Le
devoir et la conscience
Dans une
société donnée, le
devoir apparaît comme un ensemble d'obligations morales et
sociales, voire
légales, auxquelles se soumettent ses membres. La loi est
une prescription
établie par l'autorité souveraine applicable
à tous, et définissant les droits
et devoirs de chacun. La définition de ces deux notions fait
apparaître un lien
irréfragable entre la loi et le devoir. La loi a cependant
un caractère plus
général, dans la mesure où elle
définit non seulement des devoirs mais aussi
des droits, qui
apparaissent ainsi
indissolublement liés comme les deux faces d'une
même médaille. Le grand débat
consiste à savoir si l’un découle de
l'autre ou vice versa : de la réponse à la
question dépend un choix politique de
société.
Le devoir n'est pas qu'une notion intellectuelle mais aussi une
réalité
sociologique. C'est en premier lieu un terme d'échanges,
matériels ou
contractuels : c'est ce qu'il faut donner en contrepartie de ce que
l'on a reçu
; nous devenons ainsi des charpentiers de l'univers …
modèle de l’ouvrier en
tant que grand architecte qui se construit en lui-même,
satisfait de
l'approbation de sa seule conscience.
La franc-maçonnerie
proclame
comme principe « un maçon libre dans une loge
libre ». La
« liberté »
fait partie de sa
devise, la « liberté absolue de conscience
» est l'un de ses principes. Une
analyse approfondie montre que la franc-maçonnerie est une
école du devoir.
En franc-maçonnerie, le mot devoir n'est pas un
élément symbolique isolé, mais
un élément très riche de la
composition symbolique contractée lors de
l'initiation de l'impétrant, composition harmonique incluse
dans le rituel et
qui reste à déchiffrer.
Dès son introduction dans le cabinet de
réflexion, le profane médite sur les
devoirs de l'homme envers lui-même, sa famille, sa patrie,
l'humanité. Première
épreuve, l'épreuve de la Terre,
accompagné de la sentence « VITRIOL
»,
lui enseigne que le premier devoir est de descendre au plus profond de
lui-même
pour parvenir à la connaissance, la pierre
cachée. Purifiée par la terre,
il devra dominer ses passions pour trouver la
vérité enfouie au plus profond de
sa personnalité.
L'initiation est plus qu'une
cérémonie symbolique : il est demandé
au profane adhésion, engagement,
obligation du secret, devoir de solidarité,
nécessité du travail et du
perfectionnement par la connaissance et l'exercice des vertus.
L'accomplissement du devoir fait partie intégrante du
travail initiatique
maçonnique.
Dès le premier
degré,
l'apprenti a comme premier devoir de méditer les
enseignements du rituel afin
d’y conformer sa conduite.
Ensuite le compagnon a le
devoir de connaître le monde et de se connaître
dans un monde où il ne sait
même pas ce qu'il est venu faire. Son devoir est de surpasser
les autres hommes
par le développement de ses qualités tout en se
mettant au service des causes
liées au salut du genre humain.
Puis en tant que
maître, il
a le devoir de faire rayonner sa conscience relative, de respecter
l'homme et
son organisation sociale, familiale et maçonnique. Le
maître exerce sa méthode
maçonnique dans la vie quotidienne pour tenter de construire
un monde plus
heureux, plus droit, plus d’équerre.
Au grade de Maître
secret, la phrase complète du manuel
au est
« nous avons l’obligation
de suivre imperturbablement la route du Devoir, tout en sachant
qu’il est
parfois plus facile de faire son Devoir que de le
« Connaître », sur
laquelle nombre de F. : se sont afférés
à plancher.
« Le
maître secret doit être prêt à
accomplir son
Devoir parce qu’il est le
Devoir… »
« Le Devoir
est la grande loi de la FM, inflexible
comme la Fatalité, exigeant comme la
Nécessité, impératif comme la
destinée…. »
L'approfondissement de la
notion de devoir, à chaque stade de la vie
maçonnique est l'essence même de la
recherche de la vérité. La récompense
ne se trouve pas dans un quelconque
résultat espéré mais dans la
démarche, c'est-à-dire la découverte
d'un sens à
l'existence.
La loge de perfection est
donc un creuset de devoirs initiants. Le Grand maître
Architecte peut en
éprouver le poids, mais aussi en
prendre la bonne mesure. C’est la rigueur du devoir qui lui
ouvrira la conquête
de sa liberté intérieure. Le cheminement rituel
depuis le premier degré, tel
que décrit précédemment, nous a
montré que chacun a été
confronté à
des thèmes lourds de sens et
d’interrogation. Au douzième degré,
nous sommes à un stade de découverte en soi
de ce qui est esprit, en tuant l’ego, la voie du devoir
dépassant les
contraintes en s’ouvrant à l’autre.
Le meurtre d’Hiram est
loin
de représenter un achèvement, comme la
Maçonnerie bleue pourrait laisser le
supposer. A l’image du meurtre du père de Freud,
le meurtre d’Hiram est une
libération et un passage à
l’âge adulte pour l’initié et
pour le groupe,
identique à la nécessité pour
l’homme de grandir, de devenir adulte en
franchissant ce cap. Hiram renaît dans le nouveau
Maître, et restera modèle et
loi .Mais comme au moment du meurtre le temple est loin
d’être achevé,
l’étage le plus élevé, celui
de la spiritualité reste à bâtir.
