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L'Homme bon est en principe bon citoyen


L'Homme est essentiellement membre de la Cité et l'Homme bon est en principe bon citoyen.
Ubi societas, Ubi jus.
A chaque groupe humain sa règle normative, son droit.
Chaque groupe, pour assurer une meilleure cohésion sociale évolue, puisque le groupe change, le droit change.

Si le droit est mouvant son expression ne suit pas nécessairement l'évolution du groupe et encore moins celle des individus qui le composent.
La volonté du groupe, dans une société structurée, s'exprime par la Loi ce qui implique
(mode d'élaboration -forme-portée)

Pour générer un consensus compris comme un corps de convictions et d'attitudes, aspect sur lequel nous allons nous interroger.
Pour que la Loi soit celle de tous il faut qu'elle se bâtisse sur les éléments communs à tous, dans la mesure où une Loi ne devrait être que la somme des intérêts particuliers, dont la résultante serait l'intérêt général.

C'est ici la matière de l'éthique d'Aristote fondée sur la valeur des fins poursuivies, la déviance ayant pour source l'écart entre valeurs et normes.
La Loi doit être comprise comme étant la volonté du législateur qui s'exprime par l'objectif qu'il a voulu atteindre et les esprits se divisent dans la détermination des objectifs désirables.
Dans un régime de majorité le vote d'une Loi doit obtenir l'accord du plus grand nombre et force est de constater qu'une bonne Loi doit aussi rencontrer l'assentiment de plus ou moins bon gré de l'ensemble d'une population pour que son observation soit spontanée ce qui est la condition de sa réussite.

Trois finalités sont possibles pour la construction juridique :
La sécurité, L'utilité, La Justice
Vont donc apparaître des divergences irréductibles dans le combat des idées pour démêler la finalité qui commande l'orientation des solutions.
Les Romains savaient déjà qu'il existe une utilité publique qui ne se réduit pas à la somme des intérêts particuliers comme le prouve la constance du fait que les intérêts particuliers doivent plier devant les intérêts généraux.
Tout groupe social doit tendre à plus de Justice, comme but final du droit et l'évolution du groupe génère une déviance.
La notion de Justice est inséparable, en dépit de l'absolu qu'elle évoque, de la conception qu'on adopte de la vie en commun et de ses buts.
Justice ?
Alors quelle Justice ?

Uniquement celle qui fondamentalement assure le respect de la personne afin de garantir la liberté, comprise comme la parfaite union de l'intelligence et de la volonté dans l'acte conforme à la Loi, supposée raisonnable, car celui qui vainc ses répugnances pour suivre la raison commune est plus libre que celui qui leur cède.
Tel est le tribut que chacun doit servir pour la cohésion du groupe dont il est membre, les représentants élus du groupe, dont toute majorité n'est jamais qu'une coalition de minorités pour assurer au citoyen une participation effective à la chose publique, sinon à entrer dans le monde que Tocqueville qualifiait de nouveau despotisme.

Si un chercheur à l'appétit robuste lit le texte de toutes les mesures concernant les libertés depuis une génération, Si son esprit survit à une telle lecture ingrate et austère, Il en retirera l'image du désordre et de l'improvisation de décisions prises «coup par coup» pour parer au plus pressé, sans plan d'ensemble.
Mais une telle vue des choses serait en vérité superficielle.
D'une analyse plus objective il ressort au contraire qu'il existe une véritable technique de grignotage des libertés.

La déclaration universelle des droits de l'Homme n'a été qu'une tension, un élan, un idéal, une éthique.
Le cœur n'y est plus dans un remake d'Evangile enfermé dans un coffre où sont entassées les richesses amassées par le Peuple souverain et dont la clé reste entre les mains des détenteurs du pouvoir.
Elle est le règne de l'imaginaire voulu comme cohérence parfaite et d'application mathématique.
Mais l'égalité est loin d'épuiser la notion de Justice.
Le citoyen émerge de la phase paradoxale de Palov car l'opulence qui a permis à certains de s'endormir plein temps, le bien être à un grand nombre de démissionner mi-temps, volent en éclat sous l'effet du choc du futur.

Egalité?
On sait ce qu'elle est en arithmétique élémentaire.
Qu'est donc l'égalité sociale ?
Au mieux une invitation au dialogue pour se rapprocher des uns des autres, franchir une étape pour aller sur le chemin tracé par la formule prophétique et empirique, pour s'aimer les uns les autres.

Fraternité car il n'est plus possible d'agir et d'être comme si l'Homme nous était étranger, comme Si tout citoyen gardait la liberté de s 'écarter de son prochain ou de l'écarter.
L'histoire de l'humanité a commence par un fratricide, au XXème siècle elle est devenue génocide.

En ces temps léthargiques. sans gaieté comme sans remords le seul rire encore logique est celui des têtes de mort.
Seule la liberté contribue à rendre les Hommes dignes d'elle, à en faire de véritables citoyens ni conformistes ni rebelles mais critiques et responsables.
L'acuité des conflits contemporains met en relief que la Loi ne peut se contenter, en fait d'objectif final, ni du respect de la personne qui omettrait les impératifs de la vie en société ni d'un culte de la collectivité qui lui sacrifierait la personne.
Imposer au non du bien commun un sacrifice qui ne pourrait pas moralement être accepté comme justifié soit parce qu'on demande trop, soit parce que le résultat serait disproportionné, revient à sacrifier l'Homme à la société.
Le droit fondamental de l'Homme est de demander à être traité comme un être raisonnable.
Si le bien commun ne consiste pas, comme toute matière vivante, dans la recherche d'un équilibre en développant tous les instruments d'une vie sociale active et féconde, sans demander aux individus plus qu'ils ne peuvent accepter, sans avoir le sentiment d'être sacrifié, alors la Loi sera injuste.
Tout simplement parce qu'elle ne remplit pas sa finalité essentielle, qui seul autorise le législateur à mettre dans la balance son autorité et aussi la menace pour provoquer par chacun l'adhésion et l'action.

La Loi ne peut être obéie que dans la mesure où les citoyens ont le sentiment profond que l'ordre légal est en relation avec les valeurs qui s'imposent inconditionnellement.
Pour que le citoyen se considère obligé personnellement au respect de la Loi il faut que la nécessité sociale que ces lois expriment soit comprise comme ordonnée à la fin personnelle de l'Homme.

Alors seulement on peut parler de légitimité et par suite d'efficacité.
L'Homme a longtemps laissé aux demis dieux, aux enchanteurs, aux fées la charge de faire le bien et de rendre la Justice car il s'en tenait à l'existence manifestée, au monde tel que ses 5 sens le présentait.

Nous n'avons pas choisi le monde, la civilisation fait que nous l'avons conquis.
Quand la pratique prend le pas sur la théorie qui se tient à des formulations périmées, quand la sur stimulation cognitive et sensorielle génère des formes multiples d'inadaptation .
Les libertés sont toujours à l' abandon et reste encore à conquérir.
Il n'y a d'ordre que celui qui détermine une finalité et tout ordre génère désordre tout simplement parce qu'il y a nécessairement opposition entre les différentes conceptions de l'ordre.
L'histoire révèle en permanence ce conflit.
Mais c'est la philosophie et peut-être la métaphysique qui l'expriment car ce conflit met en cause les valeurs fondamentales autour desquelles s'ordonne la condition humaine.
L'ordre se défend en absorbant le mouvement. Le mouvement s'apaise en s'inscrivant dans l'ordre.
Telle est la problématique ou la dialectique que Si le désordre dépasse le tolérable, il devient révolution pour la prise ou la conquête du pouvoir politique qui tend à incarner la vision d'un ordre futur.

Rousseau dans son contrat social définissait ainsi la tache du politique:
«Trouver une formule d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé et par laquelle chacun , s'unissant à tous, n 'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste libre.»
Depuis des siècles l'individu n'est légitime que comme parcelle de la nation souveraine et l'émergence de l'Etat, puis son affirmation, ne fait qu'écraser l'individu, seule réalité porteuse d'espérance.
Les mots prennent un autre sens et les institutions un grand retard car de plus en plus il existe une différence entre les exigences d'une situation et les moyens de les satisfaire.
Il y a des futurs probables, comme un éventail de possibles et canaliser les effets du choc c'est vouloir aller vers un futur préférable.

Civiliser c'est mettre à jour de nouvelles contradictions, légiférer y faire face et la liberté est parfois le droit de ne servir à rien.
L'Etat, par sa fonction régulatrice, serait-il le seul habilité à définir les besoins du Peuple en imposant des stéréotypes de vie heureuse pour tous ?
Au risque de faire perdre à chacun jusqu'au goût de la liberté.
Il n'y a pas de destin inexorable, et le législateur doit toujours faire œuvre créatrice d'un grand dessein pour aller vers un destin qui le serait tout autant.
Si on veut que l'individu retrouve sa force créatrice, pour faire surgir sa différence, il faut démystifier les trompeuses réalités émanant d'une société historique qui n'est plus aujourd'hui la seule possible.

Les Hommes de l'avenir lutteront encore pour maintes libertés que nous ne sentons même pas nous manquer.
Comment s'étonner d'une nécessaire remise en cause du rôle de l'Etat à l'heure ou s effondrent les idéologies et à l'instant où la souveraineté s inscrit dans de nouvelles frontières horizon d'idées en quête de réalités.
Il faut faire un saut conceptuel et comprendre que l'Homme ne s'oppose pas au groupe mais à l'universel, il l'exprime.

L'universel n'est pas le général que la Loi a pour but de préciser.
Pour que l'individu reste à l'état de meilleur, exemplaire et irréductible et ne soit pas une monnaie d'échange entre la partie et son tout, il faut qu'il quitte ses certitudes et reprenne par le doute l'expérience de la résistance qui est la condition de sa survie.
Sa raison ne doit pas s'incliner devant des évidences imposées par méthode d'autorité, sous peine d'infliger un démenti à sa conscience et alors de perdre son âme et sa raison d'être.
Quand on parle de vérité il faut envisager non la probabilité mais la certitude.
Exclure la raison et n'admettre que la raison.
Il faut toujours aller au vrai avec toute sa conscience.

Connais-toi toi-même.
Sinon à négliger l'essentiel, sinon à te rendre coupable par défaillance de volonté.
Le droit ne se limite pas aux Lois, il contient l'idée de droit qui se réalise par elles.
Il faut parler non d'un ordo mais d'un ordinatio, d'un avènement de l'ordre toujours à rechercher.
L'ordre est d'abord un ordre de penser l'Etat en devenir de cité humaine, qui se laisse renverser pour revenir à la vie et que la vie nous revienne disait Zarathoustra.

L'Homme est de plus en plus conscient que l'organisation bureaucratique propre à l'industrialisme n'est que le fruit d'une planification technocratique mise en place, pour les servir, par les dirigeants politiques, issus de la génération de l'immédiat dont on sait depuis longtemps que loin d'apaiser les esprits, ils les laissent dormir.
Des levers ou couchants l'or dilaté d'un ciel sans borne
Berce de parfums et de chants.
chers endormis, au sommeil morne.

Le plus grand dérèglement de l'esprit c'est de vouloir les choses parce qu'on veut qu'elles soient et non pas parce qu'on a vu qu'elles sont en effet.
La vérité est une norme subordonnée au bien que dans cette hiérarchie de valeurs seule la raison peut établir.
Il faut rester libre de consentir ou de ne pas consentir pour mieux sentir sa part de volonté personnelle.

Pour sortir de l'apathie résignée, ou des colères sporadiques et anarchiques, la notion d'ordre public est riche.
Elle ne se limite pas à l'ordre de la rue ni au droit positif qui l'assure, pas davantage elle ne se restreint aux normes qui procurent la sécurité, qui garantissent l'intérêt général ou la conservation de l'Etat.
A chacun d'assumer sa parcelle de souveraineté et d'entrer en politique pour discipliner l'inéluctable violence qui enfle et menace de rompre car la notion d'ordre public est solidaire de l'idée de droit et de celle de l'Etat.

Si modeste soit la vertu de l'Homme et convaincu de sa faiblesse la première place doit rester à l'héroïsme, aux sacrifices, autour de soi-même et non pas la prétention d'un équilibre satisfait qui, usurpant le nom de la sagesse en ferait une dérisoire idole.

Le don de soi doit rester libre et ne peut être une obligation que pour celui qui librement s'oblige.
A chacun de montrer comment il sait l'employer et de quoi il est capable.
Imaginer Sisyphe heureux c' est l'imaginer s' arrêtant un instant de remonter sa pierre en espérant être au terme de sa route, délivré et vivant du fardeau de la vie.
Allons, essuyons la moiteur de nos fronts donnons calme et vigueur à nos cœurs mous et prompts.

Laissons nos yeux contempler de lointains horizons.

Vierges de lâchetés comme de trahisons vers cet horizon élargi plein de vagues chansons tout maintenant console et délivre.

Pensons.

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