La LAÏCITE s’est manifestée en France, en 1883, avec Jules Ferry qui institua un système d’enseignement excluant toute ingérence de l’Eglise dans l’école primaire, là où se forment les premiers préjugés idéologiques des futurs citoyens.

Néanmoins, il faut savoir que ce concept s’était forgé politiquement à partir de la révolution de 1789 dans l’intention d’émanciper définitivement les citoyens du pouvoir monarchique de droit divin, qui était alors légitimé par la toute puissante Eglise romaine exerçant un pouvoir absolu sur les consciences, terrorisées par des siècles d’Inquisition et de censure des publications par leur mise à l’Index.

Cette terreur fut dramatiquement illustrée sous Louis XIV qui révoqua, en 1685, l’Edit de Nantes qu’Henri IV avait décrété en 1598 pour instaurer la paix religieuse entre Catholiques et Protestants en accordant aux Protestants la liberté de culte. Les « dragonnades » de Louis XIV firent fuir de France les Huguenots refusant d’abjurer leur foi, parmi lesquels J.T. Desaguliers, âgé de 5 ans, qui va fonder plus tard, en 1717, la Franc maçonnerie spéculative à Londres.

Comment fut instaurée la Laïcité en France ?

Elle s’imposa à la suite des élections générales qui suivirent la défaite de Napoléon III à Sedan en 1870. Ce fut en réaction à la conduite de l’Eglise catholique qui s’était politiquement impliquée, à travers ses prêches, en faveur du retour de la monarchie, en s’opposant ouvertement aux républicains. C’est ce qui amena Jules Ferry, Président du Conseil et ministre de l’éducation nationale, à mettre en œuvre la laïcité par les lois de 1881/1882 instituant l’école laïque.

Cette école laïque instaura l’enseignement laïc dispensé par des enseignants laïcs, dans le but de soustraire désormais les jeunes élèves à l’influence idéologique des enseignants religieux qui soutenaient le retour à la monarchie.

Cet enseignement laïc comporte la morale laïque et exclut toute immixtion du religieux. La morale laïque énonce les principes moraux de base réglementant la vie des hommes en société, en se référant à la « Déclaration universelle des Droits de l’Homme » et au Code Civil, sans référence à la Bible.

D’ou vient cette volonté de laïcité des institutions ?

C’est une réaction contre l'alliance séculaire de l'Eglise et de la monarchie de droit divin instaurée en Europe occidentale depuis le sacre de Charlemagne en l’an 800, ce que les Lumières du XVIII° siècle ont fini par défaire à travers la Révolution de 1789 qui instaura la 1^ère République laïque en 1791.

Cependant, il faut savoir que l’Angleterre n’a pas eu besoin de cette révolution française de 1789 parce qu’en 1679 déjà, des « Free Masons », membres de la « Royal Society » ou Conseil du roi, y avaient introduit l’esprit républicain en amenant le roi Charles II à adopter la loi votée par le Parlement sous le nom de « Habeas Corpus », protégeant tout citoyen contre les arrestations arbitraires pratiquées partout en Europe à l’époque.

En France, il a fallu attendre 1789 pour que des Frères du GODF, de tendance jacobine, rédigent la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » qui sera adoptée par l’ « Assemblée Constituante », présidée par l’Abbé Sieyès, membre de la R.°.L.°. « Les 9 Sœurs ».

Cela explique pourquoi cet esprit républicain anime nos rituels où nous acclamons la devise « LIBERTE ! EGALITE ! FRATRERNITE ! » à l’ouverture et à la fermeture de tous nos travaux.

Laïcité et engagement du Franc-maçon

Notre devise place la dignité humaine au centre de la démarche maçonnique consistant à rechercher constamment la vérité en vue de comprendre toute chose sans dogmatisme ni soumission, pour éclairer et orienter toutes nos actions. Et c’est cette ovation qui doit renforcer notre courage de lutter sans relâche contre toutes formes d’injustice dans notre société et dans le monde.

Or, notre défense de la justice exige le respect des droits et des devoirs, à commencer par notre travail intérieur sur nous-mêmes. Et c’est cette exigence de soi qui nous permet de devenir exemplaires en amenant nos concitoyens, vivant autour de nous, à respecter aussi leurs propres devoirs.

C’est ce qui fonde la liberté et l’égalité pour tous au sein d’une société.

Dans ces conditions, la fraternité universelle, à laquelle nous aspirons, jaillira d’elle-même entre tous, comme résultat de ce sentiment de justice et d’harmonie que chacun ressentira en vivant la liberté et l’égalité.

Pour vérifier cet état-là, il suffit d’observer ce que nous vivons en loge quand tous les officiers remplissent bien leur fonction: nous ressentons alors cette microsociété harmonieuse de Liberté/Egalité/Fraternité.

Ce sont donc ces valeurs républicaines, prônées par les Francs-maçons, qui inspirèrent la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et la Révolution française de 1789 qui va abolir l’Ancien Régime et sa division de la société en 3 classes que l’Eglise cautionnait comme volonté de Dieu.

Et comme, après la Révolution de 1789, l’Eglise continua à soutenir le retour au pouvoir de la monarchie de droit divin, les républicains francs-maçons de la IIIème République votèrent, en 1905, la « loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat », imposant à l’Eglise de ne plus s’immiscer dans les affaires de l’Etat. Cette loi reconnaît aussi la liberté de culte et le respect des croyances individuelles.

Nous voyons ainsi que la LAICITE n’est que le complément de notre acclamation « Liberté ! Egalité ! Fraternité ! », devise essentielle qui doit rappeler à chacun d’entre nous la portée de ses engagements au dehors, dans la société.

C’est ce qui m’a personnellement toujours interpellé sur mon chemin initiatique, en me poussant d’abord à tailler les aspérités de mon ego pour me dépouiller de ma cupidité, pour ensuite éveiller les consciences autour de moi, au péril de mes affaires et de ma vie. Aussi, suis-je toujours en lutte publique contre toutes les formes d’injustice, notamment la corruption, les discriminations et les prédateurs qui aggravent la misère de nos populations.

C’est cette Laïcité qui exige de nous, Francs-maçons, beaucoup de courage et de persévérance pour notre devise « Liberté ! Egalité ! Fraternité ! ».

J’ai dit.                                                                

N.M. Kalife (Planche présentée le 12/02/2019 à RL « PTAH », GLDF, Or de Lomé)