GLDF Loge : Silence et Fraternité - Orient de Brignoles Date : NC

Les Devoirs du Maître Maçon

A la lecture de ce sujet le premier mot que j’entends c’est le mot « devoir », ce mot qui a mon avis dans notre société est maintenant trop souvent oublié au profit du mot « droit ».

A travers cette planche je traiterais des devoirs dans  notre société, ensuite puisque le grade de maitre n’est que le résultat d’une évolution il me semble important de parler des devoirs durant toute cette évolution et donc des devoirs de l’apprentis, les devoirs du compagnon et pour finir les devoirs du maitre maçon envers lui-même,  ses frères et la société dans laquelle nous devons apporter tout ce qu’on a pu prendre à l’intérieur.

Le devoir : (Pris dans le dictionnaire internet « Viktionnaire »)

Etymologie : Du latin debere (« choses dues »). Son usage remonte au IXe siècle.
Définition : Être obligé à quelque chose par la morale, par la loi, par sa condition, par l’honneur, par la bienséance, etc.

Pour faire un point sur les devoirs et droits dans notre société française faisons un retour en arrière dans notre histoire.

Jusqu’à la révolution Française il n’a jamais été question de droits. C’est en 1789 que la Révolution Française, en proclamant dès ses premières heures la Déclarations des Droits de l'Homme et du Citoyen, a montré sa volonté, en

rompant avec l'Ancien Régime, de faire passer l'homme de l'état de fils de l'Eglise et de sujet du Roi (n'ayant aucun droit, mais seulement des devoirs) à celui de citoyen, capable en exerçant ses nouveaux droits de devenir un acteur autonome au sein de l'humanité.

Les droits qu’ils soient individuels ou collectifs, ont des sources très variées. Certains découlent de principes religieux, mais beaucoup d'autres proviennent de réflexions philosophiques, comme “la liberté de conscience”, ou de luttes sociales comme “le droit d'association”.  Le contenu concret des droits a en fait très largement évolué au fil du temps ; il ne cesse de s'actualiser, de se moderniser. Ainsi, le droit de propriété a été progressivement encadré par des droits et devoirs sociaux.

Le devoir fait avant tout appel au sens des responsabilités personnelles, chaque individu devant rechercher dans sa conscience le fondement de ses comportements. Le devoir n'est plus le résultat d'une contrainte, mais d'un choix.

Nous sommes conduits à penser que les droits et les devoirs sont imbriqués ensemble qu'il y a à la fois autonomie et interaction entre droits et devoirs.

Que dit à ce propos l'article IV de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen en 1789 ?

La liberté consiste à pouvoir faire ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a pas de bornes qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits ; ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi.

Cet article met en corrélation trois termes qui servent de liant à notre vie en société : la liberté, le droit et la loi. Notre société est évidemment bornée ; elle est bornée par le droit des autres.

C'est ainsi que nous pouvons mettre en relief les termes de la devise Liberté - Egalité - Fraternité ; la Liberté correspond au droit, l'Egalité au principe et la Fraternité au devoir.

Les droits sont une bonne chose mais il est important de se remémorer cette affirmation de Gandhi “C'est le devoir qui est la véritable source des droits”. Cette phrase de Gandhi est nette et elle donne explicitement au devoir la prédominance sur les droits.

Dans une telle perspective, le devoir constitue la base fondamentale de la société, et les droits ne sont qu'un produit du devoir.

Je vais vous parler maintenant des devoirs dans notre association en commençant par les devoirs de l’apprenti.

Il est bon je pense de rappeler que la première partie du rituel d’initiation au

REAA commence dans le cabinet de réflexion avec le voyage de la terre durant lequel l’impétrant rédigera son testament philosophique dans lequel il lui est posé 3 questions :

Les devoirs de l’homme envers l’humanité
Les devoirs de l’homme envers sa famille
Les devoirs de l’homme envers lui-même

Des notre premier contact avec la franc maçonnerie nous somme amené à réfléchir et prendre conscience de tous les devoirs qui nous incombent.

