Obédience : NC Loge : NC 12/2009

 

Tubalcaïn

Le travail que je vous présente aujourd’hui, est le fruit d’une réflexion basée,pour moi, sur ce que m’a appris la méthode symbolique de la F\M\, c’est à dire la logique analogique .
Partant de Tubalcaïn, nous aurons recours à la Mythologie, puis à la symbolique des métaux, puis à la représentation du forgeron, ensuite se présentera Hiram et la transformation alchimique et enfin la mission, le travail du F\ M\.

    1)  Tubalcaïn signifie « Maître du Monde » .

Il est dans la Bible un descendant direct de Caïn (Caïn signifie acquérir ou obtenir ). Sa fonction était de travailler la terre.
La Loi Mosaïque n’étant pas encore née, Caïn ne fut pas tué après son crime fratricide, il se trouva symboliquement exilé de la terre sacrée. Il fut envoyé de l’Orient vers le Nord.
Après que Caïn eut bâti la première ville, nommée Henoch, il devint le premier d’une lignée de créateurs.Chaque descendant de Caïn est décrit par son activité : Jubal sera nomade et berger, Dubal sera musicien …Tubal-Caïn s’occupera des métaux et des instruments.
La postérité de Caïn fonde la civilisation,le progrès de la technique, des sciences et des arts.

Tubal-Caïn appartenait à la 7ème descendance de Caïn. 7 indique que Tubal-Caïn avait évolué par rapport à son ancêtre, qu’il avait exploré sa terre, découvert des métaux et qu’il savait les utiliser. Ainsi, le 7 indique aussi la fin d’un cycle. C’est pourquoi on peut dire en M\ : « J’ai 7 ans et plus «, car il y a d’autres cycles à réaliser.
Le 7, c’est encore le 4 du carré de la terre, associé au 3 du triangle de la divinité. Tubal-Caïn est identifié par ces 2 nombres de par son activité de terrien et de par sa relation avec le divin (Adam créature,création de Dieu ).
Dans l’imagerie populaire, Tubal-Caïn est représenté comme un forgeron trapu, tassé comme une pierre.

     2)      Dans la mythologie, Tubal-Caïn est assimilé à Vulcain pour les Romains et à Héphaïstos pour des Grecs, forgerons officiels des dieux. Maître du Feu, Héphaïstos forgea l’armure magique d’Achille, le trident de Poséïdon, le sceptre de Zeus ou bien encore la colonnade de bronze du T\ de Delphes. «  Il » découvrit les secrets du feu et des métaux qui peuvent être solides, ou liquides, purs ou alliés entre eux. Il se fait créateur de formes nouvelles et il paie le prix de ses découvertes par un signe visible et permanent dans son aspect physique.
On présente souvent le forgeron soit boiteux, soit unijambiste ou nain.

En effet, Héphaïstos fils unique de Junon, reine de l’Olympe et de Zeus ne fut pas reconnu par son père qui le jeta du haut de la montagne.Cela le rapproche des fils de veuves célèbres, et de la boiterie initiatique.
Dans les mythes, le Pouvoir n’est pas tendre avec celui qui « connaît » les secrets et les divulgue aux « dominés » afin de leur permettre de se libérer. De Prométhée à Adam, les « forgerons « sont estropiés. Héphaïstos est boiteux et difforme, Varuna, Tyr, Odm, Alfado sont estropiés.La perte de leur intégrité physique est le prix de leur science :ils ont subi la colère d’un dieu jaloux de ses privilèges. Ils portent les marques de la vengeance des Dieux.
Pour les grecs, Héphaïstos représente le feu intérieur de la terre, comme celui qui habite le cœur de l’Homme.

     3) Les métaux sont extraits de la terre.
La symbolique des métaux comporte un double aspect :opposé et complémentaire.
Les métaux passent d’un état brut à un autre état purifié, dans une forme renouvelée traversant la souffrance, la mort et la renaissances symbolique.
Avant de commencer à forer le sol, le chaman ou le forgeron sorcier procédait selon des rituels bien précis à une cérémonie secrète, prenant des précautions indispensables pour rassurer et perturber le moins possible les esprits souterrains.
Je me souviens,lors de la visite d’un chantier de fouilles archéologiques,en 2002, au Pérou,près de Lima, des propos suivants tenus par notre guide,un jeune chercheur connu : « …avant chaque fouille, nous sacrifions au rituel par des offrandes, des incantations pour demander l’autorisation d’ouvrir le chantier, de creuser la terre. Nous en appelons à  l’intercession des esprits, à leurs bons auspices, afin de saisir l’information du savoir ancien- pour comprendre (c’est notre différence par rapport aux pilleurs de tombes…) Nous souhaitons ne pas perturber l’énergie du lieu et assurer de notre respect les Anciens afin de ne pas les déranger et pour que les recherches scientifiques se passent bien ) ».
Cet échange m’avait laissée perplexe.

