Obédience : NC Blog : Solange SUDARSKIS 22/02/2007

 
L'assomption du Maître

C’est dans le silence et dans les ténèbres chtoniennes, sous le linceul, que s’est germinée ton élévation, vénérable maître G., ma bien aimée sœur C.

Ce silence, comme celui de l'Apprenti, est un voyage invisible des  cérémonies d'initiation tout autant que le viatique des Maîtres ...


Cette cérémonie est centrée sur l’assassinat d’un personnage mythique, Hiram, et sur son relèvement.


Le premier problème est celui du choix du personnage Hiram comme désignant l’architecte dont le drame nous est révélé, en franc- maçonnerie, dans la fameuse divulgation de Samuel Prichard, Masonry Dissected, La Maçonnerie Disséquée publiée à Londres en 1730.

Vient ensuite le problème du lien de ce drame des Maîtres Maçons avec les anciens mystères. On peut naturellement assigner à cette légende des sources mythologiques diverses et trouver, en cherchant un peu dans l’histoire des peuplades anciennes et des religions antiques, égyptienne, gréco-romaine, voir celtique, nombre de récits sacrés et de mythes pouvant constituer autant de modèles.

Les rituels correspondants à cette Mort-Resurrection étaient appelés, dans l’ancienne Egypte « La Porte de la Mort ». Dans les rituels maçonniques modernes, Osiris est remplacé par Hiram qui reste néanmoins très porteur des mêmes significations solaires… Inventeur ou expert dans les arts, forgeron, bâtisseur, archétype de l’Homme Créateur et dont le nom même signifie « élevé », « grandeur ». Tuer Hiram et le faire renaître signifie que le Soleil perd sa force en Hiver pour revenir au Printemps... Le cycle des naissances peut alors reprendre… Un mot en remplace un autre, un souffle en remplace un autre… et le « sacrifice » est consommé… HRM est l’archétype de tous les sauveurs de l’humanité, de même, il est aussi celui de la continuité humaine et de son esprit créateur. Comme Odin, c’est le Dieu crucifié sur l’arbre du Monde ou endormi au cœur de ses racines.


On s’est du reste interrogé sur ce qui serait advenu si la légende ne s’était pas conclue, telle que Prichard la rapporte, par un mot perdu, un mot substitué et un architecte tragiquement disparu. On voit en effet sans difficulté la faille de ce schéma : il faudra bien retrouver le mot perdu et remplacer l’architecte. Voici de quoi écrire cinq ou six autres légendes et autant de nouveaux grades. Si la maçonnerie se lança aussitôt, et pour plusieurs décennies, dans une prodigieuse et parfois folle entreprise créatrice de grades à la recherche de la Parole perdue, n’est-ce pas simplement parce que les auteurs de la légende fondatrice l’ont construite comme un récit ouvert et inachevé ?


L’élévation, en faisant passer du plan au volume, opère sur le voyageur en quête de vérité une transformation du sens. Celui qui est au fond de la vallée en a une représentation. Quand il monte sur le flanc de la montagne, le spectacle devient très différent. Chaque fois qu'il fait une station à une hauteur plus élevée, son panorama se modifie. De même, nous pouvons comprendre que d'un point de vue plus élevé, le monde des objets de la veille entre dans une perspective radicalement nouvelle. Le silence qui entoure le tombeau du Maître, au delà de la Mort , offre le renouveau du langage, le partage de termes inédits, une autre forme de rupture du silence.

« Si je me sentais aujourd'hui le même qu'hier, je perdrai l'envie de vivre. » comme le disait le Rabbi Nahman de Bratslav

Le relèvement, l’assomption voudrais-je dire est l’œuvre du respectable Maître de la loge aidé par les deux surveillants.

 Après avoir été littéralement assommé par le coup fatal du maillet du troisième compagnon, l’enterrement sous le tertre, puis retrouvé, le maître est relevé à la vie, exalté. Alors peut-on parler d’assomption ? L’étymologie nous le permettrait à partir du mot somme et de ses différents sens :
 
1.     Le somme provient comme son cousin sommeil, du dieu Somnus, l'équivalent romain du grec Hypnos, frère jumeau de Thanatos, le dieu de la mort.
2.     La somme, dérivée de summus, le point le plus élevé, désigne le résultat d'une addition, et s'apparente à sommet, sommité, summum.
3.     la somme, issue de sagma, la charge, le bât, désigne, sous l'expression bête de somme, l'animal qui porte les fardeaux.
4.     Le verbe assommer s’apparente au somme-sommeil. Assommer quelqu'un c'est le faire dormir. Sauf que le mot avait au départ le sens d'abattement moral, et n'a pris qu'ensuite le sens de tuer, puis celui d'endormir brusquement. Certains pensent qu'il provient en fait de sagma, la bête de somme. Assommer ce serait alors accabler sous un fardeau. Le mot aurait dérivé de sens par contagion étymologique avec le somme-sommeil.
5.     L’idée de sommeil se retrouve depuis les premiers siècles de l’église, tant chez les Latins que chez les Grecs dans l’expression dormitio pour signifier le trépas, et même… la fête de l’Assomption de la Vierge.
Assomption provient de "ad+sumere", prendre avec soi, s'adjoindre quelqu'un, quelque chose. On retrouve cette étymologie dans assumer.
   En logique, c'est le fait d'ajouter une hypothèse dans un raisonnement 
   En  théologie: C’est l’élévation-résurrection de Marie aidée par son fils. Le Christ en ressuscitant seul fait l'Ascension, mais Marie, aidée, l’assomption.

Synthétisant ces étymologies, le relèvement du maître à la fois assommé, endormi, porté au sommet, ressuscité et accueilli par le respectable Maître assisté des deux surveillants ne peut-il s’apparenté à une assomption ? Et dans ce cas, dans cette mission de psychopompe, comme sur les images de la dormition des saints, nos trois premiers officiers sont devenus des anges.

Il  te reste, ma bien-aimée vénérable G., à étudier plus avant un certain nombre de thèmes dont voici quelques sujets:
·         La relation entre la triade supérieure et le socle quaternaire qui permet d’établir l’Homme archétype sur la base du septénaire…
·         L’incarnation par le sacrifice.
·         Le tableau de loge du maître.
·         Le symbolisme ontologique du Temple de Salomon.
·         L’acacia.
·         Les outils utilisés pour tuer HiRaM.
·         La portée spirituelle du mot du Maître qui t’a été révélé avec ton élévation et son origine à travers les textes anciens de la franc-maçonnerie.
·         La résurrection, la réincarnation, la mort symbolique.
·         L’énigme d’Hiram et de son meurtre, le mystère de son nom et les raisons de ce choix avec l’outil du QQOQCP des analystes qui pose de bons jalons méthodologiques d’approche.
·         Et d’autres thèmes d’étude vers lesquels ta spiritualité te portera…

« En ce jour d’assomption, les cieux ont reçu la bienheureuse Vierge avec joie. Les Anges se réjouissent, les Archanges jubilent, les Trônes s'animent, les Dominations la célèbrent dans les cantiques, les Principautés unissent leurs voix, les Puissances accompagnent de leurs instruments de musique, les Chérubins et les Séraphins entonnent des hymnes.»


A l’image des entités célestes, que nos acclamations exaltent notre allégresse à l’avènement .

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