RAPMM Loge : Lumière D’Egypte - Orient de Vacoas - Maurice Date : NC

Etre Maître, c’est quoi?

Avant de répondre à la question qui m’a été posée, je pense qu’il serait approprié de répondre à une autre question :

Le Maître, c’est qui ?

La littérature maçonnique nous conte la vie d’un maître exemplaire, Hiram-Abi, le fils de la veuve. La légende dit que Hiram, le roi de Tyr, avait envoyé Hiram vers le roi Salomon pour diriger la construction du Temple que ce dernier voulait ériger. La conception et la construction du Temple nécessitèrent un grand savoir faire, d’où l’exigence de préserver ce savoir jusqu'à l’achèvement des travaux.

La légende poursuit qu’un jour Maître Hiram fut interpellé par trois ouvriers. Ces derniers exigèrent les secrets du Maître Maçon. Hiram refusa disant aux ouvriers d’attendre la fin des travaux et s’ils seront dignes, ils les recevront, pas autrement.

Un des ouvriers mécontents, frappa le Maître à l’épaule droite avec la Règle. L’autre, offusqué par le refus, frappa le Maître à la nuque avec l’équerre. Le dernier, face à l’obstination persistante de Hiram, lui assena le coup fatal sur le milieu du front avec un Maillet.

Les trois mauvais compagnons cachèrent le corps du Maître sous les déchets dans le Temple et la nuit venue ils l’ensevelirent au sommet d’une colline.

Les trois assassins n’ayant pas pu obtenir le mot de passe, leur tentative d’évasion devint futile. Ils durent retourner se cacher dans une caverne.

Le roi Salomon, apprenant la disparition du Maître Maçon ordonna une recherche minutieuse dans tous les coins du temple. Recherche qui fut vaine.

Les recherches conduisirent les chercheurs sur la colline. Un d’eux tomba accidentellement sur une branche d’acacia qui se laissa arracher facilement. Cela attira l’attention des chercheurs, qui en examinant le secteur découvrirent la tombe fraîchement creusée.

La légende relate à ce stade que le roi Salomon et le roi Hiram de Tyr, pensant que les secrets avaient pu être surpris à Hiram, décidèrent que le premier signe donné et le premier mot dit seraient adoptés comme signe et mot donnés dans toutes les loges des Maîtres jusqu'à ce que des générations futures trouvent les mots et signes justes.

La Légende d’Hiram est le drame ritualiste qui marque le plus fortement la symbolique maçonnique. Cette légende d’Hiram est un rituel qui s’adresse à l’âme humaine a travers l’imagination et a travers les symboles. C’est un rituel a caractère dramatique mais ne représente en aucune façon des faits historiques qui se seraient déroulés dans un passé lointain.

Chaque Maître Maçon fait l’expérience de cet événement pour être élevé. Ainsi cette légende a une profonde signification spirituelle et une extraordinaire importance pour chaque Maître Maçon moderne. Le Maître Maçon fait perpétuer le symbolisme de la construction du temple universel. Le Maître Maçon aide à la construction du temple universel et, en même temps en tant qu’éternel Apprenti, poursuit sa propre construction intérieure.

Par ailleurs, les différentes religions du monde ont pour base la croyance et la foi dans un sauveur ou un « Messie » qui serait venu sur terre pour délivrer les hommes de leurs pêchés et leur montrer le chemin du « Salut ». Les chrétiens l’appelle Jésus, les hindous l’appelle Krishna, les égyptiens Osiris. Pour la Franc Maçonnerie ce grand initié est Hiram.

A la question ‘Etes-vous Franc Maçon ?’ l’Apprenti doit répondre ‘Mes frères me reconnaissent comme tel.’ Sur quoi donc mes frères devraient se baser pour trouver en moi des qualités susceptible de leur permettre de reconnaître en moi ce Maçon ?

En parcourant des ouvrages maçonniques je suis tombé sur un ouvrage très ancien. D'après les données, les manuscrits de Regius date d'environ 1390. Ci-dessous sont résumés « les Vieux Devoirs »:

