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La Tradition...


J'ai à vous parler, ce soir, de la Tradition. J'avais envie d'introduire un tel sujet en vous lisant un conte presque authentique, comme toutes ces histoires qu'on raconte aux enfants de trois ans. Les hommes et les femmes de la tribu comprenaient peu leur monde. Leur intelligence, encore obscure, animait et prêtait une volonté propre aux végétaux, au fleuve, à la montagne, aux astres, aux éléments. Un code de vie complexe, enseigné par les plus sages aux plus jeunes, établissait comment ne pas fâcher ces forces immenses, substituant ainsi à la crainte des éléments, la crainte du code. Ces règles venaient pour partie de l'expérience accumulée: il en allait ainsi de la façon de construire les maisons, les armes, les outils. Mais là n'en était pas le cœur. L'essentiel de l'enseignement avait été établi par le Grand Ancêtre Fondateur dont la vie, exemple parmi les exemples, s'était déroulée il y a fort longtemps.
Ce grand ancêtre avait été conçu par la foudre et une femme morte en couche. Il avait été recueilli et allaité par une Ourse, liant ainsi de façon indéfectible la tribu et cet animal. Il accomplit, grâce à ce pacte, son plus bel exploit: atteindre le sommet de la montagne, rencontrer ceux d'en haut et revenir avec les Règles et Rituels à respecter. Ainsi les femmes devaient marcher du coté gauche des routes, élever les enfants, travailler la terre, préparer les repas, porter l'eau au village et ainsi de suite. Les hommes de leur coté ne devaient en aucun cas travailler. Ils se devaient, par contre, de chasser aux périodes propices. L'Ours en croquant de-ci de-là un membre de la tribu faisait respecter d'une façon assez stricte le respect de l'ordre des choses. Le plus beau rituel fêtait l'ouverture de la saison de chasse. Une jeune vierge, ou à défaut une femme n'ayant pas enfanté de garçon, était abandonnée, ligotée, dans la montagne pendant sept jours. Si, au bout de sept jours, on ne retrouvait aucun trace d'elle, la chasse serait bonne. Une année, pour des raisons trop longues à expliquer, une vierge mal ligotée parvint à se libérer. Le bon sens lui interdisait bien sûr de redescendre vers son village, elle monta donc. Son escalade semblait éclairer les enseignements d'un jour nouveau. Elle se sentit guidée. Parvenue au sommet, agonisante, elle crut même voir le Grand Ancêtre lui faire signe d'approcher. Ce fut une très mauvaise saison de chasse. Avant sa fin des hommes venus de très loin et porteurs d'armes terrifiantes amenaient un nouveau Dieu. La mémoire des hommes n'a rien retenu de ce village sinon la statue du grand ancêtre qui expose ses mystères dans un musée.


Tradition vient du latin «  tradere » qui signifiait transmettre, faire passer à. Mais ce verbe latin signifiait aussi commercer, hériter, donner sa fille en mariage et bien sûr, déjà, agir suivant la tradition. Aujourd'hui encore la tradition recouvre des notions très différentes qui réfèrent toutes à la transmission de la mémoire des générations passées, mais qui font que le même mot relie les bûchers de l'inquisition espagnole et la foi des bâtisseurs de cathédrale, le nationalisme le plus barbare et les systèmes éthiques universels les plus élevés.

Pour la clarté du propos j'ai arbitrairement isolé trois perceptions différentes de la tradition que je vais traiter tour à tour. La première perception, profondément profane, associe la tradition au folklore, aux superstitions ou au mode de vie des peuples sans écriture. La seconde perception, religieuse, recouvre, comme le dit le Petit Robert, les « Doctrines et pratiques religieuses transmise de siècles en siècles, originellement par la parole ou l'exemple ». La tradition naît alors de la religion et la consolide. On peut citer, par exemple, le Talmud Juif, les Hadits Islamiques, la Tradition Chrétienne, la Doctrine Bouddhiste. La troisième perception, réservée, serait selon Luc Benoist « la transmission d'un ensemble de moyens consacrés qui facilitent la prise de conscience de principes immanents d'ordre universel ». Suivant cette approche les religions ne seraient que les aspects multiples et superficiels d'une même vérité cachée.

La Perception Profane de la Tradition: La perception profane de la tradition ne peut nous laisser indifférent. En désacralisant les dogmes, en luttant contre les superstitions, elle a favorisé directement l'émergence du libre arbitre, de la démocratie moderne, de l'éducation laïque, du droit, des notions d'égalité et de liberté. Nous trouvons là quelques pierres qui ont servi à la fondation de notre temple. Doit-on pour autant chasser la tradition pour systématiquement la remplacer par la raison? La réponse ne peut être que personnelle. Il faut, à mon sens, savoir garder la mesure, arriver à suivre ce mince chemin tracé sur le pavé mosaïque qui sépare le blanc du noir. Notre part de rêve et d'éternité se trouve peut être quelque part au delà de la simple considération ironique ou suffisante de comportements a priori archaïques, injustes ou irrationnels. La tradition ne doit pas se résumer à une écorce constituée de mythes invraisemblables, de craintes imbéciles et d'interdits injustifiables. A quoi peut renvoyer, par exemple, cette vieille superstition qui voulait qu'autrefois on cloue des rapaces, puis des chauves souris aux portes des fermes pour éloigner le mauvais sort? J'y reviendrai toute à l'heure. Intimement mêlée au ´ mystère de la foi ª, la tradition procède des mêmes mécanismes que le religieux.

La Perception Religieuse de la Tradition: Ainsi toute religion conserve de façon jalouse l'intelligence de chaque génération de croyant afin de compléter une révélation ou nourrir une évolution. Les religieux ont donc beaucoup écrit. Aux premiers temps, avant l'écriture, les hommes n'ont eu que la parole, la mémoire et les « pierres dressées » pour transmettre leur histoire, leurs mythes et leurs connaissances. L'écriture dès sa maîtrise a, en toute logique, diminué la valeur de la tradition orale. Cette écriture fixe en effet pour l'éternité, ou au moins pour la durée du support, les messages de façon intangible. Dieu lui même, dit-on, grava les tables de la loi sur le mont Sinaï.
Pourtant la transmission écrite présente de nombreux risques. Ainsi l'enseignement écrit doit être totalement infaillible jusque dans le moindre détail. Dès qu'un des détails devient faux, par exemple la terre est plate au centre du monde, tout l'édifice vacille au risque de basculer.
Le deuxième inconvénient de la transmission écrite réside dans le travail du temps. Les langues et leurs alphabets meurent, les inscriptions des plus grands monuments deviennent muettes, les documents se corrompent et s'effacent. Que reste-t-il du sens réel d'un mot a moitié estompé, écrit dans une langue disparue ?

Les mots les plus simples, père par exemple, vibrent totalement différemment en fonction des cultures et des expériences individuelles. Il suffit, pour s'en convaincre, d'apprécier la distance entre le père patriarche d'une tribu du Désert et le père divorcé d'aujourd'hui.
Quand nous abordons des mots à la signification plus complexe, la dérive peut être très brutale. Les Grecs, les premiers à traduire la Bible, ont employé le mot Alliance pour désigner le contenu des livres, restant fidèle en cela aux Hébreux. Les Romains ont traduit Alliance par Testament, au sens oublié de témoignage et de preuve, de récit inspiré. Je ne m'étend pas sur le sens actuel de testament, qui laisserait supposer que Dieu est mort.
Le texte présente aussi l'inconvénient de ne pas répondre à toutes les questions, comme le ferait le sage. Que faire quand la réponse n'est pas dans le Livre? on extrapole une phrase, on tire un peu le sens de telle ou telle affirmation et on trouve une réponse satisfaisant de la meilleure façon possible aux contraintes du moment.

Hélas le commentaire rejoint parfois le texte, s'y incorpore, et devient, parce que l’œuvre humaine est toujours plus facile à comprendre que l’œuvre Divine, un point important de doctrine.
Cela pose le problème des sources de ces documents. Comment trier sûrement ce qui est de Dieu de ce qui est du prêtre? Ces tris ont eu lieu de tout temps, dans toutes les religions, dans le but de revenir à la pureté originelle. L'intuition guidait plus que la raison et personne ne peut affirmer que ces tris n'ont pas laissé quelques enseignements essentiels au bord du chemin.
Enfin le texte s'adresse à tous de la même façon, ce qui le rend paradoxalement très élitiste. Les multiples niveaux de compréhension qu'il offre s'ouvrent difficilement aux seuls intellectuels. Pourtant Jésus a dit « heureux les simples d'esprit ».
Le texte, complexe, surchargé, parfois faux, risque alors de scléroser l'enseignement. L'exemple devient dogme, le dogme devient vérité, le temps s’arrête.

Je crois l'enseignement de la tradition trop subtil pour être écrit et trop simple pour être lu
Bien des maîtres n'ont d'ailleurs jamais rien écrit de leur main. Ils laissaient leurs nombreux disciples décrire et commenter l'enseignement présentant ainsi chaque facette du diamant éclairé par la lumière. Ces maîtres voulaient peut être d'abord et avant tout nous prouver que leur enseignement devait vivre loin de la bibliothèque, par le geste appliqué de l'artisan, le rituel, la musique, la construction des temples et la foule qui partage collectivement la parole. L'essentiel de l'enseignement ne serait plus gisant dans les textes mais vivant, transmis de maître à disciple, depuis l'origine. Cette approche, aussi séduisante que difficile à démontrer, induit obligatoirement que la tradition précède la religion.
La Perception Réservée de la Tradition;

Toutes les religions ne seraient que des expressions particulières d'une même quête. Il y a là indubitablement le germe de la vrai tolérance, celle qui veut que chaque croyant sincère ait raison qu'il prie un Dieu Eléphant ou un Dieu sur une Croix. Ce constat, noble et séduisant, n'est que le début de la marche. Où et comment aller? Trois chemins sont d'évidence à exclure: Il y a d'abord la dispersion. On pourrait être tenté de prendre de ci de là des éléments de croyance: par exemple au bouddhisme son refus du dogmatisme, à l'Islam son Dieu unique, aux Chrétiens la beauté de l'enseignement moral et des rites et ainsi de suite. Hélas une vie ne suffit pas à visiter les parvis de chaque temple et la raison comme la foi papillonnent sans se fixer. Dans le pire des cas la dispersion mène à la secte: cette abominable perversion de l'adoration qui mélange Dieu et maître et qui finit par la dissolution de la personnalité. Il existe, à tout mélanger, un troisième danger, beaucoup plus grave encore que la secte: la manipulation idéologique des racines. Wagner écrivait à Lizt à la fin du siècle dernier : « Nos savants ont définitivement démontré que Jésus doit plus au vénérable Bouddhisme qu'à l'ancien testament ». Cette phrase résume, peut être innocemment, un courant de pensée qui voulait par tous les moyens rattacher la tradition germanique à une origine aryenne, Bouddha, et nier toute origine Juive. On ne pouvait mieux préparer les esprits aux pires errements que ce siècle ait connu. Il faut donc éviter la dispersion, la secte et bien sûr résister à toutes les formes de manipulation collectives insidieuses.

Ceci posé il n'en est pas moins vrai que considérer toutes les religions sur un pied d'égalité, revient à nier que l'on puisse en suivre une. La foi, même profondément tolérante, est vite exclusive car chaque religion présente une philosophie du divin par trop différente. Par exemple, comment concilier dans le même élan le Bouddhisme, croyance basée sur l’enchaînement des causes et des effets, qui refuse tout principe organisateur ayant une volonté propre et les religions du Livre au Dieu omniscient, omnipotent, et Qui agit suivant un dessin précis. La tradition, perçue comme un courant de mémoire qui lie les religions disparues, vivantes et à venir, dit offrir les outils qui permettent, moyennant une pratique qui dépasse de beaucoup la mienne, d'avancer sur la voie d'une compréhension globale de notre rapport au monde. Ces outils sont principalement le symbolisme, le rituel et l'initiation. Le symbolisme permet de figurer la permanence d'une idée à travers les croyances, les époques et les langues. Il va nous aider à analyser les mythes en leur gardant une dimension religieuse. Rappelez vous le mythe de Prométhée qui vola le feu au char de Zeus pour le donner aux hommes. Pour punition, il fut cloué sur un rocher et se fit dévorer, chaque jour, le foie par un aigle. On voit souvent là l'allégorie de la religion maîtrisant la connaissance, où de la connaissance provoquant la chute de l'homme.

Je laisse cette explication à ceux qui s'en satisfont. Ce mythe prend une valeur différente si nous l'apprécions à travers la symbolique de l'aigle, du feu et du foie. La place manque ici pour approfondir cette étude mais je vais quand même tracer quelques chemins. L'aigle, le rapace plus généralement, s'affiche dans les temples depuis fort longtemps. Dès Lascaux, l'artiste a représenté sur les murs de la grotte, une figure mi-homme mi-rapace. Bien plus tard, les Egyptiens ont ornés l'entrée de leurs temples d'ailes de rapace enserrant un soleil. Près de nous, en Grèce le même mot Aetos désigne l'aigle et le fronton du temple. Je ne ferais pas l'injure de rappeler ici que l'aigle est présent sur la façade de chacune de nos cathédrales et même à la porte de ce temple. Les quelques exemples cités ici pourraient 'être prolongés à loisir tant les religions et croyances offrent de tous temps une place de choix aux oiseaux de haut vol, messagers privilégiés des Dieux. Si nous revenons au mythe de Prométhée, que nous considérons son rôle d'intercesseur entre Dieu et les hommes et sa fin cloué pour l'éternité sur son rocher comme bien des rapaces cloués sur les portes des fermes pour éloigner le mauvais sort, on se rend compte que peu de choses séparent ici Prométhée de l'Aigle, et qu'aux origines la tradition voulait peut-être que le feu fût apporté par un aigle, humanisé par la suite. Qui le sait? On peut suivre ainsi à travers les continents et les époques, des figures géométriques magiques précises, des animaux et des plantes dont la permanence du rôle est troublante.

Le symbolisme va par l'analogie autoriser un vagabondage intellectuel qui peut être fascinant si on a, comme moi, le goût de ces choses. Mais il faut rester prudent et ne pas verser, pour la beauté de la théorie, dans l'approximation. Ainsi il y en a à vouloir tracer un fil ténu entre le chaman représenté sur les parois de Lascaux et Saint Jean l'Evangéliste en passant par les frontons des temples Egyptiens. Les Egyptiens associaient certes Horus le faucon, père géniteur de chaque pharaon, au soleil fondateur de la lignée, mais cela ne figurait pas à l'entrée des temples. Ils représentaient là le vautour Nekbet, la nuit et le soleil et figuraient ainsi toutes les dualités imaginables, le jour et la nuit, la vie et la mort, la création, la destruction et la renaissance.


Nous voici plus près du Tao que de l'Aigle apportant le feu aux hommes. Suis je maintenant plus avancé sur la voie parce que j'ai relié d'une façon invérifiable Saint Jean à la Préhistoire et les Egyptiens aux Chinois? Je ne crois pas. Cela n'est là qu'un jeu sans appropriation particulière. On ne peut donc avancer sur la voie qu'en étant guidé par des maîtres et en s'appropriant le symbole par le rituel qui va mettre en œuvre ce symbole. Il faut donc dépasser la stricte discursivité sur le symbole pour ressentir ce symbole. S'il est difficile de séparer le symbole du religieux il est par contre plus aisé de noter les différences entre le rituel maçonnique, profondément imprégné par la tradition, et bien des rituels religieux. Les temples religieux sont consacrés en permanence. Le temple maçonnique ne l'est que pendant la durée des travaux ouverts au rituel. Les temples religieux sont ouverts à tous. Nos travaux sont réservés aux initiés. Notre rituel permet la discussion dépassionnée après avoir laissé nos métaux à la porte du temple. La parole, durant les offices religieux, descend de Dieu vers le fidèle. Enfin notre rituel est un rituel d'homme debout.

A contrario des religions qui appellent à prier agenouillé, prosterné, voire couché nous, maçons, construisons debout. Ce simple fait pointe sans doute, de façon empirique, ce en quoi la Tradition Maçonnique peut, au libre choix de chacun, compléter ou remplacer la pratique religieuse. Notre rituel, qui nous appelle à tisser des fils mystérieux entre l'homme et le temple et entre le temple et le cosmos, nous dit aussi à chaque pas que nous sommes des hommes libres, debout et bâtisseurs.

Tout cela ne serait possible sans l'initiation, cérémonie qui appelle à respecter le rituel avant que de l'expliquer. Le profane sourirait sans doute de nos tabliers, de nos phrases et de nos déplacements par niveau, équerre et perpendiculaire. Somme toute , le profane est encore un adulte, celui qui sait que l'acte irrationnel répétitif est une habitude, sinon une manie. L'enfant, au contraire, s'attache spontanément au rituel et enveloppe d'une valeur magique tout acte répétitif rassurant. Après l'initiation, donc âgés de trois ans, nous pouvons nous permettre de croire que notre relation au monde ne se limite pas à la perception immédiate que nous en avons. Après mon initiation, j'ai découvert au hasard d'une lecture que le livre des morts Tibétain présentait la mort comme le passage par quatre étapes: celle de l'eau, du feu ,de l'air et de la terre l'ordre n'ayant ici aucune importance. A regarder de plus près le livre des morts Egyptiens on découvre aussi quatre épreuves celle de la terre, le mort descend sous terre, puis celle de l'eau, le mort voyage dans une barque, puis celle de l'air, qui voit le poids du cœur du mort comparé à celui de la plume enfin celle du feu où le mort va s'installer à coté du soleil Ra pour l'éternité. Ces coïncidences entre l'initiation maçonnique et ces deux livres peuvent s'expliquer de bien des façons rationnelles qu'il n'est pas intéressant de développer ici. Il faut d'ailleurs que cela s'explique de façon rationnelle, sinon nous pourrions considérer l'initiation comme une sorte de répétition de ce qui nous attend tous et nous dépasserions trop largement alors le cadre symbolique de la naissance à notre vie de maçon.

J'en arrive ainsi à ma conclusion. J'ai pensé à mes enfants dont la mémoire génétique proche porte des marques de sang Basque, Cathare, Belge, Egyptien, Turc et Saoudien. Quelle tradition leur transmettre? J'ai trouvé la réponse dans une magnifique citation de Khalil Gilbran « Vous êtes le chemin et ceux qui cheminent Et lorsque l'un d'entre vous tombe, il tombe pour ceux qui sont derrière lui, les prévenant de la pierre d'achoppement. Oui, il tombe pour ceux qui sont devant lui, qui, bien qu'ayant le pied plus rapide et plus sûr, n'ont pourtant pas écarté la pierre ».

J'ai dit Vénérable Maître, j'ai dit mes Frères.

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