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L'Épée

La présence de l'épée se remarque dans toutes les traditions et remonte à la nuit des temps. Adam et Eve sont chassés du Paradis sous la menace d'une épée crachant des flammes ou épée flamboyante et vengeresse, tel le souligne la Genèse chapitre 3 verset 24 dont voici un extrait : « C'est ainsi qu'il chassa Adam ; et il mit à l'orient du jardin d'Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l'arbre de vie ».

Toutes les sociétés anciennes se structuraient en castes. On remarque celle des agriculteurs, celle des guerriers, puis des prêtres. L'epée relevait des guerriers et sa bénédiction était donnée par des prêtres.

En occident cette caste des guerriers fut tout naturellement celle de la chevalerie, foyer des valeurs les plus nobles, les plus héroïques.

L'emblème principal du chevalier est son épée, avec elle il soutiendra l'opprimé; à genoux devant elle, il priera le fils de l'homme.

Au plan religieux, elle intervient comme la manifestation de la volonté de l'Eternel et par ce fait défend et soutient le juste. C'est par l'épée que l'ange frappa les ennemis de Jérusalem ; que Saint Michel protégea la Vierge et terrassa le dragon ; c'est avec elle que Saint Martin partagea son manteau.

Symbole de la bravoure, de la force, de l'énergie, elle reste l'arme du Logos, du Verbe lumière qui combat les ténèbres.

Cette puissance s'exprime par le tranchant qui coupe, sépare et détruit les forces du mal, mais également par le feu céleste et la lumière inhérente au brillant de la lame qui agit alors comme élément d'illumination, de transfiguration, de transfert de connaissance.

Cette fonction de lutte contre les ténèbres de l'ignorance s'exerce par la pointe de l'épée dont la vocation consiste à pourfendre, perforer pour introduire la lumière dans les ténèbres. Dans notre Ordre bien aimé, la consécration par l'épée est le geste par lequel le Frère Initiateur « crée » « reçoit » et « constitue » un Martiniste. Hérité de l'ancien adoubement chevaleresque, ce mouvement se fait en posant l'épée sur la tête du récipiendaire.

L'épée purifie, elle fait renaître à un nouvel état celui qui reçoit l'énergie véhiculée par l'emblème du verbe lumière.

La consécration par l'épée intervient comme un geste emblématique de l'illumination, de la révélation, d'une nouvelle vie ou création qui fait entrer dans l'univers du sacré. Donc dans notre temple les frères et les soeurs auront avec eux leur épée, symbole du verbe, autrement dit de la pensée active de la parole.

C'est ainsi que pour Dieu, parler c'est faire, et telle devrait être toujours la portée de la parole. A titre d'exemple citons l'épître de Jacques chapitre I verset 22 où il déclare : « mettez en pratique la parole et ne vous bornez pas à l'écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements ».

Souvenons-nous que dans le langage de l'écriture Sainte, une action est appelée un verbe. On nomme verbe ce qui exprime à la fois l'être et l'action, et il n'est pas de verbe qui ne puisse être supplée par le verbe faire.

La philosophie du verbe est essentiellement la philosophie de l'action et des faits accomplis, et c'est en cela même qu'il faut distinguer un verbe d'une parole.

La parole peut être quelquefois stérile, comme dans la moisson il se rencontre des épis vides, mais le verbe ne l'est jamais.

Nombreux sont les écrits où il est fait allusion à la parole. L'exemple le plus célèbre est celui de l'Apocalypse où Jean à une vision du Christ au chapitre I verset 16 : « Il tenait 7 étoiles dans sa main droite et une épée aiguë à deux tranchants sortait de sa bouche ».

Louis-Claude de Saint Martin nous parle également de l'épée dans l'Homme de Désir chant n°4 :

« Je vois deux mots écrits sur cet arbre de vie : Epée et Amour. Par l'épée de la parole je soumettrai tous les ennemis de mon dieu, je les lierai et les empêcherai de faire de la peine à mon dieu ».

Dans le Nouvel Homme chapitre 20 Louis-Claude de Saint Martin parle à nouveau de l'épée : « C'est aussi pour cela que l'écriture compare continuellement la parole à des flèches acérées et à une épée à 2 tranchants ».

N'oublions pas que la Zaïn qui est la septième lettre de l'alphabet hébraïque exprime hiéroglyphiquement une flèche. De là toute idée d'arme d'instrument que l'homme emploie pour dominer et vaincre mais surtout pour réaliser son but.

Annick de Souzenelle prétend que seul le Zaïn qui traverse « la tunique de peau peut amener l'homme à se libérer, à recouvrer sa nature première qui n'a rien de surnaturelle mais qui lui est tout simplement naturelle, c'est à dire le divin dans l'humain ».

C'est pourquoi le Zaïn doit être regardé en tant qu'arme qui permet à l'homme d'épouser ses champs de conscience appelés encore ses « terres mères intérieures ».

Dans ce sens le Zaïn est principe de tout mouvement, de tout ce qui tend vers un but, de tout ce qui est lointain.

Alors apprenons à faire de chacune de nos paroles des actes conformes à la volonté de notre Père. Actes qui nous permettront d'apercevoir au terme de notre incarnation la terre perdue, la terre pressentie, la terre promise, c'est à dire ce vers quoi nous tendons : la Réintégration qui est la condition même du Martinisme.


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