GLDF Loge : Stella Maris - Orient de Marseille Date : NC


Immanence et Transcendance


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Immanence et transcendance sont liés. Ils s’appellent l’un l’autre comme des contraires et parfois même, à certaines occasions, ils se lient  pour devenir un.

Notre immanence, notre  matérialité est dans nous, c’est notre corps, et nous pouvons l’aimer, la détester, mais cette immanence est IMPOSSIBLE  à esquiver.

Elle est basée sur différents critères tels notre manière de pensée, notre pragmatisme, notre réalité, nos succès, notre vie, notre famille, nos métaux… notre manière de pensée dite concrète.

Tels les travaux d’Anaxagore, philosophe grec, orientés vers ce qui deviendra la science d’observation.

Telle celle du polytechnicien, statisticien Alfred Sauvy (1898- 1990) qui proclame la nécessité d’observer sans relâche les faits pour les décrire et les analyser. Alfred Sauvy sera l’un de ceux à établir, en premier, les études de projections de populations.

-         Notre pragmatisme.
Citons par exemple l’attitude pragmatique de Lord Kelvin qui proclamait au 19ème siècle ( le siècle des sciences) que la science est l’ensemble des recettes qui réussissent toujours, les 20ème et 21ème siècles nous ont appris la prudence sur des apriorités aussi marquées.
 
-         Notre réalité
Tels que nous sommes : beau, pas beau, intelligent, moins intelligent, nous devons nous accepter, nous aimer, il s’agit là de l’un de nos travaux en maçonnerie !
 
-     Nos succès et difficultés
La vocation de l’homme se réalise dans le changement, dans la créativité, sans cesse mis en péril dans l’effort qui fragilise à tout moment le sujet lui-même ; mais l’homme cherche la stabilité, la sécurité ; il cherche à croire en lui-même et devenir pour l’autre une idole . Les plus subtils de ces échecs se révèlent dans ses succès ; L’idée même de progrès s’embourgeoise vite et les grandes théories se fondent rapidement dans le néant.
 
-         Notre vie
Pourquoi la décrier ?  Il nous faut la préserver, l’aimer ; épicurisme, même hédonisme modéré. Oui, pourquoi se faire ou se vouloir du mal ?
L’homme palpe le monde avec trois instruments : les sens, son corps, et l’intelligence. Les sens sont les palpeurs du monde les plus raffinés ; pourtant s’ils nous renseignent sur le monde extérieur ils sont extrêmement pernicieux dés qu’ils nous analysent nous-mêmes en prenant en compte la jalousie, l’amour
 
-         Notre famille
La famille du 21ème siècle est mobile à la différence des familles bourgeoises et paysannes du 19 et 20ème siècles. Libérée de l’enracinement local, elle n’appartient plus au cercle des traditions de la tribu ! La famille moderne se cherche en même temps que des nouveaux rapports sociaux entre hommes, femmes, enfants. Le sexuel est désacralisé, le poids des intérêts sociaux pèse moins lourd, il s’agit d’une famille à construire, à faire et nous sommes entrain de la construire. Cette famille est vitale à notre matérialité et son absence est la cause de beaucoup de maux et de mots.
 
-         Nos métaux
Dans nos civilisations judéo-chrétiennes voilà un sujet tabou, à cacher. Au contraire l’approche protestante  américaine, mythifie la propriété. Chacun est libre de son positionnement mais je voudrais clamer, et je le fais depuis que je suis apprenti, que certes, il est nécessaire de déposer ses métaux pour entrer dans la loge, MAIS  qu’il est bien agréable de les récupérer et de les employer au mieux comme nous l’indique le Rituel. Ces métaux, nous les avons choisis, si nous les répudions, notre logique n’est plus en adéquation avec nos actes et là il peut devenir difficile de se regarder dans une glace !
 
