GLDF Loge : Véritas Vincerit - Orient de Saulx les Chartreux Date : NC

La place du M
\ M\
Où ?  Pourquoi ?


Il m’est venu un jour à l’esprit quatre questions : Où ? Quand ? Pourquoi ? Comment ?
Limité par le temps, cette planche se limitera à une recherche des réponses à :
Où ? Au centre du cercle !
Pourquoi ? Pour recevoir la lumière et trouver nos demeures spirituelles.

A Pourquoi ?, il y a également d’autres réponses possibles, mais comme le dirait notre F\ Kipling, ceci est une autre histoire.
Qu’est ce que le centre du cercle ? Et le cercle ?
Comment en effet tracer quelque chose qui n’existe pas ? Le fait de tracer indique un minimum de longueur, un trait.
Mais un point ! Faut-il le positionner ici, où là ?
Que représente cette ligne établie à partir de l’infini.
Définir un point c’est déjà définir un centre, donc un cercle. Nous allons essayer de réfléchir à ces différentes définitions.

Si j'appuie la pointe de mon stylo sur une feuille, je défini un point. Dans rien, je défini quelque chose qui est un tout. Simplement parce que ce point va être en charge d'une multitude d'idées.
Si nous le considérons comme le centre d'un cercle, cela voudra dire que nous définissons le cercle. En géométrie et en algèbre, le cercle est défini par deux éléments, son rayon et son centre.
Si nous donnons une longueur à son rayon, nous allons limiter notre cercle mais également notre recherche. Il faut donc pour continuer sur les bases du raisonnement de cette planche, prendre un cercle de rayon "infini".
Mais où l'orienter? Dans quel plan?
Si nous définissons un cercle dans une surface plane, de rayon infini, cela veut dire que nous le connaissons parfaitement.
Or on ne peut définir, c'est à dire limiter, quelque chose d'infini, donc par principe, non limité.
Le centre est point de départ, mais aussi point d’arrivée. Car tout est issu de lui, tout y revient. Le fait d’axer le cercle, c'est-à-dire de définir son centre, fait que nous passons du chaos à l’ordonné.
Si nous ne savons définir le centre de notre sphère il nous est impossible de nous orienter. Nous, F\ M\ sommes ici en Loge pour justement retrouver ce centre et donner un sens à notre sphère, c'est-à-dire établir notre idéal, mais aussi trouver notre direction de recherche.
Cela veut dire qu’en Loge, ce centre est esprit. Ce sont nos diverses pensées dirigées vers le même but, celui de retrouver les secrets du Maître Maçon, qui forment ce centre. Et de ce fait, notre cosmos, nous le réalisons nous-mêmes en étant les rayons des différents cercles qui composent cette sphère.
J’ai précédemment indiqué que tout part du cercle et que tout y revient. Ce double mouvement est celui du cœur, du rythme de la respiration, de la vie. Celui du monde d’où s’évade l’initié mais où il revient pour transmettre ce qu’il a recueilli et qui était épars.
Dans cette communion avec les forces vitales et spirituelles de l’Univers, l’esprit du M\ Maçon s’élargit et se dilate. Il s’éloigne sur des sphères de plus en plus larges qui par cette expansion, amorcent une spirale.
Le Maître est au centre du cercle et de là, il va rayonner, puis revenir au centre pour réfléchir, se retrouver, reprendre des forces morales dans cet espace spirituel.
A un moment donné il aura franchi le temps et se retrouvera sur les sphères du monde primordial. Il sera devenu sa propre éternité. Il sera -peut être- sur le point d’avoir la Connaissance et d’atteindre la Lumière.

Abordons maintenant la deuxième partie de cet exposé, le Pourquoi ?
Pourquoi être au centre du cercle et pas ailleurs ?
A ce qui vient d’être dit, la réponse est : Pour atteindre les demeures spirituelles et recevoir la Lumière.
En général la vie fuit les ténèbres pour aller vers la Lumière. C'est la grande quête des migrations et des pèlerinages vers l'Occident, là où le soleil se couche, mais où il est visible le plus longtemps, et c'est le but des pèlerinages vers les finis terrae (Mont St Michel, St Jacques de Compostelle).
Nous étions dans les ténèbres profanes et nous cherchions la Lumière de l'initié que nous ne trouveront peut être jamais. Car certains resteront toujours des profanes, parce que l'effort, la persévérance, le courage ou le don de soi n'a pas été exigé avec suffisamment de rigueur et que de plus,  personne ne peut s'affirmer être un vrai Initié.
Pour avoir la Lumière, il faut que les ténèbres existent. C'est dans les ténèbres que germe la Lumière. Celle que nous cherchons, est celle de l'esprit. Sans lumière physique, pas de vie terrestre. Sans Lumière de l'esprit, pas de vie spirituelle. L'Homme reste végétatif.
La Lumière s'identifie à l'Esprit, et l'Esprit est Lumière. La Lumière est initiation car elle préside à toute transformation. Elle est toujours en potentialité dans les ténèbres et c'est à chacun de nous de l'appréhender.
Se tourner vers la Lumière est symboliquement la mise en ordre du chaos existant dans notre esprit et dans notre moi. Lors de notre Initiation nous avons reçu la Lumière et le reste de notre vie, nous devons redonner ce que nous avons reçu. Le M\M\ qui s'identifie à Hiram doit comme lui transmettre ce qu'il a reçu, en Fraternité.
Lors de notre initiation, le bandeau qui nous couvrait les yeux était opaque car nous n'aurions pu, sans préparation, supporter cette Grande Lumière. Notre maturation spirituelle s'étant affermie, nous pouvons maintenant regarder cette Lumière qui ne commence à nous éclairer que par l’effort que nous faisons nous même en nous remettant en question. Par nos choix et nos réflexions, il nous faut évaluer nos responsabilités et les mener à terme. C’est un travail immense, mais si nous ne faisons pas cet effort, le bandeau qui couvrait nos yeux sera toujours opaque et nous ne pourrons espérer l’ôter un jour.
En vérité, chacun de nous était dans les ténèbres et aspirait à la Lumière sans le savoir. Et bien souvent nous le comprenons plus tard, nous sommes nous même les ténèbres, comme l’apprenti qui plein d’une ardeur néophyte après son initiation, veut tailler sa pierre sans savoir qu’il est à la fois, la pierre et le tailleur de pierre.

Dans notre recherche de la Connaissance, nous avons appris que tout changement s’effectue dans les ténèbres, que ce soit la graine dans la terre, le spermatozoïde dans le ventre de sa mère, ou le profane en initié. Il fait donc passer du soleil de midi au soleil de minuit afin de rejaillir, dans une phase ascendante, au soleil spirituel.
Cette transition implique un changement dans le plan. C’est la descente aux enfers que l’on retrouve dans toutes les traditions. Ce rejaillissement fait que le maître passe du plan à l’espace, de l’horizontale à la verticale, qui est la direction de nos efforts afin de nous libérer de nous-mêmes et passer des ténèbres à la grande Lumière qui illumine l’Esprit. Et recevoir ainsi son message cosmique.
Jean le Baptiste nous invite à méditer sur le fait que l’Homme est périssable et qu’au-delà du corps il y a autre chose qu’il nous faut découvrir. Jean l’Evangéliste, appelé aussi l’Apôtre de la Lumière, nous invite à assister à la naissance de ce quelque chose que l’on peut qualifier d’esprit d’amour et à sa victoire sur les ténèbres.
Dans chaque Homme il y a une potentialité, mais celle-ci ne peut s’éveiller que par une mise sur le chemin, pouvant se faire par soi même ou par les autres. Il faut découvrir dans l’Homme cette parcelle d’éternité qui peut se développer, et pour cela, il faut être à leur écoute. Pour mieux les connaître et pour savoir reconnaître les dispositions qui leur permettront de recevoir un jour, à leur tour, la Lumière.
Savoir trouver dans le profane l’étincelle divine qui est en lui et qui peut extraire la mauvaise part, pour ne garder que le bon.

Mais pourquoi vouloir recevoir 1a Lumière?
A une vie douillette, sans se poser de questions, nous choisissons la voie des remises en cause et des recherches.
Et notre quête est celle de Lancelot à la recherche du Graal, et notre Graal est cette recherche de la Vérité qui se cache en chacun de nous
Recevoir la Lumière, c'est être géomètre et savoir utiliser l'équerre du monde matériel, permettant de faire des lignes et des angles, pour passer au monde spirituel du compas, permettant de tracer les courbes et les cercles ramenant au monde cosmogonique de l'Univers.
Recevoir la Lumière, c'est vouloir s'échapper d'un monde qui est celui de l'Avoir, où l'égoïsme et l'abondance, se superposent aux valeurs spirituelles occultées par le matérialisme.
La vraie démarche du F\M\ est de passer du monde de l'Avoir au monde de l'ÊTRE. L'Etre Humain, libre, égalitaire, fraternel, en applica­tion de notre acclamation écossaise.
Passer de l'Avoir à l'Etre, c'est passer de l'indifférence à l'AMOUR. Amour des autres tels qu'ils sont dans leur différence, telle la très belle citation d'Antoine de Saint Exupery :"si tu es différent de moi mon frère, tu m'enrichis"
Cet amour des autres ne pouvant se faire que par une certaine force de caractère. On n'a pas toujours des atomes crochus avec tout le monde, mais faut-il se rejeter et s'ignorer pour autant ?
Aimer les Hommes, est notre élément d'union, et c'est ce qui nous élève. Tant que nous n'aimerons pas les autres, nous ne serons pas totalement libérés des Ténèbres, et de ce fait, nous ne serons qu'une esquis­se, un être imparfaitement Franc-Maçon.
Cet amour des autres est en nous sous forme d'une énergie stagnante filtrée par notre égoïsme. Il nous faut apprendre à libérer entièrement cette énergie. Actuellement, nous ne faisons que la projeter sur l'objet convoité et non sur l'Humain. Il ne faut pas nous arrêter à la surface extérieure d'autrui, mais faire l'expérience de son être complet.
Si nous nous ouvrons en abandonnant notre ego superficiel, nous ne voyons plus seulement les autres en surface, mais nous obtenons d'eux une vision globale et profonde, et sans s'arrêter aux sensations, nous arrivons aux qualités intérieures et extérieures des Hommes.
Recevoir la Lumière, c'est avoir l'esprit en paix.
Nous sommes en situation d'être dépouillés de nos métaux afin de nous consacrer dans une complète liberté d'esprit, à notre recherche de la Vérité.
Cette quiétude d'esprit permet de mieux aborder les problèmes et d'être vigilant et ouvert aux autres.
Nous pouvons à ce moment les aider sans toutefois vouloir leur imposer nos exigences.
Il ne faut pas nous étendre sans permission sur le terrain d'autrui sans respecter les conditions d'entrer. Mais au contraire ouvrir avec joie, notre territoire et cela peut demander du temps, d'abattre notre barrière.
Ayant appris à nous ouvrir aux autres, nous serons en mesure de leur apporter notre aide, non par plaisir égoïste, mais parce que c’est plus fraternel.

Recevoir la Lumière c’est rechercher sa liberté.
Je pense que pour un franc-maçon la liberté est de savoir que l’on n’est jamais tout à fait libre. Nous ne sommes pas libres de nous conduire passivement vis-à-vis des autres.
Il en est de même dans une loge où chacun a sa propre liberté de dire, de penser, d’être en tant qu’individu isolé, mais où l’Egrégore n’est existante que par l’addition de toutes ces libertés.

J’ai parlé d’amour, de force de caractère, d’esprit en paix, de joie.
Ces mots ajoutés à celui de beauté se retrouvent dans le rituel des travaux du 1er degré et sont les mots clés pour la vie d’un franc-maçon.
Au début de notre quête nous sommes pleins d’orgueil, les meilleurs, les plus beaux, voulant montrer aux autres que nous sommes capables de tailler notre pierre aussi bien qu’eux, sinon mieux.
Rapidement nous comprenons qu’il nous faut nous accepter tels que nous sommes, avec nos défauts, être quelqu’un de complètement ordinaire. Nous devons accepter nos imperfections  mais vouloir à tout prix  les éliminer entièrement est impossible et en fera un obstacle à notre perfectionnement. Et notre esprit étant entièrement pris par l’élimination des aspérités de notre pierre, nous n’aurons plus notre liberté de chercher la Vérité. Il nous faut donc les rectifier au maximum, mais sans chercher à tout prix le polissage de notre pierre brute, car avec l’usure du temps elles seront suffisamment atténuées pour ne plus être un obstacle à notre amélioration.
S’engager dans le recherche de la Vérité librement choisie, aller jusqu’au bout sous peine de voir notre travail commencé et interrompu, hanter notre esprit, doit être notre chantier.
L’arbre planté doit croître haut et fort.

L’Homme doit s’éveiller et la F\ M\ lui sert de révélateur. Il doit trouver en lui la force de la Lumière et s’unir à l’Universel. Travail de forcené. Mais éclairé par sa foi maçonnique il fouillera sans cesse dans les ténèbres afin d’approcher un jour ce rayon de Lumière qui lui apparaîtra comme la vraie vie.
Car la Lumière est vie, vérité et force.
Seule la Lumière crée dans le creuset qu’est l’Homme, la liberté d’être enfin lui-même.
Il saura alors passer du plan à l’espace et trouver en lui des demeures spirituelles.

Alors nous pourrons être comme Georges Brassens dans les Trompettes de la renommée :
« Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique »
Serein pour la vie derrière nous, contemplatif pour celle à venir, ténébreux si l’homme est ténèbre, bucolique devant l’arbre planté.

J’ai dit.

A\ Z\

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