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Une approche symbolique des Cathédrales

La première fois que j’ai entendu parler de la F\ M\, c’est pour m’entendre dire que les F\ M\ étaient les successeurs des constructeurs de cathédrales. Ces derniers étant maçons opératifs, leurs héritiers étant maçons spéculatifs. Ainsi le premier appel vers notre fraternité c’est fait pour moi au travers des mystérieuses cathédrales.

J’en avais déjà visité un certain nombre, restant stupéfait par les prouesses techniques qu’elles représentent, mais aussi interpellé par le calme, la force et la sérénité qui s’en dégagent. Il s’agissait de constructions dans les quelles je ne pouvais rester insensible et qui m’attiraient. Souvent en cours de déplacements professionnel ou touristique, je n’hésitais pas à faire le détour ou la halte qui me permettaient de visiter une cathédrale. Ces monuments à la fois sombres et lumineux, silencieux mais parlants, me communiquaient une part de leur sérénité.

Depuis mon initiation, j’ai découvert une partie du mystère des cathédrales, que je veux aujourd’hui vous faire partager. J’espère simplement vous transmettre mon plaisir et ma joie lorsque j’approche puis que je pénètre dans une cathédrale, mais surtout vous faire partager tout ce que m’ont appris mes lectures et mes recherches sur ces extraordinaires constructions ou l’homme touche au divin.

Gustave THIBON, paysan et philosophe, disait :

« Je ne me retourne pas vers ce qui est passé, mais je monte vers ce qui demeure ». Je vais essayer de vous décrire ce qui demeure au travers de l’œuvre des bâtisseurs de cathédrales.

Le symbolisme peut se découvrir dès la mise en chantier, avec ses différents acteurs, dont les légendes du compagnonnage confirment rapidement le glissement de ce chantier extraordinaire qu’est la construction d’une cathédrale vers le chantier idéal et emblématique du chef d’œuvre à réaliser que symbolise le temple de Jérusalem. La Franc-maçonnerie quant à elle est un système englobant et ouvert dans lequel la cathédrale et son univers de bâtisseurs ne constitue qu’un des éléments de la symbolique.

Les premières constructions humaines réalisées par les premiers hommes devenus sédentaires, étaient réservées au culte des morts, nous révélant que nos précurseurs pressentaient que la mort n’était qu’un passage vers une autre vie. Puis elles furent destinées à honorer les dieux, mais les demeures d’éternité (les grandes sépultures telles que les pyramides ou les temples Incas, ou encore les édifices de pierres celtes) prirent de plus en plus d’ampleur nécessitant l’utilisation d’une main d’œuvre de plus en plus qualifiée.

Les traditions maçonniques originelles de notre ordre pourraient donc remonter très loin. Sans doute au fil des temps et des chantiers les techniques et leur mise en œuvre ont elles nécessiter une organisation de plus en plus précise, dont l’une des étapes majeures se situe à l’époque de la construction des cathédrales.

Aucun édifice d’importance du culte chrétien ne remonte au delà du IVème siècle. A partir de 312 cependant la secte chrétienne tombe sous la protection de l’empereur Constantin. Le choix est alors soudain : les chrétiens rejettent les temples anciens et prennent pour modèle un bâtiment civil : la basilique. L’évolution de l’architecture religieuse en Occident est entièrement liée à ce choix originel.

Le rejet chrétien des temples païens au profit des basiliques tient en premier lieu à un bouleversement liturgique : alors que les temples païens ne sont pas conçus pour contenir les fidèles lors des cérémonies religieuses (Le Naos du Parthénon = 10 mètres de largeur), la basilique, édifice civil ayant conquis un vaste espace intérieur, semble s’imposer d’elle même aux chrétiens placés devant une nouvelle obligation de confondre lieu de culte et lieu de rassemblement. Mais en plus de ce choix, les chrétiens décident de conserver l’abside.

Ce choix de conserver le lieu symbole et le lieu d’exercice de la justice et du pouvoir a pour résultat de faire de la maison de Dieu un lieu de prière mais également un tribunal ou tous doivent connaître la loi impériale et la puissance du juge éternel et de ses magistrats. La basilique par ses origines et son emplacement et intimement liée à la vie civile. Le mot église désignait alors l’assemblée des citoyens, il désigne maintenant l’ensemble des fidèles, et l’édifice du culte chrétien.

