Obédience : NC Loge : NC Date : NC


La Canne du Maître de Cérémonies

Imaginons mes FF\ le Maitre des Cérémonies sans sa canne :
Vous n’entendrez plus ses coups résonner dès le parvis pour vous réclamer le silence. Il marchera différemment, sans sa canne pour rythmer ses pas et ainsi favoriser votre concentration. Il y manquera une certaine dignité a la fonction.
Bien que celui-ci maitrise parfaitement le rituel pour que la cérémonie se déroule dans les meilleures conditions, celle qui lui transmet l’autorité et la connaissance de la marche terrestre, qui lui confère une symbolique soulignant l’importance de son rôle et de sa fonction, c’est moi, la canne du Maitre des Cérémonies.

Je représente l’un des symboles les plus anciens et les plus constants de la royauté et des divinités. Dans le monde profane, j’apparaît comme arme magique, sceptre royale, instrument d’appui, d’équilibre, de soutien, de mesure et de châtiment.
En franc maçonnerie, je symbolise l’axe qui relie le céleste et le terrestre, qui soutient le ciel et descend dans la terre. Je représente l’autorité matérielle et spirituelle, la maitrise des énergies célestes et terrestres. Je suis le trait d’union entre ces deux forces, comme objet permettant d’accomplir les miracles du ciel sur la terre parce que je touche le ciel par un bout, et la terre par l’autre.
Tout comme cet autre puissant symbole de la Vie et de la Verticalité, c.à.d. l’Arbre, qui met en communication les trois niveaux du cosmos, c.à.d., le souterrain à travers ses racines, la surface à travers son tronc, et les hauteurs à travers ses branches, j’établit un rapport entre la terre et le ciel à travers l’Homme.

Celui qui me tient a une fonction juste et généreuse mais son autorité doit s’exercer dans la stricte observance du rituel.
Mon Maitre, qui est en fait le Maitre des Rituels, a un rôle important dans le bon fonctionnement de la Loge, tant sur le plan matériel que sur le plan spirituel. Il relie les deux plans permettant aux FF\ de passer avec aisance de l’un à l’autre. Il veille à ce que la Loge soit prête pour les cérémonies aussi bien que pour les tenues régulières. Il introduit les Officiers et les FF\ lors des entrées rituelles, et intervient lorsque l’ordre supérieur l’exige. Il connaît l’ordre cosmique ou sa représentation géographique sur terre projeté a l’intérieur du Temple, il règle les déplacements dans le corps de la Loge en veillant a la prédominance de l’ordre universel. Il est la représentation des lois divines et le garant de l’ordre maçonnique. Il est libre de ses pulsions émotionnelles, libre de ses idées , libre de son corps pour exécuter avec conscience les gestes justes qui correspondent a l’harmonie éternelle et qui ont été confiés dans le rituel maçonnique.

Lors de ses déplacements en Loge, mon Maitre est conscient de ses pieds et du sol, du mouvement de ses jambes, concrètement et symboliquement. Il devient conscient de l’énergie qui circule dans son corps et de l’être qui l’habite. Tous les déplacements en Loge devraient être exécutes avec le conscience de l’être ou la vigilance nécessaire à éveiller cette conscience. Mon Maitre est le symbole de l’ordre cosmique et maçonnique qu’il respecte et illustre dans ses manifestations au sein de la Loge. Il assiste le VM:.pour que la descente de la lumière respecte cet ordre. Tout comme l’aveugle qui frappe le sol devant lui avec son bâton, mon Maitre fait de même quand il avance en Loge. Il est aussi un guide qui a la sagesse de savoir qu’il est aveugle et a besoin pour avancer vers la lumière, en plus de ses deux jambes, d’un troisième support, sa canne.
A l’ouverture et à la fermeture de la Loge, cette marche est assistée par l’Expert qui connaît l’ordre universel et recueille l’énergie nécessaire à la défense de l’harmonie et de la fraternité.

Je suis un prolongement de mon Maitre.
Il me tient toujours fermement dans sa main droite, et mes coups sur le sol sont synchronisés de façon naturelle avec chaque troisième pas.
Mon Maitre en marche nous rappelle que, tout comme le pelerin sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, si on n’avance pas, on n’atteindrait pas notre but. Le FM\ a besoin d’être activement animé par la pensée et le sentiment de son but de lumière pour se mettre effectivement en mouvement. Et ici, cela veut dire se mettre en mouvement intérieur, effectuer le pèlerinage de l’attention, s’orienter et ne plus avoir ni pensées ni émotions ordinaires, mais chercher a être toujours plus proche de son Etre et de celui de ses frères.

A l’ouverture des travaux, le VM\ invite les FF\1er et second Surv :. et les FF\ Expert et M\d\C\ à l’assister parce qu’aucun homme ne peut avancer seul sur le chemin de la vérité. L’égrégore de la Loge  s’établit alors, et vibre d’une puissance spirituelle intense qui se transfère dans l’âme des FF\. C’est le moment le plus fort du rituel ou chacun réalise intérieurement la Connaissance jusqu’à son degré le plus élevé.

La franc maçonnerie ne prétend pas que l’homme est pur esprit et elle n’exige pas  qu’il possède uniquement une vive intelligence. Chacun de mes coups rappelle que le franc maçon doit également avoir un caractère fort et actif pour exprimer dans la société et dans la famille les idéaux les plus élevés.

Chacun de mes coups qui résonne est un ancrage dans la terre de la création céleste, une manifestation  de l’au delà. Chaque coup vibre en notre cœur pour éveiller la sagesse, la force, et la beauté. Chaque coup qui résonne annonce que le rideau va se lever et le jeu d’en haut va se jouer en bas. Le haut et le bas se sont rejoints en moi, symbole de l’arbre de vie qui réunit en l’homme les énergies universelles.

A ce moment sacré de l’ouverture de la Loge, le franc-maçon découvre la liberté en lui, et rejoint la réalité cosmique. Il ne cherche pas a réaliser l’expérience de « Dieu » tel que l’entendent les religieux  du monde profane, mais à vivre une expérience réelle et lumineuse, – la connaissance de soi-même.
Pour lui rappeler les exigences de sa voie de bâtisseur, de chercheur et de travailleur inlassable, l’épée de l’Expert et moi-même, nous formons un immense équerre symbolique au dessus de l’autel des serments pour magnifier le travail initiatique à ce moment ou chacun se retrouve à sa plus haute réalisation spirituelle. L’épée est signe de noblesse et du courage des chevaliers, et l’arme idéale pour livrer un combat intérieur. Ensemble, nous inspirons le franc-maçon à parfaire et de consolider sa révolution intérieure, et lui rappelons que cette attraction n’est ni un abandon religieux , ni foi aveugle, mais une œuvre, de raisonnement, de connaissance, et d’ordonnancement intérieur.
Nous lui rappelons également que durant toute la tenue, le travail et les interventions doivent être constructives et nobles.

Pendant l’allumage de la loge par mon Maitre, je suis intrigué par l’absence de la quatrième lumière autour du cœur de la loge, et j’en ai discuté avec mon Maitre. La  question reste ouverte et il existe plusieurs interprétations à ce sujet. Une des explications pour ce vide est qu’elle ne serait pas sur le même plan que les autres et serait donc invisible quoi que bien remarquable. Elle est présente mais impalpable, lumineuse mais ailleurs. Elle se trouve au-delà des trois autres piliers, à l’orient sur le plateau du VM\ sur l’axe du pilier Force. Elle est la flamme primordiale qui brille avant l’ouverture et continue à briller après la fermeture des travaux, et est source des autres lumières de la Loge.
Elle représente la Vérité.

Mais ou est le pilier qui la supporte ? Tout comme le pèlerin qui utilise sa canne à  la recherche de la Vérité, et qui découvre celle-ci  pas à la fin du voyage, mais pendant son déplacement vers l’intérieur de lui-même, je me demande si je ne suis pas ce quatrième pilier qui relie le spirituel au matériel, et qui nous guide vers la lumière à travers une réflexion sur la Force, la Sagesse et la Beauté.
On a aussi supposé que ce pilier invisible est représenté par l’épée de l’Expert qui capte le mieux et le plus les énergies de la Loge sur sa pointe et qu’il transmet tel une antenne de relais, aux quatre points cardinaux de la Loge en les redistribuant et en fonction des besoins de chaque Frère,.
Et ce travail commencé dans le temple se poursuit en dehors. L’épée de l’Expert et moi-même, la canne du Maitre des Cérémonies, nous sommes les seuls instruments qui restent actifs après la clôture des travaux. Ainsi, nous continuons l’œuvre inlassablement dans le parvis et dans la cité, l’épée menant un combat sans relâche en notre intérieur, et moi la canne assistant dans ce mouvement intérieur, nous permettant ainsi à avancer en toute sérénité vers la lumière.

V\ M\, J’ai dit.

Jean Eric DRUETZ

7091-2 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \