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Une Loge juste et parfaite

La définition d’une loge juste et parfaite est une des plus anciennes traditions de la franc-maçonnerie. Il est intéressant de suivre son évolution au cours du temps.

Les Iles Britanniques

Ce qui suit est basé sur les « Early masonic catechisms » de Knoop, Jones et Hamer (1943)

Edinburgh Register House MS (1696)

  • What makes a true and perfect Lodge ?
  • Seven masters, five entered apprentices, A days journey from a Burroughs town without bark of dog or crow of cock.
  •  Qu’est-ce qui fait une loge vraie et parfaite ?
  • Sept maîtres, cinq apprentis, à une journée de marche (de voyage) d’une localité, hors (de portée) de l’aboiement d’un chien ou du chant d’un coq.

Chetwode Crawley MS (c. 1700)

  • What makes a true perfect Lodge ?
  • Seven Masters, five (sic) Apprentices, a days Journey from a Borrows-Towne, without bark of a Dog, or crow of a Cock.

Kevan MS (1714-1720)

  • What makes a true & perfect Lodge ?
  • 7 Mrs 5 Prentices & a days Journey from a Burroughs town without brake of Doge or crow of Cocker.
  • Doeth no less make a true & Perfect Lodge ?
  • 4 Ms 3 entered Prentices & ye Rest as before.
  • Qu’est-ce qui fait une loge vraie et parfaite ?
  • 7 maîtres, 5 apprentis & à une journée de marche d’une localité, hors (de portée) de l’aboiement d’un chien ou du chant d’un coq.
  • Moins ne font pas une loge juste et parfaite ?
  • 4 maîtres 3 apprentis entrés et le reste comme précédemment ;

 Ces trois documents sont écossais. Il n’existait à l’époque que deux grades apprenti-entré et maîtres ou compagnon. Il fallait donc douze membres, dont sept maîtres, pour constituer une loge.

Les documents qui suivent sont anglais ou irlandais (le Trinity collège MS)

Sloane MS (c. 1700)

  • What is a just and perfect or just and lawful Lodge ?
  • A just and perfect Lodge is two Interprintices two fellow crafts and two Masters more or fewer the merrier the fewer the Better Cheer but if need require five will serve that is two Interprintices two fellow Crafts and one Master on the highest hill or Lowest Valley of the world without the crow of a Cock or the bark of a Dog.
  •  Qu’est-ce qu’une loge juste et parfaite ou juste et honorable ?
  • Une loge juste et parfaite, c’est deux apprentis, deux compagnons et deux maîtres, plus ou moins. Moins on est, plus c’est agréable car meilleure est la chère. Mais si besoin est, cinq feront l’affaire, c’est à dire cinq apprentis, deux compagnons et un maître sur la plus haute colline ou la plus profonde vallée du monde, hors (de portée) du chant d’un coq ou de l‘aboiement d’un chien.

 L’affaire se complique car il n’y avait encore que deux degrés. Les deux maîtres étaient-ils déjà maîtres de loge ?

 Trinity College 1711 (?)

  • What makes a full et perfect lodge ?
  • Three masters, 2 fellow craftsmen, et 3 enterprentices ;

A Masson’s examination (1723)

  • What makes a just and perfect Lodge ?
  • A Master, two Wardens, four fellows, five Apprentices, with square, Compass, and Common Gudge.
  • Qu’est- ce qui fait une loge juste et parfaite ?
  • Un maître, deux surveillants, quatre compagnons, cinq apprentis, avec équerre, compas et règle commune.

Le grade de maître (3 degré) apparut dans ces années-là. La première mention quasi certaine est de 1725. Dans ce texte de 1723, le « maître » est indiscutablement le maître de la loge.

The Grand Mystery of Free-Masons Discovered (1724)

  • How many make a Lodge ?
  • God and the Square, with five or seven right and perfect Masons, on the highest Mountains, or the lowest Valleys in the World.
  •  Combien font une loge ?
  • Dieu et l’équerre avec cinq ou sept droits et parfaits maçons, sur les montagnes les plus hautes ou (dans) les vallées les plus profondes du monde.

Graham MS (1726)

  • What is a perfect Lodge ?
  • The senter (sic) of a true heart.
  • But how many masons is so called ?
  • Any od (sic) number from 3 to 13.
  • Qu’est ce qu’une loge parfaite ?
  • Le centre d’un cœur vrai (sincère ?).
  •  Mais combien de maçons sont ainsi nommés ?
  • N’importe quel nombre impair de 3 à 13.