Le plan basilical est adapté, et la transformation la plus importante est la modification du sens : l’entrée de la basilique civile était sur l’un des cotés les plus long de l’édifice, les chrétiens posent systématiquement l’entrée sur l’un des côtés les plus courts. Il s’agit là d’un changement fondamental qui transforme l’édifice : dès l’entrée les pas, les regards, les prières des fidèles sont dirigés vers un lieu unique : l’abside souvent précédée d’un arc triomphale, elle est le lieu même de la Divinité. Au devant de l’abside se situe l’autel lieu du simulacre de sacrifice.

Si la nef est lieu de rassemblement, et l’abside symbole du Dieu Chrétien, le transept ajout chrétien fondamental, joue un rôle plus complexe. Outre la forme de croix qu’il donne à l’édifice, et l’amplification des perspectives vers l’abside, il a une autre fonction fondamentale et purement architecturale : le volume intérieur d’un objet augmente plus rapidement que sa surface. De cette loi géométrique, découle le principe architectural suivant : une petite église dont on multiplie très exactement les proportions par deux, voit son volume intérieur quadrupler…alors que la surface des fenêtres permettant d’éclairer ce volume ne fait que doubler. Le transept pallie ce manque de Lumière.

En effet, le transept nef transversale, est fermé à ces deux extrémités par deux murs pignons, qui n’ont qu’une faible utilité dans le maintien de la structure de l’église. La construction d’un transept, permet donc, en passant d’un seul mur non porteur (façade principale) à trois, de multiplier portes et fenêtres sans fragiliser la structure. C’est au sein de ces murs pignons que prendront place naturellement les roses romanes et les rosaces gothiques.

C’est dès les origines, sur les reliques d’un martyre ou d’un saint que se fonde l’édifice du culte chrétien. Et c’est en fonction du culte des reliques que s’organisent dans l’édifice les emplacements réservés au clergé, aux fidèles et aux pèlerins.

Le plan d’une église est profondément déterminé par la volonté d’une hiérarchie qui définit elle-même sa position entre Dieu les reliques et les hommes. Pour comprendre le plan d’une église, il faut envisager ce profond cloisonnement de l’édifice et cette partie centrale (abside et sanctuaire, croisée et chœur liturgique) qui explique seule l’existence du déambulatoire, des chapelles rayonnantes et peut être même l’importance donnée au transept : autant de portes, autant d’entrées, et de sorties séparées. Il faut cependant remarquer que ce cloisonnement qui a disparu dans maintes églises après le concile de Trente n’a pas entamé l’unité architecturale de l’édifice. A cela, le vieux rêve d’une EKLESIA, d’une communauté non assujettie à un pouvoir temporel n’est peut être pas étranger.

Replaçons-nous tout d’abord dans le contexte historique : nous sommes en plein moyen âge, aux alentours de l’an 1000. La France est couverte de forêts, les voies de circulation sont quasi inexistantes, les villages sont éparpillés, souvent autour de châteaux ou d’abbayes. C’est en effet les abbayes qui sont les lieux principaux du développement économiques et surtout culturel. C’est autour des abbayes que l’on trouve du travail. C’est à cette époque que vont être lancés les chantiers des cathédrales, qui vont être les plus importants chantiers réalisé au monde en termes de mètres cubes de pierres taillées et déplacées surpassant et de loin les chantiers des Pyramides.

En l’espace de trois siècles, de 1050 à 1350, la France a extrait plusieurs millions de tonnes de pierres pour édifier 80 cathédrales, 500 grandes églises et quelques dizaines de milliers d’églises paroissiales. La France a charrié plus de pierres en ces trois siècles que l’ancienne Egypte en n’importe quelle période de son histoire. Jean GIMPEL « les bâtisseurs des cathédrales ».