Dans
cette situation l’alternative pour le Franc maçon
est
d’abandonner les travaux et se contenter des trois premiers
degrés, ou de
continuer et il faudra bien remplacer Hiram, et selon le plan
prévu.
L’après
Hiram est donc une
prise de conscience. Conscience qu’une autre
époque commence, conscience de la
responsabilité de l’individu de sa propre
construction. C’est aussi la
conscience qu’il a fallu trouver les responsables du meurtre
pour que les
travaux continuent sans
risque de voire
réitérer le forfait.
J’ai le sentiment que
Faire son devoir et le connaître vont
souvent ensemble, et cette affirmation ouvre donc la porte de la conscience. Les deux
tâches ne sont en
aucun cas faciles. La conscience réunit
tout : l'inconscient,
le subconscient et le conscient.
Au fond de chaque homme,
quelle que soit son origine, son ethnie, son âge, sa religion
se trouve sa
conscience qui lui indique ou se trouve le bien et le mal, la justice
et
l’injustice. Le devoir va dès lors consister
à agir en conformité avec cette
conscience, sans attendre de cette action une récompense ni
craindre une
sanction. Il s’agit de faire ce qui doit être fait
parce qu’il s’agit d’une
exigence de cette partie intime de nous-mêmes. Ainsi la se
situe le beau, le
bon, le vrai, donc peut être la Vérité.
En accomplissant ses devoirs le Grand
Maître Architecte harmonise sa vie de manière que
les évènements ne s’opposent
pas au développement de son être.
C'est dans la conscience
que le monde nous apparaît. C’est par la conscience
que le sentiment est connu,
que les choses sont décrites et pensées, que
l’image est imaginée ou que le
jugement est prononcé. Nous connaissons tout par la
conscience. Nous passons
certes notre vie dans la conscience, mais sans la connaître
et sans nous
connaître. C’est d’ailleurs pourquoi le
monde de l'extériorité paraît toujours
plus clair que celui de l’intériorité.
La conscience peut
être
accolée à la notion de morale
ou d’éthique. Avoir conscience c’est
savoir que l’on existe :
Je pense, donc je suis, pour se référer
à la pensée Cartésienne.Si la
conscience est liberté, elle n'est jamais un personnage, un
dehors, un
paraître. La prise de conscience de soi favorise un
éveil. Si je me suis
comporté comme un imbécile, si j'ai
été violent et que j'en prends conscience,
je ne suis plus tout à fait un imbécile ou un
violent au sens habituel, je
commence à me voir
tel que je
suis.
Peut-on élever
collectivement le niveau de conscience de l’Homme ?
Religions,
philosophies, politiques de tous acabits ont essayé.
L’élévation du niveau de
conscience est une quête solitaire et comme toute recherche
visant à la
découverte, elle passe par le travail et ses devoirs. Il y a parmi les
possibilités permettant à l’Homme
d’élever son niveau de conscience un grand nombre
de solutions, et parmi
celles-ci, la pratique du REAA.
Toutefois
la conscience nous oblige à considérer avec
attention la nature de la vigilance
quotidienne et le travail de l'intentionnalité. Qu'est-ce
qu'être vigilant?
C'est faire attention à. C'est être conscient du
monde qui m'environne. C'est
rester sur le qui-vive. N’est ce pas le devoir du
F\ M\ : de porter
à l’extérieur du Temple ce
qu’il a eu conscience de venir y chercher ?
L’être
humain peut être
tiraillé dans son quotidien par ce que lui dicte son devoir
et ce que lui dicte
sa conscience.
Le maçon saura
qu’il ne peut
y avoir de devoirs sans conscience, la conscience étant,
dans cette vision ce
qui se rapproche de la recherche de la vérité. Les devoirs
sont donc l’expression d’un Homme conscient et
libre. Il n’y a pas de liberté
chez un homme contraint, sauf s’il est
inconscient !
Au travers des grades
successifs du 5ème au 12ème,
on traverse diverses légende
à la manière
« du livre dont je suis le
héros », « je »
s’assimilant à Johaben. Les légendes ne sont rien
d’autre qu’une prise de
conscience du soi et l’affirmation constante de la
nécessité du travail
(devoir).
Notre instructions aux divers
grades nous ont permis de comprendre au 5ème
degré que nous sommes dans une
préparation à la conscience de ce que nous
sommes. Au 6ème
on relie le corps à l’esprit, la conscience
s’affine. Du
quatrième au douzième degré le
cheminant se transforme, en portant un nouveau
regard sur lui-même, comprenant les effets de la
transgression de la règle au
6ème degré, l’excès de
zèle au 9ème
degré pour comprendre que son
devoir est d’avoir en mains les instruments pour ouvrir sa
conscience sur la
lumière.,Le franc maçon voyage depuis le
départ en quête d’un lieu symbolique
puis d’un moment magique où il sera en face de
lui-même. Il est sur une pente
ascendante, comme pour ceux qui gravissent les montagnes, conscient
qu’arrivé
au sommet seule la moitié du chemin sera accomplie, car il
faudra songer au
chemin du retour.
M\
R\
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