GLNF Loge : NC Date : NC


La Régularité Maçonnique


C’est que nous avons tous, à un moment ou à un autre, besoin de nous situer dans notre vie maçonnique, besoin de mieux se concentrer sur notre obédience et ainsi mieux comprendre notre propre engagement au sein de celle-ci.

Après un bref historique de la GLNF, nous verrons le principe de Régularité, qui nous amène à celui de la Reconnaissance…et à la transmission de la Maçonnerie de Tradition.

Dans un premier temps, permettez-moi de vous donner la définition du Dictionnaire de la Langue Française, quant à la Régularité : nom féminin,
1er sens : Caractère de ce qui est régulier- qui conduit à l’Harmonie ; Synonyme d’un certain rythme;
2nd sens, Caractère de ce qui est conforme aux règles et aux lois ; Synonyme : l'exactitude…..

Mais, depuis ses origines, la franc-maçonnerie d’une manière quasi-générale utilise le mot « régulier » comme synonyme de « légitime », le terme français venant du mot anglais « regular » qui signifie dans ce contexte « normal », « standard », « ordinaire » ou « habituel ».
C'est pourquoi toutes les obédiences maçonniques se considèrent elles-mêmes comme «régulières» .

Dans de nombreuses obédiences, ces conditions prennent souvent la forme de listes de «Basic Principles», ou de «règles» marquant les limites au-delà desquelles la pratique maçonnique d'une autre obédience sera considérée par elles comme déviante et inauthentique.
Mais en cela, c’est souvent oublier nos origines et les principes qui régissent notre ordre maçonnique.

I-Petit historique de la GLNF

1717 en Angleterre, puis 1725 en France, les codes maçonniques se mettent en place et les loges se développent, aboutissant à la fondation du Grand Orient de France en 1773.
Croyance et existence de Dieu sont les canons de cette maçonnerie française durant les XVIII° et XIX° siècles, jusqu’à la date fatidique de 1877.

Nous sommes à la fin du Second Empire. La France a perdu la guerre et une partie de son territoire. Elle a rétabli un système républicain qui menace l’Eglise catholique de perdre son statut privilégié de religion d’Etat, l’incitant ainsi à s’engager dans les questions politiques.
L’Eglise condamne donc tout à la fois la République et la Franc Maçonnerie qui la soutient, ce qui bouleversa l’équilibre des loges dans lesquelles, petit à petit, les catholiques et les royalistes se trouveront exclus.
De ce fait, les loges vont devenir progressivement républicaines et anticléricales. Et très rapidement, en deux ans, l’obligation de foi en Dieu va basculer tout d’abord vers l’acception réductrice d’un «Principe créateur», puis ensuite vers le néant puisque la règle de foi en Dieu sera supprimée des constitutions de 1877.
C’est à Edouard de Ribaucourt que revient le mérite d’avoir réveillé la loge «le Centre des Amis» en 1911, rapidement rejointe par la loge dite «Anglaise» de Bordeaux, autorisées toutes deux par le GODF à travailler au RER et à invoquer le GADLU.

Deux ans plus tard, en 1913, le Grand Maître de la Grande Loge Unie d’Angleterre, reconnaît la régularité de la toute nouvelle «Grande Loge Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies» et lui confère le statut de Grande Loge souveraine. Elle prendra par la suite le nom que nous lui connaissons aujourd’hui de «Grande Loge Nationale Française».

II-Le principe de Régularité

Pour aborder le principe de Régularité, il est intéressant d’examiner les termes de la pétition qui avait été adressée par Edouard de Ribaucourt au Grand Maître de la Grande Loge Unie d’Angleterre . Il l’avait rédigée en ces termes :
« Nous travaillons de façon juste et parfaite dans les obligations suivantes :
-pendant la tenue, la Bible sera ouverte sur l’autel,
-les tenues seront toujours ouvertes et fermées sous l’invocation du GADLU, aucune discussion religieuse ou politique ne sera admise en loge,
-l’atelier ne prendra jamais parti en matière politique, chaque frère gardant sa liberté d’opinion,
-nous ne recevrons en loge que des frères reconnus comme réguliers par la Grande Loge Unie d’Angleterre ».
C’est à ces quatre conditions que pouvait être créée la nouvelle Grande Loge, et elle prouvait ainsi sa Régularité.

Que contient donc ce principe de Régularité ?

La définition, que nous en avons à la GLNF, est très claire sur ce point :
« Les fondements de la régularité maçonnique s’appuient sur le respect d’un ensemble de règles consignées dans les composantes de base que sont :
-les Landmarks
-la Règle en douze points
-la constitution de la GLNF de 1915. »

A -Les Landmarks

Les Landmarks puisent leur origine dans les « Anciens Devoirs », et précisent -les délimitations qui situent la Franc Maçonnerie de Tradition par rapport à toute autre société, les conditions de la Tradition du Métier de Maçon, la délimitation du lieu où s’accomplit la transmission du Métier,  et les caractéristiques invariables qui sont les garants de la Régularité.
Les Landmarks constituent, quant à eux, des bornes ou des limites qui mettent en évidence 3 grands principes :

-première limite : la croyance en Dieu, GADLU et en sa volonté révélée : la Franc Maçonnerie régulière travaille au plan de la réalisation spirituelle de l’Homme par la connaissance de la Nature créée et ordonnée, par le travail de la main qui taille la pierre (Deutéronome 27,7), et par les limites à ne pas transgresser (Deutéronome 19,14, Deutéronome 27,17, Proverbes 22,28)
-deuxième limite : la présence du Volume de la Loi Sacrée ouvert sur nos autels : qui est en général la Bible, mais qui peut être tout ouvrage exprimant les fondements d’une religion révélée, sur lequel tout maçon doit prêter ses serments, et obligations,

-troisième et dernière limite : la filiation par une transmission traditionnelle, ininterrompue et hiérarchique : une Tradition vivante est nécessairement issue d’une chaîne ininterrompue de messages dispensés au sein d’une hiérarchie initiatique. Celle ci continue de transmettre l’influx spirituel depuis l’Alliance entre le Grand Architecte et son peuple, par l’intermédiaire du Grand Maître, dépositaire et transmetteur de cette filiation. L’Alliance remonte au temps de la construction du Temple de Salomon.

De plus, les Landmarks ont des caractéristiques propres qui peuvent être qualifiées de:

ü                 Immémoriales : si anciennes qu’on n’en connaît pas l’origine,
ü                 Immuables : qui demeurent inchangées et ne varient pas dans le temps,
ü                 Inabrogeables : qu’on ne peut supprimer
ü                 Fondamentales : représentant les principes fondateurs
ü                 Universelles : car elles sont une des propositions de Dieu, contenues dans la Bible.

En fait, on peut considérer que les Landmarks sont des bornes mises en place pour baliser les sentiers de la Tradition.
Bornes nécessaires pour indiquer des limites. Bornes que le philosophe François Pillon disait indispensables puisque la limite est la condition même de la réalité : ôtez les bouts d’un bâton, il n’y a plus de bâton ; sans bornes, le fini disparaît complètement.

B – La Règle en douze points
 
Deuxième volet du principe de Régularité, la Règle en douze points a été forgée dans la quintessence des textes anciens. Elle est légèrement différente mais analogue d’un pays à l’autre. C’est la conformité de la Règle aux Anciens Devoirs qui détermine l’une des composantes de la Régularité.
Il ressort de cette Règle que la Franc Maçonnerie est un Ordre, une fraternité initiatique ayant pour fondement la foi en Dieu, qu’elle se réfère aux Anciens Devoirs, qu’elle vise au perfectionnement de ses membres au travers des rituels et du symbolisme, qu’elle interdit en son sein toute discussion politique ou religieuse mais qu’elle respecte les opinions de ses membres qui prêtent leurs obligations sur un Volume de la Sainte Loi, que les francs maçons s’assemblent dans les loges pour y travailler, que seuls sont admis les hommes majeurs de réputation parfaite, gens d’honneur loyaux et discrets qui cultivent l’amour de la patrie, la soumission aux lois et le respect des autorités, qu’ils contribuent au rayonnement de l’Ordre par leur exemple, et qu’ils se doivent mutuellement aide et protection fraternelle, gardant en toute circonstance calme équilibre et tempérance.
Rappelons qu’un Ordre est un ensemble de personnes qui, par un acte d’adhésion libre, ont fait le serment solennel de se soumettre à l’ensemble de ses règles.

C – Notre constitution

Dernier élément constitutif de la Régularité, la Constitution de la GLNF de 1915, qui est inspirée des constitutions d’Anderson.
Elle se présente en trois points :
1-une histoire traditionnelle du Métier dont elle reprend les légendes,
2-les obligations du franc maçon,
3-les règlements de la Grande Loge.

Les éléments fondamentaux qui en découlent définissent le principe de Régularité :
1-la Régularité de son origine, chaque Grande Loge devant être créée par une Grande Loge dûment reconnue ou par trois loges régulièrement constituées,
2-la croyance en Dieu et en sa volonté révélée est une condition impérative pour l’admission des membres,
3-la prestation des obligations sur le Livre de la Loi Sacrée,
4-une Grande Loge et les loges rattachées seront composées exclusivement d’hommes,
5-la Grande Loge exercera une juridiction souveraine sur les loges soumises à son contrôle, c’est à dire qu’elle possèdera une autorité unique et incontestée sur le Métier de Maçon,
6-les trois Grandes Lumières, équerre, compas et VLS, seront toujours exposées pendant les travaux
7-les discussions d’ordre religieux et politique seront strictement interdites en loge,
8-les principes des Anciens Devoirs, Landmarks, coutumes et usages du Métier de Maçon seront strictement observés.

Voilà donc réunis les trois grands principes indispensables à la Régularité : strict respect des Landmarks, de la Règle en douze points et de la Constitution.
Ainsi la Régularité est une condition nécessaire, mais elle n’est pas suffisante pour la pratique d’une maçonnerie de Tradition, telle que nous la considérons au sein de notre obédience. En effet, elle va s’assortir de la Reconnaissance.

III – Le principe de Reconnaissance

La définition que nous donne les textes de la GLNF du principe de notre Reconnaissance, est  en ces termes :
« La Grande Loge Nationale Française est dite reconnue car les autres Grandes Loges régulières étrangères la considèrent et la reconnaissent comme la seule Grande Loge régulière représentative de la France, une seule Grande Loge par pays pouvant être reconnue. »

« Cette notion de territorialité est importante : par exemple, une dissidence de la GLNF , la Grande Loge Opéra, est parfaitement régulière dans ses travaux mais ne peut prétendre à la reconnaissance universelle car elle est à ce jour détenue en France par la GLNF.
C’est la Grande Loge Unie d’Angleterre qui joue ce rôle prépondérant dans l’application de la Reconnaissance car elle est considérée comme la Loge Mère. »
La règle est donc simple, ne peut être reconnue qu’une Grande Loge qui apporte la preuve de sa Régularité, et, c’est le principe de Reconnaissance.
Mais quels en sont les constituants ?
Il s’agit des principes de reconnaissance datant de 1927 que l’on retrouve, dans les propos précédents, à savoir :
v     la croyance en Dieu ;
v     le serment sur le Volume de la Loi Sacrée (qui correspond à sa croyance) ;
v     le travail en présence des Trois Grandes Lumières (VLS, équerre et compas) ;
v     les discussions politiques et religieuses interdites au cours des travaux ;
v     la masculinité ;
v     la souveraineté : une Grande Loge doit être un organisme responsable, indépendant et autonome, seul qualifié pour diriger l’Ordre ;
v     le traditionalisme : une Grande Loge doit faire respecter les Landmarks, les Anciens Règlements, les us et coutumes de la FM de Tradition ;
v     la régularité d’origine : une Grande Loge doit avoir été fondée soit par une Grande Loge Régulière, soit par au moins trois loges régulièrement consacrées par une Grande Loge Régulière.

On le voit donc bien le principe de Reconnaissance ne peut être que la conséquence du principe de Régularité.

Ces deux principes indissociables charpentent notre obédience et éclairent cette définition pertinente que la GLNF donne d’elle même :

« La GLNF est un ordre initiatique qui regroupe des personnes qui acceptent, par serment, de vivre sous certaines règles que l’on appelle Anciens Devoirs. En tant qu’Ordre initiatique, la GLNF se veut et se doit d’être le garant de la Tradition maçonnique qu’elle transmet. »

C’est ainsi que l’on retrouve réunis dans le même creuset ces deux principes qui conditionnent la Maçonnerie de Tradition, à savoir Régularité et Reconnaissance.

A nous de les bien comprendre et d’en faire bon usage !

Mais surtout, et notamment en ces moments de tumultes, à nous de nous obliger à les transmettre tels que nous les avons reçus.

J’ai dit T\V\

B
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