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Le feu

V\M\ et vous tous mes S\S\ et F\F\ en vos grades et fonctions, c’est avec une immense joie que je m’adresse à vous depuis l’orient de ce temple en cette fête de la St Jean.

A travers cette planche intitulée la symbolique du feu je tenterai modestement de faire apparaître son symbolisme qui est inhérent à St. Jean et qui nous y conduit bien delà car il se rattache en réalité aux grandes traditions initiatiques. En parlant ici de St. Jean-Baptiste et des référents qui y sont liés, je me situe au-delà de tout esprit religieux dogmatique, car pour moi Jean-Baptiste révèle un enseignement initiatique et ésotérique fécond.

Le FEU en raison de sa profonde signification ésotérique, à toujours joué un rôle capital dans toutes initiations. Celles-ci, pour différentes qu’elles soient, ont toujours pour objet la mort mystique de l’homme profane, suivie de la résurrection du myste, de l’initié qui aspire à la Connaissance par la réintégration, communion total avec la Cause Première.

Le FEU cadeau des Dieux selon le mythe Prométhéen est l’agent spécifique de toutes les transformations.
Le FEU qui brûle nos vains petits « moi », nos vains désirs.
Le FEU qui contient en lui la source de lumière.
Le FEU qui transforme le profane en sacré, transforme le lourd en léger.

Il faut mourir dans ce FEU, accepté de brûler pour l’autre, pour éclairer sa nuit.

L’initiation est un FEU de mort volontaire, mort à la dualité du masculin et du féminin, du passé et du futur.

Le FEU, à la fois symbole et manifestation de ce Principe, est le médiateur naturel de cette mutation.

Mais c’est l’idée du FEU PRINCIPE, le feu de vie, feu régénérateur, symbole hermétique, manifestation synthétique et cause insaisissable qui retiendra ce soir notre attention car l’idée du FEU PRINCIPE est assimilée au VERBE CREATEUR.

Au préalable il convient de préciser que le symbolisme de la St. Jean est commun à toutes les traditions au-delà du temps et de l’espace. En effet, par le truchement, des mythes, légendes, allégories, l’Homme Ancien a fait parvenir jusqu’à nous les significations les plus profondes de la Tradition.

Ainsi, les textes sacrés font partie du patrimoine de vérités éternelles relatives à l’être primordial, aux archétypes et aux origines indispensables à la restauration des pouvoirs originels, pour une réintégration individuelle et universelle.

Notre vie psychique comprend une part archaïque. De ce fait, l’étude des textes sacrés tout comme celle des grands mythes de notre humanité sont source de connaissance de soi-même. Or, il se fait que leur mode d’expression est le langage symbolique, langage par excellence de la franc-maçonnerie.

Le mythe comme les récits bibliques raconte quelque chose selon un mode historique, la création du monde, l’œuvre de Dieu, les épreuves d’un héros. Mais le mode adopté pour raconter n’a que le rôle de support d’une idée à l’instar du symbole. C’est l’essence même de l’événement qui importe. L’histoire de St. Jean-Baptiste se situe au-delà du temps et de l’espace, elle prend un caractère universel, c'est-à-dire qu’elle est valable en tout lieu et en toute éternité.

Elle ne vise pas « seulement » un enseignement moral, elle vise la connaissance de l’être total. Pour nous franc-maçon le symbolisme de la St. Jean d’été est une clef. Il concerne chaque être en particulier, car chacun peut s’y retrouver et s’y reconnaître dans les personnages-symboles. Ainsi nous pouvons mieux comprendre la mission de Jean dans le domaine initiatique et nous verrons que sa station au solstice d’été est en parfait accord avec le rôle qui lui est dévolu.

Les textes sacrés nous apprennent que JEAN-BAPTISTE, est le fils du prêtre Zacharie et d’Elisabeth, cousine de la vierge Marie. L’évangile de Luc nous donne des précisions importantes sur sa naissance.

