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Date : NC


La légende d'Hiram

L'élévation au grade de Maître Maçon se fait par un rituel où le compagnon se fait raconter une belle histoire : celle d'un architecte nommé Hiram dont l'histoire est contée par le Très Vénérable Maître. L'histoire raconte qu'Hiram fut à la tête d'une armée de plus de 180000 ouvriers qui travaillèrent durant des années à l'édification du Temple du Roi Salomon. Seul les rois et les papes font édifier des temples et utiliser 180000 ouvriers pendant de longues années à édifier un palais qui porte son non ne parut pas outre mesure extravagant à celui dont la sagesse resta par ailleurs une autre légende dans l'humanité.

L'histoire raconte comment Hiram fut assassiné par trois mauvais compagnons qui s'estimaient ayant-droit au grade de Maître et comment ceux-ci cachèrent le corps de l'Architecte dans le désert. Lors de mon élévation au grade de Maître, c'est à ce point de l'histoire que le Très V\M\ me donna un coup sur la tête qui fut à la mesure du sérieux de l'histoire et je failli suivre Hiram sur son funeste chemin … c'est ici que l'histoire se mit à m'impliquer, moi qui jusque là, écoutait la légende qui m'était contée.

Je me retrouvai couché en état de mort symbolique et fut ramené à la vie par le Très V\M\qui combina les efforts des Maîtres au troisième degré après deux essais infructueux du premier et du second surveillant par l'attouchement d'Apprenti puis celui de Compagnon. J'étais mort symbolique et je ne réagis ni à l'appel d'une vitalité restante ni à la force qui devait encore m'habiter. Ce fut une mort initiatique qui comme toutes les morts initiatiques est un passage obligé qui permit une renaissance à une autre vie. Celle-ci me fut donnée par un nouvel influx, quelque chose que je n'avais pas encore rencontré jusque là. Ce furent l'ensemble de mes frères, qui en combinant leur efforts psychiques purent alors me transmettre l'étincelle de la nouvelle vie que je devais alors découvrir.

Chaque initiation est une mort symbolique permettant de passer à un plan supérieur de conscience. Le Tuileur nous le rappelle en nous demandant d'avoir une pensée pour ceux qui vont connaître "l'ultime initiation que les profanes appellent la Mort".

Ce mythe de la mort conduisant à une renaissance sur un plan supérieur d'existence est courant dans la plupart des cultures. Jésus-Christ lui-même à promis la vie éternelle à ceux qui seront ramenés à la vie pour le Jugement Dernier. Les Bouddhistes dans leur philosophie, conçoivent la réincarnation comme le principe même de la finalité de l'univers ou l'esprit finit par se mêler au Grand Tout après des cercles d'intégration de plus en plus profonde. Plus simplement, la mort est une des nécessités de l'évolution et ce depuis que Darwin nous en a montré le schéma. Pour qu'une espèce survive, elle doit évoluer par mutation et cela passe par la mort de l'ancienne mouture. De même, nous ne serons amenés à évoluer vers d'autres dimensions qu'en ayant renoncé définitivement à celle qui nous englue aujourd'hui.

Pour accéder aux secrets que la Maîtrise devrait me permettre de découvrir, je devais d'abord mourir à la vie que j'ai vécue jusqu'aujourd'hui. Seule cette épreuve finale qui me lave des scories de la vie profane, me permettra de continuer sur la voie que je me suis choisie.

La résurrection est le fruit d'une transcendance sur la vie et une puissance qui n'appartient qu'au créateur et non à ses créatures. Si je revins à la vie de part l'effort conjugué de mes Frères, je ne renaquis que parce qu'une parcelle de divin me fut donnée. Je suis revenu à la vie car j'ai acquis une partie d'Hiram comme si celui-ci était l'Etre original et unique qui, par scissiparité, se reproduirait en chacun des Maîtres qu’il engendre. Le Maître est mort mais il survit par sa pensée et son enseignement, et j'en porte une partie en moi.

Par ce geste, je suis métamorphosé en un nouvel Hiram, je suis investi d'une partie de sa sagesse et de son savoir. Cela m'est nécessaire car au contraire d'une religion qui me dicte la voie à suivre, la Maçonnerie me donne les outils qui me permettront de cheminer en découvrant cette route hasardeuse où je maintiens mon libre arbitre et donc mon potentiel d'erreur. Avec cette parcelle du Maître des maîtres qui m'est transférée, je puis alors mourir intellectuellement et spirituellement pour renaître en un nouvel individu, une nouvelle structure complète, harmonieuse et ouverte à une vie spirituelle, prête à continuer dans la voie qui me mènera à fusionner avec l'Etre Unique à la fin du temps et de l'espace. A ce moment, je serai dissous dans l'ensemble et serai vraiment devenu le fils de la Mort, un véritable "Enfant de la Veuve". Je m'interroge sur l'idée que j'y conserverai mon libre arbitre ou si la synergie sera totale et la création enfin complète.

Hiram nous montre aussi que la mort est préférable au déshonneur car à aucun moment, il n'accepta de nommer à la maîtrise ces compagnons qui n'en étaient pas dignes. Les trois "mauvais compagnons" avaient nom Ignorance, Fanatisme et Ambition dont on ne disconviendra point que l'un et l'autre on conduit l'humanité à de profonds drames. Par opposition, ma renaissance spirituelle m'aura donné les moyens du Savoir, de la Tolérance et du Détachement.

En suis-je capable ? Suis-je vraiment devenu celui qui s'est maintenant débarrassé de ses oripeaux profanes pour accéder à cette finalité suprême qui est d'œuvrer au perfectionnement de l'Humanité par la réalisation du mien ? Rien n'est moins sûr pour l'instant mais ce qui est rassurant, c’est de voir que mes frères m'en pensent capable.

Cette histoire nous dit aussi que notre ordre est un système moral, voilé par des allégories et illustré par la symbolique. Si le temps de l'Apprenti est bien imprégné de cela, celui du Compagnonnage est dédié à l'érection du Temple lorsque la pierre brute est devenue cubique. Le troisième degré lui, nous montre le chemin de la Grande Loge Suprême dont la foi en l'immortalité est la condition essentielle.

Hiram me réconforte dans une foi en un G\A\D\L\U\ avec lequel nous devrions être conviés à la fusion ultime. Mais immortalité ne veut pas nécessairement dire éternité mais peut-être plus intemporalité. Notre univers est infini dans l'espace mais il eut un commencement qui marqua le début du Temps. Avant était peut-être plus simplement en dehors du temps, là ou la raison humaine vacille. Le chemin sera long et difficile … mais je ne suis plus seul.

Mes Frères, je vous remercie de votre attention et demande votre mansuétude pour cette planche bien imparfaite.

J’ai dit, Très Vénérable.

J
\M\ C\

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