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La recherche de la Vérité à travers le monde des Idées de Platon
et l’allégorie de la caverne

Pour ouvrir notre thème annuel et à l’approche de l’anniversaire de notre loge je vais vous présenter quelques réflexions sur un thème central dans la réflexion philosophique dès l’Antiquité, celui de la recherche de la vérité.

Après vous avoir brossé un portrait de Platon et de ce qu’il entendait par recherche de la vérité nous nous arrêterons sur la théorie des Idées développées par le philosophe et sur l’allégorie de la Caverne, tirée de la République, dialogue « pédagogique » décrivant la cité juste imaginée par Platon et à destination des politiques athéniens.

De là, j’ai voulu mettre en parallèle l’enseignement du philosophe et notre recherche maçonnique et ce sont ces dernières pistes de réflexion que je vous laissera pour nourrir votre recherche de la vérité.

1 Platon et la recherche de la Vérité

Platon est né à Athènes en 428-427 av. J.-C et mort en 348-347 av. J.-C. C’est un philosophe grec, contemporain de la démocratie athénienne et des sophistes, qu'il critiqua vigoureusement. Il reprit le travail philosophique de certains de ses prédécesseurs, notamment Socrate, et Pythagore, afin d'élaborer sa propre pensée qui explore la plupart des champs importants, notamment la métaphysique, l'éthique, l'esthétique et la politique.

Son oeuvre, composée presque exclusivement de dialogues, est d'une grande richesse de style et de contenu, et produit sur de nombreux sujets, les premières formulations classiques des problèmes majeurs de l'histoire de la philosophie occidentale.

Chaque dialogue de Platon interroge un sujet donné, par exemple le beau ou le courage. La pensée de Platon n'est pas monolithique : une partie de ses dialogues aboutissent à des débats philosophiques, et ses dialogues qui apportent une solution aux problèmes posés ne constituent pas une réponse unique et définitive.

Platon est l'inventeur de la théorie des Formes, qu'on appelle plus communément théorie des Idées : celle-ci interprète le monde sensible comme un ensemble de réalités participant de leurs modèles immuables. La Forme suprême est, selon le contexte, tantôt le Bien, tantôt le Beau. La philosophie politique de Platon considère que la Cité juste doit être construite selon le modèle du Bien en soi.

Platon devint le disciple de Socrate durant neuf ans, de 408 à 399, jusqu'à la condamnation de Socrate. Après la mort de celui-ci Platon transmit l'enseignement de son maître tout en se l'appropriant et en le transformant peu à peu.

Platon fonda, en 387 à Athènes une école selon le modèle des pythagoriciens, nommée « l'Académie » en référence au gymnase d'Acadèmos tout proche.

Il y enseigna pendant quarante ans. Sur le fronton de l'Académie était gravée, selon la légende, la devise « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre ». On y poursuivait des recherches scientifiques ; l'enseignement des sciences exactes y préparait à l'étude de la philosophie, considérée en elle-même, et dans ses applications à la politique.

Vers 370, Platon traversa une longue crise intellectuelle, durant laquelle il s'est interrogé sur sa théorie des Idées (interrogation qui traverse les dialogues du Parménide et du Sophiste). Il prit conscience de la difficulté d'association, non symétrique des Idées avec les choses sensibles, ainsi que de l'association des Idées entre elles, de même que la communion entre les Idées et le Bien. En même temps, il semblait admettre un ordre dans le sensible, et s'orienter vers un certain dualisme de type oriental.

Dans ses dialogues de vieillesse, surtout dans le Timée, sa philosophie changea quelque peu. Il semble aussi que, peut-être vers 350, Platon ait donné un enseignement oral d'orientation dualiste et pythagorisante, centré sur les Nombres idéaux. Il meurt à 80 ans au cours d’un repas de noces.

Pour le sujet qui nous occupe ce soir commençons par quelques précisions. Au sujet de la Vérité on pourra interpréter ce terme par la Connaissance. La recherche de la Vérité ou de la Connaissance est intéressante pour Platon car on peut l’atteindre.

C’est un thème de réflexion fondamental dans la philosophie dès l’Antiquité. Pour Platon la connaissance n’a pas de sens si elle est simplement récitée par celui qui énonce la vérité. Il est inutile de répéter ce qu’on a appris. En effet le but est de pouvoir prouver chacune des vérités que l’on énonce. On doit toujours s’approprier les connaissances sans se contenter de les réciter et chacun se doit de venir autonome dans la recherche de la vérité. Ainsi « l’homme libre ne doit rien apprendre en esclave (…) les leçons que l’on fait entrer de force ne restent point ».

