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Mon parcours maçonnique

du cabinet de réflexion à Maître Hiram

Le condensé que je vais tenter  de dresser de ces années m’a demandé un retour  sur un passé qui représente les 10 dernières années de ma vie. Il ne me sera pas aisé de resituer émotions, sensations, sentiments car aujourd’hui je parlerais avec un vécu maçonnique qui m’a permis d’intégrer multitude de choses qui m’ont fait évoluer et qui font donc de moi quelqu’un de différent après tout ce temps.

Mais, avouons le, il est bon, parfois, de repenser à tout ce chemin !

En 1997, j’ai frappé à la porte car je me savais prêt à aller plus loin en moi-même, et ceci même s’il me fallait remettre en cause mes acquis et mes maigres certitudes. Je n’étais pas à la recherche de dogme ou de soumission religieuse. Je l’ai compris à ce jour: inconsciemment, j’étais à la recherche d’une expérience humaine.

L’initiation et ma vie d’apprenti

Sitôt arrivé, me voilà expédié à la cave, dans le ventre de la terre et conséquemment au centre de moi-même. J’ai, bien bien-sûr, été dépouillé physiquement mais je le suis tout autant intellectuellement.  Et je me sens terriblement seul !

Je sais maintenant que tout alors m’invite à mettre en application ce qui se cache derrière le VITRIOL qui m’apparaît : « Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée »,  on me propose un voyage au plus profond de moi-même ; loin du bruit et de la fureur du monde .   Mettre de l’ordre dans mon chaos intérieur ?

Il y a aussi tous ces symboles : crâne, mercure, sel, soufre,…. 

Et pourquoi diable ce testament ? j’ avais tout imaginer mais  pas ça ! Ecrire ce que l’on me demande me paraît dans un premier temps impossible, quasiment à la limite du burlesque.

Le temps passe et je commence à « m’installer » dans cette « caverne », je prends le stylo et j’écris. Peu importe que je me souvienne plus de mes mots, l’important est que j’avais intégré l’idée de faire une sorte de « bilan » de ma vie.

Et puis on est venu me chercher et là tout à chavirer : l’émotion a pris le pas et j’ai « reçu»  plus que « vécu », j avais été dépouillé de ma vie antérieure et symboliquement parlant je renaissais !  

Par la suite, ma vie d ‘apprenti a été celui de la découverte et de l’appropriation. Tenue après  tenue, jour après jour, j’ai tenté de découvrir le sens profond de ce que nous vivons lors de nos tenues : d’une part ce qui se dit : paroles, dialogues, serments, .. mais aussi ce qui se déroule sous nos yeux : signes, marches, pas,  et enfin ce qui est exposé à nos regards : objets, outils, symboles ,.. 

Durant tout ce temps, le silence que l’on impose à l’apprenti m’a paru tout à fait bienvenu et même confortable pour le nouvel initié que j’étais. Et loin d’être assimilé au vide, le silence se doit d’être , comme le résume si bien René Guénon, « une attitude réceptive mais non  passive qui demande un effort constant d’assimilation…. ».

Tous ces outils m’ont permis de travailler sur la pierre brute que j’étais lorsque je suis sorti du cabinet de réflexion.

Le temps du compagnon et des arts libéraux…

Je me suis attaché à devenir un  compagnon qui d’une part parle, écoute, médite, échange et découvre mais qui, d’autre part, n’oublie pas que silence, patience, rituel, outils et symboles restent toujours des moyens mis à ma disposition.

Ma progression est symboliquement représentée sur le tableau de compagnon : en effet, la pierre brute n’apparaît plus, seule figure la pierre cubique ; le travail commencé le jour de mon initiation consistant à tailler la pierre brute avec le maillet et le ciseau a été profitable.

La pierre brute que j’étais alors, à savoir pierre informe et sans beauté issue de la carrière, est devenu pierre polie et régulière, et cette pierre je lui imprime comme le dit Boucher « un caractère de personnalité qui sera le mien et unique ».

Le temps du compagnon est aussi pour moi celui des études qu’illustrent si bien les arts libéraux : .Dans le manuel d’instruction du 2ème degré, n’est-il pas écrit « Je passai en revue les sept arts libéraux et j'appris, par là, tout ce que l'homme peut produire de plus ingénieux

Cela  rappelle le REGIUS, ce manuscrit anonyme écrit au 14ème siècle qui était alors la charte fondatrice de la corporation des bâtisseurs contenant les règles essentielles que se devait de respecter le maçon «opératif». Il contenait une partie nommée les sept arts libéraux. L’exercice des arts libéraux est donc incontournable pour moi maçon qui veut progresser.

Comme l’a dit Thierry de Chartes qui favorisa au 12ème siècle l’essor des arts libéraux « L’âme reste au niveau de la bête quand elle est prisonnière de la sensation et de l’imagination. Mais quand elle s’efforce de s’élever, dans les limites de ses capacités, et qu’elle élève la pensée jusqu’à l’intelligibilité, alors elle use d’elle-même et devient un Dieu » 

Le travail intellectuel est un merveilleux outil qui permet d’aller du monde sensible vers le monde intelligible, de sortir de sa « caverne » pour aller vers la Lumière. Et ce travail m’aide aussi à mettre en application ce que me dit mon instruction du 1er degré  : « vaincre mes passions, soumettre ma volonté à mes devoirs… ».!

Pour Saint Augustin, « le savoir est un moyen de rencontrer Dieu 

Le temps d’Hiram

Puis je suis devenu Maître et je suis mort une deuxième fois. : j’ ai vécu la légende  d’Hiram.

La cérémonie m’a beaucoup marqué de par la présence  de ces trois mauvais compagnons.

Symboliquement parlant, je sais que ces  "trois mauvais compagnons" qui ont assassiné Maître Hiram sont en nous et qu’il faut les chasser :  ils incarnent ignorance, fanatisme et envie. Ils sont  armés d’outils qu’ils détournent de leur utilisation originelle et qui deviennent instruments de mort.

Ceci illustre le danger que court l’initié que je suis toujours dans la recherche de vérité et d’idéal : je dois rester vigilant par rapport à moi-même (et je me souviens alors du coq présent dans le cabinet de réflexion), travailler, pratiquer la fraternité,  faire preuve de courage et de patience. Cette patience qui a manqué au premier des mauvais compagnons, qui apostrophe Hiram d’un : « il y a longtemps que je suis compagnon…. »

Ma progression maçonnique

Ce parcours maçonnique m’a permis de d’entamer un travail de reconstitution de mon unité  « primitive » que j’avais sans doute perdue : j’ai, en quelque sorte, pris le chemin du retour vers l’Unité.
La Sagesse, la Force et la Beauté me permettent de rétablir l’ordre et l’harmonie en moi, le rituel aussi car il est  à la fois fermé car il impose un parcours  mais aussi ouvert car il offre des interprétations que  chacun peut saisir selon sa personnalité

J’au pu au fur et à mesure des années sentir une certaine verticalité naître en moi : lors de mon initiation, je suis remonté de la caverne originelle pour aller vers la Lumière, en quelque sorte de la Terre vers le Ciel.  Ce qu’illustre parfaitement le chiffre 7 qui nous est si cher:  l’addition du ciel (le 3) et de la terre (le 4).

A la cérémonie d’élévation au grade de maître, le Vénérable Maître nous dit  « Souvenons-nous, mes frères, que seuls, nous en pouvons rien ».  A ce propos, j’aimerais évoquer ces moments privilégiés, lorsque au cours des tenues et cela se ressent fortement au moment de la chaîne d’union, nous obtenons l’ Egrégore. Le groupe alors formé par tous ces maçons réunis  illustre pour moi  l’Unité des Unités, la fusion des Unités.

J’ai dit Vénérable Maître

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