Obédience : NC Loge : NC 23/04/2010

 

La maîtrise pour qui pourquoi ?

La maitrise pour qui.

Tout d’abord pour soi pour élever son temple intérieur pour passer de l’horizontalité à la verticalité et aussi pour passer de l’équerre au compas.

Pourquoi nous passons de l’équerre au compas.
 
Dans le rituel ont vous demande comment avez-vous été reçu Maître ?

En passant de l’équerre au compas.

L’équerre donne leur figure à toutes choses, elle forme l’angle droit qui forme les carrés, lesquels forment les cercles.

L’équerre, ou plan du carré symbole de la matière, correspond au plan d’évolution dans lequel se meut l’homme, c'est-à-dire tout ce qui se trouve condamné à disparaître à un moment ou un autre.

De fait, la connaissance de l’équerre a permis au maçon qui s’aventure sur le chemin ardu de la recherche de la vérité qu’il porte en lui, de faire en sorte que ses arguments, les bases de son raisonnement, soient parfaitement ordonnés et qu’il sache contenir en lui notamment, ce qu’il y aurait de trop aveuglément subjectif et sentimental dans sa démarche. Sans cette discipline, l’édifice que l’on construit ne serait véritablement stable et s’écroulerait tôt ou tard, de même que cette vérité recherchée en soi ne pourrait être identifiée.

Le compas est aussi bien utilisé par les tailleurs de pierres, les charpentiers, les maçons que par les architectes les ingénieurs et les navigateurs.

Le compas permet de tracer des cercles de différents rayons à l’image de la pensé d’Archimède « donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde » je dirai « Donnez-moi un compas de dimension suffisante et je vous dessinerai le monde, l’univers et toute la création ».

Le Compas sert à prendre des mesures rigoureuses et exactes.

Le besoin de mesurer, de quantifier, de définir les surfaces, les volumes apparaissent très tôt à nos ancêtres, comme un besoin nécessaire.

A partir du moment où l’homme est devenu sédentaire il n’a eu de cesse de reporter, s’orienter. Le seul moyen qu’il ait trouvé pour cela est le Compas.

Le compas sert à déterminer avec exactitude et rectitude les proportions afin de régler le plus parfaitement les dimensions de la pierre. Il symbolise l’impartialité et la perfection de l’œuvre de création du Grand Architecte. Cette exactitude nous contraint à la méditation et à l’admiration d’une construction dont l’objectif est la perfection et dont il nous appartient de maintenir l’équilibre.

Par extension, le compas représente ce qu’il forme, c'est-à-dire un cercle et c’est pourquoi il est le symbole du principe de compréhension multiple. C’est par le compas que l’œuvre se construit dans son ensemble parce qu’il aide à construire ce que contient, un cercle qui ne commence ni ne finit nulle part.

Il symbolise aussi le dynamisme constructeur de la pensée, c'est-à-dire sa liberté créatrice, mais aussi la capacité d’invention, de conception et de réalisation de l’esprit autant que le génie de l’homme. Avec un compas on peut créer une équerre et non l’inverse : l’esprit a donc créé la matière et non l’inverse.

Mais, si le compas est complètement ouvert, il devient une droite stérile qui ne peut plus rien tracer, car il perd son point d’appui et son centre. C’est pourquoi il est important que la maître maçon ne se perde pas et trouve la mesure du compas qui correspond à la sphère de ses capacités de connaissances. Il reçoit un outil de tracé qui devient désormais son outil privilégié, qui symbolise la descente du spirituel sur la matière pour la coordonner, instruit des principes de la géométrie.

Tandis que le pas de l’apprenti et du compagnon se font au ras du sol celui du Maitre enjambe le corps d’Hiram en faisant ses pas en demi-cercle et en traçant un volume. L’équerre est placée à l’occident à la tête du cercueil, alors que le compas est à l’orient, au pied de la sépulture, marquant bien que le maître passe de l’équerre au compas, de la terre au ciel, de la matière à l’esprit, de l’inconscient au conscient, de l’horizontalité à la verticalité. Il renaît sous les symboles du compas, du cercle et du volume.

La décomposition d’Hiram dans le monde horizontal des ténèbres et sa recomposition dans le monde vertical de la lumière permettent une nouvelle fois au maitre d’abandonner son ancienne condition pour renaitre au cœur du monde intermédiaire entre l’équerre et le compas à mi chemin entre la matière et l’esprit.

L’esprit et la matière (compas/équerre) se fond dans le verbe pour se reconstituer en un seul et unique élément : « Un tout ». L’homme debout est symboliquement rétabli dans sa totalité psychique. Il est relevé plus radieux que jamais.

