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Etes-vous maître ?

A la question « êtes-vous Maître » ?
Le catéchisme du Maître Maçon fait la réponse suivante « l'acacia m'est connu ».

- Pourquoi l'acacia ?
- Que veut dire cette réponse ?
- Quel enseignement symbolique pouvons nous en tirer ?

L'acacia apparaît dans la franc-maçonnerie avec la mise en place du mythe d'Hiram, l'Architecte légendaire du Temple de Salomon, Hiram est assassiné par trois de ses compagnons qui souhaitaient bénéficier des avantages de la maîtrise et de ses secrets, sans passer par les inconvénients.

Pour avoir refusé de violer le secret qui lui était confié, ils le tuèrent d'un coup de règle, d'équerre et de maillet. Ensuite quand la nuit fut venue, ils le transportèrent hors de la ville, sur une montagne où ils l'enterrèrent et afin de reconnaître l'endroit, ils coupèrent une branche d'acacia et la plantèrent sur la fosse.

Le défunt est censé depuis lors se perpétuer à travers chaque nouveau Maître et la branche d'acacia symbolise l'esprit de jeunesse qui doit triompher de la mort, ainsi que la phase de renaissance à la lumière dans le processus d'initiation.

Voilà très brièvement résumé ce que l'on appelle la légende d'Hiram, Hiram en franc-maçonnerie bien sur, Hiram notre grand Maître à tous, qui peut être n'a jamais existé.

Essayons de remonter dans le temps et de rechercher les sources de la légende.
Les anciens manuscrits Régius et Cooke ne mentionnent ni Hiram ni le temple de Salomon et on ne connaît pas l'origine maçonnique de la légende d'Hiram.

Elle dérive peut être d'un mystère joué au 18ème siècle, lui-même inspiré de la Bible.
Ce qui est certain, c'est qu'elle a été introduite dans le rituel maçonnique entre 1723 et 1738, en effet Anderson n'en fait pas mention dans les premières constitutions éditées en 1723.
Par contre, dans l'édition de 1738, il fait allusion à « la mort subite de notre cher Frère Hiram-Abif, qui fut enterré dans la loge prés du Temple, selon les antiques usages ».

Dans toute société initiatique, la prise de conscience d'une nouvelle vie se fait par la mort symbolique suivi d'une résurrection à une vie nouvelle.
Le rituel d'élévation à la maîtrise raconte un combat, celui de la lumière contre les ténèbres, celui du bien contre le mal.

La première allusion à la mort d'Hiram se trouve dans le Talmud. Il y est raconté que Salomon le fait tuer une fois le Temple achevé, afin qu'il ne puisse pas construire un autre Temple à une divinité païenne (source « dictionnaire maçonnique Roger Richard »).

Le meurtre ne se trouve pas dans la Bible et on n'en parle pas non plus dans les « Old Charges ».

Par contre nous retrouvons le marquage de sépulture, dans la légende de Priam, roi de Troie, où, Enée arrache un rameau de buisson et retrouve ainsi le corps de Polydor, fils de Priam, assassiné par les Thraces.

On s'aperçoit comme dans la légende d'Hiram, que le rameau marque et indique l'emplacement du corps de la victime.

Dans tous les rituels, lors de la cérémonie d'augmentation de salaire au troisième grade, le nouveau Maître est censé être un nouvel Hiram.

D'ailleurs dans le rituel d'élévation du REAA il est dit : « réjouissez-vous, mes Frères, la lumière est revenue. Notre Maître a revu le jour, il renaît plus fort que jamais en la personne de nos deux Frères. ».

Au cours de cette progression maçonnique au REAA, il y a des questions et réponses rituelles.

A la question au premier degré : « êtes-vous Franc-Maçon ? » nous répondons « mes Frères me reconnaissent comme tel ».
A la question au deuxième degré, nous répondons : « J'ai vu l'étoile flamboyante ».
A la question au troisième degré nous répondons : « l'acacia m'est connu ».

C'est à ce grade de Maître qu'apparaît ce végétal « l'acacia », d'ailleurs plusieurs végétaux ponctuent le passage d'initiation ou d'élévation, comme la grenade pour l'apprenti, et les épis de blé pour le Compagnon.