L’archange Gabriel annonça à Zacharie que sa femme enfantera un fils et qu’il devra lui donner le nom de Jean. De plus l’archange précisa qu’il sera doté de l’esprit saint dès le sein de sa mère, qu’il marchera devant le seigneur dans l’esprit et avec la puissance d’Élie.

L’évangile de Luc précise encore qu’au 6ème mois de la grossesse d’Elisabeth, mère de Jean, l’archange Gabriel annonça aussi à sa cousine Marie qu’elle concevra un enfant et que « son règne n’aura pas de fin ».

Nous constatons donc :

Jean-Baptiste naquit dans les mêmes conditions que Jésus, il est né 6 mois avant Jésus, Jésus, lui est né au solstice d’Hiver. Jean naquit donc au solstice d’Eté qui le précédait. Et comme Jésus, Jean périt de la main des hommes, à l’âge de 33 ans. Ces assassins pouvant être considérant comme étant de mauvais compagnons.

Pour nous maçons, les précisions révélées dans l’évangile de Luc correspondent au symbolisme essentiel de st jean et la date exacte de sa naissance ne revêt qu’une importance relative.

Jean fut conçu six mois avant Jésus. La nativité de St. Jean est donc placée à l’époque la plus lumineuse de l’année. La naissance du Précurseur est elle même bien symbolique Jean naît sanctifié au sein de sa mère et il annonce la naissance de Jésus.

Lors de la nativité de Jésus la durée jours augmente, tandis que lors de la naissance de Jean la durée jours diminue. La parole de Jean est bien révélatrice : « il faut que Lui croisse et que moi je diminue ».

Le symbolisme maçonnique attribue l’emblème du Coq au baptiste, car le Coq chante à l’aube dans le désert de la nuit pour annoncer la venue de la lumière, tout comme le baptiste criait en des lieux désertiques pour clamer l’approche de la Vraie Lumière. Dans nos loges, le coq illustre le cabinet de réflexion. Ce dernier est assimilé aux entrailles de la Terre. Il est en relation avec l’idée de descente aux enfers, d’œuvre au noir, soit la mortification ou le début du Grand Œuvre Hermétique.

Il est également à noter que le coq est l’oiseau de mercure c’est à dire Hermès, patron du Grand Art Hermétique dont la maçonnerie est l’héritière.

Le coq symbolise aussi la fin de l’œuvre ou œuvre au rouge. Oiseau des victoires, s’il à chanté à l’heure du reniement de Pierre, il a aussi chanté à l’heure de la résurrection.

Descente au Enfers, noir plus noir que le noir, noir corbeau, mortification ou dénudation qui évoque le costume de Jean-Baptiste et celui du postulant maçon.

Au grade d’apprenti cette descente est représentée par la première partie de la réception, celle qui se déroule en dehors de la Loge, dans le cabinet de réflexion. La préparation comprend le dénudement du récipiendaire à qui l’on bande les yeux, le plongeant ainsi dans le « noir plus noir que le noir ».

La préparation elle-même, évoque cette expression du Baptiste : « préparez les chemins du Seigneur », alors que l’isolement est une représentation du désert. Enfin le mot « réflexion » n’est pas sans faire allusion à la lumière réfléchie de la méditation.

Saint Jean Baptiste fut décapité par Hérode, il eut donc la gorge tranchée, ceci ne rappelle t-il le signe d’apprenti. Dans le Grand Œuvre Alchimique, après le stade de la putréfaction correspondant indubitablement au degré d’apprenti, il faut « couper la tête au corbeau », c'est-à-dire enlever les scories ou maçonniquement équarrir la pierre brute, qui est précurseur de la quintessence symbolisé par l’étoile flamboyante.

Dans Jean I 33 il est dit qu’il faut être baptisé d’eau et d’esprit, le baptême d’esprit devant succéder au baptême d’eau, auquel Jean rappelle : « il vient celui qui doit venir…c’est lui qui vous baptisera d’esprit saint et de feu, alors que moi je vous baptise d’eau ».

