Obédience : NC Loge : NC 19/03/2014

Mohabon

Apprentie, les voyages ont tenté de nous faire sortir des ténèbres de l'ignorance ; compagnonne, ils nous ont fait prendre conscience du sens que nous devons donner au travail et à sa glorification ; l'élévation à la maîtrise, nous impose de changer niveau, mais quel événement, sinon la mort, permet de quitter un état pour accéder à un nouvel état en sachant que plus jamais il ne nous sera possible de revenir en arrière.

La passion vécue d'Hiram va nous permettre d'accéder à ce nouvel état.

Hiram mort, nous allons revivre son calvaire, sa mort et sa résurrection.

Mais auparavant, nous avons pu observer qu'à chaque extrémité du cadavre, se trouvait à l'Occident l'Equerre et qu'à l'Orient il y avait le Compas,

Pour passer de l'un à l'autre de ses outils, d'abord droite les pieds formant équerre, nous avons du enjamber le mort, passer au dessus de la mort, oscillant tantôt à droite, tantôt à gauche pour nous retrouver à nouveau au milieu, les pieds contre les pointes du compas, puis le coup de maillet fatal nous a précipité dans la tombe. Enfin nous ressucitons, tirée de cette caverne d'où renait la vie par les cinq points parfaits de la maitrise.

Comme lors de notre initiation où nous nous sommes dépouillées de nos métaux, à cet instant nous nous sommes dépouillées de notre chair terrestre rempart contre les agressions extérieures certes, mais également enveloppe nous emprisonnant dans notre caverne aveugle.

La chair ayant quitté les os et l'apparence des choses ayant vécu, le travail reste à accomplir puisque il nous faut rassembler de nouveau ce qui est épars et atteindre le centre de nous-mêmes où brille cette Lumière que nous pourrons alors répandre autour de nous.

La mort et le lever constituent les fondements de l'élévation, le lever est comme une rupture destiné à éveiller notre conscience sur et dans une autre nature.

Pour le troisième degré de notre rite, avec la mort d'Hiram, l'important initiatique est le relèvement du Maître ; par les cinq points parfaits de la maitrise, les trois lumières de la loge nous font passer de l’horizontalité à la verticalité de l’équerre au compas, du matériel au spirituel, un cycle se termine, un monde nouveau s’ouvre à nous.

Il faut maintenant vaincre nos passions, nos préjugés pour libérer de la gangue dans laquelle elle est enfermée, au plus profond de nous même, cette petite flamme vacillante qui ne demande qu'à s'épanouir et à se débarrasser de son enveloppe charnelle, cette frontière primale qui nous sert de forteresse, de repli sur soi et nous permet cependant mais de manière imparfaite de communiquer, de nous projeter dans un monde non plus sensible mais spirituel.

Nous pouvons dire alors que, à ce moment là, nous sommes à l'articulation entre le monde matériel, représenté par la pierre et les métiers qui s'y rapportent et le monde spirituel dans lequel la nouvelle maitresse effectue une résurrection et dans lequel elle poursuivra sa démarche.

Mais cette démarche sera d'une autre nature, elle a aussi changé d'état, puisque sa chair a quitté les os. Derrière ce malheur il y a une bonne nouvelle, cette putréfaction. Les significations qui lui sont attribuées habituellement sont diverses. Si on l’interprète d’après l’hébreu, tout comme les autres mots de nos rituels M\ B\ signfierait fils de la putréfaction. Grâce à sa désintégration va devenir le fertilisant, l’accélérateur de vie nécessaire à une nouvelle existence autant matérielle que spirituelle.

Le relèvement effectué, la vénérable maîtresse dans un souffle de vie, va nous dire à voix basse le mot substitué qui remplacera la Parole perdue avec la mort d'Hiram.

En effet, pour éviter toute nouvelle profanation, les maitres convinrent ensemble que, dans la crainte que la parole du maitre n'eut transpiré, le premier signe serait marqué par l'attouchement en le relevant et la première parole qui serait prononcée servirait à l'avenir pour les maîtres.

Cette parole est : MOHABON

Les significations qui lui sont attribuées habituellement sont diverses. Si on l’interprète d’après l’hébreu, tout comme les autres mots de nos rituels M\ B\ signfierait « fils de la putréfaction ».

Pour certains M\ B\ dériverait de l’anglais « marrow in the bone » c'est-à-dire, caché comme la moelle dans l’os.

L'interprétation la plus récente et la plus plausible est : Le fils du maître mort ou encore: Il vit dans le fils.

A l'origine, le mot de Maître était M\ h\ b\ n\ ; celui-ci est en usage encore actuellement dans beaucoup de Loges, notamment dans les pays anglo-saxons. Au point de vue historique, le mot de Maître est de date assez récente. Selon d'aucun, M\ h\ b\ n\ dériverait des mots irlandais « macha » et « bon », signifiant « Bataille » et « Fin », ce qui donne à la parole de Maître le sens de « La fin de la bataille ».

D'autre part, le mot M\ B\, serait d'origine irlandaise ; M\ signifierait « fils », B\, se traduirait par « mort », de telle sorte que la traduction de la parole complète serait « le fils du mort ».

L'étymologie la plus vraisemblable est cependant celle qui fait dériver M\ B\ des mots hébreux « makhah » et « boneh », dont le sens est « un architecte a été tué ». Une autre étymologie irlandaise est fondée sur les mots M\ (fils) B\ beanag (veuve), ce qui donne la formule bien connue de « fils de la veuve ».

Le « mot substitué », c’est le corps sans vie d’HIRAM. Ce n’est plus qu’un mot. Il n’est plus qu’une simple signification qui désigne le cadavre. Il a perdu la vie, c’est-à-dire toute la richesse de sens et tout le potentiel créateur qui animait HIRAM.

Mais ce mot substitué est surtout un mot sacré, puique la Parole est perdue et que cette parole est imprononçable.

C'est cette parole perdue, ce mot substitué, ce souffle créateur, qui nous révèle à la vie spirituelle et nous amène à la vraie vie.

Rappelons nous l'évangile selon St Jean : Au début était le verbe, le verbe était avec Dieu, le verbe était Dieu...

Le mot subsitué appartient à « la Sphère de l'intime », il est lié au sacré, au divin, M\ B\ étant par essence, imprononçable, comment énoncer ce qui sert à le symboliser, à l'évoquer.

On peut dire que le « mot » qui renvoie au Nom et de cette manière au Verbe Créateur, se situe à mi chemin entre le non manifesté et le manifesté. il est ici doux et subtil, il est souffle accompagné d'une faible vibration.

L'Esprit se manifeste dans le mystère, ni dans le totale obscurité ni dans la franche clarté, à voix basse, et comme dans le murmure d'une source, c'est une clé qui tourne doucement pour ouvrir la porte du temple et va nous permettre de nous réaliser, de nous unifier, de nous simplifier pour atteindre de nouveaux rivages.

Le mot substitué ne peut être crié ici trop fort, il se tient à mi distance du silence et de la voix. iI est prononcé d'être à être, de la source au réceptacle. Le chuchoté est, dans nos conditions physiques et charnelles révélateur du secret, du sacré.

La légende d'Hiram peut être lue comme la propre histoire de la franc maçonne ; elle construit, elle meurt et elle enfouit avec elle la. Parole. Elle pourrit et de ce pourrissement, les vivants, horrifiés prononcent la parole substituée.

Certains y voient l’accomplissement du chemin initiatique…comme s’il y avait une fin... C’est à la fois vrai car nous sommes censées savoir nous servir à bon escient de la matière, contrôler la nature et les symboles. Nous sommes ainsi peut être allées jusqu’à un certain bout de La Signification. Mais cependant à partir du mot substitué, il nous reste probablement à accomplir le chemin inverse soit remonter de la Signification jusqu’au Sens.

La vie est un éternel recommencement et cette mort symbolique nous ouvre de nouveaux horizons à parcourir et surtout à approfondir, elle nous invite ici à un changement d’état, un changement de direction. Mourir c'est renaitre, c’est voir les choses sous un autre éclairage. On meurt ainsi à un monde et l’on est nouveau-né dans un monde différent, avec l’avantage du né deux fois, se souvenir du monde d’avant et espérer l'harmonie.

J'ai dit.

M\ C\ M\


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