Obédience : NC Loge : NC 22/04/2013

 

Les mauvais compagnons

Assassins oui mais !

Avant tout revenons sur la cérémonie d’accession à la Maîtrise.

Cette cérémonie très différente de ce que nous avons connu jusqu’à lors. Oui, lors des cérémonies précédentes, nous avons travaillé guidé par la lumière de l’orient, nous avons demandé cette lumière et là soudainement un grand changement, nous nous retrouvons dans les ténèbres. Que s’est-il passé, qu’elle est la cause de ce changement soudain ?

Alors que la journée de travail est terminée, Il règne une sensation de remords et de tristesse. Selon la rumeur un drame s’est produit. Maître Hiram aurait été assassiné. Maître Hiram, désigné architecte par Salomon pour la construction de son Temple, afin de protéger l’Arche d’Alliance, trésor qui contient le témoignage du message éternel, dans un endroit protégé nommé le « saint des saint ».

Maître Hiram respecté de tous, à la tête de trente mille hommes répartis en trois groupes égaux pour se relayer par tiers chaque mois puis rentrer deux mois dans leur pays. Salomon avait engagé également soixante-dix mille manœuvres pour le transport des pierres que quatre-vingt mille hommes extrayaient des montagnes. Tout ce monde était encadré par trois mille trois cent contremaitres qui tous dépendaient de l’architecte Hiram et de son savoir. Mais il était difficile de faire travailler autant d’hommes et certains songeaient plus à leur gage qu’au travail à effectuer. Afin d’empêcher les abus et de respecter les grades de chacun, Maître Hiram voulu y mettre bon ordre, un mot de passe fut donné à ceux qui travaillaient afin qu’ils puissent toucher leur paye. Ceux dont l’ouvrage dépassait en qualité celui des autres étaient interrogés par Hiram, puis conduits dans un souterrain du Temple où de nouvelles connaissances leurs étaient transmises lors d’une cérémonie d’initiation au cours de laquelle ils recevaient un nouveau mot de passe.

Trois compagnons furieux qu’Hiram leurs eût refusé l’initiation, un soir guettèrent le maître à la sortie du Temple afin de se faire communiquer le mot de passe. Ils lui tendirent un guet-apens. L’un d’eux se plaça à la porte du midi armé d’un maillet, un autre à la porte occidentale avec le fil à plomb et le troisième à l’orient avec le niveau. Maître Hiram sortit par l’Ouest, il refusa de transmettre le mot de passe pour accéder à la maitrise. Le premier mauvais compagnon le frappa avec le fil à plomb. Hiram évita le coup sur la tête mais le reçu sur l’épaule droite. Il s’enfuit, mais rencontra un autre mauvais compagnon placé à la porte Sud qui le frappa sur l’épaule gauche avec le niveau. Vacillant, il courut à l’orient où il fut tué par un coup de maillet porté à la tête par le troisième mauvais compagnon.

Quand le crime fut découvert, Salomon fit changer le mot de passe et demanda aux compagnons de se couper la barbe et les cheveux, de porter des tabliers de peau blanche en signe de deuil et des gants blancs pour marquer qu’ils étaient innocents du meurtre. Mais revenons sur les outils utilisés par ces mauvais compagnons et leur portée symbolique. Tout d’abord le fil à plomb. Cet outil qui me permet de me hisser vers le sommet (au Zénith), vers la lumière et l’instruction des arts libéraux qui sont l’image même du travail sur soi. De descendre dans les profondeurs de l’introspection (au Nadir). Au fil du temps, le fil à plomb sera mon fil conducteur qui me fera travailler sur ma hauteur d’homme par la connaissance de moi-même. Ce travail vertical modifiera mon regard ainsi que mon appréciation du « moi », par la prise de conscience de ce que je suis.

Je me souviens de VITRIOL : Visite tous les coins et recoins les plus obscurs et les plus enfouis, les plus rejetés de toi-même, en mesurant, jaugeant tous ces éléments pour en dégager l’intelligence du cœur, cette connaissance de soi si profonde qui ne se contente pas de connaitre, mais de se connaitre, afin de rectifier.

Le deuxième compagnon le frappe avec le niveau, cet outil qui m’a fait passer de la verticalité à l’horizontalité, après être passé par le stade d’une descente intérieure, afin d’identifier et de corriger les zones d’ombres et les imperfections de ma vie profane, compagnon, je suis remonté jusqu’au niveau horizontal de la terre. Cet outil de précision me permet de rechercher la stabilité et l’équilibre dans la dimension terrestre.

