Le Secret du
Silence ou Le Silence du Secret
Savoir se taire et s'abstenir de parler c'est pouvoir
surtout entendre, écouter et ne rien dire (premier travail
d'apprenti) ce qui nous donne la faculté de
pouvoir penser, réfléchir en toute
sérénité et d'abandonner ses
préjugés.
Mon premier travail fut de garder le silence pendant presque 2 ans. Se
fut un apprentissage très enrichissant, mais pas si facile
que cela. Deux ans en gardant le silence fut long et court en
même temps. Combien de fois ai-je voulu prendre la parole
pour intervenir ?
Il est difficile de se taire lorsque l'on a
des choses à dire. Mais si j'avais eu la parole comment
aurais-je agi ? Heureusement, ce silence imposé me fut
bénéfique afin de pouvoir
réfléchir, méditer, approfondir, aller
jusqu'au bout de mes idées pour me faire une opinion juste
et sage.
Apprendre à écouter,
Cette situation m'a permis d'acquérir une
ouverture d'esprit à l'écoute des questions des
planches traitées. Il est entendu qu'en ce qui concerne les
réponses ce n'était pas seulement une
découverte, mais une consolidation de mes pensées.
Bien souvent j'ai été surprise par tout ce que
nous savons et que nous ne pouvons pas ou peu exprimer.
Dans la plupart du temps ce qui est propagé lors de la
transmission d'une lecture de planche n'est pas du
méconnu, mais une forme de connaissance que l'on a
laissé se cristalliser.
A cet instant, il est précisément bon de se
rappeler et rapprocher ce que nous apercevons dans le Cabinet de
Réflexion : VITRIOL.
Il est sage qu'en adoptant cette base et en conjuguant
l'écoute et sa propre Recherche culturelle et ou
intellectuelle, on puisse en se rectifiant obtenir une approche plus
sensible de la vérité.
Retrouver ce qui est en moi n'est pas apprendre dans le
sens où l'on acquiert une langue, une technique, une
science, ce qui exige une accumulation de données et de
mémoire, mais c'est apprendre en écoutant, en
regardant et par la suite pouvoir agir avec discernement.
Briser le bloc solide de nos a priori…
Apprendre à écouter, mais bien plus encore la
voix qui est en nous et que nous ne pouvons entendre que si
l'on fait silence.
En effet le bavardage incessant de nos pensées, nos regards
(si nos yeux sont aveuglés par nos soucis), et parfois de ce
tumulte intérieur nous empêche de
percevoir et de comprendre.
Voir est une des choses des plus difficiles au monde, (nous sommes
tellement aveugles, prendre le temps de voir c'est bien aussi).
Voir ou entendre ces deux perceptions sont semblables, voir si on
n’entend rien, et entendre si on ne voit rien.
Il n'est de pire aveugle celui qui ne veut pas voir.
Il n'est de pire sourd celui qui ne veut pas entendre.
Ce n'est que lorsqu'on est silencieux, jusqu'au fond de
son être, que l'on peut voir provenant de ce silence, comment
notre pensée prend forme.
La vie que nous menons comporte en général
très peu de solitude, même lorsque nous sommes
seuls, nous sommes encombrés par tant d'influences, de
connaissances, de souvenirs, d'expériences, de soucis, de
chagrins, de conflits qui sont notre quotidien.
Laisser nos métaux à la porte du temple prend
là aussi sa signification !
Avoir un esprit libre, qui ne s'attarde pas à
acquiescer, à réfuter, à prendre parti
dans les discussions, à argumenter sur des mots, mais qui
s'attache à suivre ce que l'on observe avec l'intention de
comprendre.
Pouvoir regarder, observer, écouter, s'apercevoir au travers
des planches qui sont faites que souvent nous nous forgeons une opinion
sur telle ou telle personne qui n'est pas ce que l'on croyait.
On apprend aussi à être attentif, à
être à l'écoute sans porter de jugement
quel qu'il soit
Ce qui évite les notions toutes faites, les a priori.
Parfois un petit sourire, un clin d'oeil font
la différence, nul besoin de parler pour se comprendre, ces
petits gestes et signes fraternels m'ont encouragée bien
souvent. Etre simplement à l'écoute des autres
pour mieux se rendre compte, pour apprendre quelque chose ou du moins y
réfléchir par la suite.
En vidant son esprit de toutes idées
préconçues, on s'ouvre à une dimension
différente qui permet de secouer l'engourdissement des
habitudes. Garder le silence m'a permis d'être un peu plus
patiente et peut-être un peu plus disponible.
La patience il faut la chercher au plus profond de soi,
la domestiquer pour atteindre notre but et enfin la savourer, ce qui
nous amène au savoir-faire pour le faire savoir. La patience
n'est pas innée, elle est pour chacune de nous la
récolte d'une vie passée, vécue et
à venir.