Le Maître Maçon doit être digne de la confiance des seigneurs; il doit payer les Compagnons à leur juste valeur avec l'argent des seigneurs.
Tout Maître Maçon doit assister à un rassemblement général à moins de pouvoir présenter une bonne excuse.
Le Maître Maçon ne prendra pas d'Apprenti pour moins de sept ans et devra le loger pendant son Apprentissage.
Le Maître Maçon ne doit pas prendre de serf comme Apprenti.
Le Maître Maçon ne prendra ni un bâtard ni un garçon présentant une infirmité ou une tare.
L'Apprenti sera payé moins que les Compagnons, mais son salaire augmentera au fur et à mesure de ses progrès.
Le Maître Maçon n'abritera sur son chantier ni voleur ni meurtrier.
Le Maître Maçon peut renvoyer un ouvrier incapable et le remplacer par un autre.
Le Maître Maçon doit s'assurer de la bonne assise des fondations de l'ouvrage.
Le Maître Maçon ne doit jamais prendre l'ouvrage d'un autre Maître Maçon sous peine d'une amende de dix livres.
Un maçon ne travaillera pas de nuit, sauf pour étudier.
On ne doit pas dénigrer l'ouvrage de ses Compagnons.
Le Maître Maçon doit donner un enseignement complet à son Apprenti.
Le Maître Maçon ne prendra pas d'Apprenti à moins d'avoir suffisamment de tâches à lui confier.
Le Maître Maçon ne doit pas laisser ses Compagnons dans leurs fautes, car il doit avoir souci de leurs âmes.

Une analyse de ces quinze articles démontre que les qualités recherchées dans les Maçons, de nos jours, sont aussi les mêmes. Les exigences escomptées sont toujours les mêmes. Et ils doivent toujours être l’homme libre et de bonnes mœurs. Craignant Dieu, « il ne sera jamais un Athée stupide ni un Libertin irréligieux ». Il respectera la loi de son pays.

L’assiduité est un prerequisite de la Maçonnerie. Déjà lors de son interrogatoire, etant encore un profane, on lui demande s’il peut assister aux tenues de la Loge. C’est cette assiduité tant dans sa présence en Loge que dans l’application des pratiques maçonniques qui permettra au Maître Maçon de s’épanouir. La fréquentation assidue des Temples en général, de sa loge en particulier, lui permettra mieux apprécier ses frères. Il découvrira leur chaleur humaine, leur vérité individuelle. Graduellement il cherchera moins à briller, mais plus à communiquer avec ses frères.

La transmission de connaissance est une des responsabilités primaires de tout Maître Maçon. Le Maître Maçon doit s’assurer que les Apprentis et les Compagnons sont instruits à l’art de la construction. Les jeunes frères, encore vulnérables, doivent être surveillés et aidés d’une façon constante à acquérir les connaissances nécessaires pour leur perfectionnement. Le Maître Maçon accompli se distinguera par son plaisir et sa soif pour la recherche et le partage de la connaissance.

Le Maître Maçon est quelqu’un qui connaît les mauvais Compagnons qui représentent un danger pour l’Initié recherchant son Idéal et la Vérité. La mise en garde est surtout contre lui-même, vulnérable face à l’Erreur, le Fanatisme et l’Orgueil.

Le Maître Maçon doit surtout prêcher par l’exemple. Les devoirs de l’Apprenti et aussi du Compagnon restent toujours les siens. Le Maître Maçon connaît le chiffre 3, 5 et 7, nombre caractérisant respectivement le grade d’Apprenti, Compagnon et Maître. Le Rituel nous dit que « les connaissances initiatiques d’un Maître Maçon doivent comporter l’ensemble de tous les enseignements des trois grades, lesquels constituent un tout indivisible ».

Les cinq points de la Perfection magistrale enseigne au Maître Maçon les qualités même du Maître. Il doit toujours marcher au secours de ses frères. Il est humble et dépourvu d’ambition démesurée. Il est prêt à assister ses frères dans le besoin et le malheur. Il est toujours dicté par sa sagesse et les conseils de ses aînés. Et il est conscient que l’union qui nos anime est la base de notre Fraternité.

Le Maître Maçon est humble, l’humilité pour lui, c’est revenir toujours au stade d’Apprenti quel que soit son parcours Maçonnique. L’humilité lui dicte la façon d’être, la façon de se comporter. En cultivant humilité, le Maître Maçon crée un rempart contre son ego à une prédisposition d’être disproportionnée. L’humilité le force à écouter ses frères, les comprendre sans vouloir absolument imposer son point de vue. C’est aussi tenir compte d’idées différentes des siennes et de réfléchir à leurs sens.

Le Maître Maçon doit être à l’écoute de tous ses frères. La promesse qu’il fait lors de son exaltation lui servira comme flambeau pour la vie. Il se doit de défendre l’honneurs de ses frères et leur prêter main forte en cas de besoin. Il fait de notre adage « Liberté, Egalité, Fraternité » une façon de vivre.

Le Maître Maçon doit être un homme libre. C’est ainsi que lorsque le profane frappe à la porte du Temple on lui donne accès à la condition qu’il soit libre et de bonne mœurs. Le Maître Maçon a ce devoir de surveiller à ce que nul profane n’ayant pas ce profile est admit.

La rigueur dans le travail est exigée du Maître Maçon. Faisant abstraction au préjudices et susceptibilité, le Maître Maçon doit traiter avec sévérité exemplaire toute mauvaise conduite.

Tout initié a un cheminement. Ce cheminement aspire à une progression vers une élévation morale et spirituelle. L’initié a aussi la responsabilité de se parfaire. Pour cela il lui est remit des outils. Du stade d’Apprenti, il devient Compagnon puis Maître Maçon. Chaque degré lui donne d’autres outils. Trop souvent on a tendance a sous-estimer les apports de ces outils dans la construction du soi. Le Maître Maçon, devrait en permanence axer ses démarches tant spirituelles que profanes sur l’utilisation des outils de son grade. Il devrait mieux prendre un recul, si le besoin se fait sentir, et  servir des outils qui lui ont été remis après son initiation.

Le Maître Hiram fut assassiné par les mêmes outils qu’il utilisait pour la construction du Temple. Ceci nous apprend que le savoir peut être altéré pour servir à la destruction plutôt qu’à la construction. Le Maître Maçon  se verra souvent faisant face à cette dualité. Il aura le savoir dans sa main, il pourra l’utiliser pour le bien ou pour le mal. Le Maître Maçon, digne de ce nom, fera toujours bon usage de ce savoir. Le Pavé Mosaïque caractérise cette dualité. La vie n’est ni blanc ni noir et le Maître Maçon se verra souvent emprunter cette fine ligne qui sépare le blanc du noir.

Le Maître Maçon a la responsabilité de rendre le monde meilleur. Il commence par un travail sur lui-même. Une des lois fondamentales de la nature est « grandir ou mourir », rappelant la nécessité de cette croissance continue. Le Maître Maçon est conscient de cette réalité quand il s’est joint à la Franc-Maçonnerie, une association d’homme d’honneur et d’intégrité croyant dans des choses comme l’honnêteté, compassion, confiance et connaissance

Le travail sur soi-même, permet au Maître Maçon de progresser les échelons de l’Ordre Maçonnique et aussi de devenir Maître de soi-même. Il s’entraîne à se contrôler. Etant Apprenti on lui avait ôté la parole. Siégeant sur la Colonne du Nord  et faisant taire ses émotions dans le silence il  s’exerce à dompter son ego. Devenu maître, il travaille toujours à se contrôler. L’Apprenti s’est vu imposé le silence mais le Maître Maçon s’impose le silence.

Mon Apprentissage, de même que mon Compagnonnage m’ont apporté un enseignement incomplet. Je portais en moi encore des imperfections une prédominance profane, caractérisé par l’orgueil et par le conditionnement occasionné par mes fréquentations antécédentes mais aussi de par mes gènes. J’étais esclave de mes pensés et de mon éducation. Ma notion de la réalité était imbue de complexes et d’apriorisme. La maîtrise m’a pourvut d’autre enseignements.

En Maçonnerie, selon l’enseignement de Socrate, on apprend à se connaître soi-même.

Je me suis mis a rechercher les mobiles profonds auxquels obéissent mes réactions. Je mis à l’épreuve la valeur et la solidité de mes idées. Je me suis efforcé à regarder et écouter sans juger à priori. J’ai commencé à me méfier de ma pensée, qui n'est que l'accumulation dans la mémoire des expériences passées. La maîtrise m’a enseigné à savoir être neuf et avoir un esprit frais. J’ai appris à mourir à mon passé et à toute accumulation de la mémoire, pour renaître au réel toujours mouvant, toujours renouvelé.

Graduellement j’ai commencé à mieux connaître mes frères, les estimer et les apprécier. Tout cela m'a rendu plus perspicace quant à mes propres qualités et beaucoup plus humble.

Je me rends bien compte que cette évolution n'a pu se réaliser qu'en Atelier, grâce au rituel et à l'utilisation des symboles pour communiquer, grâce à notre méthode de travail.

Je pensais que les maîtres avaient des responsabilités et des privilèges. Mais j’ai appris qu’en grimpant les grades on n’a pas plus de privilèges mais par contre les responsabilités s’accroissent en progression géométrique. Plus on obtient des degrés plus on a des frères à servir.

Je vais reprendre ici notre T\R\ M\ qui nous exhorte continuellement que nous sommes tous un V\M\ potentiel. Ceci rappelle que nous avons la responsabilité de nous préparer pour qu’on puisse assumer la continuité.

Pour conclure je dirai que tel le profane qui, après l'initiation ne devient pas d'un coup initié, mais s'engage sur un cheminement initiatique, l’élévation à la maîtrise est aussi un long cheminement qui ne finira jamais. La maîtrise est un état qui se reconquiert tous les jours. En tant que jeune maître je m’efforcerai d’avancer résolument vers l'avenir sans avoir à me tourner craintivement vers le passé, portant désormais en moi-même l'Étoile flamboyante que j’ai choisi d’être mon guide.

T\R\M\ j’ai dit.


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