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Hiram et sa légende …

 

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Odin-Hiram : de la lance au Maître de Forge. La légende d’Hiram en Franc-Maçonnerie structure le grade le plus important : celui de Maître. Ce en grade est aussi le plus mystérieux car sa légende apparaît on se sait d'où vers 1735, et se répand comme une traînée de poudre tant en France qu'en Angleterre, en maçonnerie et dans le compagnonnage. Jusqu'à aujourd'hui, aucun historien n'a pu situer l'origine de ce grade de maître ni de sa légende. S'il y a un mystère en maçonnerie, c'est bien celui-là.

Hiram y est présenté comme un maître-bâtisseur, un tailleur de pierre, chargé de la construction du Temple de Salomon. L'ouvrage fini, trois compagnons l'assassinent en tentant de lui arracher indûment le mot de maître afin de toucher un salaire supérieur à celui des apprentis et des compagnons.

Pour ce faire, ils sont armés d'outils symboliques, une équerre, un maillet et une règle (les rituels les plus anciens montrent un marteau, une masse et un maillet). Leur forfait accompli, Hiram étant mort très héroïquement sans parler, ils s'enfuient.

Dès lors, la légende d'Hiram préfigure ce qu'il convenable d'appeler les hauts grades. Salomon lance un plan de vengeance, rattrape les misérables, et les exécute. Les grades dits de vengeance s'inspirent de cette phase. La parole étant perdue, les maîtres partent à sa recherche ; cette phase est à la base du rite de Royal Arche, parmi d'autres, où la parole est retrouvée. Ce grade cependant sous-tend une réflexion éthique profonde et réaliste correspondant à la maîtrise maçonnique, laissant supposer que le maître maçon sait peser ses passions et ses excès afin d'incarner symboliquement un homme en cours de perfectionnement et éventuellement réalisé.

Le grade de maître s'articule donc autour d'une leçon éthique qui met en garde le maçon contre tous les excès, particulièrement les excès de vertus mal contrôlées. Il susurre : «Pesez le bon et le mauvais, trouvez la juste mesure en toute chose, car le chemin est celui du milieu. »

Les hauts grades dits de vengeance, ou ceux qui reposent sur une recherche de la parole perdue, sont des extensions ultérieures de cette légende mystérieuse du grade de maître, et ils ne semblent pas avoir été prévus par ceux qui codifièrent maçonniquement cette légende d'Hiram qui en fait se suffit à elle-même dans son universalité. .

Cependant - car il y a un «hic» en la matière - cette légende est une pure invention préromantique s'opposant en tout point aux textes bibliques de référence (essentiellement les Livres des Rois et les Chroniques) qui présentent Hiram comme un maître bronzier, un forgeron. Les maçons du XVIlle siècle n'étant pas forcément des abrutis notoires ou des ignorants illettrés, quel est donc le sens de cette inversion, ou plutôt de cette conversion de la mythologie? En effet, les codificateurs du grade de maître savaient parfaitement que les maçons iraient se reporter aux textes de référence et qu'ils découvriraient cette contradiction qui semble avoir été parfaitement désirée afin d'engendrer un questionnement. Et c’est bien ce que nous entreprendrons dans notre prochaine lettre ! (Odin : à la recherche de la parole perdue ou la « Lore » cachée).

Lore = connaissance cachée.  

Ce terme se trouve dans folklore à Science du peuple. 

  

Alex von Saenger 


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