Il est une règle, un engagement, un
devoir en F\M\ où nous devons garder le secret sur
tout ce qui est dit, un mutisme sur ce que nous voyons et entendons.
Nous devons nous taire, car nous nous rendons coupable de trahison en
divulguant ce qui nous a été confié.
Nous devons respecter les secrets qui ne sont pas nôtres, au
même titre que la propriété d'autrui.
Ce silence observé par les initiés ne porte pas
uniquement sur ce que l'on a pu apprendre lors de notre initiation.
La question se pose : Comment dans ses conditions pouvons nous garder
un silence ?
Considérant que nous devons transmettre à
l'extérieur ce que nous avons appris a
l'intérieur !
Existerait- il un silence profane et un silence initié !
Nous devons nous différencier des bavardages
profanes empressés d'étaler leur savoir
superficiel, du je sais tout, je connais tout. Le silence n'a de valeur
par rapport à ce que l'on détient et non ce que
l'on divulgue. (transmettre)
Si dire serait trahir, il doit y avoir une
façon de communiquer le savoir et la méthode.
L'engagement que nous avons pris, c'est-à-dire de garder le
silence sur les secrets qui nous ont été
confiés sur ce que l'on a vu ou appris et de ce qu'on va
voir ou apprendre des secrets.
Néanmoins ces secrets peuvent être
révélés à un autre
Maçon après avoir vérifié
s’il a qualité pour les connaître (par
le tuilage rituel, signes, mots et attouchements). De ce fait en
reconnaît dans cette femme ou homme un autre
soi-même que l'on appelle Soeur ou Frère.
Donc dans ces conditions il n'y a pas violation, rien n'est
révélé puisque celui avec qui on a
communiqué connaît déjà ce
qu'on va lui énoncer par son initiation (le secret).
Secret du mot latin « secretum » de
secerno, qui signifie séparer, mettre à part,
distinguer.
Est secret par conséquence, ce qui est caché,
dissimulé, hors d'atteinte, à l'écart,
recouvert, protégé, masqué,
voilé, retiré, séparé,
disparu, connu d'un nombre limité, confidentiel etc..
Il est donc équivalent du silence et de la
discrétion.
Il est une autre forme de silence.
Les yeux bandés lors de mon initiation ou
seule l'ouie me faisait percevoir les différents sons.
Désorientée, déstabilisée,
j'observais par rapport au bruit, soutenue par des mains amies me
guidant dans les méandres de l'obscurité lors des
mes voyages.
L'oeil privé de son usage par le bandeau, est
compensé par l'ouie, équilibre de
l'être humain qui se substitue a la vue.
La pierre qui est cachée que nous devons
polir de ses aspérités !
Le secret du grade (signes, mots, et attouchements).
Là le silence n'est pas uniquement une question de bruit et
de son, rappelons-nous, en ce qui nous concerne, et pour rester dans
l'esprit maçonnique, le fait que 2 personnes ne se
connaissant pas, puissent, par un attouchement qui nous est
transmis sans qu'aucun mot émane de leurs corps, arriver
à rompre le silence.
Le silence est une forme de rigueur, rappelons-nous !
Au premier coup de maillet il se produit un silence
total, chacune de nous se tait, s'immobilise et devient attentive, il
en est ainsi jusqu'à la fermeture des travaux.
Nous ne pouvons prendre la parole que si nous la demandons en levant la
main et seulement sur accord de notre surveillante qui
elle-même la demande à notre V.M.
Le silence de transmission.
Parfois le gestuel est plus marquant que la parole,
quand nos bras se croisent que nos mains se serrent nous formons la
chaîne d'union.
Le silence de l'émotion partagée à ce
moment où nous formons la chaîne d'union, cette
parfaite communion est une forme de silence qui nous unit.
Ce silence transmit par ce seul geste me comble et me donne une
sensation de bien être me permettant d'accomplir mon travail
avec plus de force et de vigueur.
J'aime à sentir la pression des mains de mes soeurs qui se
trouvent près de moi.
Nous concernant, il est évident que notre chaîne
d'union ne peut être interrompue par un regard, par une
pensée négative, le silence ne peut
être considéré comme
véritable silence que si à ce moment
précis nous devions quitter l'esprit maçonnique
pour revenir à l'esprit profane.
Silence, sujet vaste est varié.
Que veut-il dire ?
Paix, Sérénité, Communion,
Humilité, Secret, Indifférence, peur, honte
ignorance...
Ou tout à la fois.
Mais le silence a parfois son prix.
Combien de victimes, de morts encore aujourd'hui (les
événements nous le prouvent) ?
On se dit que pouvons nous faire toutes seules, bien sur ça
nous fait de la peine, on se sent coupable, on se mobilise pour venir
en aide, un peu d'argent envoyé et notre BA est faite.
Mais est ce suffisant !
Combien d'enfants maltraités dont nous
connaissons la souffrance qu'ils endurent, et nous fermons les yeux
pour ne pas avoir à faire « à
qui d'ailleurs ? ».
Mais savent-ils qu’ils encourent la non-assistance
à personnes en danger.
Ces femmes qui sont battues, violées, qui se
taisent pour cacher leurs hontes, leurs désespoirs, leurs
peurs.
Devons-nous, avons nous le droit à notre tour de violer
leurs silences !
Faut-il garder le silence ?
Ce silence, ce mutisme qui son de la
lâcheté contre toutes ses horreurs. Devons-nous
nous taire ?
Pourquoi agissons-nous ainsi ? par honte, lâcheté
indifférence, ignorance.
Ignorance que nous ne voulons pas entendre par manque d'information,
par manque de temps, par manque de pouvoir ou bien peut-être
par peur.
Silence ou délation ! dans
certaines situations ma position serait d'opter pour la
délation...mais dans ce cas, faut-il appeler cela
délation ?
Pourtant les vérités ne sont pas
toujours bonnes à dire, pour ne pas faire de peine, ne pas
choquer, cette peine que nous pouvons avoir suite à un
malheur où nous trouvons parfois la
sérénité dans le silence d'un temple.
Cette communion, ce silence qui nous entoure nous permet de prier avec
ferveur en faisant abstraction de tout ce qui nous entoure.
Le silence dise les règles monastiques est une grande
cérémonie. Dieu arrive dans l'âme qui
fait régner en elle le silence, mais il rend muet qui se
dissipe en bavardage et ne pénètre pas en qui
s'enferme et se bloque dans le mutisme.
Souvent le langage est impropre à exprimer la
joie, la douleur, le bonheur ou la peine.
Si parler peut communiquer des concepts, des idées,
etc…il ne peut qu'exprimer difficilement les sentiments, il
ne peut rendre compte qu'imparfaitement du vécu, et du
ressenti.
Il y a bien l'autre qui l'écoute, présent
à la parole à qui on essaye de faire passer la
signification des mots que l'on transmet, leurs sens, mais aussi tous
les mots manquants, perdus, oubliés, impossible à
dire, à énoncer car ils n'existent pas ou on ne
sait pas les exprimer.
Alors le silence s'établit par manque de pouvoir exprimer ce
que l'on ressent, un mal être nous consume à petit
feu et parfois grande est la difficulté à pouvoir
aider.
On se dit « si je l'avais su plus
tôt ». Prendre le temps
d'observer dans les vrais sens du terme les êtres qui nous
entourent et de s'apercevoir du danger pas quand il est trop tard.
Il est en chacune de nous d'être à
l'écoute et de regarder le changement qu'il peut y avoir
afin d'apporter notre aide, notre soutien, notre amour, notre
amitié.
Pour nous F.M. garder le silence vis-à-vis de
personnes dont nous savons qu'elles traversent des moments difficiles
est antinomique aux valeurs que nous devrions avoir toujours
présentes à l'esprit.
Ce silence est égoïste.
Il explique que le silence de transmission,
celui qui construit, nous inonde à nouveau.
La chaîne d'union doit être présente
à chaque instant et pas seulement dans notre Temple.
Nos soeurs n'aspirent pas au repos, elles promettent de continuer au
dehors du Temple l'Oeuvre Maçonnique.
Nous avons toutes fait l'expérience du
silence volontaire ou imposé.
L'éducation que nous n'avons pas eue. On se
tait bien souvent du fait de notre culture, il vaut mieux parfois ne
rien dire que dire n'importe quoi.
A l'école, se taire afin d'obtenir une
certaine discipline imposée par nos enseignants.
La meilleure façon d'apprendre et d'écouter.
Dans un hôpital pour respecter le repos des
malades.
Au cinéma afin d'apprécier un
film, et ne pas gêner les autres.
Combien de fois avons nous entendu à la
maison « silence papa dort »
ou « silence bébé
dort » ! Ce qui me fait penser au
foetus qui ne dit rien pendant 9 mois mais qui entend tout.
Il apparaît au monde dans un extraordinaire cri. 9 mois de
silence pour préparer ce cri.
Ce cri qui est la vie, mais est-il le cri de la souffrance !
Pour l'apprenti (ne sommes nous pas éternels
apprentis) une nouvelle naissance nous a été
donnée, tout comme ce nouveau né, nous devons
apprendre, mettre en pratique tout ce que l'on nous a
enseigné pour enfin pouvoir transmettre à notre
tour.
Bien évidemment ce n'est pas de crier qui
nous a été demandé, mais de garder le
silence, le recul, la réflexion qui nous sont
imposés dans le temple par le seul fait que même
une Maîtresse demande l'autorisation de parler.
Le silence est le premier élément
à la connaissance personnelle.
Alors sachons méditer sur cette
maxime dont je ne connais pas l'auteur je cite « Le
silence est d'or, la parole d'argent » et
comme le dit notre V\M\.
Retirons-nous en paix sous la loi du silence.
J'AI DIT
C\ A\M\
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