Depuis la plus haute antiquité, l’observation de l’univers mettait en évidence des ressemblances entre le ciel et la terre. Tandis que le ciel tournait sur lui même autour d’un centre, l’étoile polaire, la terre connaissait le cycle des jours, des nuits, des saisons, des marées. Tout était donc ordonné, soumis aux mêmes lois, mais à des niveaux différents. On en imagina trois : le ciel ou résidaient les Dieux, la terre ou vivaient les hommes, et les enfers repère des démons et de la mort. En dehors de ce monde organisé, appelé cosmos, il n’y avait que le néant, le désordre ou l’homme se perdait en s’éloignant du centre. En ce lieu, et grâce à l’axe, il pouvait communiquer avec le divin. Le centre n’était considéré comme un seul lieu géographique pour toute la terre, il était répété dans chaque organisation humaine : la tribu, la ville, l’homme lui même. Il s’agissait donc d’un espace centrale qui se resserrait sur un point de plus en plus précis. Il y avait la terre, puis la ville, puis le temple, puis l’autel du temple. Ce processus de miniaturisation s’appelle un microcosme. Au milieu du cosmos, figurait l’homme pour lequel tout avait été créé. Lui même en était une reproduction un microcosme. Le nombril était le centre à partir du quel il grandissait vers les quatre directions. Son corps qui à l’inverse des animaux se tient verticalement devenait l’axe, l’instrument pour communiquer avec Dieu, recevoir la vie. Il pouvait ainsi choisir de regarder vers la lumière de l’est et tourner le dos à la nuit qui arrive par l’ouest.

Le symbole du centre, lieu de rencontre avec la pureté divine, fut réemployé pour concevoir les églises qui devaient être un microcosme. Le plan possédait un centre, l’autel, et deux axes dirigés vers les points cardinaux. La voûte, surface arrondie représentait le ciel, avec un semis d’étoiles, ou bien l’image de Dieu et des anges. Le décor regorgeait de plantes et d’animaux, cependant on évité de les placer à l’intérieur car privés d’intelligence ils paraissaient à l’opposé de l’homme. La présence de l’homme était affirmée par le plan même de l’église qui représentait son corps déployé. Certaines parties de l’édifice sont d’ailleurs désignées par des termes anatomiques : chevet (tête), bras du transept, fronton…

L’art Roman et L’univers Féodal :

Depuis le IXème siècle et l’effondrement du pouvoir Carolingien, l’Europe occidentale, à l’exception du Saint Empire Germanique, s’est morcelée en une multitude de petits territoires, tenus par des hommes dont les liens de vassalité et d’hommage constituent le fondement de la féodalité. Dans cet univers éclaté, fragmenté en quantité de fiefs ou chaque petit seigneur a droit de vie et de mort, les clercs et la religion tentent de se substituer à un pouvoir royal défaillant et d’apparaître comme les seuls garants d’une loi plus haute, d’un ordre universel ; c’est l’objet d’une véritable institution celle de « la paix de Dieu » pour la quelle des clercs vont jusqu’à armer des milices. Le clergé lui même se féodalise surtout celui qui vit dans le temps (prêtres et évêques) par opposition aux ordres monastiques demeurés, eux, pour autant que  les incursions barbares le leur ont permis, cloîtrés, comme séparés du monde. Les ordres commencent à se réorganiser autour d’abbayes mères, comme Cluny. Dans la lutte aussi bien économique et politique que spirituelle qui, les oppose aux seigneurs laïcs, les abbés s’arment d’un Dieu dont ils font le Seigneur des seigneurs, afin de rappeler aux seigneurs laïcs que face à leur pouvoir existe une hiérarchie éternelle.

L’équilibre roman, la pureté et l’unité de son architecture sont en fait le reflet de ce sentiment d’un ordre écrasant, immanent, éternel que veut représenter l’église dans un monde disloqué, de cet ordre qu’elle cherche à imposer à la féodalité et au peuple. Au peuple qui ne comprend rien aux messes en latin, l’ordre même de l’architecture apparaît comme la meilleure preuve de l’existence d’un ordre éternel. L’art roman, étrange mélange de sérénité et d’inquiétude : les monstres qui tapissent les chapiteaux et rappellent les désordres extérieurs à la maison de Dieu, les processions et les chants, les longs pèlerinages et la descente dan les sombres cryptes ou ils peuvent de leurs mains toucher les reliques, constituent pour les fidèles les cadres d’une spiritualité qui s’inspire de la crainte du juge et du Seigneur éternel : « L’église romane proprement dite est à trois et parfois à cinq nefs. Elle prend ainsi la multitude qui s’y presse et lui impose un ordre, en creusant dans cette matière mouvante des sillons parallèles ». Henri FOCILLON « l’art de l’Occident ».

L’art Gothique ou la théologie de la lumière :

Les innovations techniques tiennent un rôle considérable dans l’émergence de l’architecture gothique. Mais une volonté et un homme, vont ériger cette architecture dès ses origines, en un véritable système théologique. Vers 1137 débutent les travaux de reconstruction de l’église abbatiale de Saint Denis ou reposent les rois de France. L’homme qui conduit ces travaux, lui même abbé de Saint Denis, a pour nom SUGER. Il est ami d’enfance de Louis VI, ambassadeur au près du Pape, puis conseiller du roi avant de devenir conseiller puis ministre de son fils et successeur, Louis VII. L’acte de naissance de l’architecture gothique, est signé lorsque SUGER demande aux bâtisseurs d’ouvrir à la Lumière, grâce aux croisées d’ogives, le chœur de Saint Denis. En employant des éléments d’architecture, jusqu’alors peu utilisés, au service d’une idée nouvelle, l’abbé de Saint Denis, conçoit réellement l’édifice comme un principe théologique, principe qu’il fonde sur des écrits anonymes alors attribués à Denys l’Aréopagite que l’on confondait avec le vrai patron de l’abbatiale.

Cette théologie repose sur l’idée que la lumière est une manifestation Divine, ou plutôt que Dieu est Lumière et que chaque être reçoit et retransmet cette lumière selon une hiérarchie conçue par Dieu. Les vitraux colorés des grandes fenêtres du chœur de Saint Denis doivent donner de l’abbatiale l’image de la Jérusalem céleste, parée de joyaux. La lumière éclaire pleinement les chasses contenant les reliques que Suger fait sortir de l’ombre de la crypte, avec les tombeaux royaux, pour être exposés à la lumière (c’est Louis VII lui même, lors de la consécration du chœur, qui porte les reliques de Saint Denis hors de la crypte vers une nouvelle chasse installée dans le chœur. L’or et les pierres précieuses de ce trésor réfléchissent la lumière divine sur le clergé mais aussi sur les fidèles et les pèlerins. La lumière touche chaque homme et en cela réside une sorte de promesse pour chaque être. Mais la lumière touche différemment chaque homme et en cela repose la hiérarchie divine que veut imposer Suger, à l’image de la hiérarchie royale qu’il dessine, en tant que ministre de Louis VII, pour une société féodale qu’il conçoit sous la forme d’une pyramide dont le roi est le sommet. La volonté de Suger n’est pas une folie d’alchimie et de transcendance, n’est pas seulement une volonté théologique : c’est également une volonté politique. L’architecture gothique est une architecture de la royauté, inventée dans l’île de France, dans le domaine royal, et qui se nourrit de la puissance nouvelle - et de la richesse - des évêques, c’est à dire des villes. Si c’est dans une abbaye qu’elle naît, c’est dans les églises et les cathédrales des villes qu’elle va s’incarner. L’élan démesuré des cathédrales françaises (le vaisseau central de Beauvais atteint plus de 46 mètres sous voûte) est la plus forte expression d’un intérêt commun, celui d’un roi qui s’appui sur l’émergence et l’émancipation des communes contre la féodalité d’évêques qui s’appuient sur le peuple pour mieux assurer leur puissance et d’un peuple des villes qui sanctifie Dieu et le roi pour mieux se libérer.

Les bâtisseurs :

Les hommes du Moyen Age qui inventent et bâtissent des milliers d’églises, conservent dans leur immense majorité un anonymat absolu, malgré les marques de tâcheron gravées dans la pierre qui sont moins des signatures que les preuves des tâches dues aux tailleurs de pierres. Les rares textes de la période romane, écrits par des clercs…mentionnent quasi exclusivement des clercs.