La connaissance est pour Platon une activité de l'âme au contact de différents objets. Parmi ces objets se trouve l'ensemble des choses sensibles dont la totalité constitue le monde. Le vivant, que Platon définit comme un corps animé, c'est-à-dire doté d'une âme, est affecté par ces objets sensibles, ainsi que par les processus internes à l'organisme. Platon nomme les impressions ces mouvements provoqués dans le corps par les objets extérieurs au sujet qui perçoit. Toutes les impressions ne sont pas perçues par l'âme, seules le sont les sensations qui consistent en jugements de l'âme sur les objets qui l'entourent.

Les impressions sensibles ne donnent pourtant pas le vrai, et Platon via la voix de Socrate peut ainsi réfuter la thèse selon laquelle la science est sensation. Il est alors aussi impossible que l'âme parvienne à des jugements vrais à partir des impressions : ces jugements, qui sont des opinions, ne peuvent en effet se justifier par aucun critère, si ce n'est par une autre impression. La réfutation de l'idée d'une connaissance à partir du monde sensible en tant que devenir permet à Platon de développer l'idée d'une science qui ne porte pas sur les impressions des sens ni sur
les opinions que l'âme peut former sur elles, mais sur une réalité qui sera seulement perçue par une puissance intellectuelle, et qui recevra, pour cette raison, le nom de réalité intelligible. Cette réalité, et la puissance de l'âme qui la connaît, doivent être postulées afin de maintenir la possibilité d'une connaissance vraie.

Ce faisant, Platon suppose deux choses : que la fondation du savoir présuppose l'équivalence entre être et vérité ; que l'âme doit être une réalité parente des réalités intelligibles, afin de pouvoir les contempler. Sans cette hypothèse d'une appréhension par l'intellect de l'âme, de réalités non sensibles, toute pensée et tout discours seraient impossibles.

Aussi à la suite de Socrate Platon va-t-il développer une théorie qui se présente moins sous la forme d'un système, que d'un ensemble de thèmes qui apparaissent dispersés dans des dialogues philosophiques. Pour lui, tant dans le domaine de la connaissance que dans ceux de la morale et la politique, les problèmes rencontrés touchent aux changements et à l'instabilité des réalités. La résolution de ces difficultés pourra donc prendre aux yeux de Platon la forme d'une hypothèse unique, c’est ce que l’on appellera la « théorie des Idées ».

2 La théorie des Idées et le mythe de la Caverne

L’objet de la Connaissance réelle ne peut être le monde sensible.

Platon nomme Forme ou encore Idée l'hypothèse des réalités intelligibles. Ces Formes sont les véritables objets de la définition et de la connaissance. Platon déduit que les Idées sont des réalités immatérielles et immuables, qui demeurent éternellement identiques à elles-mêmes, universelles et intelligibles, seules réellement étant, et indépendantes de la pensée.

Ainsi, contrairement aux choses sensibles, dont la réalité est changeante, les Idées sont l'unique et vraie réalité. Cette réalité est désignée par Platon en ajoutant des adjectifs : réalité vraie, par exemple, ou par des comparatifs : « ce qu'il y a de plus réel », afin de la distinguer de la réalité sensible.

Si les choses sensibles ont quelque réalité, elles doivent la recevoir de ces Idées.

Les Idées sont également immuables, stables et éternelles pour la même raison. Elles sont aussi universelles, parce que si le sensible reçoit ses qualités d'elles, alors ces qualités introduisent de la ressemblance entre les choses sensibles, c'est-à-dire que ces qualités sont présentes dans plusieurs choses déterminée par une même Forme qui s'apparente alors à une classe. Enfin, les Formes sont indépendantes de la pensée : objets du savoir, elles doivent en effet exister hors de nous, sans quoi elles seraient subjectives, autrement dit relatives à un sujet, et changeantes selon les affections sensibles de celui-ci, ce qui les rendrait particulières et dépendantes de nos opinions. Cette théorie des Idées, ou théorie des formes intelligibles, qui constitue l'essentiel du platonisme, peut donc être résumée à deux notions, celle de Forme, qui désigne l'être intelligible, et celle de participation, qui désigne le rapport de l'être intelligible au devenir sensible, rapport par lequel ce dernier est déterminé et est connaissable. Du vivant de Platon, cette théorie s'est heurtée à des objections, que l'on retrouve formulées par Aristote dans La Métaphysique.

Platon a lui-même formulé un ensemble d'objections, dans le Parménide, sans toutefois remettre en cause l'existence même de ces Formes, car elles sont à ses yeux des conditions nécessaires du discours et de la conduite humaine. Ces objections portent essentiellement sur l'impossibilité pour une Forme de se trouver en plusieurs réalités sensibles sans perdre son unité ou son identité, et sur la difficulté de doter les Formes d'une puissance causale qui, d'une part, contredit leur immuabilité, et, d'autre part, les fait entrer au contact du sensible, en leur faisant perdre de ce fait leur statut ontologiquement supérieur. Platon tentera de répondre à ces objections en reformulant le rapport des Formes aux réalités sensibles, par l'introduction de l'activité d'un démiurge, qui est décrite dans le Timée, c'est-à-dire par une récit mythique de la mise en ordre de l'univers en un tout ordonné.

Pour résumer : les idées ont aussi quelques caractéristiques significatives de l’esprit platonicien :

• Elles sont pures et exemptes de mélange, tout au moins dans le monde de leur existence originelle et « vraie ».

• Elles sont stables et permanentes. On dira plus tard « éternelles », c’est-à-dire indépendantes du temps. Elles doivent aussi l’être, par conséquent, des circonstances et des conditions. L’idée platonicienne n’est pas conditionnée.

• Elles ont constitué un monde originel vers lequel nous devons nous tendre par l’exercice de la dialectique et de la politique « vraie ».

Passons au mythe : un autre aspect de l’idéalisme platonicien réside dans le contenu même du mythe ainsi introduit comme référent réel.

Le mythe de la caverne qui nous intéresse aujourd’hui nous renvoie aux Idées pures et non mélangées entre elles ni dégradées dans leurs incarnations, et dont nous aurions eu une première connaissance directe avant notre chute au fond de ce trou sombre où nous sommes maintenant enchaînés. Un autre mythe, celui de la régression du monde nous renvoie à un temps premier, assez semblable à l’Age d’or, où les natures étaient gouvernées par leur essence propre, et allaient donc à l’endroit selon la volonté de la divinité, alors qu’elles sont maintenant à l’envers et sont gouvernées par les corps. Les mythes platoniciens nous décrivent donc des situations où le réel est et devrait être subordonné à des concepts. On retrouve là les deux significations que prendra par la suite le terme d’idéalisme dans le langage courant : à la fois les idées sont, d’une part, le fondement des êtres dans leur existence et, d’autre part, elles en sont aussi la finalité, le modèle de ce qu’ils devraient être, leur essence étant de se conformer à une idée.

Je rappelle les grandes lignes du mythe exposé dans le Livre VII de La République. L’allégorie met en scène des hommes enchaînés et immobilisés dans une demeure souterraine qui tournent le dos à l'entrée et ne voient que leurs ombres et celles projetées d'objets au loin derrière eux.

Dans une demeure souterraine, en forme de caverne, des hommes sont enchaînés. Ils n'ont jamais vu directement la lumière du jour, dont ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos.

Imaginons l'un d'entre eux libéré de force ( ! ) de ses chaînes et accompagné vers la sortie. Il sera d'abord cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pas l'habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l'on veut lui montrer. Alors, ne voudra-t-il pas revenir à sa situation antérieure ? S'il persiste, il s'accoutumera. Il pourra voir le monde dans sa réalité. Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n'est qu'en se faisant violence qu'il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d'imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire et risqueront de le tuer.

L’allégorie expose en termes imagés la pénible accession des hommes à la connaissance de la réalité, ainsi que la non moins difficile transmission de cette connaissance.

La caverne symbolise le monde sensible où les hommes vivent et pensent accéder à la vérité par leurs sens. Mais cette vie ne serait qu'illusion. Le philosophe vient en témoigner par une interrogation permanente (à laquelle Platon se livre tout au long de l'oeuvre), ce qui lui permet d'accéder à l'acquisition des connaissances associées au monde des idées comme le prisonnier de la caverne accède à la réalité qui nous est habituelle. Mais lorsqu'il s'évertue à partager son expérience à ses contemporains, il se heurte à leur incompréhension conjuguée à l'hostilité des personnes bousculées dans le confort (illusoire) de leurs habitudes.

3 La recherche de la Vérité, un travail pour le philosophe ou pour le Franc-maçon ?

Cette allégorie est située au coeur d'un des dialogues les plus importants de Platon, La République, et elle expose la théorie du philosophe de l'acquisition des connaissances. Platon montre que la connaissance des choses nécessite un travail, des efforts pour apprendre et comprendre.

Cette allégorie est à destination des politiques, Platon veut construire une oeuvre pédagogique et n’oublions pas que la République est avant tout l’apologie de la cité juste, gouvernée par des gardiens (philosophes), défendues par des guerriers et alimentées par des ouvriers.

Dans d'autres dialogues usant d’allégories, notamment dans le Phédon, Socrate considère le monde sensible comme la prison de l'âme. Quant au monde intelligible, auquel peuvent accéder ces mêmes âmes par la philosophie, il est la seule réalité authentique pour lui.

Dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui l'allégorie de la caverne est pour Platon plus qu'une simple métaphore, mais en aucun cas un mythe. Il s'agit d'une représentation de la réalité de ce que peut vivre une personne ayant fait son chemin de réflexion, d'élévation d'elle-même ; c'est-à-dire son propre parcours initiatique qu'elle ne doit pas réserver pour elle-même mais qu'elle doit savoir offrir aux autres, jusque dans l'accomplissement d'un devoir auprès de ses semblables, devoir de prise de responsabilités publiques. On peut dire que l'allégorie représente la valorisation de l'homme dans son existence réelle. Tout un symbole !

Ce qui m’a ramené à notre démarche maçonnique et à notre propre chemin initiatique. En quoi le monde des idées et l’allégorie de la caverne sont-ils parlants pour nous Francs-maçons ? Selon moi on peut trouver des parallèles entre la recherche philosophique de la vérité et notre recherche maçonnique.

L’allégorie de la caverne m’a rappelé une certaine cérémonie initiatique que nous avons tous vécu.

De nombreuses analogies m’ont frappé et comme l’a fait notre frère Philippe dans son travail de présentation sur Platon je commence à croire que les fondateurs de notre Loge n’ont vraiment pas choisi notre patronyme au hasard il y a près de 80 ans maintenant.

Celui qui est enfermé dans la caverne et qui découvre la lumière ne vous rappelle-t-il pas vous-même lorsque le bandeau vous fut enlevé après un séjour dans l’obscurité du cabinet de réflexion ?

Il a ceci de différent de nous qu’on lui impose la liberté ( ! ) et qu’il va seul vers la lumière. Nous, nous avons choisi de prendre le chemin puisque nous avons demandé à recevoir la Lumière et que nous avons été accompagné jusqu’au moment où le bandeau nous a été enlevé.

Tout comme cet homme nous avons été dans l’obscurité jusqu’au moment de voir, et comme lui nous avons alors été éblouis, déstabilisés lorsque nous avons vu.

Comme cet homme nous sommes amenés à suivre notre propre chemin pour parvenir à la Connaissance. Comme lui nous devons appréhender différemment ce qui nous entoure et le monde dans lequel nous vivons. Pour lui les objets ne sont plus seulement des ombres, ils ont pris forme et couleur. Nous, nous utilisons des symboles et nous devons aller au-delà de leur signification première pour en dégager un sens caché.

Il y a néanmoins certaines différences dans les deux méthodes employées pour parvenir à la Connaissance.
Chez Platon l’homme est « obligé » de sortir de la caverne. Et rien ne dit qu’il n’aurait pas préféré rester dans sa caverne.
Nous, nous demandons à entrer dans le temple.

L’homme sorti de la caverne est immédiatement exposé aux rayons du soleil et doit se faire lui-même et a priori sans aide, sa propre idée du monde qui l’entoure.

En maçonnerie, lors de l’initiation la Lumière nous est donnée une première fois la loge est encore plongée dans la pénombre, la deuxième fois elle est en pleine lumière, tout ça comme pour prendre une précaution supplémentaire dans l’exposition au soleil. Et les apprentis sont ensuite placés sur la colonne du Nord, là où la Lumière du soleil est doucement reflétée par la lune comme pour les protéger.

En maçonnerie l’apprentissage se fait progressivement, par le biais des grades. Notre démarche est progressive, et chacun d’entre nous doit faire l’effort de comprendre en tâtonnant, comme l’évoque ce passage de notre instruction d’apprenti : « je ne sais ni lire, ni écrire, donnez moi la première lettre et je vous donnerai la suivante… ».

Dans l’allégorie le message fort est de ne pas prendre pour vraies les données de nos sens. Notre méthode maçonnique, via le symbolisme, nous apprend à dépasser l’apparence des choses.