 
Cette matérialité, cette immanence, est pour quelques philosophes et penseurs, une conquête progressive de soi même en vainquant les forces extérieures et supérieures. L’immanence peut devenir l’univers et la demeure de l’homme, en se « débarrassant », par exemple des phénomènes religieux transcendants, pour se retrouver enfin, devant ses propres problèmes.
Il n’y a pas de transcendance à invoquer là où l’immanence se suffit : de par ce principe les religions ont laissé se laïciser une partie des activités de l’homme.
En écrivant cela, je ne pense pas à Kant qui semble vouloir substituer la connaissance à la croyance mais qui affirme quand même la transcendance d’une chose en soi, ce philosophe laisse subsister un noumène inaccessible par l’entendement, il ne rompt pas à la logique judéo-chrétienne. J’évoque plutôt Spinoza précédé par Giordano Bruno (brûlé à Rome en 1600) qui écrivent que puisque le monde est infini il ne saurait être qu’un. La nature est la substance ou dieu même.
Le réel est et il doit s’expliquer par lui-même et par lui seul.
 
Ce n’est pas du matérialisme mais du monisme rigoureux : un seul  monde, une seule nature, un seul système d’explication.
Le spinozisme est un athéisme qui se cache pour des raisons de prudence religieuse, derrière une philosophie du divin : seul l’homme et tout l’homme, peut définir ses valeurs et sa joie.
 
De même la morale et la politique trouvent leur fondement dans l’homme. Ce dernier est une partie de la nature, il est de ce monde et trouve sa liberté et son sens dans ce monde. Pour Spinoza Dieu est conçu comme totalement intelligible à la raison et même Maurice Blondel qui fût suspecté d’immanentisme, doctrine qui rejette la transcendance, déclarait apercevoir la transcendance dans l’immanence.
 
La transcendance, je dirais même notre besoin de transcendance
Je pense qu’il est réel car : si nous sommes bien avec notre matérialité nous avons besoin de transcendance pour nous évader de cette immanence
 
Si nous apprécions mal la matérialité nous avons besoin de transcendance pour nous évader de l’immanence
 
L’immanence représentant l’horizontalité, la transcendance, la verticalité
 
Même Baudelaire rencontre les 2 figures surnaturelles de la transcendance ; Dieu et Satan. Il dit lui-même dans une œuvre posthume de notes rédigée durant les années 1859-1866 et nommée : MON CŒUR MIS A NU : «  il y a dans tout homme, à toutes heures, deux postulations simultanées, l’une vers dieu, l’autre vers Satan ».
 
Une certaine vue de la civilisation, de la science et de la pensée actuelle pourrait décrire celle-ci comme une longue, progressive et inexorable, démythification, un démantèlement systématique du sacré qui réduit tout en des forces calculables et domesticables dans un espace planétaire, et pratiquement interstellaire, à ce jour. Or, je le pense, l’homme, souvent perdu dans cette intelligente technique, a besoin de rêver et de se rattacher à une certaine transcendance cet homme veut toujours dépasser sa simple coexistence du milieu dans lequel il vit, cela semble programmé en nous, l’explication rationnelle ne nous suffit pas, nous avons besoin de rêver, d’espoir, de projection.
 
Husserl disait : « chaque forme de transcendance est un sens existentiel se constituant à l’intérieur de l’ego. »
 
Avec l’existentialisme de Heidegger et de Sartre on aperçoit une nouvelle forme de transcendance, on est en présence d’une description de l’immanence telle que la réalité humaine, l’être dans le monde en termes transcendants, en sachant que cette transcendance n’est plus celle de l’horizon vertical mais celle de de l’action humaine : employons plutôt le mot d’élévation de l’immanence… A la place du mot transcendance
 
De même, apportée par la très rare et imparfaite démocratie de nos pays occidentaux, la transcendance de l’idée de liberté, progresse à ce jour, à grands pas ! Pour ce faire l’homme veut être associé de plus en plus à l’exercice du pouvoir, à travers, notamment des référendums, afin de museler les arbitraires. Mais là n’est pas le sujet, ces référendums ne peuvent répondre qu’à des questions binaires, manichéennes bien différentes de la complexité de nos sociétés.
Certes chaque état,  possède son propre degré de transcendance de la liberté mais en lui-même le simple essai de cette liberté est déjà le début d’une transcendance !
 
De même je pense souvent à la transcendance des quatre éléments que sont le ciel, la terre, le feu, le ciel.
 
La verticalité, le ciel : la voûte étoilée, je souhaite, à tous nos frères de contempler un ciel, vu d’un désert, quelque soit son nom. Cette myriade d’étoiles scintillantes, mouvantes, attirantes, vous transcende rapidement et continuellement. Vous devenez « grand » allongé dans votre sac de couchage, seul, englouti dans ce silence désertique si puissant. Interprétant les différentes étoiles, soleils luminescents, ressentant notre parfaite intégration dans ce monde mystérieux, magnifique, inaccessible.
 