Si un document aussi rare par sa précision que le guide du pèlerin désigne explicitement un religieux comme architecte de Saint Jacques de Compostelle, et s’il est vrai que le fameux évêque SUGER donne des instructions lui conférant le rang de Maître d’œuvre les clercs participent habituellement à la construction en tant que commanditaires et gestionnaires du chantier. Ils choisissent le Maître d’œuvre, qui conçoit et dirige la construction de l’édifice toujours assujettie à des impératifs liturgiques qui imposent une architecture déterminée. Ce Maître d’œuvre, à la fois architecte, géomètre et ingénieur, dirige coordonne les différents corps de métier avec l’aide du perlier (ainsi nommé pour sa connaissance des différents dialectes parlés sur le chantier). Ces bâtisseurs - appareilleurs, maîtres maçons, tailleurs de pierres, charpentiers, sculpteurs, verriers, bardeurs et manœuvres - sont des hommes libres, rémunérés selon les termes de contrats préalables très détaillés.

Le savoir du maître d’œuvre est bien plus un savoir faire que le fruit d’une connaissance intellectuelle : pour inventer, il faut prendre des risques, expérimenter, ne pas oublier les échecs passés, les accidents, les effondrements de voûtes qui émaillent l’histoire des constructions des églises les plus grandes. C’est également un savoir fondé sur une géométrie comprise non comme un ensemble de théories et d’équations mais comme un art du trait, une géométrie à la fois rigoureuse et fortement empirique. Certains documents, tels les carnets du célèbre Villard de Honnecourt constituent des mémentos dont les figures permettent de redécouvrir des lois sans recourir à de véritables calculs.

Deux instruments fondamentaux sont le compas et la virga : le compas est un outil majeur permettant de reporter une même unité, de tracer des cercles, et donc de retrouver les arcs, les angles les tiers points etc. La virga, la canne du Maître d’œuvre, sert de règle pour les traits mais aussi d’étalon de longueur, indispensable sur le chantier. Bien qu’aucune unité ne soit encore universelle les dimensions se mesurant à celles de l'homme, avec l'empan le pied la coudée, l’absence de références communes n’entrave pas l’élaboration de plans.

Pour s’entendre sur l’édifice le Maître d’œuvre et les commanditaires, disposent de maquettes et de plans sans véritable échelle. Les plans servant à l’édification sont d’ailleurs (lorsqu’ils existent) d’une rigueur très relative, assurés de subir maintes adaptations sur des chantiers susceptibles de durer plus d’un demi siècle : cordeau, niveau, jauge, corde à nœuds, fil à plomb sont les instruments les plus fiables du terrain. Par ailleurs des dessins tracés au compas et à l’équerre sur les murs et sols connus sous le nom d’épures et réalisés à l’échelle un, servent au découpage de patrons (les gabarits ou panneaux) pour la réalisation d’éléments d’architecture.

La recherche d’une plus grande efficacité et du moindre coût conduit bientôt à exploiter ces gabarits pour standardiser au mieux pierres de taille, claveaux, éléments de remplage etc. Les tailleurs de pierres deviennent alors capables de tailler les pierres directement à la carrière et toute l’année, ce qui réduit aussi bien la charge des transports que l’effet économique de l’interruption de l’hiver. Le maître d’œuvre quant à lui devient libre de déléguer nombre de taches à des appareilleurs : il peut alors se dispenser de rester longuement sur un même chantier.

Le décor :

En hommage aux dieux aux quels ils sont consacrés, les temples sont toujours été ornés et les hommes du Moyen âge n’ont pas déroger à cette règle mettant au service de leurs églises toutes ressources de leurs arts.

La sculpture est une composante omniprésente de ce décor monumental, bien conservée elle pare chapiteaux, tympans des portails, et modillons. Les églises médiévales sont bien plus colorées que ne le laissent voir les pierres apparentes débarrassées de leurs crépis et de leurs enduits. En France ces peintures sont mal conservées car il s’agit rarement de fresques mais de peintures murales réalisées a tempera. Dans ce procédé au contraire de la fresque les pigments sont fixés par des colles sur un enduit sec. Ces colles finissent par se dégrader et les pigments tombent de leurs supports. Les peintures finissent par s’effacer.

Sculptures et peintures usent de thèmes variés : tantôt elles s’inspirent d’œuvres antiques ou copient des œuvres réalisée sur d’autres supports comme les enluminures sur parchemins ; tantôt elles s’appuient directement sur des lectures en particulier celle de la bible, ou sur l’observation. Elles surgissent souvent de l’imaginaire de l’artiste. Lorsque leur rôle est éducatif, les œuvre illustrent vie de saints, scènes bibliques ou mettent en images les vices et les vertus symbolisant ainsi les préceptes de la morale chrétienne. L’art des mosaïques qui use des mêmes thèmes sur les murs des églises paléochrétiennes et carolingiennes, se raréfie à l’époque romane pour disparaître totalement à l’époque gothique. Par contre cette dernière période déploie un pavement décoré dans lequel le labyrinthe tient une grande place.

A l’époque romane la sculpture est inséparable de son support et ses formes torturées se plient au cadre architectural : elle reste dans le domaine du bas ou du haut relief. Les niches ou les claustras créent des jeux d’ombres ou de lumières. A l’intérieur l’édifice conserve de grandes surfaces murales que la peintures vient habiller. Le vitrail magnifie la lumière et se constitue en art à part entière.

Conclusion

L’aspect des cathédrales est aujourd’hui dénaturé, isolées au milieu de place, encerclées par des boulevards, elles apparaissent comme des objets symboles sans fonction, coupées de la vie urbaine. Au moyen âge, la cathédrale dominait un ensemble de bâtiments qui formait une sorte de cité sainte l’ensemble était fermé par des murs et des portes pour préserver le calme et la sécurité : cet espace constituait une zone franche, ce droit d’asile s’étendait à toute l’église. A proximité de la cathédrale, on trouvait l’hôtel Dieu, car le soin aux malades était considéré comme l’acte d’amour qui rapprochait le plus de Dieu.

Encore aujourd’hui, pour chaque visiteur, l’atmosphère et le calme de la cathédrale contrastent singulièrement avec le monde extérieur. La vie moderne et ses bruits semblent étrangers à un édifice qui n’est pas perçu comme anachronique mais plutôt intemporel. Ainsi tout comme à ses débuts, la cathédrale continue de répondre à sa double fonction : matériel et symbolique. Matériel en tant que construction, symbolique en sa qualité de médiatrice entre visible et invisible.

Le message des hommes qui ont bâtit la cathédrale n’est pas pour autant appréhendé dans sa totalité, car sont ceux qui prennent le temps de lire le monument, c’est à dire de le comprendre. Mais la lecture de la cathédrale suppose avant tout la connaissance d’un langage technique, historique et religieux qui ne s’improvise pas. Il y a donc des lectures rapides et trop incomplètes. En fait, depuis son origine, la cathédrale propose plusieurs niveaux d’entrée et non une lecture unique et codifiée à jamais. Ainsi chacun peut s’approprier, faire sienne la cathédrale, en fonction de son propre cheminement intellectuel et spirituel, selon les motivations qui l’ont poussé à pénétrer au sein de l’édifice.

Prouesse technique ? Symbole émouvant d’une foi transcendante ? Lieu d’histoire ? Lieu de mémoire ? Lieu de prières ? Lieu de régénération ? La cathédrale est tout cela et bien plus encore car au delà du peuple chrétien, premier destinataire, la cathédrale interpelle l’ensemble de l’humanité. Avec elle et en elle se trouve résumée l’ultime étape de la destinée humaine : la comparution devant l’Eternel. Monument terrestre, la cathédrale parle aux hommes par les symboles qui ornent la majesté de son architecture. Certes elle reflète le savoir des générations d’hommes qui se sont associés pour la construire, mais elle se veut aussi et surtout témoignage et enseignement, illustration d’un ordre voulu par Dieu dans l’univers. Dans la cathédrale, l’homme est petit et grand à la fois.

Monument complexe et mystérieux, la cathédrale est une invitation à réfléchir sur le sens de sa vie tout en considérant sa place et son action dans la société : ce message était déjà connu des hommes qui ont élevé ces chefs d’œuvre d’architecture.

J’ai dit V\ M\


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