Ensuite vont suivre les 3 autres voyages et toute une série d’engagements et de devoirs seront pris. En voici une liste non exhaustive : Un engagement sans faille, le respect du secret, assiduité, soumissions aux règlement particulier de la loge et généraux de l’obédience, silence sur les travaux, aide et soutien à tous les frères sans nuire ni à soit même sa famille ou la nation, être bon, rayonner s’investir pour les siens, être un homme d’honneur intègre et travailleur, promouvoir et agir pour la fraternité… je m’arrête là mais on pourrait très certainement continuer longtemps.

L’apprenti a pour premier devoir de travailler sur sa pierre sur lui : il faut qu’il dégrossisse sa pierre. Pour cela il va travailler avec les premiers outils qui lui sont confiés. Mais une des principales choses qui lui est demandé au REAA c’est le silence, ce silence qui entraine l’écoute, l’analyse et la compréhension. Si je devais faire un point sur ce que m’a apporté ce grade, je pense que c’est  une faculté plus forte à relativiser et à analyser, en effet cette question m’avait été posée lors de mon augmentation de salaire et ma réponse fut : Lorsque que j’étais encore profane si un problème se présentait j’avais tendance, comme je pense beaucoup d’homme, a paniquer et a m’effondrer devant, à tel point que je préférais parfois le contourner que l’affronter même si je savais qu’un jour ou l’autre il me rattraperait. Aujourd’hui mon comportement devant un problème est beaucoup plus réfléchi, avant de chercher à le résoudre je prends du recul pour relativiser, mieux l’analyser et lorsque  j’ai la solution puisqu’il y a toujours une solution : alors à ce moment là je l’affronte.

Maintenant je vais vous parler des devoirs du compagnon au REAA.

Lors de sa cérémonie de promotion au deuxième degré, à la fin du premier voyage il lui est dit qu’il a le devoir de développer ses cinq sens, car ils constituent le moyen de contrôle indispensable pour une recherche sur notre nature profonde « connais-toi toi-même », ils sont également les outils nécessaires à la prise de contact avec l’extérieur.

Au deuxième voyage on l’informe que le compagnon doit aussi s’efforcer à devenir une Colonne vivante qui s’élève vers les hauteurs, tout en s’appuyant sur la terre qui lui a donné naissance. Dans le troisième voyage on lui dit qu’il va devoir chercher à acquérir les connaissances nécessaires en procédant toutefois à la prudence qui s’impose à nos faibles moyens. On lui rappelle que l’initié ne doit pas présumer de ses forces, qu’il doit demeurer modeste et que c’est ainsi qu’il obtiendra des résultats qui sont refusés à la présomption du profane. Ensuite à la fin du quatrième voyage il peut en déduire qu’il lui faudra, tel les grands initiés, toujours s’efforcer selon ses moyens de répandre les enseignements. Pour finir son cinquième et dernier voyage lui apprend que le travail constitue pour le franc maçon une véritable mission. Quelle que soit la place que nous occupions sur le chantier, même la plus humble, nous savons que notre effort concourt à la réalisation de l’ordre cosmique.

Durant ce grade le franc maçon va pouvoir voyager pour chercher à apprendre autrement, à comparer ses connaissances à celles des autres et peut être du coup modifié ses acquis pour les améliorer. Le compagnon va devoir s’ouvrir aux autres pour encore chercher à s’améliorer. Le point essentiel que m’a apporté ce grade, ce n’est pas comme on pourrait le penser le voyage et l’ouverture sur l’autre car étant dans le commerce je bougeais déjà beaucoup et bien évidemment j’aimais l’homme car sinon il est impossible d’exercer ce métier.  Non le bénéfice que j’en ais tiré se situe surtout au niveau de la glorification du travail. J’ai, à partir de ce moment, réellement pris conscience de l’importance du travail pour construire, se réaliser, apporter à autrui, et finalement connaître une réelle liberté.

Sachez pour ceux qui ne me connaissent pas qu’il n’est pas dans mes habitudes de rédiger des planches longues, mais il me semblait vraiment indispensable de suivre tout ce cheminement car c’est je pense le fondement et l’évolution de tout ce qui peut s’en suivre. Finissons avec ce que sont selon moi les devoirs du maître maçon au REAA.

Nous pouvons d’ores et déjà dire comme un de nos frères a pu l’indiquer dans une de ses planches : Lors de la cérémonie d’exaltation à la maitrise nous rencontrons quatre sortes de devoirs. Le devoir écrit au pluriel avec une minuscule comme initiale. Il manifeste ainsi que l’on n’attend pas du Frère qu’il ait pu contracter, malgré l’importance des serments précédemment formulés par lui, des devoirs majeurs qu’il ne pouvait avoir encore appréhendé que de façon fragmentaires. Il y a ensuite le devoir toujours au pluriel mais cette fois avec une majuscule, ce sont les devoirs d’homme d’honneur et de Franc Maçon. Avec la dimension de Franc Maçon, qui vient elle même crescendo à celle d’homme d’honneur, la notion de devoir ne peut plus être mineure, pas plus que minuscule. Puis nous rencontrons le devoir au singulier et en minuscule,  nulle obligation lourde, aucune contrainte extérieure, il s’agit de l’expression d’un simple devoir, celui qu’on reconnaît sans peine comme un dû léger à assumer. Et enfin le devoir au singulier avec une majuscule, celui que l’on trouve à l’achèvement du récit du T\V\M\ : «  Ainsi périt l’Homme juste, fidèle au Devoir jusqu’à la mort. ». il marque la synthèse des obligations reconnues, comprises et assumées, synthèse qui caractérise l’homme juste. Pour ce qui est des devoirs du maitre maçon en général, je dirais qu’il doit se souvenir de tous les engagements qu’il a pu prendre lors des grades précédents, ils se doit bien entendu de les honorer et à partir de là une autre dimension se crée pour lui, il s’élève au dessus de tout ça, il comprend qu’il est sur terre pour apporter aux autres, que ce soit en maçonnerie ou dans la vie profane. L’apprenti et le compagnon recherchent la connaissance. Le Maître Maçon, est un homme d’action tendant vers l’extérieur. Le grade de Maître est le symbole d’une ascèse intérieure devant provoquer une évolution spirituelle menant à la compréhension élargie de la notion de Devoir. Le Maître admet que le Devoir et le Droit n’ont de sens que par rapport au bien. La contradiction existe entre le fait que le Devoir semble émaner de nous, et le fait qu'il nous contraint. Le sentiment du Devoir est donc inséparable de l’idée que nous nous faisons du bien, de l’attrait que nous éprouvons pour le bien. Agir par Devoir, c’est agir en considérant chaque fois ses actes sur le plan universel. Il s'agit de faire ce que le Devoir exige. Le devoir en quelque sorte nous grandit car il nous fait passer de l'individuel au Collectif.

Si l’Apprenti et le Compagnon sont en droit de se demander ce qu’ils ont récoltés après avoir assistés aux travaux de la Loge, le maître maçon à l’engagement de faire chaque soir le bilan de ce qu’il a semé, n’ont seulement en Loge mais surtout en dehors, car l’essentiel de son existence n’est pas dans sa Loge, mais dans le monde profane. Selon les Constitutions d’Anderson, la Loge est un endroit où les Maçons s’assemblent et travaillent. J’insiste sur le mot travail, travail qui doit se poursuivre impérativement en dehors de la Loge. Participer aux travaux de la Loge et rencontrer ses Frères est une chose. Mettre en pratique dans le monde profane ce qui a été appris en Loge en est une autre. La Franc-maçonnerie sera condamnée le jour où les maîtres maçons n’auront plus envie de se surpasser et de semer dans le monde profane. Qu’il n’y ait aucun malentendu, chaque maître maçon fait de son mieux et il n’est pas exigé de lui qu’il fasse des exploits. Il n’a pas l’obligation de réussir. Il n’a que l’obligation de faire mieux. Nous pouvons je pense distinguer trois sortes d’engagements du maitre maçon. L’engagement d’avoir une participation active aux travaux de la Loge en laissant nos métaux à la porte du temple. Participation active et non pas présence passive. L’engagement de se consacrer à son perfectionnement continu et à l’alchimie de son être intérieur, ayant pour aides l'enseignement maçonnique, ses outils, ses frères, avec assez d’humilité pour réaliser à quel point il sait tout ce qu’il ne sait pas. Et l’engagement du maître maçon à contribuer à l’édification d'un monde meilleur pour qu’il soit plus juste et plus humain, ce qui est en définitive l’objectif final de son serment. Ce n’est pas  un vœu utopique mais une réelle activité dans le monde profane. A défaut, le maître maçon est comme un arbre sans fruits.

Le maitre maçon doit également s’imposer des devoirs dans son comportement.

Il faut que la parole du maître maçon soit impeccable, car la parole est un outil qui peut détruire. Il est impératif d’en prendre conscience et par conséquent la maîtriser. Dire ce que l’on pense vraiment n’est pas toujours adéquat. Parler uniquement de ce que l'on connaît pour l’avoir pratiqué, suggérer plutôt qu’imposer, montrer par l’exemple personnel. En loge, le maître maçon donne le meilleur de lui-même, mais il  ne lui est pas nécessaire d'éblouir ses Frères par ses connaissances maçonniques ou ses réussites dans le monde profane, il ne doit pas non plus vouloir à tous prix imposer à l’autre comme il sied de se comporter.

Un autre aspect du comportement du maître maçon en Loge et dans la vie profane est sa faculté de vivre le moment présent, c’est-à-dire de donner la plus grande importance au moment présent, ici et maintenant. Quand vit-on ?  Hier, aujourd’hui ou demain. Evidemment maintenant, à l’instant présent où je vous lis mon texte. Tout le reste est souvenirs et passé, où imagination et futur. En vivant le moment présent, le maître maçon sera en pleine possession de lui-même, ce qui lui permettra de mieux gérer sa vie. Le passé ne lui est utile que pour les leçons et expériences acquises, le futur n’étant créé que par son action consciente du moment présent.

En ce qui concerne le comportement du maître maçon dans la vie profane, il semble évident qu’il doit être un exemple pour son entourage.

Je voudrais également dire quelques mots concernant le sentiment de gratitude qui doit animer tous les maîtres maçons. Savoir dire merci ne nous abaisse point. Au contraire, cela nous grandi. Par conséquent, quelques soient ses croyances religieuses, le maître maçon doit avoir un sentiment de gratitude pour le don de la vie qui lui est donné. Enfin, il doit avoir un sentiment de gratitude envers la Franc-maçonnerie et ses  frères qui participent à son évolution. Et par-dessus toutes choses, il ne doit pas oublier que sans amour, il n’existe rien. Parce que l’amour est partout, en nous, autour de nous, sur tous les plans : humain, cosmique …

En faisant un point personnel sur les devoirs du maitre maçon, je pense pouvoir dire que le devoir principal du maitre maçon réside dans l’action et vous citer une pensée d’Albert Einstein, qui est la suivante : « Le monde est dangereux à vivre, non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ! ».

Mes Frères, bien au-dessus des soucis de la vie matérielle, s’ouvre pour le franc-maçon le vaste domaine de la pensée et de l’action. Avant de nous séparer, élevons nous ensemble vers notre idéal. Qu’il inspire notre conduite dans le monde profane, qu’il guide notre vie, qu’il soit la lumière sur notre chemin »

J’ai dit.

P\ C\


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