De même pour la terre, la vision des photos satellites dans leur pureté, des photos de Arthus Bertrand exécutées le plus souvent d’un hélicoptère vous transcendent de par la beauté de dame nature. Cette vision de la pureté et de la beauté de la terre  fait évoluer immédiatement notre esprit sur la pollution, en tout cas sur la campagne médiatique continuelle concernant la pollution. Je suis assez prudent sur l’ensemble des campagnes médiatiques souvent articulées par une volonté commerciale sous jacente.
 
Parlons maintenant de l’eau. Transcendance à travers l’ensemble des mythes de cet élément : radeau de la méduse au large des côtes mauritaniennes, tempêtes innombrables peintes avec dextérité, cascades polynésiennes. L’eau, dans ses différentes expressions, transcende notre subconscient dans des notions de fraîcheur, de bien être, de danger.
 
Le quatrième élément, le feu, fascine : j’ai personnellement vécu un incendie dans un immeuble de grande hauteur à Philadelphie USA et je puis vous assurer que la vision de portes projetées par la force des flammes, à des dizaines de mètres reste gravée, dans mon moi intérieur, indélébile dans ma mémoire. Notre belle Provence est malheureusement touché de plein fouet par cet élément dévastateur mais terminons par la transcendance apportée par les flammes d’un foyer de cheminée
 
 
Le mot transcendance exprime cependant un acte, une pensée extérieure au monde naturel, la transcendance, dans sa signification évoque les termes « au dessus, inaccessible, non discutable ».
Etant quelque peu réfractaire aux théories raciniennes de l’écrasement de l’homme par le prescrit d’une force supérieure, j’espère que l’homme, par son combat, peut changer, modifier, le cours des événements.
 
Ma transcendance je la perçois lorsque que j’arrive à m’élever et que je reçois cette élévation, en loge, en accédant au sacré.
 
On peut ,aussi ,arriver à ce stade de transcendance en recherche isolée.
 
Pensons par exemple au génie Einstein.
Cet homme formé mais non reconnu dans sa jeunesse a osé penser la science dans un style personnel orienté avant tout vers une analyse des bases fondamentales des théories et du contenu physique du concept. Il a pensé à la résolution des énigmes scientifiques avant de les justifier ou que d’autres l’approuvent en les justifiant. Certes nous sommes loin de la transcendance religieuse mais ne peut on pas nommer cela de la transcendance scientifique ? la transcendance devenant un moyen d’enjamber tout ce qui est immanent et concret, un moyen d’illimitation.
 
 Modestement, je ne vois pas la transcendance comme la fusion du corps et de l’esprit mais dans la prise de conscience, l’acceptation du corps par l’âme et par l’esprit c'est-à-dire la raison.
 
En sachant que transcendance et immanence peuvent être un, par exemple quant la coïncidence des vouloirs va jusqu’à l’identité, quant l’agir de Dieu et l’agir pour Dieu se confondent, la transcendance se dissout dans l’immanence, immanence provenant de dieu.
 
A mon tour je voudrais démythifier la transcendance, elle me parait obligatoire, si nous voulons progresser, nous avons besoin d’avancer, de rêver, de nous motiver : elle est humaine ! Mais je ne nous vois pas comme le surhomme de Nietzsche, cette transcendance est accessible à partir de par notre travail et de notre persévérance.
 
Notre propre pensée a besoin de transcendance pour approcher ses limites. La loge est d’un secours indéniable pour, de nouveau, nous seconder dans cette recherche de la vérité, de notre vérité, qui nous est chère et nous l’avons vécu dans nos travaux sur :
La pierre brute
Les exercices de dépouillement du vieil homme
La genèse individuelle
 
La transcendance, l’immanence sont intimement liées, l’immanence le quotidien, parfois difficile à admettre, la transcendance, un besoin, un rêve, une sortie de soi-même, une projection, un besoin de bonheur.
 
 
Oserais-je indiquer que le titre de ce travail aurait du être :
La transcendance, une solution pour améliorer et accepter l’immanence
 
Pour moi, en effet, la transcendance n’est pas simple dépassement de l’esprit. Elle doit être transcendance vraie, la transcendance de l’être.

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