Lorsque Jésus est baptisé dans les eaux du Jourdain, la Colombe, la Lumière, trait de Feu, apparaît au dessus de Celui qui plie les genoux devant le dernier des prophètes. Grâce à ce double baptême, Jésus devient le Christ ; l’Esprit Saint s’intègre dans la Force Salvatrice et St. Jean s’agenouille alors devant son Maître.

L’un et l’autre sont donc en étroit rapport avec le début de l’initiation et avec son terme. Ce feu dont St. Jean est la manifestation et l’annonciateur s’explique étymologiquement. Jean ou plutôt Ioannès, serait formé de deux mots chaldéo-hébraïques : Io et Oannès. Io signifie pigeon. Ioannès était le nom de dieu qui, en Chaldée, apporta l’initiation aux hommes, leur transmit la lumière. Ioannès serait donc l’expression du pigeon de feu, de la colombe de l’Esprit-Saint.

St Jean représentation symbolique du principe unique et universel, du FEU-PRINCIPE, de la lumière, source du monde physique et intelligible, émanation et manifestation première de la cause Première.

C’est la distinction faite dans la genèse entre la lumière crée par Dieu au premier jour : « que la lumière soit et la lumière fut », et l’astre solaire, le luminaire, crée le quatrième jour.

L’Eau et le feu sont deux moyens de purification. L’eau ne peut dissoudre que les malpropretés extérieures, tandis que le feu s’attaque à ce qui est le plus subtil ; le feu va au cœur même de l’impureté. La purification par l’eau n’est pas suffisante pour décanter la substance de l’âme et l’épreuve du feu reste nécessaire.

Notre rituel d’initiation au grade d’apprenti, il nous est dit en effet et je cite : « l’EAU vous faisait MUNDUS, lavé. Le FEU vous a fait PURUS, purifié.

L’Eau peut purifier le corps de chair, mais il appartient au Feu, élément supérieur, occulte, divin, de réaliser celle de l’âme, principe divin qui vous anime, impérissable réalité de l’Etre ». Fin de citation.

Nous comprenons dès lors toute la valeur métaphysique de la formule INRI « Igne Natura Renovatur Integra » : la Nature toute entière est renouvelée par le Feu que les Rose-Croix ont emprunté aux adeptes et transmis aux francs-maçons.

Nous retrouvons une affinité et une correspondance entre l’Eau et le Feu. Ces derniers correspondent aux deux principes, féminin et masculin, passif et actif, de même qu’au deux luminaires, la lune et le soleil. Le soleil est le vitaliseur essentiel, le Père ; la Lune, reflet du Soleil, est la créatrice des formes, la Mère.

L’élément Eau est complémentaire à l’élément Feu et de l’union de ces deux éléments provient la vie.

Dans la maçonnerie égyptienne de Cagliostro, nous apprenons que l’Art est le mariage du soleil et de la lune, dit explicitement de l’actif et du passif, de la volonté et de l’émotion, du Feu et de l’Eau, du compas et de l’équerre, du fixe et du volatil, du solve et du coagula, dont le fruit, le fils sera : la pierre philosophale.

Nous pouvons transposer ce symbolisme sur plusieurs plans et dans différentes traditions. Car l’ésotérisme est un, c’est le même principe, la même réalité archétypale qui est toujours véhiculé indépendamment des traditions.

Le Rebis alchimique, symbole de l’initié réalisé, est placé entre le ciel (soleil) et la terre (lune), médiateur entre les forces de l’en haut et de l’en bas. Mais c’est aussi le résultat d’une conjonction, symbolisant en quelque sorte le retour à l’UN.

C’est au solstice d’été que le soleil entre dans le signe du Cancer domicile de la lune.

La kabbale nous enseigne avec l’arbre séphirotique. En effet sur la colonne du milieu, nous pouvons distinguer, malkhut représentant l’homme incarné, yessod la lune, thiphéret le soleil et kether représentant l’absolue.

L’ésotérisme chrétien affirme de son côté, que toute neuvaine pour qu’elle soit efficiente, doit invariablement débuter un dimanche, jour du soleil pour se terminer un lundi, jour de la lune.

Dans à la tradition indienne nous retrouvons le HATHA YOGA. Le mot HATHA est constitué de la combinaison deux mantras HA représentant la lune et THA : le soleil. Le terme YOGA veut dire union, jonction, intégration. Ainsi l’union de ces deux forces en l’homme provoque l’éveil de la conscience supérieure.

Mes SS\ et mes FF\, après avoir évoqué la complémentarité entre l’eau et le feu à travers le symbolisme de la lune et du soleil, nous aborderons maintenant la symbolique du FEU-PRINCIPE.

Il convient de souligner qu’au FEU-PRINCIPE, feu de vie, feu générateur, s’oppose le feu destructeur, le feu de mort. « Il vous baptisera d’Esprit Saint et de feu… Mais brulera la paille au feu qui s’éteint point », disait Jean.

Sainte-Thérése a fort bien distingué les deux acceptions du FEU : « mon poids, c’est mon amour, dit-elle, nous ne pensons rien par nous-mêmes, et, si nous ne nous purifions pas par le feu intérieur, le feu extérieur nous guette, en attendant le feu sombre des ténèbres extérieurs ». Fin de citation.

La couleur symbolique du feu générateur est le rouge, alors que la couleur brune symbolise le feu de la mort.

Pour comprendre le sens des fêtes du feu, il est nécessaire selon moi, de relier leur signification originelle au symbolisme du FEU-PRINCIPE, la cause première, d’où tout provient, où tout retourne et qui jouit du pouvoir de régénération.

Dans différents cultes de l’antiquité nous trouvons de nombreux exemples ou le Feu était considéré comme tel. C’est ainsi que l’idée du FEU-PRINCIPE, assimilé au VERBE créateur, se manifestait chez les Egyptiens qui l’appelaient le Soleil, le premier-né, le fils de dieu, le Verbe.

Sur la tombe de Thoutmosis III figure l’épitaphe : « c’est lui, le Soleil, qui à fait tout ce qui est et rien n’a été fait sans lui, jamais ». « Le père des choses, le créateur est la vie de la lumière ».

Les fêtes égyptiennes avaient d’admirables répliques en Grèce dans les mystères d’Eleusis, considérant le feu comme la suprême unité, identifié avec le tout, avec la nature, avec l’intelligence générale, avec la vie.

A Rome, le culte de Vesta répondait à cet hommage rendu au FEU-PRINCIPE.

Les kabbalistes eux, affirment que le feu hermétique est le thaumaturge universel qui préside à toutes les transformations.

Pour les alchimistes, ce feu philosophique, invisible est présent dans tous les corps, est la cause primordiale. Sa connaissance permet la transmutation des éléments, il joue un rôle capital dans la génération des éléments.

Pour les hermétistes, l’âme du Grand Tout est considérée comme le Feu divin, l’âme humaine qui n’est qu’une parcelle, est de même nature. Mais avant d’obtenir la grâce de la réintégration, elle doit se purifier des corruptions terrestres.

On sait aussi que la purification par le feu est une des épreuves capitales de l’initiation maçonnique.

Pour conclure, dans sa conception la plus élevée l’art Royal n’a pas pour objet la recherche de l’or matériel, mais celle de la parole perdue c'est-à-dire celle qui nécessite l’épuration de l’âme, la réintégration de l’homme, matière même du Grand Œuvre dans son essence originelle. Ce soir nous célébrons le solstice d’été, nous fêtons dans sa dimension symbolique Jean-Baptiste, fils de Zacharie. Ce dernier qui avait perdu la parole à cause de son incrédulité, la retrouve par son obéissance à la naissance de son fils. Jean-Baptiste, témoin de La Lumière, permet donc à son père de retrouver la parole perdue.

J’ai dit.

J\ M\ A\


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