Revenons au travail des métaux :
Quand le minerai était découvert et extrait,il était dirigé vers les fourneaux. Puis, le forgeron se substituait à la Terre-Mère pour accélérer et parfaire « la croissance » et la maturité du minerai. Il collaborait en quelque sorte à l’œuvre de la nature, intermédiaire entre Dieu et les Hommes.Ainsi,il fabriquait l’outillage en fer dont les cultivateurs et les chasseurs avaient besoin. Il sculptait les images des ancêtres et des génies qui servaient de support aux cultes. Intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts, tantôt méprisé, tantôt respecté, il vivait à l’écart du village en compagnie de sa femme la potière.

La fusion des métaux est considérée comme une mort. Le soufre extrait représente la vertu, c’est à dire le noyau ou l’esprit de métal.
Rappelez-vous l’interdiction du métal dans les outils hébreux et des outils de métal dans la construction du T\ de Salomon (ainsi que le dépouillement des métaux avant l’Initiation M\).
Un système de correspondance a été établi entre les métaux, les planètes ou étoiles,(qui seraient des énergies cosmique solidifiées et condensées), suivant un ordre ascendant dans la hiérarchie des métaux :plomb /Saturne, étain/Jupiter, fer/mars, cuivre/Vénus, mercure//Mercure, argent/ Lune, or/Soleil.
L’alliage est alliance. La symbolique connaît aussi les alliages :
- l’airain(bronze)= ambivalence qui concerne le canon et la cloche ! avec la sonorité particulière  des cloches qui annoncent les joies mais aussi les malheurs.
- le serpent d’airain :chez les hébreux préserve de la mort.
- la voûte d’airain du ciel chez les Egyptiens, avait le sens de l’impénétrable, comme le métal.
- les vases d’airain qui tintaient dans le bois sacré de Zeus.
- la mer d’airain fondue par Hiram,installée devant le T\ de Salomon servait à étudier l’astrologie.

    4) Tubalcaïn, le forgeron, travaille les métaux et s’inscrit spirituellement comme continuateur de la lignée caïnite. Le forgeron fait partie des bâtisseurs et apprend à Etre par le moyen de la création. Il a la connaissance des 4 éléments :le métal est extrait de la terre, il est transfiguré par le feu, lui même attisé par l’air puis trempé par l’eau afin de devenir l’instrument utile aux laboureurs ou aux guerriers. Il forge des épées, œuvre d’initié car elles sont parfois dotées d’un pouvoir magique,qui demande de connaître et maîtriser les forces  contenues dans ces éléments.
Le travail de la forge signifie la constitution de l’être à partir du non-être. La forge est l’allégorie du cœur et les soufflets représentent les poumons.
Fondre le métal et le reformer correspond au « salve et coagula » de l’alchimie hermétique, travail créateur par excellence, car créer c’est recréer.
Le forgeron maîtrise le feu et grâce à lui transforme les métaux qui viennent des profondeurs de la terre. Son pouvoir est ambivalent, il peut être aussi maléfique que bénéfique.
On  peut penser que le F\ M\, grâce à l’introspection, extrait des profondeurs de son inconscient, de sa mémoire les mythes qu’il utilise pour comprendre, évoluer et construire un Homme nouveau. Maîtrise des éléments qui signifie Maîtrise de soi.


    5) Tubalcaïn, le » forgeron de l’Univers » annonce Hiram.
Hiram est avant tout un métallurgiste- c’est la Bible qui le dit (Genèse 4-2.22). Il exécuta les travaux du T\ de Salomon, à savoir les 2 colonnes et leurs ornements dont les grenades, la mer d’airain et les taureaux de sa base ainsi que le petit mobilier rituel.
Hiram est né de Caïn, qui le premier a travaillé la terre, dont la lignée s’est réfugiée dans un monde souterrain et a secrètement survécu au déluge.
Hiram est un être sombre, éclairé par un feu intérieur et totalement voué au travail.
En nous faisant rencontrer le M\, le rituel nous relie à cette grande chaîne humaine qui n’a cessé,au travers de diverses spiritualités,d’affirmer la grandeur et l’originalité de l’humanité.
Le 2nd degré, qui proclame la Glorification du Travail,  voit cette dimension enrichie au 3ème degré où le travail désormais signifie le travail à faire sur soi même et le travail fourni dans le monde. L’un ne peut aller sans l’autre, tout interagit.