 Le nombre impair est ici obligatoire. Par contre, le grade des assistants n’est pas mentionné.

A Mason’s Confession (1727)

  • What makes a just and perfect lodge ?
  • Five Fellow-Crafts and seven entered prentices.
  • Qu’est-ce qui fait une loge juste et parfaite ?
  • Cinq compagnons et sept apprentis.

 Ce catéchisme écossais date d’une époque où il n’existait encore que deux degrés (grades)

Willkinson MS (1726)

  • How many make a Lodge ?
  • Five free & Accepted Masons met together in place and due form.
  • How Many make a true & perfect Lodge ?
  • Seven
  • What do they consist of ?
  • A Master, two Wardens, two fellow Crafts and two Entered Apprentices.
  • Combien font une loge ?
  • Cinq maçons libres et acceptés, réunis ensemble en place et due forme.
  • Combien font une loge vraie et parfaite ?
  • Sept.
  • En quoi consistent-ils ?
  • Un maître, deux surveillants, deux compagnons et deux apprentis.

Masonry Dissected (1730)

  • What makes a Lodge ?
  • Five.
  • What do they consist of ?
  • One Master, two Wardens, one fellow-Craft, one Entered Prentice.
  • What makes a Just and Perfect Lodge ?
  • Seven or more.
  • What do they consist of ?
  • One Master, two Wardens, two fellow-Crafts and two Entered Prentices.
  • Qu’est-ce qui fait une loge ?
  •  Cinq.
  • En quoi consistent-ils ?
  • Un maître, deux surveillants, un compagnon, un apprenti
  • Qu’est-ce qui fait une loge juste et parfaite ?
  • Sept ou plus.
  • En quoi consistent-ils ?
  • Un maître, deux surveillants, deux compagnons et deux apprentis.

Le Wilkinson et le MD distinguent la loge et la loge « juste et parfaite ». Cinq forment la première, sept la seconde. Dans les deux cas, il faut trois maîtres.

Essex MS (1750)

  • What are a perfect Lodge ?
  • The centre of a true Heart.
  • And how many Masons was so called ?
  • Any odd number from 3 to 13.
  • Qu’est-ce qu’une loge parfaite ?
  • Le centre d’un cœur vrai.
  • Et combien de maçons sont ainsi nommés ?
  •  N’importe quel nombre impair de 3 à 13.

La France

Vers 1725, la franc-maçonnerie apparaît en Europe continentale (1ère loge à Rotterdam en 1721). Que va devenir la loge juste et   parfaite ?

Le Secret des Francs-Maçons (1742, repris dans Le catéchisme des Francs-Maçons de 1744 et dans L’Ordre des Francs-Maçons trahi…de 1745.)

  • Combien faut-il de personnes pour composer une loge ?
  • Trois la forment, cinq la composent, et sept la rendent parfaite.
  • Qui sont ces sept ?
  • Le Grand-Maître, le premier et le second Surveillant, deux Compagnons et deux Apprentis.

C’est exactement ce que disait Prichard dans Masonry Dissected ! Sept FF\ sont nécessaires mais trois seulement doivent être maîtres. Notons la nuance : former, composer et rendre parfaite. Les choses sont dites. Elles ne varieront guère.

Autre formule dans Le Sceau rompu de 1745.

  • Qui compose cette Loge juste et parfaite ?
  • 3, 5 et 7 ; savoir, un Maître Vénérable, 2 Surveillants, 2 Compagnons et 2 Apprentis.

La Désolation des entrepreneurs modernes du Temple de Jérusalem (1747) et le Nouveau catéchisme des Francs-Maçons de la même année explicite la progression 3-5-7 :

  • Combien y a-t-il de sortes de Loges ?
  • Trois, savoir, la simple, la juste et la parfaite.
  • Qui compose la Loge simple ?
  • Trois, un vénérable, et deux Surveillants.
  • Qui compose le juste ?
  • Cinq, un Vénérable, deux Surveillants, un Maître et un Apprenti-Compagnon.
  • Qui compose la parfaite ?
  • Sept, un Vénérable, deux Surveillants, deux Maîtres, et deux Apprentis-Compagnons.

On trouve ici la progression, 3-5-7, dont on connaît l’importance. Ne soyons pas surpris par l’apprenti-compagnon. A l’époque les deux grades étaient donnés le même jour. Le pli était pris et il persistera durant tout le XVIII siècle.

En 1786, Le recueil précieux de la Maçonnerie Adonhiramite dira encore :

  • Qu’entendes-vous par Loge parfaite ?
  • J’entends que trois Maçons assemblés forment une Loge simple, que cinq la rendent juste, et que sept la rendent parfaite.
  • Quels sont les trois Maçons de la Loge simple ?
  • Un Vénérable et deux Surveillants.
  • Quels sont les cinq des justes ?
  • Ce sont les trois premiers et deux Maîtres.
  • Quels sont enfin les sept qui rendent la Loge parfaite ?
  • Un Vénérable, deux Surveillants, deux Maîtres, un Compagnon et un Apprenti.

A la même époque s’implante en France un Rite anglo-écossais, l’Ordre d’Hérédom de Kilwinning, aujourd’hui Ordre Royal d’Écosse (probablement le « haut-degré » le plus convoité outre-Manche). On peut y lire ceci :

  • Combien faut-il de FF pour rendre une loge juste et parfaite ?
  • Il en faut sept.

Et plus loin, parlant de l’escalier à vis :

  • …Un escalier en forme de vis, composé de quinze degrés divisés en trois paliers.
  • Combien jusqu’au premier pallier ? (sic)
  • Sept.
  • Pourquoi ?
  • Parce que sept forment une loge juste et parfaite…
  • Combien de degrés jusqu’au deuxième pallier ?
  • Cinq.
  • Pourquoi cinq ?
  • Parce que cinq forment une loge de Compagnons.
  • Combien de degrés jusqu’au troisième pallier ?
  • Trois.
  • Pourquoi ?
  • Parce que trois règlent une Loge de Maîtres.

 (Manuscrit conservé à la bibliothèque du Suprême Conseil pour la Belgique)

La décennie 1776-1788 verra la cristallisation des « Rites » français (géographiquement s’entend). Quelle sera leur formulation ?

1 Rite Écossais Philosophique

Apparu à Marseille, introduit à Avignon vers 1776, puis à Paris, c’était le Rite de la loge-mère du Contrat Social d’où vinrent la plupart des fondateurs du premier Suprême Conseil de France. Ce Rite fut le support du futur REAA.

Très curieusement, les instructions d’apprenti et de compagnon ne comportent aucune mention de la loge juste et parfaite.

2 Rite Écossais Rectifié

Il est remarquable que le texte utilisé aujourd’hui encore dans les loges de ce Rite ait été codifié dans le rituel adopté au Convent de Lyon, dit des Gaules, en 1778.

  • Où avez-vous été reçu ?
  • Dans une loge juste et parfaite, où règnent l’union, la paix et le silence.
  • Qu’entendez-vous par une loge juste et parfaite ?
  • Trois la forment, cinq la composent et sept la rendent juste et parfaite.

La phrase se retrouve, inchangée, dans le rituel adopté à Wilhelmsbad en 1782, modifié (oh combien !) par Willermoz en 1785-1787 et dans la version finale envoyée par le patriarche lyonnais à la loge La Triple Union de Marseille en 1802 (rituel utilisé de nos jours dans les loges de la GLNF pratiquant ce Rite).

Roland Bermann a bien voulu ajouter ce qui suit, qui explique la spécificité du RER : Instruction secrète aux Grands Profès (J.-B. Willermoz), page 1038 :