Dans son allégorie Platon nous enseigne aussi qu’il faut aussi dépasser les préjugés formés par l’habitude. Nous, nous nous débarrassons nous aussi de nos aspérités et de nos préjugés en taillant inlassablement notre pierre brute pour en faire une pierre taillée. Nous privilégions la Connaissance à l’opinion commune.

Platon met également en évidence la difficulté pour les hommes de changer leur conception des choses et leur résistance au changement. Nous nous luttons pour progresser individuellement avant de pouvoir faire progresser les autres.

Le philosophe a pour mission de montrer aux hommes leurs erreurs, les Francs-maçons ont pour mission de participer à l’élévation spirituelle de l’Humanité par leur exemplarité sans donner de leçons.

Chez Platon la connaissance que nous nous faisons du monde est biaisée, et tout comme les habitants de la caverne nous nous confondons dans l’illusion. Les causes de cette illusion sont selon le philosophe :

  • l’enfance et les comportements conditionnés en partie par l’éducation que nous avons reçue.
  • le conditionnement socio culturel qui influe sur nos perceptions et nos jugements.
  • l’habitude qui stérilise la réflexion.
  • le piège des impressions sensibles.
  • la corruption de la raison par l’imagination.
  • la paresse et la lâcheté.

L’effort consiste donc à s’affronter soi même et à ne pas se laisser séduire par ceux qui peuvent entretenir les illusions.

En Maçonnerie nous travaillons à changer le vieil homme que nous sommes, à l’amener à la renaissance, mais sans pour autant tout renier de notre patrimoine éducatif, familial. Le tout pour nous est de parvenir à nous dépasser et à nous connaître nous-mêmes.

Platon a pour but de créer la cité juste, les Francs-maçons ont pour but le perfectionnement de l’Humanité.

Ainsi dans l’allégorie le philosophe voit que sa mission est de montrer aux prisonniers leur erreur, eux qui discourent sans fin sur les ombres, persuadés qu'elles sont la seule réalité. Il revient faire leur éducation. Mais là, il est fort mal reçu par ces mi-aveugles qui ne croient pas en l'existence du monde des Idées, pourtant le véritable monde, car selon le philosophe l'être humain est une âme bien plus qu'un corps. Un être humain est une âme immortelle, appartenant au monde des Idées, une âme enchaînée dans un corps prisonnier des apparences sensibles.

Il en est un peu des maçons comme des philosophes. Notre travail est aussi de porter au dehors l’oeuvre commencée au-dedans, mais la réception de nos idéaux dans le monde profane n’est pas chose aisée comme le disaient nos F\ F\ A\ A\ dans leur travail sur l’OEuvre Collective, loin sans faut.

Au final il y a me semble-t-il beaucoup d’analogies entre cette allégorie de la caverne et notre recherche maçonnique. Pour Platon la condition première de l'humanité, c'est l'ignorance dont il faut se départir impérativement : produit de notre éducation et de nos habitudes, elle nous rend prisonniers des apparences.

Nous aussi combattons l’ignorance, à commencer par la nôtre. Socrate prétendait que tous les hommes étaient capables de découvrir des vérités philosophiques à condition d’utiliser leur raison. Il en est de même pour nous. Tout homme peut devenir Franc-maçon pourvu qu’il renonce à s’accrocher aux reflets du monde extérieur et qu’il laisse ses métaux à la porte du temple.

Comment conclure ? Je pense que Platon via cette allégorie nous a montré le chemin de la connaissance.

2500 ans environ après lui, les hommes continuent à philosopher et à chercher la vérité. Nous autres, nous continuons également à la chercher, mais d’une manière différente. Nous avons déjà bénéficié de son enseignement du vieux sage.

Selon moi, ce qui est sûr c’est que notre propre vérité ne peut être atteinte que par nous-mêmes, à l’intérieur de nous, à partir de nos idées et de nos valeurs. Et le tout à grand coup de VITRIOL et de coup de ciseau savamment buriné. C’est là tout le rôle de l’apprenti maçon que nous avons été, que nous sommes devrais je dire. Au lieu de rester dans le monde des idées et de cherche à l’atteindre à tout prix en se coupant du reste, il me semble plus approprié d’arriver à concilier ce monde des formes au monde sensoriel et de faire le lien entre les deux pour parvenir à la Connaissance. Et pour cela notre méthode maçonnique me semble la plus efficace, jusqu’à preuve du contraire.

J’ai dit Vénérable Maître.


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