GLDF Loge : Véritas Vincerit - Orient de Saulx les Chartreux Date : NC
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L’Acacia m’est connu

En Chambre du Milieu , à l’interrogation du TVM, le second surveillant atteste de son appartenance au troisième degré en lui répondant « l’acacia m’est connu ».

Il fait ainsi référence à la légende d’Hiram, véritable socle de la maçonnerie écossaise, créé pensent certains auteurs pour soutenir le grade de Maître et lui donner une assise symbolique et initiatique.

C’est en effet en tentant de se raccrocher à une branche d’acacia qu’un Maître du chantier de construction du Temple de Salomon, parti à la recherche de l’Architecte disparu découvrit par surprise l’emplacement de son corps enfoui sous un monticule de terre fraîchement remuée.

C’est cette même branche qui figure sur les représentations du tableau de Loge du grade de Maître Maçon et qui est disposée dans la Loge, à l’ouest, près de la tête du cercueil lors d’une cérémonie d’élévation.

Au cours de ces quelques minutes de symbolisme je m’attacherai à vous restituer le fruit de mes recherches sur la nature de cet acacia « méconnu » et sur les raisons qui en ont fait un emblème majeur de la Maçonnerie écossaise et du grade de Maître Maçon.

En effet, pourquoi l’acacia ?

Pourquoi cet arbre, d’apparence anodine, de la famille des  légumineuses –mimosées est-il indissociable d’HIRAM et à quelle occasion est-il entré en Franc Maçonnerie ?

Notons tout d’abord que dès l’Antiquité, l’acacia a affirmé des particularités remarquables, dans toutes les civilisations, qui ne peuvent que nous interpeller.

Sur un plan purement sémantique et étymologique, l’acacia dériva à l’origine du mot grec AKANTHA, comme tout piquant végétal, puis s’émancipa en AKAKIA ou épine d’Egypte lorsque l’humanité, dans son développement intellectuel enrichit et diversifia son vocabulaire.

Lorsque les hommes découvrirent l’abstraction, et que les mêmes mots signifièrent à la fois les objets et leurs qualités réelles ou attribuées, AKAKIA symbolisa l’innocence, l’ingénuité, l’antidote du vice, de la disposition au mal, le gage de la bonne fortune qui par ses vertus protège l’homme.

A-KAKIA s’opposait ainsi à KAKIA ou faux laurier, qui représentait le vice, le déshonneur, la disposition au mal, que nous pouvons traduire ici par l’ignorance, le fanatisme et l’ambition.

Chez les Egyptiens, l’Acacia, « ished », qui signifie « ce qui donne la félicité » était considéré comme un arbre sacré sur les feuilles duquel Thot et la déesse de l’écriture étaient réputés transcrire les noms du Pharaon pour lui souhaiter prospérité et longue vie.

Il était révéré chez les arabes et de nombreuses tribus, de Ghaftan, de Koreïsch, de Sakem en avaient fait une idole.
Les initiés jubéens de son culte en portaient un rameau, un peu comme « arbre de paix »
Cet acacia ils le nommaient HOUZZA, étrange correspondance avec notre acclamation écossaise.
Mais à son arrivée Mahomet fit couper l’arbre de la tribu de Corest jusqu’à la racine et tuer la prêtresse de cette divinité.

Les égyptiens , comme les anciens arabes consacrèrent l’acacia, emblème solaire,  au dieu du jour et en firent usage dans les sacrifices qu’ils lui offraient.
Dans notre rituel, le drame d’HIRAM est également envisagé comme rite solaire, manifestant la continuité des cycles de mort et de renaissance..

Héritiers de la TRADITION nous ne saurions oublier que l’Arche d’alliance, la Table, l’Autel des holocaustes ou l’Arche de NOE étaient faits de bois d’acacia, recouvert d’or ou d’airain et que la couronne du Christ était tressée d’épines d’acacia.

Dans son « Histoire comparée des anciennes religions », le hollandais Cornélius Tiele décrit une arche portée par quatre prêtres égyptiens sur laquelle on lisait « Osiris s’élance » et d’où émergeait un acacia.
C’était la représentation de la vie éternelle symbolisée par la semence enfouie en terre et qui revit dans l’arbre.

Comment la maçonnerie moderne fut elle amenée à adopter l’acacia ?

Certains rituels du XVIIIème siècle n’y font aucune allusion et divers auteurs purent même affirmer qu’à l’origine ce symbole était étranger à la maçonnerie.
Les anciens rituels ne parlent pas de l’acacia et la formule objet de ce discours y est absente, mais il apparaît déjà sur certaines planches adjointes, reproduisant le tableau de Loge où figure une branche d’acacia placée sur un monticule ou un cercueil.

Plus tardivement apparurent des explications écrites sur l’acacia
Le Recueil Précieux de la Maçonnerie Adonhiramite explique que l’acacia est là pour rappeler la mémoire de la croix du Sauveur, elle-même faite de ce bois dont la Palestine est remplie.

Il semble bien acquis que l’Acacia est né avec la Maçonnerie spéculative.
Si l’acacia est le symbole de l’innocence, rappelons que les Loges d’alors s’intitulaient « lieu très éclairé, asile de la vertu, ou règnent la paix l’innocence et l’égalité »

Mimosa du désert, l'acacia résiste à la dessication ; sa verdure persistante manifeste une vie qui refuse de s'éteindre, d'où son caractère d'emblème d'espoir en l'immortalité.

Dans la légende d'Hiram, cette plante fait découvrir le tombeau du Maître, détenteur de la tradition perdue.
Elle correspond au rameau d'or des initiations antiques.

Connaître l'acacia, c'est posséder les notions initiatiques conduisant à la découverte du secret de la Maîtrise.

Pour assimiler ce secret, l'adepte doit faire revivre en lui la  sagesse morte.
 A cet effet, il doit imiter Isis, qui parcourut toute la terre à la recherche des débris du corps de son époux.

Ces vestiges précieux seront recueillis par le penseur qui saura discerner la vérité cachée sous l'amas des superstitions que nous lègue le passé.

 Le cadavre spirituel d'un dieu qui jadis éclaira le monde subsiste, réparti entre les foules ignorantes, sous forme de croyances persistantes.

 Loin de dédaigner ces restes défigurés d'une sagesse perdue, l'initié les rassemble pieusement, afin de reconstituer dans son ensemble le corps de la doctrine morte.

Rétablie dans sa synthèse, cette doctrine devient revivifiable, comme Hiram ou Osiris.

Mais, sans l'acacia révélateur, comment savoir où fouiller le sol ?

« Cet arbre funéraire, cet acacia, annonce une sépulture » fait savoir le second surveillant.
« Oui », reprend le premier surveillant « il est dit que la connaissance repose à l’ombre de l’acacia.

L’Homme qui « connaît » l’acacia se doit d’être différent du « vulgaire », il a reçu la Connaissance et Elle est Amour, cette science ne lui est donnée que pour qu’il la transmette.

Le nouveau Maître relevé par les « cinq points parfaits » va continuer l’œuvre d’Hiram défunt en pérénisant son action par la construction du Temple détruit.

Dans de nombreuses traditions l’acacia est associé à l’immortalité ou aux symboles divins : en inde par exemple la louche sacrificielle attribuée à Brahmâ (sruk) est en bois d’acacia, pour les Bambaras, le premier rhombe fut fabriqué dans le même bois. Dans le Pentateuque, on nous apprend que l’Arche d’Alliance a été crée avec ce même matériau.
Dans la pensée judéo-chrétienne cet arbuste en bois dur, imputrescible est un symbole solaire de renaissance et d’immortalité.
« Il faut savoir mourir pour naître à l’immortalité » a écrit Gérard de Nerval dans le Voyage en Orient.

C’est donc un symbole universel, transmis dans toutes les Traditions avant de se trouver dans ce que René Guenon appelait une des seules voie Initiatique occidentale (avec le Compagnonnage) : La Franc-Maçonnerie.

L'Acacia est l'analogue de l'Aubépine, de la Croix égyptienne et chrétienne et de la lettre hébraïque Vau, qui veut dire Lien.

C'est le symbole du Lien qui unit le Visible à l'Invisible, notre vie à la suivante ; en un mot, c'est le gage de l'immortalité.


Le corps d'Hiram est en putréfaction ; mais sur lui s'élève la branche morte, couleur de l'Espérance, qui indique que tout n'est pas fini.

La Maçonnerie se doit dans le rituel du Maître d’utiliser le mimosa et non le robinier, faux acacia.

Le symbolisme des fleurs fait du mimosa l’emblème de la sécurité, de la certitude.
Certitude pour nous que la mort symbolique d’HIRAM, comme celle d’ OSIRIS ou du CHRIST pour d’autres ne signifie pas la destruction totale de l’Etre mais annonce un renouvellement, une métamorphose.

Se relevant du cercueil où il était plongé dans les ténèbres l’initié tel le papillon sortant de sa chrysalide s’élance vers le soleil et la Lumière annoncés par les fleurs dorées du mimosa.

Arrivé au terme de ce court travail où j’ai du beaucoup « élaguer ma plante », je suis conscient de tout ce qu’il y aurait encore eu à dire et de nombreuses autres pistes à explorer.

 J’espère vous avoir donné envie de poursuivre les investigations sur ce symbole d’une très grande richesse et qui m’a le temps de mes recherches et de mes réflexions, bien fait voyager dans l’espace et le temps, de l’Orient à l’Occident, du Nadir au Zenith et par toute la terre .

J’emprunterai, en guise de conclusion, cette sentence à notre  Frère GOBLET d’ALVILLA :

« La chair à beau quitter les os, la sève n’est jamais tarie dans la branche d’acacia ».

J’ai dit, TVM.

C\ G\

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