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 Qui a tué HIRAM ?

Qu’évoque pour nous la mort d’HIRAM ?

Hiram, est le contremaître ou encore architecte en chef et conducteur des travaux au Temple de Salomon. Il est en tout cas responsable des ouvriers et de leur travail, pour s’y retrouver il avait divisé les ouvriers en trois groupes : les apprentis, les compagnons et les maîtres. Ceux-ci selon leur compétence, la qualité de leur travail ou encore le degré de connaissance, leur aptitude à utiliser les outils pour la taille, la pose, l’intégration de la pierre dans l’édifice… et la connaissance de la géométrie, fort utile à la réalisation d’une telle œuvre que celle du Temple.

Alors le récit mythique prend tout son sens : Hiram fut assassiné à la fin des travaux du Temple par trois compagnons félons et ceci pour avoir refusé de leur donner la parole secrète.

La lecture allégorique du mythe montre qu'Hiram perd sa vie physique (épaule droite - la voie, le guide), sa vie sentimentale (la nuque - amour) et sa vie spirituelle (le front - esprit, âme), à cause de l'Ignorance, de l'Hypocrisie (ou le fanatisme) et de l'Envie (ou de l’ambition) que figurent ses assassins. Mais il renaîtra (acacia) grâce à ses qualités antithétiques : Le Savoir, la Tolérance et le Détachement (ou la générosité).

Notons que cet assassinat est total : Corps, âme , esprit.

La résurrection repose sur le mystère de la nature, revivre après la mort, en nourrissant la future plante… Prenons exemple sur le grain de blé… ou toute autre graine qui meure et qui se multiplie en mourrant, après la putréfaction la vie ressurgit, plus forte. C’est d’après Pythagore, la réincarnation après la purification : l’âme passe dans le corps du récipiendaire. Mais c’est aussi cultiver la spiritualité de l’Homme.

Dans les cérémonies maçonniques, le récipiendaire au titre de Maître s'identifie à Hiram : il doit d'abord « mourir » pour renaître, investi des qualités de Maître Hiram. Le « secret » n'est que devenir intérieur, transformation spirituelle dans un processus d'individuation. En ce sens, il est incommunicable.

Cette mise en pratique des points d’élévation au 3ème degré procède d’un sens profond et caché: c’est l’exaltation symbolique du rassemblement de ce qui est épars, c’est le coagula alchimique. C’est l’union qui fait rebondir et reprendre force. Union symbolique de la connaissance de soi, d’utiliser toutes nos facultés et de les mettre au service de l’humanité. Ainsi c’est dans le « connais-toi, toi-même » de Socrate que le nouveau maître doit chercher dans une démarche libératoire progressive, son appartenance cosmique. Pour cela, à nous de trouver la pierre cachée au fond de soi (le VITRIOL du cabinet de réflexion). Elle est la conclusion, la récompense et la finalité d’un effort dont l’efficacité est rendue possible par le travail.

La parole perdue, ne peut effectivement être retrouvée qu’en suivant un itinéraire particulier, celui de l’effort et de la pugnacité. La réalisation du Grand Œuvre est au bout du chemin, convergence de nos itinéraires maçonniques, focale de nos objectifs.

Les trois mauvais compagnons symbolisent évidemment les poisons que sont l’ignorance, la colère, l’orgueil, la convoitise et la jalousie.

A ce moment précis l’identification du futur Maître à l’architecte assassiné est presque parfaite et les deux histoires semblent se rejoindre.

Le recipendaire doit s’emparer de cette symbolique pour tuer ces vices intérieurs, qui peuvent l’empêcher de renaître en un nouvel homme, c’est donc lui qui tour à tour représente chacun des trois compagnons : il est lui même le meurtrier d’Hiram. Il tue et ainsi il se libère de trois de ses défauts, pour renaitre aussi radieux que jamais : l’homme jeune, l’homme nouveau est là !

Hiram est la personnification de toutes les qualités que doit posséder un maître maçon.

La domination, la connaissance  de soi-même, la maîtrise, la volonté inflexible de faire sienne et de respecter les valeurs morales, de rester fidèle à son devoir même au prix de sa vie, enfin de travailler tout au long de son existence à son amélioration personnelle, à son perfectionnement.

Le premier message du rituel d’élévation   nous dit, qu’aveuglés par nos désirs, nous pouvons choisir à tous moments de devenir un mauvais compagnon et notre fragilité est soulignée par le fait que ce sont les 3 lumières de la Loge, celles en qui nous avons le plus confiance, qui occupent ces rôles d’assassins.

L’autre message nous apprend que la transgression est ontologique. En tuant le Maître les trois mauvais compagnons perpétuent le crime rituel, présent dans toutes les traditions. Ils nous soulignent ce qui est immuable et intrinsèque à toutes vies: la rupture de la transmission. L’élève doit assassiner son maître et se réapproprier son savoir. Cette rupture nécessaire constitue l’essence de la démarche initiatique et annonce sa méthode : il faut que Hiram meure et que son corps soit découvert en état de décomposition pour que s’accomplisse le cycle mort- renaissance, pourrissement- régénération.

La rupture de la transmission peut être vécue comme un drame à un premier niveau de lecture. C’est la perte des repères, le chaos. A un autre niveau, elle signifie un changement de cap, ou un changement d’état.

Le mot du maître perdu enseigne la nécessité de remonter à la source et oblige l’élève à relancer le processus. Puisqu’il ne peut plus imiter, il doit donc inventer son devenir pour ne pas mourir.

Ce réveil initiatique l’entraîne dans la quête consciente de sa re-naissance et   l’érige en partenaire de Dieu, en allié dont la mission consiste à améliorer une création ébauchée et perfectible.

Conclusion

Ainsi, les trois mauvais compagnons, ouvriers du destin, affranchissent Hiram du plan matériel au plan divin. Ce renversement des valeurs nous remémore notre double appartenance :

- la voie terrestre, extérieure qui reconnaît l’opposition des deux principes du bien et du mal  à l’origine de la transgression et des maux qui s’ensuivent,

- et la voie intérieure et spirituelle qui reconnaît  la complémentarité de la lumière et des ténèbres et la nécessité de la transgression qui légitime la lutte, l’effort et le devenir.

Aussi ai-je gagné la certitude que les trois mauvais compagnons, c’est-à-dire moi sur le chemin, nous entraînant dans la rupture, nous font rentrer aussi dans la profondeur, dans une compréhension plus large du sens de la vie . La quête de la parole perdue est la recherche, l’attention à nous-même, qui à force de travail nous fera transformer nos travers en Connaissance et Amour et devenir ainsi Hiram radieux.

Le FRANC. MACON. doit d’abord travailler pour son propre perfectionnement. Il doit également persister sans relâche dans la recherche de la vérité, en étant toujours plus exigeant vis à vis de lui même et de ses Frères. Cela veut dire qu’avant d’envisager toute action sociale, Le FRANC. MACON doit entreprendre une « action individuelle ».

Il doit s’imposer une discipline rigoureuse, celle de travailler sur lui même au moyen des rites et des symboles, tout en s’appuyant sur le soutien de ses Frères.

Il doit travailler à la taille de sa pierre, pour en ôter inlassablement les aspérités, l’équarrir pour la rendre parfaite en vue de sa destination finale.

Nous devons nous efforcer de combattre nos défauts pour occuper notre juste place dans la Loge et par delà dans la Société.

Le plus difficile, mais en même temps le plus important, ce n’est point d’ambitionner de changer le monde, mais c’est davantage s’efforcer de se changer soi-même et d’abord en se connaissant.

Etre FRANC-MACON a dit un Frère, c’est se connaître et se situer avant de vouloir tout changer : Agir et non pas réagir !

En effet, il ne manque pas de personnes qui sont prêtes à changer le monde, mais combien de réformateurs ou de révolutionnaires ont-ils été capables de réaliser leurs objectifs dans la durée, faute d’avoir fait ce travail sur eux-mêmes.

Notre vie si éphémère qu’elle soit, mérite d’être vécue dans le respect de ce qu’elle est, il faut comme le disait Baudelaire : « Tirer l’éternel du provisoire »

J\P\ F\

Bibliographie : 
Rituel du 3eme degré
Dictionnaire des symboles   de  jean CHEVALIER et alain GHEERBRANT
Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie  de  daniel  LIGOU
La Franc-Maçonnerie rendue intelligible a ses adeptes  de oswald WIRTH
Vade-mecum du maître  de claude DARCHE
La légende d’Hiram de claude GUERILLOT
Histoire philosophique de la Franc-Maçonnerie de KAUFFMANN et CHERP

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