Ces deux outils bien utilisés forment l’angle droit, l’équerre, dont découle l’idée de rectitude, de rigueur et de précision. Je dois être ferme dans mes pensées mes actes et mes paroles. Symboliquement, l'équerre représente la matière, elle a donc ici une interprétation de ce qui autour de l’esprit, donc le corps.

Pour finalement périr d’un coup de maillet. Ce maillet qui sert à frapper. C’est un outil actif, également symbole de commandement, de la volonté agissante et du pouvoir temporel, ce maillet qui symboliquement révèle trois formes de puissance :

La puissance brutale à caractère primitif de l’arme de combat terrestre, assimilé à la masse.
La puissance créatrice et ordonnatrice à caractère divin de l'activité céleste symbolisée par la foudre ou le tonnerre et la puissance de connaissance avec un caractère relationnel de l'humain au divin.

Inversement dans son aspect symbolique négatif, il représente le goût du pouvoir et l’ambition.

Alors pourquoi l’utilisation inverse des outils symboliques ? Alors qu’ils m’ont servi jusqu’à lors à m’élever dans un esprit de droiture, volontaire et actif, humblement à la recherche de la connaissance (connais-toi, toi-même), lorsque je suis né franc maçon. Maintenant j’en fais un mauvais usage.

Alors pourquoi cette déviance dans l’utilisation des outils, qui, lorsqu’ils m’ont été attribués, m’ont émerveillés. A leurs contacts, j’ai trouvé des sources de réflexion, car j’ai compris que l’esprit conditionne la relation qui s’établit entre la main et l’instrument. Cette main qui manie l’outil est un moyen d’expression de la pensé, son prolongement.

De plus, utilisés lors de cette cérémonie par les piliers de la loge que sont les 3 principaux officiers. Le 2ème surveillant, qui là me frappe avec le fil à plomb, cet outil qui m’est familier. Le coup qu’il me porte, pour toucher l’épaule droite et meurtrir le côté droit représentant la force et l’action. Cette première blessure rituelle a pour objet de supprimer en Hiram génie créateur, son habileté technique liée à son immense savoir intellectuel.

Le premier surveillant me frappe côté gauche, côté cœur, siège des sentiments et de la vie. Cette deuxième blessure rituelle, destinée à tuer en Hiram ses structures éthiques, ses qualités morales, son acuité psychique et son affectivité. Pour finalement me trouver face au vénérable Maître, à qui je fais confiance, qui est l’autorité constructive de mon parcours. Mais hélas, alors que je pensais y trouver du réconfort, je reçois le coup fatal au front, siège de la connaissance et de la spiritualité.

En conséquence, le geste violent du troisième compagnon veut avoir pour résultat de briser en Hiram, d’interrompre l'écoulement de son énergie vitale, de mettre fin à la connaissance spirituelle acquise, d'anéantir le grand initié qu’il est et qui avait élevé un temple à la gloire de la Lumière éternelle. Mais ce résultat ne sera pas obtenu car le chef-d'œuvre réalisé durera un certain temps, alors que le Temple Intérieur d'un parfait initié, lui est bâti pour toujours ; seul le corps physique d'Hiram cesse de vivre.

Hiram qui représente la Connaissance, l’action et l’évolution est stoppé dans sa dynamique par ceux qui refusent tout effort et qui recherchent la facilité. De surcroits représentés par les meilleurs d’entre nous.

Cette déviance dans l’utilisation des outils, qui, jusqu’à présent étaient utilisés pour construire, ici sont utilisés pour détruire, et le voyage qui était le principe même de la perpétuelle initiation, s’arrête au moment précis où le Maître identifié symboliquement par Hiram, meurt. On ne peut concevoir que tout s’arrête, il doit continuer à participer à la construction du Temple.

Tout devient incompréhensible. Alors même que le Vénérable maître prône la paix sur la terre, le premier surveillant l’amour parmi les hommes et le second surveillant qui nous dit que la beauté l’orne ! Tout devient soudainement violence engendrée par l’erreur (l’ignorance), le fanatisme et l’orgueil (l’ambition).

Les 3 coups portés forment un triangle inverse à celui de l’adoubement lors de l’initiation, cela aurait-il également une signification ? L’idée encore d’inverser les choses et de défaire ce qui était sacré lors de l’initiation. Tout est désordre.

Dans cette espace énergétique qu’est la loge, les trois compagnons qui n’avaient pas ressenti ce point de jonction entre le matériel et le spirituel, m’ont montré les défauts à éviter, ils n’étaient pas heureux de leur vie d’ignorants et pêchaient par envie, d’un courage qu’ils n’avaient pas eu pour devenir meilleurs. Ceci est la preuve que sans travail et sans humilité on va droit à l’échec. (Alors Gloire au Travail)

Le V\ M\ Et les 2 surv\ qui représentent le pouvoir sont choisis pour me montrer que bien que leur rôle soit important, trop d’ambition ou d’envie peuvent détruire tout le travail fourni, toute la connaissance acquise.

Maître Hiram s’est écroulé (je me suis écroulé) et au-delà de sa mort physique, il y a surtout la mort sentimentale et spirituelle. Tout s’est passé très vite, mais du levier à la règle, pour finir au compas, je suis passé entre raison et sentiment et ces outils que j’ai enjambés ont leur portée symbolique également.

J’ai enjambé le levier. Cet outil qui sert à décupler les forces. C’est le contrôle de l’énergie et de l’action. Il représente la volonté, l’habilité, la persévérance et l’humilité qui conduisent au détachement.

Puis la règle, cet outil qui sert à mesurer, à vérifier le plan et la droiture. Graduée elle évoque l’écoulement des heures de travail, la précision dans la mesure, la présence dans l’instant, l’obéissance librement consentie. La règle n’a pas seulement une valeur symbolique, mais plus profondément une valeur spirituelle, en se définissant comme un trait d'union entre le ciel et la terre. Elle est symbole de rectitude, de droiture, de spiritualité et de la construction de soi. Elle représente le savoir.

Pour terminer au compas, cet outil qui représente la précision, c’est un instrument « actif », de par sa conception, il peut passer d’une ligne droite qui tendra vers l’infinie, à la recherche de l’angle droit et devient alors le symbole de la droiture. L’écartement du compas, représente l’ouverture d’esprit et le génie de l’être humaine. Son ouverture vers la ligne droite, représenterait alors la portée de l’imagination et l’infini qu’il reste me reste à explorer. En fonction de l’écartement des branches, on passe par différentes réflexions qui peuvent être plus ou moins large, (tolérance), mais toujours très précises.

Pour finalement me trouver allongé entre l’équerre et le compas. L'équerre et le compas symbolisent un signe d'union entre le corps et l'esprit, l'Homme dont le corps est transitoire alors que l’esprit est éternel. Le compas représente le côté spirituel de l'homme, alors que l'équerre appartient au monde matériel, elle représente la matière, le corps. Mais si le Temple reste inachevé après l’assassinat de Maître Hiram, la parole sera perdue.

Alors il faut retrouver le Maître.

La présence de l’arbre de vie, l’acacia, a permis à mes frères de retrouver ma sépulture et de m’identifier. Pour que je ressuscite, il faut me relever.

Dans un premier temps, mon F\ Second surveillant par l’attouchement de l’apprenti échoue. La chair quitte les os. Mon F\ Premier surveillant, par l’attouchement du compagnon n’a pas fait mieux, tout se désunit. Il faut l’intervention du T\ V\ M\, qui se rappelle que l’union fait la force et que sans le secours des autres nous ne pouvons rien. Alors aidé par eux, lui y parvient par les cinq points parfaits, symbole d’aide et d’assistance qui mènerons à l’harmonie et l’équilibre.

En face de moi je n’ai plus de frères meurtriers, mais trois frères aimants et bienveillants. Je suis relevé.

En premier lieu, la main droite du T\ V\ M\, en forme de griffe qui m’agrippe et m’attire vers lui, une sorte de jumelage est née, l’entente fraternelle, indissoluble est concrétisée. Nos mains réunis transmettent les énergies, ces forces nouvelles nous conduisent dans un nouvel espace, dans un autre temps, du spirituel (état de conscience) au plan divin (merveilleux, exquis) c'est-à-dire vers une nouvelle étape de la connaissance initiatique. Dans un même temps, il place son pied droit contre mon pied droit. Par ce point d’appui, s’opère un mouvement de levier, il me relève, ainsi mon pied droit est en contact avec la terre mère, il devient le symbole de l’enracinement, la base et la stabilité, symboliquement me voilà rattaché à l’arbre de vie. Le passage de l’humain au divin.

Ensuite genou contre genou, cette articulation fondamentale signe de volonté, qui donne la transmission du mouvement. Ainsi « Accolés », nous devenons égaux. Le genou devient symbole de verticalité, il soutient l’être complet. L’initié, par la jambe toute entière, devient colonne du temple. Plié, il devient signe d’humilité, par le fait qu’il nous conduit, par son fléchissement, à marquer notre respect et notre dévouement. Le genou est donc tout à la fois courroie de transmission de la volonté et marque du respect de nos engagements que nous prenons agenouillés.

Le quatrième point est atteint lorsque nos poitrines se rejoignent. Ce rapprochement côté cœur, exprime l’union étroite, qui permet l’amour et la tolérance. Ainsi placé contre sa poitrine, le T\ V\ M\ me reçoit comme son fils.

Cette posture appelle le cinquième point, la main gauche du T\ V\ M\. Celle du cœur. Le T\ V\ M\. Vient chercher mon épaule droite, ainsi nos deux corps sont plus étroitement rapprochés. Cette main gauche posé sur mon épaule, me communique la connaissance, me guide en montrant le chemin vers la lumière. Par ces attouchements, j’ai pris conscience qu’une métamorphose s’est opéré, chaque point est un nœud, une articulation qui devient un lien dynamique des énergies. Je suis passé du plan terrestre horizontal à l’état vertical, devenant ainsi le trait d’union entre la terre et le ciel (du rationnel au spirituel). Une renaissance s’est opérée.

L’idéal de la franc maçonnerie serait-il l’accomplissement du devoir porté jusqu’au sacrifice. Symboliquement, je suis Maître Hiram, après cette agression, je passe de la verticalité à l’horizontalité, je ne suis plus rien physiquement et pourtant il va falloir que je ressuscite pour me transformer.

Cette mort ne sera pas inutile. Alors assassins oui mais ! Je suis concerné car j’ai un double rôle, c’est moi qui joue tous les rôles, je suis Hiram et les trois mauvais compagnons. C’est indéniable, il faut que je fasse mon examen de conscience.

Il faut que j’amène la preuve de la pureté de mes actions d’hier. Mes mains sont-elles pures, ma conscience tranquille et mes devoirs d’initiés bien remplis, sans trahison. Autant de questions qui doivent persister en nous, tout au long de notre vie maçonnique, sans trahir les mots sacrés. Ces mots de passe si importants qu’il faille mourir pour eux. Le respect de la parole donnée, du serment que tout maitre a contracté.

Ce serment qui amène à la maîtrise. Car pourquoi préserver ces mots et mourir pour ne pas les communiquer. C’est LA question, Maître Hiram LUI savait, il a choisi son destin. Sans les mauvais compagnons, il n’y aurait pas de Maître et pour que le mythe naisse, il savait qu’il devait mourir. JE DEVAIS MOURIR.

L’important, c’est que de cette mort, je renaitrai dans la spiritualité, à la recherche de la sagesse, indispensable pour Accéder à la véritable maîtrise. Il est nécessaire de remettre en cause les mauvais sentiments qui inondent notre vie au quotidien, moi qui aime l’histoire, me mettre à la recherche de l’innocence des principes originaux des temps anciens. Nous le savons, ce n’est pas le propre de l’homme de rectifier ses défauts, l’histoire nous l’a amplement montré depuis la création jusqu’à ce jour. L’homme est faible et il faut exploiter tout ce qui permettra de venir au secours de la faiblesse humaine.

Nous avons vécu le meurtre, qui permet d’y apporter la méthode. Maintenant Il faut transcender le côté négatif, transformer l’ignorance en connaissance, le fanatisme et l’orgueil en détachement, l’ambition en humilité en tolérance et alors la transformation s’opérera, telle la chrysalide qui devient papillon, le mauvais compagnon deviendra un véritable Maître, à la recherche de la vérité absolue, même si celle-ci est inaccessible à l’esprit humain, il cherchera à s’en approcher sans cesse.

Il est vrai que la vie est un combat, un combat aussi sur le plan spirituel, même si il y a des combats dans lesquels on se fatigue pour pas grand-chose, celui-ci annonce le passage de l’ancien Maître au nouveau Maître, l’invitation à adopter l’attitude qui correspond au temps dans lequel je suis désormais entré, ce temps où je me dis « Tient-toi sur tes gardes », autrement dit : « Méfie- toi de toi-même ».

Il est juste de dire que la F\ M\ est à la fois, le vécu du passé, le savoir du présent et la découverte du futur. Recevoir, apporter, transmettre et perpétuer l’œuvre collective, afin de vouloir éveiller la continuité collective pour la construction du Temple. Celui qui aspire à l’éveil, combat ses fantasmes, ses préjugés et ses mauvais génies qui le retiennent dans l’esclavage. L’homme intérieur livre un perpétuel combat et traverse des périodes de victoires et de défaites.

T\ V\ M\ J’ai dit.

P\ B\


7077-J L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \