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 Beith

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Beith (1) est la seconde lettre de l'alphabet hébreu et la première à posséder une qualité sonore. « Beith » est aussi la lettre qui commence le pentateuque, la première lettre de la Bible. A ce titre « Beith » peut symboliser l'humilité, la relativisation de l'importance que l'on se donne. Car, « Beith » resta longtemps convaincue que ce fut Elle qui était à l'origine de Tout, qu'Elle était la première à exister et, de ce fait, qu'Elle avait la charge d'initier le monde.

Cette certitude, cet orgueil, sont dus à la vision consciente de la matérialité de la Création. Cette vision est créée et figée, elle n'évolue plus .

« Beith », de part son expression sonore représente déjà une vibration, la projection d'un souffle qui suit l'inspir, le développement d'un futur. Ce souffle, sonore avant tout, représente l'apparition du Temps. En effet, s'il est possible de considérer que l'acte premier de la Création puisse être décrit comme « l'instant créateur », cet instant précis deviendra un « présent » dès lors que son action génère un « devenir ».  

Afin de pouvoir mettre en oeuvre les éléments du Monde, l'Eternel devait disposer d'un outil fluctuant, une vibration, qui lui permettrait de rythmer son action créatrice. Avant même de créer les alternances, de séparer les eaux, jours des nuits. Avant même que le Verbe soit, la dualité du Silence et du Temps devaient être. 

Le Temps commence par une inspiration, un mouvement de crispation né d'une fluctuation, d'une alternative dans le continuum. Comme l'enfant juste né emplit ses poumons avant son premier cri, le « Beith » accueil le « daguesh » ( le point qui est en son centre ) avant de le rejeter en explosion. Il est dit : «  Pourquoi Bet suit-elle immédiatement Aleph ? Parce qu'elle se trouve être au commencement de la création du monde. Et pourquoi comporte-t-elle une queue ? Pour montrer de quel lieu elle provient (1) » C'est par son coin gauche supérieur en forme de queue dressée, que le « Beith » indique la direction du Nord, refuse de la puissance, désignant ainsi le point géographique de l'origine de Tout comme il est dit dans l'Exode : « je retirerai ensuite ma puissance protectrice et tu auras une vision de ce qui découle de Mon Existence. Toutefois, Ma propre essence ne peut-être vision ».

La « créature » « Beith » ne connaît son origine qu'au travers de sa conscience instinctive. Elle ignore que le souffle qui lui donne naissance prend sa source dans l'inspiration qui la précède, elle n?en a aucune conscience car l'énergie au cœur de laquelle naîtra l'alternative, « Aleph », l'inspir est un moment silencieux en rupture de néant : le « rien » arrivé à son terme ! 

Précédant le commencement, le silence du « Aleph », n'était ni vu ni entendu, ni créé ni incréé, ni formé ni informe, il n'est que la naissance du Temps, ni déjà présent et pas encore passé ! Rien d'étonnant donc à ce que le « Beith » se soit pris pour la première vérité de l'univers, lui qui n'existe qu'entre le Présent et l'Avenir sans qu'il ne puisse y avoir eu de passé avant lui car c'est le Passé qui détermine la nature du Temps et la forme de la Création au fur et à mesure que les « présent » se succèdent et se dissolvent en lui.

L'intention du texte est manifestement de donner un sens à la durée nécessaire  à la mise en ordre du Monde. L'ordre des choses est ici désigné ; le Principe Crée Dieu-x et le terme employé pour désigner Dieu est un nom pluriel. Il ne s'agit pas de signifier ou de créer plusieurs dieux mais plutôt d'indiquer que tout « est et sera », que cette succession d'évènements révèle la nature de Dieu Créateur et que le passé du verbe être n'aura d'existence qu'à partir du moment où la Création pourra être constatée. 


 

(1) Sepher ha-Bahir Mishnah 18 - Beith est formé de trois vav associés avec une ouverture sur la gauche : la direction du nord qui correspond au verset. Ceci explique que l'homme peut accéder à une compréhension de D-ieu par l'étude de sa création ( la Torah ), puisqu'il est impossible de le comprendre en Son essence par un simple processus intellectuel. Le premier mot de la genèse, Berechith, contient les trois lettres du mot Beith. Les trois autres lettres restantes forment le mot Resh ( tête ), et symbolisent l'espace d'où rayonne la pensée créatrice.

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