Obédience : NC Site : http://abrasax.alloforum.com 05/08/2008

Baphomet


Je voulais depuis longtemps faire un post sur le mythe de Baphomet, ce post s’inscrit aussi dans l’idée d’une nouvelle publication reprenant les posts sur Satan et Lucifer et tentant de présenter l’image du mal dans la mythologie judéo-chrétienne.

Si on s’attarde sur l’image du mal dans les différentes traditions il faut souvent faire une recherche sémantique pour savoir d’où vient le terme employé. Satan vient de l’hébreu, lucifer du latin, diable du grec et quand est-il de Baphomet ?

Et bien nous voila face à la première énigme du Baphomet, son nom. Son origine et son nom sont certainement étroitement liés mais qui faut-il croire ?

Introduction

D’après Eliphas Levi Baphomet dans son dogme et rituel de la haute magie Baphomet serait l’abréviation de « Templi omnium hominum pacis abbas » (lu à l’envers), avant Eliphas Levi le Baphomet ne possédait pas d’image c’est de lui que nous vient cette iconographie, c’est aussi en parti de lui que nous vient toute une mythologie qui lie le Baphomet au templier et au franc-maçon, même si comme nous le verrons tout cela semble pure invention. Le Baphomet sera ensuite repris, son image manipulée pour la faire rentrer dans un pentagramme à l’envers, pour finalement finir adopté en 1966 comme symbole de l’église de satan d’anton Szandor LaVey.

Pour comprendre comment ce symbole fut associé au templier et au franc-macons il faut d’abord s’attarder un peu sur l’histoire des templiers…

Un peu d’histoire

Revenons au début, en l’an de grâce 1118 Hugh de Payen et André de Montbard fondent les chevaliers du temple. Ceux qui furent les « Pauperes Commilitis Christi et Templi Salomonis » seront pour toujours liés à l’image du Baphomet. Sur 231 chevalier, 12 admirent sous la torture connaitre quelques choses de cette fameuse icone.

On ne retrouve pas trace du terme Baphomet, dans les édits du roi Philippe pour l’arrestation des templiers, de même que dans aucune de bulle papale de Clément V. Les accusations parlent de l’adoration d’idole, de chat ou de tête ayant parfois trois faces. Les descriptions arraché sous la torture varie d’un procès à l’autre et on a ainsi des descriptions d’une tête à une ou deux face, parfois barbu, faite d’argent ou de bois, l’image d’un homme ou d’une femme, une tête momifié brillant dans le noir ou bien encore et tout simplement un démon. On en retrouve mention dans les témoignages contradictoire de Guillame d’Arbley, précepteur du temple de soissy. On retrouve cependant dans les compte-rendus de procès l’adjectif « bafométique » ainsi Gaucerant avoua avoir adoré une "image bafométique" qui, en langue d'oc, est une déformation de Mahomet, et n’a donc à priori aucun rapport avec l’idole décrite par Eliphas Levi.

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Gargouille de Saint-Meri, vraisemblablement la source d’inspiration pour l’icône faite par Eliphas Levi

Les auteurs Modernes

Montague Summers suggère dans son histoire de la sorcellerie et de la démonologie paru en 1926, que Baphomet serait la combinaison de deux mots grecs «Baphe » et « Metis » ce qui signifierait « absorption dans la sagesse » (ou plutôt baptême de conseil ou ruse si l’on se réfère a la signification des mots grecs), idée sans preuve qui sera repris par de nombreux auteurs. On peut ici citer aussi le Dr Schonfield qui dans son livre « les esséniens et les templiers » paru en 1984, assure que Baphomet est la résultante d’un codage suivant le code de substitutions hébreux atbash et signifierais « sophia » soit la sagesse en grec.

Les auteurs moderne, pour rattacher le Baphomet au templier, font souvent référence au pentagramme, mais il n’existe pas de preuve de l’utilisation de ce symbole par les templiers (et je vous invite à aller faire un tour sur le très bon site templier.net pour vous en persuader). Le pentagramme fais donc le lien entre le Baphomet, les templiers et par extension les franc-maçon. C’est, comme nous l’avons déjà dit, une pure interprétation d’Eliphas Levi dans son Doctrine et Rituel paru en 1861, dans laquelle il le nomme « le bouc de Mendés », son ouvrage contient entre autre la fameuse illustration du Baphomet à tête de bouc, corps de femme, citation alchimique sur les bras (Solve & Coagula), caducée en guise de verge et bien sur notre fameux pentagramme sur le front. On lui accorde aussi, la première interprétation arbitrale, que le pentagramme pointe vers le bas serait une représentation de Baphomet, aucun association connu du pentagramme avec le mal n’existe avant lui.

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L’imposture Taxil

Et puis en 1894, viens le fameux Léo Taxil, connu pour avoir monté un canular sur la franc-maçonnerie dans le but de piéger l’église catholique, mais qui malheureusement continue d’alimenter les mythes et légendes sur nos amis FM. Ainsi dans ses ouvrages anti-maconnique on retrouve notre fameux Baphomet immortalisé par de gravures qui feront, et font toujours le tour du globe.

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Vous pouvez consultez le reste de ces illustration ici : http://www.phoenixmasonry.org/masonicmuseum/leo_taxil_original_posters.htm

L’ensemble de ces textes et des hypothèses sans fondements, sera ensuite repris par bon nombres d’auteurs. Bizarrement Albert Pike, grand auteur FM, reprendras les écrits d’Eliphas Levi sans esprit critique, ce qui ne fera que renforcé le mythe de l’adoration baphométique des franc-maçon. La tête de bouc à l’intérieur d’une étoile à cinq branche, semble être une invention de Paul Jagot dans son « science occulte et magie pratique » paru en 1924, puis repris par Charles W. Olliver dans son « Manuel de magie et de Sorcellerie » ou la tête apparait cette fois avec les mots « samael » et « lilith », Oswald Wirth incluras cette tête dans le deuxième tome de sa « La Franc-Maçonnerie Rendue Intelligible à ces Adepte » en 1931. Et il faudra attendre 1966 pour que ce symbole, vraisemblablement d’après Wirth, sois repris par l’église de Satan, et que ces symboles (aussi bien le Baphomet que le pentagramme) sois définitivement associés avec Satan.

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Conclusion

Le Baphomet n’as donc aucun rapport avec les templiers ou la franc-maçonnerie, c’est une icone récente, créer de toute pièce par Eliphas levy et reprise à tort par bon nombre d’auteurs. Cela illustre encore une fois un des problèmes majeurs de l’enseignement ésotérique et occulte ou bon nombre de bêtises voir d’erreurs sans fondement sont reprise à tour de bras, sans que personne ne vérifie ses sources et deviennent avec le temps et la force des choses de vrais mythe ou de vrais enseignement.

Grüssi abrasax

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