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Le symbolisme de la règle
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Ce deuxième travail que je vais vous présenter tentera de traiter du symbolisme de la règle, en corrélation avec mon niveau de connaissance, et de mon interprétation personnelle des différents articles dont j’ai pris connaissance et qui traitent de ce sujet.

Commençons tout d’abord par une définition profane : La règle du latin « regula » est un instrument allongé qui sert à tracer des lignes droites. Elle peut être graduée ou non.

Nous connaissons tous l’utilité de cet instrument dans le monde profane, pour l’avoir utilisé dès notre plus tendre enfance à l’école. Elle permet de tracer une droite et de mesurer une distance. Mais qu’elle est sa raison d’être dans le monde de la franc-maçonnerie ?

Pour répondre à cette question, il est indispensable de dissocier le caractère opératif de l’outil tel qu’il était utilisé en franc-maçonnerie opérative, et son caractère symbolique en maçonnerie spéculative.

Si nous considérons le caractère opératif de cet outil : lorsque la règle est associée au compas, elle permet de réaliser presque toutes les figures géométriques. De la mesure au tracé, la règle est donc un outil indispensable à la réalisation des plans. Lorsque un travail est achevé, elle permet, de par sa mesure, de valider la réalisation en adéquation avec les plans. Elle est donc présente du début à la fin des travaux. A la différence du ciseau qui ne peut tailler la pierre qu’en s’associant au marteau, qui lui fournit l’énergie nécessaire, la règle se suffit à elle-même. Elle est autonome. Pour cette raison, elle est définie comme outil actif.

Si nous considérons le caractères symbolique de cet outil : La règle symbolise en premier lieu la rectitude, associée au verbe « regere » de par sa racine latine « regula », qui signifie diriger. Elle nous permet de suivre la voie : Notre chemin de franc-maçon.

Lorsqu’elle n’est pas graduée, elle symbolise l’infini. Son utilité n’est pas à la mesure, mais au tracé.

La règle nous donne donc le chemin à suivre. Un chemin qui s’étend vers l’infini. Le voyage d’un F\ M\ serait-il donc sans fin ?

Remémorons-nous les paroles du V\ M\ : A chaque clôture des travaux, il nous annonce « Nos travaux sont terminés. De longs et pénibles efforts seront encore nécessaires avant que notre tache soit achevée. La pierre brute est à peine dégrossie. » Ces quelques mots changeront-ils un jour ?

Non, ces paroles sont et resteront à jamais les mêmes. Il semble donc être évident que le but à atteindre est une utopie. Le travail d’un franc-maçon est sans limite. Sa tache ne sera jamais achevée. Alors pourquoi doit-il continuer ?

Parce qu’aucun d’entre nous n’oublie le principe de la franc-maçonnerie qui est énoncé en ces termes dans notre livret d’apprenti : La Franc-maçonnerie travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité » : Amélioration et perfectionnement, deux synonymes qui intrinsèquement n’induisent aucune fin, et il est vrai, que nous espérons tous l’immortalité de l’humanité. Tout est dit dans cette phrase, la fin n’existe pas.

Et, comme nous le savons tous, le rite est un invariant pour chaque atelier. Il est infini, comme la règle, de par son aspect cyclique et son atemporalité. Il se répètera sans cesse identique à lui-même. Mais c’est aussi un guide. Il contient tous les éléments nécessaires, à un franc-maçon. Des éléments qui lui permettront d’avancer, de se perfectionner. En fait, de réaliser son devoir de franc-maçon. Et en faisant le parallèle entre règle et rite, comme la règle est présente dans tous les rites quelque soit l’obédience, on pourrait dire que la règle est une abstraction du rite. La règle peut être identifiée à un méta rite.

De plus, en continuant notre oeuvre hors du temple, nous transmettons la règle au monde profane. De franc-maçon à profane, de profane à profane, elle circule et peu potentiellement s’étendre à l’infini hors du lieu sacré. L’infini s’identifiant à l’ensemble des hommes et femmes présents sur cette terre et à leur descendance. Le franc-maçon doit cependant s’assurer qu’elle est transmise sans erreur. Un peu à l’image de la circulation des mots de semestre, il doit s’assurer que le message transmis revient conforme à celui qu’il a émis. Le retour de profane à franc-maçon est indispensable.

De par sa rectitude, la règle symbolise la direction à prendre, celle de la droiture morale.

De par son caractère infini, elle symbolise l’atemporalité et l’étendue du travail d’un franc-maçon.

Et lorsqu’elle se pare de graduations, elle se divise en 24, à l’identique des heures de la journée. Elle est aussi le produit des quatre premiers nombres entiers (1 x 2 x 3 x 4). Le travail d’un franc-maçon est effectif à toute heure du jour et de la nuit. La règle nous le rappelle encore.

Un franc-maçon doit-il être malheureux pour autant ? Savoir que son travail ne sera jamais achevé. Comme nous l’a dit notre F\ Serge lors de sa planche sur le bonheur : « Le bonheur est dans le prés ». Le bonheur d’un franc-maçon n’est-il pas de se voir tel qu’il est au moment présent ? Le bonheur d’un franc-maçon n’est-il pas de se rendre perfectible, pour pouvoir revenir sans cesse sur ce qu’il est ?

Le grand expert, porte la règle sur son cordon. C’est lui qui a en charge le contrôle de la construction. Elle est associée à l’épée et à l’œil qui voit tout. Le grand expert en est le garant dans le Temple. Nous en sommes les garants dans le monde profane.

Puis lorsqu’elle nous permet de mesurer notre travail. Elle mesure qui nous sommes. Cette mesure se fait à un instant unique : le présent. Un des rares instants ou nous pouvons ressentir le bonheur, le bonheur d’être franc-maçon.

Et si la règle nous dicte notre droiture morale, elle est aussi intérieure. Elle permet donc de se rapprocher de la verticale, de nous recentrer sur nous même en allant à l’essentiel.

En assemblant cette analyse et les réflexions de notre S\ Gisèle, lors sa planche sur « le voyage », et de notre F\ Maxime, lors de sa planche sur « la verticale », nous pouvons en déduire que notre travail de franc-maçon est un voyage intérieur qui suit la droiture morale. Quel est le chemin le plus court ? C’est bien sûr, la ligne droite que nous permet de tracer la règle.

 Pour conclure, je voudrais dire que la règle est représentée par son symbole, mais aussi par tous les frères et les sœurs de cet atelier. Pourquoi ? Lorsqu’on me pose la question : « Etes vous franc-maçon ? », je réponds « Mes frères et mes sœurs me reconnaissent comme tel ». Par cette réponse, je sous entends que mes frères et mes sœurs me jugent. Ils jugent que je suis sur la bonne voie, que je suit la règle.

Ce sont les frères et les sœurs de notre atelier qui constituent la règle.

D’ailleurs, au travers de la chaîne d’union, lorsque nous la construisons à l’identique de nos frères du passé, nous contribuons à perpétuer la règle. Sans mes frères et mes sœurs du passé, la règle n’existerait pas, et elle n’existerait pas sans ceux du présent.

Frédéric BAR\

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