« Lorsqu’on demande au maçon où il a été reçu, il répond : Dans une L. juste et parfaite ; 3 la forment, 5 la composent, 7 la rendent juste et parfaite. Cette réponse tient à la science fondamentale. Mais les maçons modernes qui ont tenté de l’expliquer par des définitions conventionnelles, n’ont pu en donner une solution satisfaisante et jamais on ne pourra la trouver qu’en remontant à l’initiation même de la FM. Elle enseignait que la L. où l’homme a été reçu est sa forme corporelle même qui est le Temple de son intelligence. Cette forme portant dans son origine le nombre 3, porte aujourd’hui par sa funeste transmutation, le nombre 5, abstraction faite de toutes les puissances vivantes qui y sont unies. Mais ce nombre ne s’y trouve que par la jonction du 2 et du 3. Le nombre 3 exprime spécialement les 3 principes simples fondamentaux de toute corporisation, appelés soufre, sel et mercure et dont le corps de l’homme tire son origine comme tous les autres corps de la nature élémentaire. Ces 3 Principes se manifestent dans les différentes substances qui le composent, et c’est avec raison qu’on reconnaît la présence du soufre ou du feu dans le fluide appelé sang ; celle du Principe sel ou eau dans les parties molles ou insensibles ; et celle du mercure ou terre dans les parties solides ou obscures. Dans ce sens strictement vrai 3 forment la loge de l’homme, c’est à dire son enveloppe matérielle. Mais elle serait encore incapable de vie sans les nerfs et les muscles qui doivent être en elle l’organe de la sensibilité et du mouvement lorsqu’elle recevra un principe capable de lui en donner l’impulsion… (A rapprocher de Job 10,10 et suivants). C’est alors qu’il est vrai de dire que 5 composent la loge de l’homme. Cependant elle n’est encore qu’un cadavre sans vie et sans mouvement et il n’y a que le nombre 7 qui puisse la rendre juste et parfaite. L’âme passive si connue par le nombre sénaire qu’on lui a attribué vient lui donner la vie passive…(ici se trouvent des références au 2 grade). Enfin, le nombre septénaire de l’Esprit ou de l’Intelligence vient rendre la Loge parfaite. C’est le nombre du maître ; c’est l’acte sabbatique ou septénaire de la formation particulière de l’homme. Car une L. ou un Temple suppose nécessairement un être supérieur pour l’habiter…(suit l’explication du 7 considéré comme 6+1) ».

3 Rite Français (1785-1786)

Le dialogue approuvé en 1786 se retrouve dans Le Régulateur du Maçon de 1801. I est quasi identique à celui du Rite Écossais Rectifié :

  • Où avez-vous été reçu ?
  • Dans une Loge juste et parfaite.
  • Que faut-il pour qu’une Loge soit juste et parfaite ?
  • Trois la gouvernent, cinq la composent, et sept la rendent juste et parfaite.

 En 1858, lors de la révision des rituels sous la grande maîtrise du prince Murat, cela deviendra :

  • Que faut-il pour qu’une L\ soit parfaite ?
  • Trois la gouvernent, cinq l’éclairent, sept la rendent juste et parfaite.
  • Quels sont les trois ?
  • Le Vén\ et les deux Surv\.

 En 1887, les rituels furent réécrits, afin de les aligner sur la politique du GODF définie par la décision fameuse de septembre 1877. Si des remaniements notables furent introduits, rien ou peu de chose ne fut modifié dans la question qui nous occupe.

  • Que faut-il pour qu’une loge soit juste et parfaite ?
  • Trois la dirigent ; cinq l’éclairent ; sept la rendent juste et parfaite.
  • Expliquez cette réponse.
  • Les trois sont le V\ M\ et les deux Surv\ - Ces trois officiers, avec l’Orat\ et le Secrét\, sont les cinq lumières de la loge. Il faut que sept membres de la loge, au moins, soient réunis, pour pouvoir travailler régulièrement.

Il faut être sept pour travailler en loge et, même si cela n’est pas explicite, cinq au moins doivent être maîtres car on imagine difficilement qu’un apprenti ou un compagnon puisse être une des cinq « lumières » de la loge. Les rituels actuels du GODF ont gardé cette phrase, comme l’ont gardée ceux du GOB et de la GLB qui travaillent au « Rite Moderne ».

4 Le REAA

La première version connue du grade d’apprenti est celle de la loge La Triple Unité Écossaise à l’Orient de Paris (1804, bibliothèque du Suprême Conseil pour la Belgique).

Surprise ! Le texte en est tout différent.

  • Qui est-ce qui compose une Loge ?
  • Trois ; cinq ; ou Sept.
  • Pourquoi trois composent-ils une loge ?
  • Parce qu’il y eut trois Grands Maîtres employés à la construction du temple de Salomon.
  • Pourquoi cinq ?
  • Parce que tout homme est doué des cinq sens.
  • Quels sont les cinq sens ?
  • L’ouïe, l’odorat, la vue, le Gout (sic) et le toucher…
  • Pourquoi sept composent-ils une loge ?
  • Parce qu’il y a sept arts libéraux.
  • Voulez-vous me les nommer…

 Texte qui sera repris tel quel dans le Guide des Maçons Écossais, publié quelques dix années plus tard (p. 32).

Mais la surprise n’en est pas une puisqu’on sait que les première Instructions du REAA, pour les grades bleus, sont une traduction littérale de la divulgation du rituel des Antients anglo-irlandais, Les trois coups distincts (Three Distinct Knocks) de 1760. On peut sans trop se tromper affirmer que le grade d’apprenti du REAA était, sous l’Empire, une cérémonie de style (pour ne pas dire de Rite) français jouée par une loge anglaise.

  • Pray, what number makes a Lodge ?
  • Three, five, seven or eleven.
  • Why do three make a Lodge, Brother ?
  • Because there were three Grand Masters in the building of the world ; and also, that noble piece of architecture man ; which are so complete in proportions, that the antients began their architecture by the same rules.
  • The second reason, Brother ?
  • There were three Grand Masters at the building of Solomon’s Temple.
  • Why do five make a Lodge ?
  • Because every man is endued with five senses.
  • What are they, Brother ?
  • Hearing, seeing, smelling, tasting, and feeling…
  • Why should seven make a Lodge ?
  • Because there are seven Liberal sciences…

L’influence anglaise était trop évidente. Qu’allait donc devenir cette question lorsque le Suprême Conseil de France, dont dépendaient les loges bleues du Rite, décida de revoir les rituels sous Louis XVIII ? Horreur s’il en est : la question disparut purement et simplement. Elle ne se trouve ni dans les rituels de 1829, ni dans ceux de 1843, ni enfin dans ceux de 1877 qui furent imposés à ses loges par le SCDF et ne furent pas modifiés par la Grande Loge de France lorsqu’elle obtint, en 1894-1896, son indépendance.

J’ignore ce qui s’est passé par la suite. Je sais seulement qu’en 1971, j’assistai à une tenue d’une loge de REAA de la GLNF (à Grenoble). Le vénérable me donna une copie des rituels officiels de l’époque. Ils ne contenaient aucune instruction, a fortiori rien qui concerne la question qui nous occupe.

N’étant ni Cerbu, ni 1802, ni Français d’ailleurs, je ne sais trop où en sont nos voisins. J’ai cependant sous les yeux un rituel d’apprenti au REAA tel que pratiqué par une loge de Versailles (de la GLNF). J’y lis :

  • Où avez-vous été reçu Franc-maçon ?
  • Dans une loge juste et parfaite.
  • Que faut-il pour qu’une Loge soit juste et parfaite ?
  • Trois la dirigent, cinq l’éclairent, sept la rendent juste et parfaite.
  • Expliquez cette réponse.
  • Les Trois sont le V\ M\ et les deux surveillants.
  • Ces Officiers avec l’Orateur et le Secrétaire sont les cinq Lumières de la Loge. Mais il faut que Sept membres de la Loge, au moins, soient réunis pour pouvoir procéder à des Travaux réguliers.

Sur ces sept, trois au moins doivent posséder le Grade de Maître et deux le grade de Compagnon.

C’est-à-dire la copie fidèle des rituels du prince Murat et du GODF, donc du Rite Français ! Emprunt qui ne peut être que postérieur à ma visite à Grenoble.

Conclusions

  • La définition de la loge « parfaite » est très ancienne. Elle apparaît dès les premiers catéchismes que nous avons gardés. Elle relève sans conteste de la « Tradition » de notre Institution.
  • L’exigence que sept soient présents pour tenir loge se trouve déjà dans les textes écossais de la fin du XVII siècle.
  • Elle fut diversement présentée au fil du temps mais toujours maintenue au sein du Rite Français et du Rite Écossais Rectifié (Je ne parle pas des Rites d’autres langues).
  • Elle fut oubliée dans les loges du REAA (de France), pendant plus de 150 ans, je ne sais trop pourquoi. Lorsqu’elle y réapparut, après 1970, elle le fut par un emprunt au Rite Français qui, paradoxalement, avait conservé l’héritage ancien.
  • Elle fut conservée dans la Maçonnerie belge de « Rite Moderne ».

Je n’ai trouvé nulle part l’affirmation qu’il fallait sept maîtres pour ouvrir une loge, et pourtant c’est ce que tout le monde dit.

P\ N\


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