La sagesse acquise, la lumière révélée et atteinte, le franc-maçon à le pouvoir de soumettre son corps et ses désirs charnels et matériels à la maîtrise de son esprit et, ce faisant, d’accéder à la liberté d’une dignité véritablement humaine.

Hiram mort, nous sommes conviés à l’achèvement de la construction du temple, de notre soi, à une rencontre avec le mystère. Nous sommes conviés à nous prendre en main. Mais alors des questions jaillissent aussitôt : est ce que la finalité de l’initiation maçonnique serait de prendre conscience et de se révolter contre la tyrannie de la chair sur l’esprit ?

Tout autant troublant : est ce que cette ascension n’est pas un déracinement, un égarement quand de nombreux textes et rites estiment que la juste place du Maître, au sens d’être humain achevé, est entre terre et ciel, c'est-à-dire entre l’équerre et le compas ?

D’aucuns considèrent que la franc maçonnerie est cet art royal qui consiste à trouver le point de rencontre entre le concret et l’abstrait, l’ici et l’ailleurs, le hier et le demain, l’espace et le temps, l’unique et le multiple, le tout et l’élément, le simple et le complexe, le positif et le négatif, le soi et l’autre, l’identique et le différend…, bref à trouver en toutes choses l’harmonie dont les anciens disaient qu’elle était la fille de la géométrie.

Il n’en demeure pas moins que, parce qu’elle se veut progressive, la franc-maçonnerie demande au maçon, pour lui-même comme pour l’humanité, d’œuvrer à s’élever, de passer de l’horizontalité à la verticalité.

C’est à dire la capacité propre à l’homme d’agir sur le monde extérieur, de l’adapter à ses besoins, différent en cela de l’esprit, capacité de s’orienter essentiellement dans le monde intérieur et face au sens de la vie. Le mythe de la chute symbolise la prise de pouvoir de la matière sur l’esprit :

- « Que venons nous faire en loge ? – Vaincre nos passions, soumettre nos volontés et faire de nouveaux progrès en franc-maçonnerie ».

La matérialité de notre siècle oublie le vrais sens de la vie sans tenir compte de l’influence constante entre les deux phénomènes existants : esprit et matière.

Notre devenir infini commence sur le niveau, ce niveau que nous ne quitterons jamais, en ce plan, où tous, mes frères, en nos grades et qualités, nous nous retrouverons au même point avec un face-à-face avec le soi et avec l’Eternel. Lorsque ce moment sera venu, nous pourrons dire avec bonheur : Je ne suis ni du nord, ni du midi, ni de l’orient ou de l’occident. Je sais que ces mondes me sont désormais accessibles parce que la dualité ne me concerne plus et que la trace de mon passage se trouve dans ce qui ne doit pas laisser de trace, car rien de ce qui est visible n’en laissera ici-bas. Je cherchais l’un, il m’a éclairé.

Cette nouvelle vie libérée peut nous guider vers le lieu de la suprême sublimation, celui de la fin des formes passagères où l’Esprit devient corps.

Et si nous voulons savoir ce que recouvre le compas placé au dessus de l’équerre, il faut revenir à la notion de ce qu’est véritablement un maître et de la mission qu’il doit réaliser dans sa vie.

Pour un maître réalisé, la connaissance des lois et principes qui régissent la vie, l’homme et les effets de transformation liés à la mort restent clairs et éclairants.

Il assume sa mission de guider et mettre sur la voie celui ou ceux qu’il rencontre sur sa route.

La vanité aveugle de l’homme l’entraîne sur un chemin qui ne mène nulle part. Afin que sa vie ne reste pas un grouillement d’intentions obscures, l’être humain doit accéder à la clairvoyance de lui-même, ne pas se limiter à dire : « je pense donc je suis » mais se penser lui-même, réaliser que l’important n’est pas de savoir qu’il est, mais qui il est, et, d’étape en étape que sont les degrés successifs de l’initiation, de s’élever de façon évolutive, de construire l’édifice des valeurs, le Temple, aboutissant au niveau supérieur de l’esprit humain.

A mi chemin entre le Zénith et le nadir, dans une position équidistante des quatre points cardinaux, devant les trois grandes lumières, l’homme est invité à réfléchir.

Le mystère est devant soi, ad vitam eternam (jusqu'à la fin des jours). Aucune équation ne démontrera jamais l’existence de Dieu, ineffable sentiment au plus profond de soi-même, vision fugitive de la pierre caché annoncée dans le cabinet de réflexion. Sans relâche : Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultum Lapidem (visite l’intérieur de la terre et en te rectifiant tu trouveras la pierre cachée) !

Le travail du maçon ne s’arrête jamais.

Je resterai un cherchant, qui cherche la lumière.

J’ai dit, V\ M\

A\ B\


7071-Z L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \