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Fallait-il tuer Hiram ?

La plupart d'entre nous sont entrés en Maçonnerie attirés par les idéaux de Fraternité qui président à l'existence et au fonctionnement de notre Ordre et qui font sa renommée dans le monde profane. Nous tous avons sans doute pensé y trouver un monde de paix, de respect  et d'amour d'autrui et, en fait, nous nous retrouvons à plusieurs reprises confrontés à la violence, à la mort..le mythe central de notre 3° degré du R\ E\ A\ A\ n'est bien évidemment pas là pour me contredire.

Pour tenter de répondre à la question qui fait débat ce soir, je vais tenter de vous rappeler brièvement la cérémonie d'augmentation de salaire au 3° degré, le terme d'exaltation à la Maîtrise ne me semblant pas approprié, mais ce n'est pas là le sujet qui nous intéresse ce soir.

Voilà venu le soir tant attendu, parfois avec sérénité, parfois avec angoisse, par le C\ qui vient d'être autorisé à subir les épreuves pour accéder à la chambre du milieu.

Le dos tourné vers l'Or\ il est introduit en L\ à reculons, dans un lieu sombre où seule l'Etoile flamboyante au dessus de la porte de l'Occident apporte une touche de clarté.

Cette véritable rétrogradation a sans doute pour but de faire revivre au futur M\ tout son court passé M\...car la Maîtrise nécessite de connaître parfaitement tout le thésaurus des deux premiers grades et en particulier de prendre réellement et sincèrement conscience que, si « tout est symbole », l'important est de savoir trouver le symbolisé et non de s'attacher à l'éclat factice du symbolisant, car le C\ qui aspire à  la Maîtrise ne doit pas se contenter de connaître le dictionnaire des symboles mais se doit de les vivre, les ressentir et les laisser agir au plus profond de lui. La Maîtrise, l'initiation suprême, définitive, ne peut se concevoir que comme la suite logique des deux premiers degrés. (Remarquons que toutes les initiations antiques ou presque étaient des initiations en deux étapes, les petits mystères précédant les Grands).

Au terme de sa marche à reculons, il m'a toujours semblé que l'aspirant à la M\ ne se retrouvait pas dans le cabinet de réflexion, mais encore bien plus profond au sein de la Terre nourricière, dans ce centre de germination où tout renaît, où la pensée transformatrice et régénérante permet à la vérité disparue de renaître. Ce lieu, tel un mithraeum, où réapparaît inlassablement la lumière disparue, et plus brillante à chaque réapparition, ce « tombeau du passé où l'avenir est en gestation » ce lieu inaccessible hormis aux Initiés qui ont accédé aux suprêmes révélations, c'est la Chambre du Milieu. Le C\ ne peut y accéder que si les M\ M\ ont jugé qu'il en était digne par son intelligence, la connaissance de son grade, son désir sincère de se perfectionner dans l'Art Royal pour lui-même,  mais aussi pour faire bénéficier les F\ F\ moins instruits de ses futurs progrès.

Alors, la voix profonde, lugubre du T\ V\ M\ demande au C\ de se retourner et celui-ci se retrouve face au cercueil. On lui annonce la mort du M\, l'arrêt du Chantier, l'affliction dans laquelle tous les M\ M\ sont plongés, la terrible certitude que les assassins font partie de la classe des C\ C\. Chacun devra donc prouver son innocence. Le tablier et les gants de l'impétrant sont vérifiés et symboliquement sont apparus purs et sans taches. J'ai pour ma part toujours trouvé que cet examen était « un peu court ». Qui d'entre nous peut en toute sincérité, après un examen de conscience approfondi, se reconnaître innocent en acte ou par complicité, du meurtre d'Adonhiram ?

S'étant alors approché du catafalque par les pas de son grade, on lui demande d'enjamber le cercueil par les pas obliques du M. : afin de se placer aux pieds du cadavre ; ainsi il aura démontré la pureté de son cœur, la fermeté dans sa volonté de progrès, le fait qu'il était digne d'accéder à la Maîtrise. Le cadavre est derrière lui, il a compris qu'il faut se détacher des biens corruptibles et périssables du monde de l'apparence, qu'il faut s'élever au dessus de ce qui grouille, symboles des instincts primaires qu'il a réussi à surmonter. Déjà, A\ il avait appris à soumettre ses passion, C\ il s'était attaché à maîtriser et non détruire les forces immenses qui régnaient en lui ; pour conquérir la Maîtrise il lui faut faire preuve d'un renoncement absolu des ses envies, de ses passions, au profit d'un idéal de progrès universel, au profit du bien de tous car le M\ est avant tout là pour servir !

De même que le profane a accepté de mourir au terme des voyages initiatiques pour dépouiller le vieil homme et renaître à une vie supérieure, l'initié devra une nouvelle fois périr pour accéder au statut de M\, pour conquérir de haute lutte toutes les prérogatives des M\ M\ que d'aucuns appellent immortels.

La légende de la mort d'Hiram est alors narrée au futur M\. Celui-ci la vit au fur et à mesure car alors il est, au sens viscéral du terme, « dans la peau d'Hiram ». La perfection n'étant pas de ce monde, malgré l'admirable agencement du chantier du T\ et la sagesse qui présidait aux Trav\, nombre de C\ se trouvèrent insatisfaits de leur sort, croyant être supérieurs à la situation qui leur était réservée. Aveugles à leurs défauts, à leur incompétence, abusés par une intelligence des plus médiocres qui leur faisait ramener les frontières de la Connaissance aux bornes étroites de leur horizon mental, trois d'entre eux résolurent d'accéder à la Maîtrise par la violence, faisant preuve par la même de leur incommensurable bêtise, puisque ipso facto, même en possession des secrets de la Maîtrise, ils n'auraient pu en jouir.

Chacun des scélérats postés aux trois portes du T\ demandera en vain le mot des M\ M\, Hiram recevant successivement un coup de F\ à P\, puis de niveau, et enfin de maillet en plein front le tuant et le laissant étendu sur le pavé du T\. Au dernier renégat le M\ crie avant de s'effondrer « plutôt mourir que de manquer au devoir ».

Tremblant de peur à l'idée que l'on découvre leur forfait les meurtriers emportent le cadavre et l'ensevelissent, l'un deux plantant un rameau d'acacia afin de retrouver plus tard le corps pour l'ensevelir en un lieu où nul ne pourrait le retrouver.

Les M\M\, inquiets de la disparition d'Hiram mandèrent 9 M\ M\ pour le retrouver mort ou vivant après maintes pérégrinations, échecs et découragements, l'un d'eux trouva le tertre et le rameau vert, emblème de l'espoir surgissant du tombeau. Après avoir fouillé, ils trouvent le corps du M\, le visage radieux sous le voile qui le cachait, et tous sont saisis d'effroi, leur attitude exprimant l'horreur de constater que le détenteur de la tradition n'était plus, que seuls désormais ils étaient alors garants de celle-ci.

Lorsque une tradition, un Rite, cessent d'être compris sincèrement, cessent d'être réellement vécus, après une courte période d'une vaine observance plus proche de la pantomime que du respect du Rituel, ils se disloquent, se décomposent à l'instar de la chair corrompue du cadavre d’Hiram. Lorsque les M\ M\ exhument le corps dont le visage semble prêt à reprendre vie, ils matérialisent et symbolisent qu'ils ont retrouvé tous les éléments matériels de la tradition, mais celle-ci reste inerte, inopérante. Il  va falloir lui rendre vie.

Le 1° S, se saisit de l'index droit du cadavre, et invoquant l'énergie qui anime tous les êtres, Boaz, il tente en vain de réanimer le corps  « la chair quitte les os ».

Le 2°S, se saisissant du médius, tente d'insuffler une étincelle de cette force qui régit l'Univers, le constitue et émane du G\ A\ D\ L\ U\, Jakin, mais sa tentative reste vaine car vraiment plus rien n'est réceptif au sein de ce corps où « tout se désunit ». Alors le T\ V\ M\ demande que tous trois unissent leurs efforts pour relever le corps par les cinq point parfaits de la Maîtrise : les pieds se joignent, le genoux se touchent, le poitrines s'accolent, les mains droites s'entremêlent, les gauches rapprochent les corps tandis que les S\ S\ poussent Hiram vers la station debout...la vie revient dans ce corps chancelant, mais seules les fonctions végétatives ont repris. Pour que l'esprit renaisse, le V\ M\, à l'instar des prêtres égyptiens à la fin des cérémonies terminant l'embaumement et la mise au tombeau,  prononcent en chuchotant aux oreilles du M\ : relevé les paroles de vie, le recrée en le nommant « fils de la putréfaction », M\ B\.

Alors, l'esprit d'Hiram Abif s'étant réincarné dans le nouveau M\, celui-ci est considéré comme un nouvel Hiram, un Hiram qui réapparaît « plus radieux que jamais ».

Maintenant que nous avons revécu le drame de la mort et de la réincarnation d'Hiram notre M\, voyons quels enseignements nous pouvons en tirer, voyons si le Rite aurait pu se passer de ce meurtre, de cette violence. Et si bien des questions vont se poser, nombre d'entre elles resteront pour l'heure sans réponse. Tout d'abord voyons quelles sont les implications du mythe au niveau de l'individu, nous nous occuperons par la suite de ses effets sur notre Ordre.

Le parcours maçonnique de chaque initié est jalonné de serments, qui malgré leur aspect souvent grand-guignolesque, garantissent le respect du caractère progressif de l'initiation et sacralisent celle-ci aussi bien que celui qui la vit : faire mourir Hiram en lui faisant dire « plutôt la mort que manquer à mon devoir » est la preuve oh combien éclatante que nos serments ne sont pas vides de sens, que si le C\ glorifie le Travail, l'initié est avant tout un Homme de Devoir.

Lors de son élévation à la Maîtrise, le nouveau M\ se trouve confronté à une situation que d'aucuns trouveraient pour le moins confuse : Est-il un des coupables ? Le M\ assassiné ? Les S\ S\et le T\ V\ M\ sont-ils eux-mêmes les meurtriers, ou bien les M\ M\ qui retrouvent le cadavre et tentent de le réanimer ? De quoi sombrer dans un état proche de la folie, du dédoublement de la personnalité !

Si le Rite et le Rituel nous disent très clairement qu'il nous faut préférer la mort au déshonneur, il n'en reste pas moins, amha, que cette cérémonie est à rapprocher de la règle trappiste où les F\ F\ qui se rencontrent se répètent inlassablement « il faut mourir mes F\ F\ », autrement dit le meurtre d'Hiram est là  également pour nous inciter à apprendre à bien vivre pour, le moment venu, savoir bien mourir.

De plus, le Rituel nous fait descendre au plus profond de notre noirceur : nous voilà confronté à une situation tant de fois rencontré dans l'histoire, celle où quelques uns s'arrogent le droit de décider que tel ou tel présente un danger pour le groupe et qu'il faut l'éliminer pour le bien commun, alors que bien souvent ce n'est qu'un prétexte fallacieux pour se débarrasser de celui qui gène, car différent, car n'entrant pas dans le moule de la « bien-pensance » : il n'y a qu'un pas à faire entre l'état de victime et celui de bourreau..sans doute le mythe de la mort d'Hiram est-il là pour nous permettre de nous sentir bourreau afin de ne jamais l' être, et en cela rejoint les théories d'Emmanuel Levinas qui affirme que la victime est souvent responsable du sort que lui a réservé son tortionnaire, ou du moins en partie.

D'aucuns ont voulu voir dans la Légende adonhiramite un meurtre par substitution, autrement dit chacun des C\ C\ meurtriers désiraient prendre la place du M\. Outre que rien de tout cela n'est évoqué dans le Rituel, remarquons que les C\ C\ s'enfuient et que d'autre part, dans le rituel d'installation du Collège d'Off\ il est dit « les ouvriers se lèvent et se remplacent, le chantier se poursuit inlassablement », tout fait contredisant cette théorie.

Mais, plus tard, dans la 2° partie de la cérémonie, c'est bien de substitution qu'il s'agit, celle du C\ au M\ disparu. J'aime à voir là le symbole que notre méthode M\ a toujours refusé l'existence de tout maître à penser, autrement dit que chaque génération de M\ M\ apporte un surcroît de savoir et que le seul M\ à penser auquel chacun puisse se référer est soi même, même si chacun de nous a besoin du miroir du regard de l'autre pour se connaître, exprimer et partager sa différence qui enrichit au lieu de contredire.

Hiram notre M\ est mort sous les coups de 3 C\ C\ symbolisant ce qui continue de régner en nous malgré des années passées à tailler puis polir la pierre, notre part d'ombre, ces sentiments putrides que sont, entre autres, l'ignorance par paresse, le fanatisme et l'ambition démesurée. Car chacun de nous a commis le meurtre rituel avant que d'en partager la responsabilité. Hiram est mort pour avoir refusé de livrer le Mot, mot sacré ou mot de passe, les avis divergent. Car, sans doute dans sa grande sagesse, savait-il que la possession de ce mot n'était pas la maîtrise du savoir auquel il pouvait donner accès, que le fait d'entrer dans la Classe des M\ M\ sans en avoir les connaissances, au mieux était inefficace pour les intrus, au pire mettait l'Edifice en péril de par l'incompétence de ceux-ci dans la conduite du chantier.

Pour faire un parallèle avec la conduite d'une L\, ce n'est pas la possession du maillet qui fait le V\ M\, mais la maîtrise réelle de celui à qui la L\ l'a confié. Et, de fait, seul compte l'Edifice en voie de construction, et non l'Architecte, quels que soient ses mérites. D'ailleurs le T\ a été achevé et sa ruine ultérieure fut le fait, non du manque de capacité de ses M\ M\ d'œuvre et ouvriers, mais de la chute spirituelle de Salomon qui avait laissé les cultes de Baal et autres dieux se développer dans Jérusalem même. Remarquons toutefois que, si Hiram avait formé des M\ M\ capables de poursuivre le chantier, il a emporté avec lui dans la tombe les plans et le Secret de l'œuvre...mais la question se pose :

Pourquoi n'a t il pas partagé ce secret avec les M\ M\ qu'il avait formés ? En étaient-ils indignes ? N’avaient-ils pas atteint un niveau de connaissances adéquat ? Mais, si pour Hiram seul comptait le bon déroulement du chantier, si le respect de l'appartenance des uns et des autres à des classes régies par les savoirs et mérites respectifs, force nous est de constater que le T\ de Salomon a disparu de la surface de la Terre. Toute œuvre de main d'homme est vouée à ce destin. Tout être vivant, l'Homme en premier, est condamné à disparaître dès le jour de sa conception. Et seule la mémoire de chacun et la mémoire collective assureront à l'ouvre et son auteur une survivance par delà la porte de l'Or\ Eternel. En apparente contradiction avec ce que j'ai dit plus haut, le plus important n'est donc ni le T\ ni le M\ lui même, mais sa mort en tant qu'exemplaire dans le respect du Devoir, sa mort et la réincarnation de son Esprit en chacun des nouveaux  M\ M\.

Chacun de nous porte en lui l'Esprit d'Hiram, mais aussi l'Esprit de tous les Hiram qui se sont succédé depuis son funeste trépas. C'est sans doute en grande partie l'objet de notre quête que de permettre à l'esprit du M\. Que de s'exprimer en nous. Une nouvelle fois le Rite nous invite à descendre en nous, car c'est là que se trouve le centre du cercle où tous les M\ M\ M\ sont censés se trouver, c'est l'athanor où nous rassemblerons ce qui est épars afin qu'un homme nouveau puisse naître à la fin du Grand Œuvre. Et c'est sans doute là que chacun de nous pourra retrouver la Parole perdue depuis que le M\ a péri, ce secret qui permet à l'ouvre d'être à l'unisson de l'Univers, ce secret qui fait que chacun de nous est une part du G\ A\ D\ L\ U\, est le G\ A\ D\ L\ U\.

Pour conclure ce chapitre, j'affirmerai donc que, oui, mille fois oui, il fallait tuer Hiram pour que son Esprit vive en chacun de nous, pour que nous puissions prendre conscience de notre part de Divin et que jamais ne s'interrompe la chaîne qui relie les initiés depuis la nuit des temps. Intéressons-nous donc maintenant à l'exégèse du mythe adonhiramite quant à notre Ordre, notre Institution.

Si les trois C\ C\symbolisent notre part d'ombre, nous font prendre conscience que la taille et le polissage doivent être poursuivis ad libitum, ils matérialisent les dangers qui guettent notre Ordre en général, nos L\ en particulier. Les ennemis de la M\ ne sont jamais parvenus à l'abattre, après chaque tourmente. Elle a pu renaître tel le Phénix renaissant de ses cendres. Mais le vrai danger vient de l'intérieur. Et, s'il nous faut travailler au progrès de l'Humanité, autrement dit oeuvrer pour que les vices que sont l'ignorance, le fanatisme et l'ambition irrefrénée, arrêtent de faire des ravages en son sein, soyons pragmatiques et travaillons inlassablement à les extirper tout d'abord du sein de notre ordre... Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les F\ F\ soient de plus en plus instruits, de plus en plus respectueux d'autrui, et surtout fassent preuve du plus total désintéressement. Faisons-leur comprendre que leur seul Droit, leur seul Devoir c'est Servir, Servir ses F\ F\, Servir sa L\, servir l'Ordre, et par la même servir l'Humanité.

Veillons donc, tous ensemble mes F\ F\ à l'instruction des A\ A\ et C\ C\…et des jeunes M\ M\…car aucun cheminement  initiatique n' est réalisable si l'étude de nos symboles n'est pas complètement pratiquée. Et au delà, si notre corpus symbolique est mis à mal par ceux qui, la chose n'est pas rare, estiment que tous nos rituels, tous nos symboles ne sont que singeries obsolètes, comme j'ai pu l'entendre dans d'autres L\ L\, mes F\ F\. Pour pousser  encore plus loin ce « petit coup de gueule », j'avoue qu'il m'est pénible de constater les changements incessants de Rituels que certains pseudos Grands Experts de notre Ob\ nous font régulièrement subir, faisant la plupart du temps, amha, preuve d'une ignorance crasse quant au sens profond de notre Thesaurus. Il n'est qu'à voir les retours en arrière réguliers.

Il n'est qu'à lire les vieux rituels du XVIII et XIX siècles pour prendre conscience de tout cela...un exemple, mes F\ F\ dans les 1° rituels, à la demande du Mot Sacré des A\ A\ il était demandé à l'A\ de répondre « je ne dois ni lire ni écrire » et non « je ne sais »...je vous laisse seuls juges du changement sémantique, symbolique et initiatique qu'a pu représenter ce qui apparut comme un  infime détail aux yeux de certains... Autre exemple : souvenez-vous des changements à répétition quant à la place de la Chaîne d'Union, quant à savoir qui allumera les Etoiles, V\ M\ et S\ S\ ou M\ C\.

Oui, mes F\ F\, veillons à ce que tous les F\ F\ soient pareillement instruits par la pratique de notre méthode symbolique, car sinon nous serions tels le 1°C frappant Hiram sur l'épaule droite, engourdissant le coté régissant l'intelligence et le savoir.

Puis il nous faut être intransigeant quant aux qualités de cœur que nécessite notre démarche, car la sécheresse de la cour est bien plus grave que l'étroitesse de l'intellect. Nous clôturons nos Trav\ au 1° degré par ces mots « que l'Amour règne parmi les Hommes », insistant ainsi sur le fait que la Maç\ nous enseigne de nous aimer par delà nos différences, ou mieux en raison de nos différences. Il nous faut partager, travailler ensemble, grâce à cette mutuelle Tolérance qui préside à l'existence de notre Ordre. Même si pour moi je préfère parler de respect de l'autre, car le tolérer implique quelque part une notion de supériorité de celui qui tolère. En fait le fanatisme que nous devons combattre est autant celui des Ob\ ne reconnaissant pas telle ou telle autre Ob\ (je ne reviendrai pas sur ce serpent de mer qu'est la Régularité M\), que de celui qui a cédé à l'ignorance et qui a fait sienne les idées des autres, souvent faites de poncifs et de tartes à la crème que n'importe quel profane sera à même de faire siens par la lecture d'ouvrages traînant sur les étagères de toute bonne librairie. Je ferai juste un petit clin d' oeil à certains F\ F\...je me souviens d'une soirée où l'on a reproché aux A\ A\ de ne guère montrer d'empressement à servir les M \ M\ aux agapes. Et au 2° S\ de ne pas les inciter à s'activer. N'est-ce point là un bien petit mais réelle manifestation de ce vice dont nous voudrions nous débarrasser ? ne fait-on pas preuve de paresse mentale, d'aliénation à des idées reçues, en pensant que les A\ A\ doivent montrer l'humilité que prône le Rituel du 1° degré, en servant les autres ? Cherchons et recherchons dans nos rituels passés et présents, y trouvera-t-on trace de cela ? Car à y bien réfléchir, ceux qui se doivent de comprendre qu'ils sont là pour servir, ce sont bien les M\ M\, et quoi de plus symbolique pour les M\ M\ que de veiller à la nourriture terrestre aussi bien qu'à la nourriture spirituelle ? Mais, bon, je n'irai pas plus loin sur cette voie, au risque moi même de faire preuve de ce fanatisme que je veux combattre, nous sommes en permanence sur le fil du rasoir, mes F\ F\ !

Veillons donc qu’à ce que le Niveau du 2° C\ ne vienne frapper une nouvelle fois l'épaule gauche du M\, paralysant son cour. Ce coup symbolisant l'esprit sectaire que certaines Ob\, certaines L\ ou certains F\ F\ font régner en ne voulant pas reconnaître que chacun est libre de se choisir certaines certitudes, certains principes pour guider sa vie et sa démarche. Car il faut bien, un jour ou l'autre, se choisir une assise pour bâtir, autrement dit abandonner le scepticisme passif, le doute non constructif, celui qui abat au lieu de permettre de construire notre propre T\ et celui de l'Humanité.

Enfin, vient le moment du coup fatal : le maillet frappe Hiram au front. Ce maillet, symbole d'une autorité librement consentie au M\ de la L\, peut devenir l'instrument de la destruction de l'idéal Maç\. Quand certains ne voient plus dans la Maç\ qu'un moyen de réaliser des ambitions personnelles profanes ou tirent gloire de pouvoirs et de beaux décors dont l'Ob\ les a revêtus, alors « la messe est dite », mes F\ F\. Hiram est mort et bien mort, son cadavre continuera de pourrir pour les siècles, et sa mort alors n'aura servi à rien !

Pour conclure ce chapitre, mes F\ F\, force est de constater que dans la nature, si tout doit périr, c'est la Vie qui est la règle, si l'Humanité poursuit inlassablement sa marche en avant, c'est qu'elle veille à lutter contre l'immobilisme, et pour cela veille à remplacer en permanence l'organe défectueux ou disparu qui fait obstacle à son progrès.

Pour nous, Hiram ne reste et ne restera jamais mort bien longtemps : les Initiés que nous sommes, passés le temps de l'affliction, veillent à chercher les causes de son décès, et œuvrent pour que Hiram ayant abandonné la forme imparfaite qui fût sienne, se réincarne dans un nouveau M. : qui sera mieux armé que lui pour assumer le chantier, car riche de tous les Hiram qui se sont succédés dans le temps. Quand le cadavre aura été relevé, autrement dit que la Tradition sera à nouveau debout, pleine et entière, alors tous ensemble nous lui insufflerons un souffle nouveau.

Ainsi la chaîne de vie qui relie les initiés depuis les temps immémoriaux continuera-t-elle car tous auront compris qu'il ne suffit pas de contempler une tradition morte, desséchée, mais bien qu'il nous faut la faire vivre en mêlant nos aspirations, nos idéaux de progrès de l'Humanité. Ne pas nous contenter des 5 points parfaits de la M\ qui nous rappellent sans arrêt que nous marchons vers un but commun par le Travail en L\ et sur nous même, que nous partageons les mêmes sentiments, que nous unissons nos efforts et nous soutenons mutuellement, mais bien de rechercher cette Parole perdue, celle qui chuchotée aux oreilles du nouvel Hiram lui fera prendre conscience de lui même, de ses capacités, de sa raison d'être et des moyens à sa disposition pour se réaliser et réaliser l'ouvre, pour faire pleinement partie du Cosmos A\ L\ G\ D\ G\ A\ D\ L\ U\.

Pour terminer, mes F\ F\, oui il fallait bien tuer Hiram, pour que notre Ordre perdure, pour que le mythe soit pleinement efficient, pour que puisse à chaque génération s'ajouter un nouveau maillon de la chaîne des initiés.

Voilà, mes F\ F\, j'ai tâché de faire court, de vous transmettre mon ressenti sur le meurtre de notre R\ M\ Hiram. Oui, il fallait le tuer, pour que chacun de nous puisse s'insérer dans l'Edifice. Oui il nous fallait le tuer pour que notre Ordre renaisse en permanence plus radieux que jamais.
Mais au delà de cette mort nécessaire se posent bien d'autres problèmes : Qu'est-il advenu in fine de la dépouille du M\? ; Où sont passés les meurtriers et que va-t-il leur arriver ? ; Qui sera désormais responsable du chantier, de la surveillance des ouvriers ? ; Va-t-on retrouver un jour la Parole perdue ? ; Qui a été désigné pour conserver la mémoire de tout cela ? ; Et que deviendront les Maçons une fois le T. : achevé ?

Et mille et mille autre questions auquel notre rituel du 3° degré n'apporte aucune réponse. Et s'il nous fallait donc aller au delà pour poursuivre le questionnement et tenter d'apporter des réponses. Je vous laisse donc libres de réfléchir sur le fait que notre REAA comporte 33 degrés.

Et si la Maîtrise était non pas une fin mais un début ? En tout cas, V\M\, œuvrons pour qu'au moins au sein de notre R\ L\ Hiram ne soit pas mort en vain.

J'ai dit, T\V\M\


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