folie orgueilleuse va détourner le plan de l’ouvrage dans sa finalité. «  bâtissons une tour, sa tête aux ciels, faisons-nous un nom… ».

A la construction de la tour ils ajoutent l’affirmation de «leurs noms »et de la puissance, qu’aucune autre, désormais, ne pourra limiter.

Cette ville, cette tour érigés sous le signe d’une volonté de construire, se traduit, en définitive par une volonté de puissance affirmée… Par orgueil, l’homme veut rivaliser avec Dieu !!! Dieu punit la vanité des hommes qui ne comptent que sur eux même pour s ‘affirmer à la surface de la terre et forcer « la porte du ciel » BA BEL

La réponse ne se fait pas attendre : Dieu s’approche de cette œuvre devenue dérisoire dans son essence. Il ne peut pas consentir à la volonté humaine de d’emparer du ciel, alors que celui ci ne peut être que libre don (amour).

« Mêlons là leur lèvre afin que l’homme, n’entende plus la lèvre de son compagnon » « Adonaï les disperse de là sur les faces de toute la terre … Ils cessent de bâtir la ville … »

Les mots qui sortaient de leur bouche hier, et reconnu de tous, deviennent étrangers à l’autre ils sont devenus incohérents, c’est l’homme qui est devenu incohérent par rapport au mot qu’il prononce maintenant. Il se coupe ainsi de l‘autre et par voie de conséquence de lui-même par orgueil, vanité, ambition, ignorance, bêtise…

Babel,… mais aussi Adam et Eve chassés du paradis… Ils avaient pourtant été prévenus : « tu peux manger de tous les arbres du jardin mais à l’arbre de la connaissance, du bien et du mal, tu ne mangeras pas car le jour ou tu en mangeras tu mourras » (genèse chapitre 2) C’était sans compter sur le pouvoir du serpent qui leur dit : « le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des Dieux… » une ambition, les fascinait, une ambition humaine, trop humaine… « … être comme des Dieux … » et les voilà chassés du jardin d’Eden, promis aux turpitudes terrestres !

Coupés de la terre mère, la terre noire, de cette terre porteuse en son sein de tous les possibles, de toutes les essences non encore manifestées, pour être rejeté à l’Extérieur, à la terre matérialité, de la terre support de l’apparaître …Rejetés à l’extérieur d’eux même … au point que la nudité, belle et paisible, tout à l’heure en pays d’Eden, leur apparaît tout à coup comme inconvenante …     (à ce moment là ils vont revêtir des peaux d’animaux, c’est à dire qu’ils se sont séparés de l’esprit et sont retournés à la bête… de l’intérieur ils sont allés à l’extérieur (retournement) .

Armé d’un levier, le 2éme compagnon essaie de porter un coup de son outil sur la tête d’Hiram qui vient d’opposer, en ces termes, le même refus qu’au 1er compagnons :
«  Ce n’est pas ainsi que j’ai reçu les mots des maîtres, et qu’il doit être demandé, travaille, persévère et tu seras récompensé ! »

A la vue du 3éme compagnon, se sentant condamné, il jette le bijou et préfère la mort que de révéler le secret qu’il lui a été confié.  Là aussi, le secret n’est peut être pas perdu … ce sont les compagnons qui se sont coupés du secret.

Pour clore ce chapitre et conscient de m’être coupé, en quelque sorte de moi-même, il me faut repartir à la recherche de ce secret …

Si l’on revient à la bible, le récit de la pentecôte dans l’acte des apôtres, présente le don des langues accordées par le Saint Esprit comme le contraire de la dispersion  de Babel : « tous furent alors remplis de l’esprit saint et ils commencèrent à parler en d’autres langues, selon ce que l’esprit leur donnait de s’exprimer … chacun entendait les apôtres parler dans sa propre langue. »

A l’opposé de l’épisode de la tour de Babel, les hommes dispersés se rassemblent et se comprennent. A la dislocation fait place la réunification.     
 
Cherches et tu trouveras
                   
3éme partie : Le Maître

« En tête, lui, le logos, et le logos est pour Elohim, et le logos est Elohim, il est en tête pour Elohim ; Tout devient par lui, … en lui est la vie ; la vie est la lumière des hommes. » Ainsi débute l’évangile de Jean (Bible de Chouraqui)

Le logos, le verbe, la parole était au commencement, le fin fond de  la création, ce n’est pas la matière, mais ce mot le primordial. Parole de vie et de lumière où se dit l’Amour créateur.

Il se fraie un chemin jusqu’à nous, à travers tout ce qui existe. C’est lui qui nous appelle à la plénitude de la vie.

Celui  qui s’est coupé de la parole, laissé à lui-même, se voit livré à la violence sauvage de son désir, à son moi possessif et agressif. Le pèlerin de la vie n’est plus alors qu’un errant dans la nuit.

C’est dans l’obscurité, précédé par le M\ de cérémonie, que le récipiendaire, tenu parles deux bras par le Gr\Expert  et l’Expert est introduit dans le temple, à reculons, dos tourné vers l’Orient. Plus tard, recouvert d’un linceul noir, privé de lumière et de possibilité de se mouvoir, il fait l’expérience de la mort, en même temps qu’il se prépare à devenir le nouvel hommes qu’il a vocation d’être …

Puis arrive le temps du relèvement… «  Le Maître est retrouvé et avec lui, éblouissante reparaît la lumière. »

Si le secret n’est pour le moment pas retrouvé, le cœur du nouvel homme s’est réouvert à la vie.  « Cet enseignement de l’éveil », nous dit Beresniak «  prouve les moyens de remonter de la signification jusqu’à la plénitude des sens » fin de citation

L’homme vient de prendre conscience qu’il est lui-même esprit. Et c’est dans cette quête spirituelle qu’il initie un nouveau cheminement, dans la voie qu’il s’est choisie en passant de l’homme banalisé, à l’homme véritable, passage du profane au sacré…

On est, à cet instant, dans la quête du Graal, de ce Graal, indépendant de toute croyance, comme de tout scepticisme. Graal, substance même du mystère, qui nous réfère au sacrifice, au don de soi, à la recherche d’absolu quelque soit le nom qu’on lui donne.

Dans cette quête qui n’est jamais chose facile, qui demande un engagement véritable, et quelques soient les objectifs si élevés qui puissent être les idéaux, il y aura toujours des passages de doutes et d’incertitude et d’opposition.

Quête du Graal à rapprocher de l’explication analytique de Jung pour que le Graal symbolise la plénitude intérieure que les hommes ont toujours cherché, nous dit le dictionnaire des symboles.

Quête du Graal ou aventure spirituelle et exigence d’intériorité par une transformation radicale de l’esprit et du cœur…

Partie de la multiplicité pour réintégrer notre vérité primordiale ou réunir ce qui est épars… La première phase du grand œuvre s’achève. Le passage de l’œuvre au noir, phase de la putréfaction, nous ramène au seuil même de notre démarche iniatique, alors futur Franc-maçon et au nom VITRIOL du cabinet de réflexion enrichie de toute l’expérience que nous venons de vivre.

Le troisième voyage au premier degré symbolique s’achève :


« Appelle est l’on te répondras. » 

Conclusion

Reconquérir plutôt que de redécouvrir le secret des maîtres, n’est ce pas cette voie de la sagesse qui n’est pas seulement une philosophie mais un état d’être, une condition intérieure radicalement différente de la condition ordinaire soumise aux peurs et aux désirs.

Cette voie qui retrouvant sa dimension proprement spirituelle nous reverticalise et nous régénère : c’est le relèvement du maître.
Ce passage de l’illusion de l’ego à l écho proprement dit doit nous ouvrit la vie du secret.
Cette voie de la sagesse m’invite maintenant à ouvrir mon cœur et à mûrir.              

J’ai dit

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