Obédience : NC Loge : NC 23/02/2010

A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers
T.V.M et vous tous mes Frères en vos grades et qualités

De Boaz à Moabon
Planche de passage

Du profane au sacré,
Du bandeau à la Maîtrise.
Depuis toujours l'être humain doué d’intelligence cherche à comprendre et à donner un sens à sa vie sur terre.
Son évolution tant physique que spirituelle va, tout au long de son parcours, façonner son être et son esprit au travers les expériences acquises seul ou au contact des autres.
Chacune d’elles lui permettrons peut être, à la fin de sa vie terrestre, de trouver ses réponses au mystère de la mort et l’aider ainsi à donner un sens à son existence.

La Franc Maçonnerie est un des vecteurs qui semble pouvoir m’aider à pratiquer cette recherche spirituelle, cette introspection nécessaire à la compréhension de mon moi intérieur.

Elle est un support permettant la transformation du profane en un initié capab le de transmettre l’expérience du mystère de l’initiation, cet éveil intérieur de conscience qui m’a simultanément mis sur la voie de mon perfectionnement et de ma quête spirituelle.
« Connais toi toi même » disait SOCRATE.

Cette incitation à s'observer en tant qu'être pensant en s’élevant au-dessus de ses sentiments particuliers et de ses opinions qui ne sont toujours qu’une illusion d’appréciations basées sur des critères subjectifs est, à mon sens, un des secrets de la démarche maçonnique.

Si l’initiation du maçon commence dès le passage sous le bandeau, moment intense de stress et d’émotion, la véritable prise de conscience de cette nécessaire introspection est suggérée par l’épreuve du cabinet de réflexion.
L’enfermement, la noirceur du lieu, la mise en scène morbide participe sans qu’on en soit conscient, au « V.I.T.R.I.O.L. », ce jeu de mot savamment élaboré.
« Descends au plus profond de toi, sonde les bas fonds de ton être, perçois les noirceurs de tes passions, travaille à rejeter tes instincts les plus vils et ressuscite au monde ».
Les trois premiers degrés de l’expérience maçonnique participent à apporter des réponses aux trois questions existentielles que se pose l’humanité depuis toujours :
D’où venons nous ? Que sommes nous ? Où allons nous ?

La réponse, selon les préceptes maçonniques, semble pouvoir se trouver au cœur de la symbolique. Ces représentations physiques d’éléments isolés ou associés empruntés le plus souvent au domaine opératif ont traversé les siècles pour nous parvenir chargés de sens et de valeurs.
Le maçon aura à cœur d’analyser ces tremplins pour tenter de se les approprier afin d’en découvrir la quintessence spirituelle.
L’apprenti, comme le rituel l’y engage, travaille à « dégrossir la pierre brute dans le but de la dépouiller de ses aspérités et la rapprocher d’une forme en rapport avec sa destination ».
Il s’agit pour lui de prendre conscience de son incurie afin d’analyser son geste, acquérir la précision et l’habileté nécessaire à l’accomplissement de la tâche qui lui est assignée.

Armé du ciseau et du maillet, outils dédiés à son grade, il est invité à mettre à exécution ses résolutions, à travaillez et à persévérer.

L’équerre lui rappelle la rectitude, la rigueur et le dévouement sincère et assidu grâce auxquels il pourra progresser.
Le mot sacré « BOAZ » qui lui est communiqué lors de son initiation et qui signifie « En Force » caractérise peut-être son état d’être primaire encore sous le jouc de ses instincts profanes. Il peut aussi exprimer l’effort qu’il va devoir fournir pour dominer ses passions et se perfectionner.
Ce mot sacré est le nom que portait, selon les textes bibliques, une des colonnes fondues par le Maître Hiram pour encadrer le porche du temple de Salomon, au pied de laquelle les Apprentis recevaient leur salaire.
Cette colonne, située au septentrion, par définition féminine, dont la correspondance alchimique est le mercure marque l’influence de l’extérieur sur l’intérieur l’action du profane sur le sacré dont l’apprenti aura à s’affranchir.
Elle est le symbole de la réceptivité passive, de l’assimilation, de la rectification et de la gestation de ce qui précède la découverte de la lumière.
S’il est demandé à l’apprenti d’ou il vient, le compagnon, dans sa recherche, s’efforcera, quant à lui, de comprendre ce qu’il est.
Il doit, à ce stade, s’interroger sur ce qui sépare l’homme de l’animal, ce qui distingue le sage de la bête.
En passant de la perpendiculaire au niveau, en prenant conscience de soi, de son intelligence, de la notion de libre arbitre il doit agir désormais comme un être pensant par lui-même et non plus comme celui qui obéissait jusque là aveuglément.

La marche du Compagnon lui permet d’ailleurs d’explorer le plan tout en revenant à la nécessaire rectitude de la ligne droite. La raison doit être son guide.

Il devra forger son expérience en analysant et s’interrogeant sur les erreurs commises et accumulées. Il s’emploiera à cultiver la raison et s’appropriera les arts libéraux grâce auxquels il participera à la « construction de l’édifice ».
Bien qu’illusoire, l’exploration des connaissances humaines s’avère nécessaire au franc-maçon dans sa démarche de progrès. Pour autant, la remise dans l’axe de l’Orient lui rappelle qu’il recherche la Connaissance et non les connaissances.
Le mot sacré du grade de Compagnon est « JAKIN ».
Délivré lors de la cérémonie de passage il signifie « Il établira » .

