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La boule noire

Lorsqu’une loge doit se prononcer sur une question importante, les Francs-maçons utilisent un vote secret par boules blanches et noire. Chaque frère place une boule blanche et une boule noire dans l’une et l’autre de deux urnes blanche et noire, exprimant ainsi son accord ou désaccord quant à une proposition.

Un tel vote est requis en particulier lorsqu’il s’agit d’une candidature ou encore de l’admission d’un profane. La boule noire dans l’urne blanche est le refus. Le candidat qui obtient un quart de boules noires est rejeté, « blackboulé », suivant le terme passé dans le langage courant.

Ce type de vote n’est pas spécifique de la Franc-maçonnerie. Ainsi, il est dit qu’au temps d’Aristote, les tribunaux auraient utilisé un tel système pour décider du sort des accusés. Au moyen âge, les abbés bénédictins et les doges de Venise auraient également été élus de cette façon. C’est d’ailleurs de cette époque que daterait le nom porté par ces petites boules de vote : les ballottes, petite balle, terme provenant d’un dialecte du nord de l’Italie. La Franc-maçonnerie n’a semble-t-il fait que reprendre ce principe.

Un tel vote a un certain nombre de caractéristiques. Il est simple : il n’y a pas de bulletin, et il suffit de distribuer deux boules noire et blanche à chacun. Il est totalement secret, puisqu’il ne reste rien en main de chaque frère une fois le vote émis, toutes les boules étant par ailleurs
indiscernables. Enfin, il est solennel, le blanc et le noir symbolisant les opposés du monde matériel et le caractère binaire, à la fois obligé et tranché de la décision de chacun. Il nous rappelle que nous nous engageons.

Ainsi, la boule noire évoque me semble-t-il la responsabilité dont nous devons avoir conscience, dans la vote, comme dans toute décision ou tout acte.

Cette responsabilité nous engage par là même, bien sûr, à une recherche de vérité, vérité inatteignable mais qu’il faut pourtant mener inlassablement et approcher à travers le ternaire.

Enfin, la boule noire manifeste, me semble-t-il, l’engagement nécessaire dans l’acte concret et le monde matériel, à travers la nécessité qu’il y a de trancher, par un retour au binaire puisque, au-delà des symboles, il nous faut décider et agir.

La responsabilité

L’admission d’un profane dans une loge est une décision nous chaque frère est responsable. L’auteur maçonnique Edmond Gloton souligne « combien l’admission d’un profane à l’initiation est une chose importante, à laquelle », indique-t-il, « on n’apporte jamais assez
d’attention ».

C’est une responsabilité vis-à-vis du candidat qu’il ne faut ni engager dans une démarche dont il ne pourra tirer profit, ni priver des secrets et privilèges de la Franc-Maçonnerie un homme sincère placé dans les ténèbres au vu de ses opinions présentes, lesquelles seront d’ailleurs
amenées à évoluer.

Le vote est aussi bien sûr une responsabilité vis-à-vis de l’ensemble des autres Frères de l’atelier.

Enfin, c’est une responsabilité vis-à-vis de notre ordre, car, comme le dit toujours Gloton « celui qui n’a pas assimilé nos enseignements, pourra ensuite les dénigrer et les tourner en dérision ».

La recherche de verite

L’initiation donne symboliquement la Lumière. Elle doit être donnée à qui est apte à la recevoir.

Selon l’instruction du premier degre, « il ne suffit pas d’etre mis en presence de la Verite pour qu’elle nous soit intelligible. La lumière n’eclaire l’esprit humain que lorsque rien ne s’oppose à son rayonnement. Tant que l’illusion et les prejuges nous aveuglent, l’obscurité regne en nous et nous rend insensible à la splendeur du Vrai ».

Le profane étant libre et de bonnes meurs, c’est-à-dire en particulier inféodé à aucune idéologie totalitaire et disposant librement de sa propre volonté, la lumière de la vérité pourrat-elle l’éclairer ? Parmi les questions auxquelles il faut apporter réponse au plus profond de sa
conscience, trois me semblent essentielles :

« Le candidat est-il capable de se remettre sincèrement en cause ? » ;

« Est-il persévérant et capable d’une oeuvre de longue haleine ? »

« A-t-il un esprit d’ouverture suffisant pour accepter des façons de voir différentes de
siennes ? ».

Il nous faut alors nous engager et mettre une boule blanche ou une boule noire dans le tronc blanc.

L’engagement

Le monde nous apparaît comme une intrication de contraires, de noir et de blanc. Opposes que voyons chaque jour a l’oeuvre dans le monde, ou bien entre nous-mêmes et les autres. Et bien sûr aussi à l’intérieur nous-mêmes ! Toute perception apparaît comme binaire, puisque percevoir, comprendre, c’est distinguer.

Le Franc-Maçon cherche à rassembler la multiple, à réintégrer les contraires, pour revenir au Tout, à l’Unité, au Un par le ternaire. Nous savons que deux opinions qui paraissent contraires, replacée dans une perspective plus vaste peuvent apparaître, comme deux éclairages, deux vues d’une même vérité. C’est par la recherche de vérité, jamais achevée que nous pouvons réintégrer la diversité dans le tout.

Mais l’action dans le monde est binaire ! Et pourtant, il nous faut décider et agir pour être en phase avec notre engagement de maçons. La pensée doit donc se traduire par une action dans la matière, faute de quoi elle restera stérile. Mettre la boule noire ou la blanche.

Le noir est la couleur de la matière. C’est bien là qu’il nous faut agir sans attendre d’avoir la vérité sur tout, que nous n’aurons d’ailleurs bien sûr jamais. Il faut nous situer sur le pavé mosaïque du blanc et du noir.

Agissons donc, tout en ayant conscience de ne détenir la vérité.

J’ai dit.


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