Il semble que dans les toutes premières versions du mythe le choix de l'acacia n'était pas fixé, les transcriptions primitives parlent seulement d'arbrisseau ou de brindille (note de Fernand Chapuis dans le bulletin du G\C\D\R\ de 1938 pp 55-58 cité par J. Boucher)

C'est au fil du temps, que la légende s'enrichit de détails et d'épisodes, pour devenir telle que nous la recevons aujourd'hui avec le rameau et le symbole de l'acacia.

Alors pourquoi l'acacia ? Pour quelles raisons ? Par quelles sources ? Par quel rapport ? Par quel cheminement ?
Telles sont les questions qui peuvent venir à l'esprit du chercheur en quête de vérité.

Pour l'homme de terroir, profane, éloigné de toutes préoccupations ésotériques, l'acacia n'est qu'un arbre commun répandu sur le globe et même dans les régions quelque peu arides ou désertiques.

Quant au botaniste, il atteste que l'arbre appartient à la famille des Mimosées (légumineuses), mais il ne le confond pas avec cet arbre à belles fleurs blanches odorantes, très répandu sur nos collines de notre région, qui est en réalité le robinier ou le faux acacia.

Dans la campagne, désignée parfois comme la France profonde, les hommes, par vieille habitude héritée du fond des âges, habitude née de l'expérience renouvelée et de l'observation patiente ont choisi l'acacia pour fixer les terrains menacés d'affaissement, pour reboiser les sols stériles, ils se sont servis de son bois pour confectionner des pieux et piquets, et pour entretenir l'hiver un bon feu dans la cheminée.

Les raisons fondamentales du choix proviennent des deux qualités remarquables du bois d'acacia ! Il est imputrescible et excellent combustible.

Sa dureté lui permet de résister à l'humidité de la terre ou à se consumer très lentement dans le feu en dégageant une intense chaleur.

L'acacia se signale donc ainsi en pouvant braver sans dommage la suite des temps et des générations. N'est ce pas un signe en direction de l'immortalité.

Même s'ils n'ignoraient pas ces considérations et ces pratiques, c'est pour d'autres raisons que les Pasteurs protestants anglais qui inspirèrent et rédigèrent les constitutions de la franc-maçonnerie au début du 18éme siècle pensèrent à l'acacia.

Ces hommes érudits puisèrent avant tout dans l'Ancien Testament dont ils connaissaient parfaitement le texte et en saisissaient pertinemment les nuances.

Ils en introduisirent habilement des épisodes ou des passages dans la franc-Maçonnerie.
S'inspirant du premier livre des Rois, ils imaginèrent le Temple maçonnique à l'image de celui de Salomon et on retrouve par exemple les deux colonnes (Rois Chapitre 7. v. 41) où le pavé mosaïque du sanctuaire.

On apprend également dans les Chroniques II que Salomon entreprend la construction du temple pour recueillir dans le sanctuaire l'Arche d'Alliance que son père David faute de temps, et peut être de moyens avait provisoirement abrité sous une tente.

Et c'est dans le même livre Chapitre 2 (verset 14) qu'est signalée l'intervention d'Hiram Abi « homme intelligent venant de Thyr et très habile pour les ouvrages d'or, d'argent, d'airain, de pierres et de bois ».

Mais c'est dans le Pentateuque qui ouvre l'Ancien Testament qu'on trouve dans l'Exode mention de l'acacia au (Exode Chap.37 1-4), « Betsaleel fit l'arche de bois d'acacia ; sa longueur était de deux coudées et demie, sa largeur d'une coudée et demie et sa hauteur d'une coudée et demie.

Il la couvrit d'or. Il fondit pour elle quatre anneaux d'or qu'il mit à ses quatre coins.
Il fit des barres de bois d'acacia et les couvrit d'or…
Il passa les barres dans les anneaux pour la porter ».

La confection de cette arche, ce coffre dans lequel Moïse renferma les Tables de la loi, Le Décalogue que Dieu lui avait donné sur le mont Sinaï fut confiée à Betsaleel, cet homme faisait partie des meilleurs de sa corporation dans l'exercice de son art et se distinguait parmi « les hommes habiles en qui l'Eternel avait mis de la Sagesse et de l'intelligence pour savoir et pour faire, exécutèrent les ouvrages destinés au service du sanctuaire selon tout ce que l'Eternel avait ordonné » (Exode Chap.36 1-2.).

On doit bien comprendre que dans tout travail- quel qu'il soit - Sagesse - intelligence, savoir et savoir-faire sont des critères impérieusement nécessaires, des qualités que l'on doit exiger de tout maçon en particulier.
D'ailleurs le Maître ne répond-il pas quand on l'interroge sur sa qualité et sa valeur « éprouvez-moi, l'acacia m'est connu ».

Plus tard après des siècles écoulés, lorsque le christianisme naquit à l'Orient, on ne trouvera dans la relation du Nouveau testament aucune allusion ou mention de l'acacia.

Mais dans les mémoires subsistent toujours quelque chose du passé qu'il soit païen ou religieux et les symboles y sont gravés d'une marque indélébile.

Ainsi certaines légendes chrétiennes prétendent que la couronne d'épines et la croix du Christ avaient été faites en bois d'acacia en annonce de sa résurrection et de sa royauté spirituelle.

Le mot acacia dérivant du grec Akakia a un double sens, dans un premier temps, celui de bois imputrescible et il est aussi considéré comme            « sacré ».
La croix et la couronne d'épines du Christ !!! Fadaises diront certains ? Dogme diront d'autres !

Un troisième sens du mot vient de l'ingénuité que symbolise l'arbuste qui veut dire innocence !

Akakia signifie à la fois acacia et innocence, double sens du mot grec, avec une part profane et une autre mystique.

Nous retrouvons l'innocence, lors de la réception à la Maîtrise.

Le compagnon n'est-il pas accusé d'un horrible crime ? Et ensuite n'est-il pas déclaré « INNOCENT » ?
Le Christ n'était-il pas « INNOCENT » ?
Hiram n'était-il pas « INNOCENT » ?
L'ordre du Temple n'était-il pas « INNOCENT » ?

D'ailleurs la plupart des rites évoluent vers une voie chevaleresque et plus particulièrement Templière.

D'où cette réflexion, sur une chevalerie avec une valeur du service qui est celle de : servir à l'homme, à l'humanité, à notre planète.
Et aussi au Christ par choix, pour des hommes qui admire les valeurs de l'évangile de Jean, sans en accepter pour autant le dogme des églises de Rome ou d'ailleurs.

La branche d'acacia placée sur la dépouille d'Hiram, symbolise la vie au milieu de la mort. Elle apparaît comme un symbole de régénération. Elle montre l'aboutissement du rite initiatique :
Mourir à une forme de vie pour renaître à une autre forme. Nous retrouvons ici la symbolique de l'arbre.

L'arbre est soumis à des cycles de vie et de mort. Il est le symbole de la vie dynamique.
Cette simple branche qui vit sur le tombeau témoigne que tout n'est pas mort et que l'initié s'est métamorphosé rendu en terre.
C'est là un merveilleux mystère dont parlent en d'autres mots toutes les religions et toute les quêtes, et qui fait de l'initié un être nouveau, un fragment de l'univers.

Pour cela, l'acacia peut être considéré également comme un symbole d'immortalité de la survivance de l'âme au-delà de la mort ?

D'où cette réflexion, l'acacia, ce bois imputrescible, n'est-il pas tout simplement le symbole de l'incorruptibilité et du secret maçonnique ?

Chacun en toute liberté de conscience peut interpréter extrapoler, rêver ou bien entendu douter. La Franc-Maçonnerie laisse à chacun de ses adeptes et à tous les FF\ la libre compréhension et la libre appréciation de leur insertion dans ce monde.

Mais chaque maçon ne doit jamais oublier que cette quête dans la continuité du temps est lente, longue faite par étapes, à pas patiemment comptés, étapes patiemment préparées.

L'une d'elles devient tertre sous lequel gît Maître Hiram, on trouve pour seul symbole l'acacia. Rappelons que c'est le seul signe que le maître nous laisse, le signe de son échec, mais aussi de son espoir toujours renaissant.

V\ M\ j'ai dit


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