Seconde colonne dressée au midi de l’entrée du temple de Salomon ou les Compagnons reçoivent leur salaire, Jakin est le parfait complément de la colonne Boaz.
De part leur position elles sont le point de départ et le point d’arrivée, le reflet de la loi du binaire, la frontière entre la vie maçonnique et la vie profane.
Jakin s’identifie au souffre des alchimistes symbolisant l’énergie expansive, la force créatrice. Par définition « Masculine » elle exerce, depuis l’intérieur, son influence sur l’extérieur.
Elle incite le Compagnon à transmettre, former et instruire à son tour.
Si les grades d’apprenti et de compagnon s’appuient sur les textes bibliques, la Maîtrise repose, quant à elle, sur une légende.
Hiram Abif, Architecte et Maître d’oeuvre du Temple de Salomon, fut, selon cette légende, assassiné par trois de ses Compagnons pour n’avoir cédé à leurs exhortations à livrer le mot sacré des Maîtres. Ce mot oh combien sacré fut à tout jamais perdu et fut, afin de poursuivre les travaux, remplacé par un mot substitué.

Dans ce contexte le mythe d’HIRAM, semble apporter un support nous engageant à pénétrer les dimensions cachées de la réalité humaine et son sacrifice nous ouvre des perspectives de recherche spirituelle.

En pénétrant le temple à reculons, le Compagnon est amené à revisiter son passé et à prendre conscience du parcours initiatique accompli tout en suggèrant le travail à fournir. Cette entrée inhabituelle, en qualité de suspect, traduit aussi le désordre qui s’est installé dans ce qui était notre temple.
Il s’agit d’une prise de recul vis-à-vis de soi-même, une synthèse de son vécu, une transition vers une nouvelle étape, un nouvel état.
Le retournement et la vision du désordre et du chaos amène naturellement un questionnement. Cette mise en scène macabre, l’atmosphère pesante qui règne dans le temple le place dans une situation d’inconfort emprunt de suspicion.
Le récipiendaire, par le jeu de rôles de la cérémonie, se substitue successivement aux compagnons indignes et assassins, au confident apte à recevoir le secret puis à Hiram lui-même assassiné et ressuscité.
Les compagnons instigateurs du drame, interprétés par le Vénérable Maître et par les deux surveillants nous rappellent que l’homme est faillible et imparfait et qu’il peut, à tout moment et malgré son apparente sagesse, laisser resurgir ses instincts et son avidité.
La sépulture d’Hiram retrouvée grâce au rameau d’acacia, les surveillants s’efforcent de le faire renaître sans succès par les mots sacrés d’apprenti et de compagnons. Il faut alors la force conjuguée des trois maîtres dirigeant la loge pour ramener Hiram à la vie par les cinq points de la maîtrise comme il en fallut trois pour fomenter son assassinat.
Hiram renait par l’unité retrouvée.
A cet instant le Très Vénérable Maître délivre au « nouvel HIRAM ressuscité » le mot sacré substitué « MOABON », l’ordre renait du chaos, les travaux reprennent la loge recouvre la sérénité.

« MOABON » qui se traduit par « fils de putréfaction » mais également par « fils du père » ramène à la naissance non tant physique que spirituelle de l’homme ressuscité de son tombeau.

Ce mot sacré substitué, outre le fait qu’il permette la continuité des travaux, nous indique également que la sagesse et la vérité ne peuvent s’acquérir qu’au prix d’une recherche personnelle et non simplement par la délivrance d’un enseignement magistral.
On peut d’ailleurs, à ce stade, s’interroger sur l’existence du véritable mot sacré !
Ne peut on envisager que chacun puisse en être intrinsèquement dépositaire et qu’il faille chercher en soi la part de divinité qui nous anime ?
Ne peut-on imaginer que cette parole perdue soit en réalité le nom du Grand Architecte de l’Univers ?
Cette parole perdue ne nous renvoie t elle pas à la Genèse, à la parole créatrice donnant la vie aux éléments en les nommant ?
Ces différentes interrogations nous ramènent à notre engagement maçonnique initial qui nous exhorte à sortir des ténèbres afin de chercher la lumière.
Le parcours est toutefois jalonné de questionnement permanent et les réponses que l’on croit trouver nous renvoient inlassablement à de nouvelles interrogations.

J’ai découvert que la démarche maçonnique, voyage initiatique sans fin, ne s’enseigne pas, ne fait l’objet d’aucun cours magistral, elle se bâtit au quotidien, elle s’enrichit des expériences accumulées, elle s’alimente au contact des frères de la loge, elle est la génératrice d’une transformation lente et imperceptible qui modèle nos sentiments et notre raison.

J’aime à croire, pour terminer, que ce cheminement, cet engagement émotionnel ont fait de moi un homme meilleur capable d’apporter à mon entourage et à mes frères la paix et la sérénité .
« Pour achever au dehors l’oeuvre commencée dans le temple »

J’ai dit TVM


A
\ D\

7093-3 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \