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La Règle et le Levier


Les épreuves du grade d’Apprenti consistent en une série de purifications par les élèments ayant pour but de dépouiller le nouvel initié de ses préjugés profanes pour le rendre apte à recevoir la lumière.
Ce nécessaire travail d’initiation a pour but de dégrossir la pierre brute pour la façonner en pierre cubique. En accédant au grade de Compagnon l’initié devient constructeur. Il rejoint ses Frères pour participer à l’édification du Temple, il prend l’engagement de s’associer à leur tâche en travaillant avec zèle, de toutes ses forces et sans défaillance à la réalisation du progrès de l’Humanité. 
Pour ce faire le récipiendaire se voit confier des outils d’architecture : le maillet et le ciseau, le fil à plomb, le niveau et l’équerre, la règle et le levier.

Je vais ce soir, plus particulièrement, vous entretenir de la Règle et du Levier.

La Règle, comme le maillet et le ciseau, fait partie de la panoplie de l’Apprenti . Au 1er degré elle symbolise le temps, les 24 heures de la journée, qui doivent être utilement utilisées par le Franc-Maçon. Elle sert donc à mesurer le temps et à vérifier l’ouvrage.
Ainsi pour sa réception au grade de Compagnon, le candidat se présente en loge, revêtu du tablier d’Apprenti , et porte sur l’épaule gauche la Règle à
24 divisions. 
La détention de cet outil à cet instant du rituel a une double signification :
 Ø      la Règle, outil de vérification et d’étalonnage a permis aux Maîtres de l’atelier de mesurer l’aptitude de l’Apprenti à postuler Compagnon.
 Ø      La Règle et ses 24 divisions témoignent du fait que l’Apprenti Franc-Maçon porte en dehors du Temple le fruit des travaux accomplis lors des tenues.

Lors du 2nd voyage accompli par le candidat au grade de Compagnon, celui ci se voit remettre par le Frère Expert, une Règle qu’il doit tenir en main gauche.
Portée côté du cœur, la Règle symbolise alors la loi morale, la rectitude.
Par essence la Règle est génératrice de ligne droite, sa rigidité nous donne la direction de la conduite dont nous n’avons jamais à dévier. Elle nous enseigne que nous devons être droits, justes et équitables dans nos relations avec nos semblables.
La Règle en maçonnerie, comme dans l’univers monastique, c’est la loi ; elle est empreinte de méthode et de rigueur ; elle crée l’unité et l’uniformité.
Ainsi dans la maçonnerie opérative, si l’on verse une quantité de plâtre ou de mortier entre deux tasseaux et que l’on fait glisser une règle sur ces deux guides on obtient une surface parfaitement plane.
La ligne droite générée par la Règle est susceptible d’être prolongée dans les deux sens jusqu’à l’infini. Cela, en fait, correspond à l’idéal supérieur vers lequel le Franc-Maçon doit tendre sans cesse, mais sans jamais perdre de vue la perfection poursuivie ni se départir de la réalité et des necessités concrètes.
La Règle rappelle au Franc-Maçon qu’il triomphera dans tout ce qu’il entreprend par la rectitude, en marchant toujours droit devant soi, avec résolution, franchise et loyauté.

« Donnez moi un point d’appui et un levier et je soulèverai la Terre » ainsi s’exprima Archimède lorsqu’il découvrit la loi d’application du levier .

Ce Levier, lors de la cérémonie de réception au 2nd degré, est remis au candidat en main droite alors qu’il tient la Règle en main gauche sur son cœur.
Mais quel est cet outil présenté comme « l’instrument actif par excellence auquel rien ne peut résister » ?
Archimède et le symbolisme maçonnique se rejoignent donc sur l’énorme pouvoir conféré à cet outil. Si au niveau mécanique les vertus du Levier ne sont plus à démontrer, qu’en est il sur le plan de la symbolique et plus particulièrement en ce qui concerne le Compagnon ?

Quelle est la nature de cette force, d’où vient elle ?

Qu’est ce qui peut décupler ses forces, le pousser à agir ?

C’est la volonté, sa volonté qui doit être :
 Ø      constante, c’est à dire réfléchie et inébranlable
 Ø      calme, c’est à dire dépourvue de toutes passions ou désirs matériels
 Ø      vigoureuse, c’est à dire réceptacle de toute son énergie
 Ø      et surtout, éclairée .

Ce Levier-volonté sera irrésistible si tant est qu’il prenne comme point d’appui une cause juste, noble et généreuse ; il sera invincible à la condition qu’il soit au service du droit absolu .
C’est en cela que le Levier doit être indissociable de la Règle, conjugaison du symbole de la force, de la volonté inflexible avec l’emblème du droit infléxible, de la loi morale dans ce qu’elle a de rigoureux et d’immuable.

 Au delà de l’outil il y a l’Homme. L’objet quel qu’il soit demeure un accessoire et dépend dans tous les cas de celui qui l’utilise et lui donne vie.

Le Levier nous aide à comprendre que seul rien n’est possible. Immobile et statique, appuyé sur des bases instables, il lui est impossible de se redresser.
Sans outil le Compagnon ne pourra être bougé, élevé et enfin trouver sa place dans le Temple qu’à force de travail.
Travail sur lui même bien sûr, mais travail avec et pour les autres Frères mais aussi pour les hommes sans distinction d’origine sociale, de race et de religion dans un esprit de tolérance et de fraternité.
En somme, aider les autres pour s’aider soi même ; élever les autres pour s’élever soi même.

S’il est indispensable d’avoir un idéal, de se mobiliser tout entier pour l’atteindre bien entendu sans perdre ses valeurs, il est tout aussi important voire primordial, de partager cet idéal, de mettre en commun des volontés et d’unir nos forces sans jamais déroger à la règle de loyauté et de franchise.

Une phrase prononcée par le Vénérable Maître durant la cérémonie de réception a particulièrement retenu mon attention. Elle contient tout à la fois une magnifique invitation et un redoutable engagement et, en filigrane, synthétise l’action de la Règle et du Levier :

« A l’image des colonnes harmonieuses qui se dressaient à l’entrée du Temple de Salomon, soyez vous même une Colonne vivante qui s’élève dans les hauteurs, tout en s’appuyant sur la terre qui vous a donné naissance. Vous deviendrez ainsi l’un des piliers inébranlables de notre Temple. »

Je peux vous affirmer, mes Frères, qu’après deux ans de présence parmi vous, dans cet atelier, rien ne pouvait plus me toucher que cette proposition. Je suis pleinement conscient que le chemin est encore très long, qu’il me faudra une volonté sans faille pour parvenir à me redresser et à devenir un point d’appui solide de notre Temple.
Je sais pouvoir compter sur chacun de vous pour être ma Règle et mon Levier.

Pour conclure, que penseriez vous d’un monde profane dans lequel :
 Ø      la Règle serait le Respect
 Ø      le Levier serait l’Amour ou la Fraternité ?

Vénérable Maître et vous tous mes FF\ , j’ai dit .

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