Que se passe-t-il à l’intérieur de nous-même ?
Dans le T\, Et hors du T\ ?
Sommes-nous maîtres de nos métaux, de nos passions ?

Il ne s’agit pas seulement de discourir, de séparer, de manipuler les outils, mais il est nécessaire de savoir ce que l’on fait,_ de connaître la signification des symboles et de les rendre dynamiques grâce à l’intelligence,à la sagesse,c’est à dire de travailler et de penser.
 Hiram était maître d’œuvre, il était surtout maître de lui, de sa manière de vivre, de son sens du devoir et de la pleine conscience de ses responsabilités.

 Dans l’évolution du monde, tout est transformation perpétuelle.
Qu’il s’agisse de la transmutation des métaux ou de celle du corps humain, on peut évoquer les 3 étapes distinctes de l’alchimie et de ce qui se passe dans l’athanor :
 - C’est d’abord l’œuvre au Noir du métal brut, de la mort apparente de la matière.
 - Puis, c’est l’œuvre au Rouge, résultant de l’action du feu sur les métaux ou de l embrasement des passions humaines.
 - Enfin, c’est l’œuvre au Blanc, du métal purifié, unifié, transmué en sa forme nouvelle.
On ne doit progresser que dans le sens de la nature, le respect des lois et l’intérêt de tous.

Les forgerons-sorciers de l’Antiquité étaient appelés Vénérables ou Respectables, selon leur âge.  Ils étaient itinérants sur les territoires, toujours à la recherche de nouvelles mines, de nouveaux métaux. Ils étaient fondeurs et créateurs de formes nouvelles, tout comme le V\M\ de notre L\ qui « crée, reçoit et constitue «  le nouvel App\ qui viendra enrichir la L\ de ses qualités personnelles.
Il est nécessaire de se rappeler ces données symboliques riches de sens, qui nous aident à comprendre.

    6) Au cœur de la L\ :
La vocation de la F\ M\ n’est pas de former des disciples mais de former des Maîtres qui continueront le travail d’Hiram, comme le font les Off\ dans la L\ qui se lèvent et se remplacent aussitôt.
Le Franc-Maçon travaille afin d’élever son niveau de conscience, pour qu’il y ait passage d’un état intérieur à un état extérieur et inversement, permettant une transformation.

Ainsi, ce qui était séparé sera unifié, ce qui est épars sera rassemblé - et tout sera purifié par le feu de l’athanor c’est à dire par la force de notre Foi en l’Homme et de notre Amour de l’Humanité.
Pour la F\ M\, l’Homme nouveau qu’il essaie d’être est prométhéen. Sa vocation est d’établir une société meilleure, une société fraternelle selon nos principes de « Liberté -Egalité -Fraternité »,dans laquelle le rayonnement par le savoir remplacera la hiérarchie fondée sur la force.
L’Homme nouveau a grandi dans le T\. Tout au long du chemin initiatique,depuis la pierre brute, l’App\ a appris à tailler la pierre, à la polir, puis le C\ a appris à construire, avec ses outils de bâtisseur, enfin le M\ a appris les secrets de métaux qui lui permettront,s’il travaille, d’édifier son propre T\ et de devenir autre...
Nous rappeler de cette étape ultime, en L\ Bleue, nous rappeler de Tubalcaïn  et nous demander où nous en sommes  est, je crois, le message de ce mot de passe donné par le T\R\ M\avec les 5 points de la Maîtrise.

Alors, je peux formuler ainsi mon propre questionnement :
- Quel est mon « feu intérieur » ?
- De quelle transformation suis-je consciente,grâce à mon travail M\ ?
- En quoi Tubalcaïn est-il un modèle pour moi même ?
- Quels métaux me reste-t-il encore à travailler ?

Peut-être pourrez-vous m’accompagner ?

J’ai dit,

J\ L\

7076-3 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \