GLNF Loge : NC Date : NC


L’Utopie Maçonnique ou La Mort

Dans les années 70, Charles DUMONT, un dirigeant écologiste, avait fait paraître un livre « l'Utopie ou la mort », concernant le devenir dramatique de la terre, si les sociétés industrialisées les plus riches ne maîtrisaient pas leurs consommations.

Je voudrais à mon tour, comme Franc-maçon, m’en approprier le titre. A l’urgence écologique, toujours présente, s’est ajouté presque trente ans plus tard, l’urgence d’une spiritualité du bon sens pour le plus grand nombre.
Techniquement et matériellement il est possible de réduire les inégalités, de nourrir les affamés, de distribuer les ressources, de donner du travail à tous, de naître et mourir dans la paix et l’harmonie.

Curieusement, vu l’état actuel du monde et sa structure sociale, l’évidence est de constater que ceci est impossible. Le possible devient donc impossible.
Les hommes semblent incapables de surmonter leurs différences quand il s’agit de modifier, pour le bien de tous, des structures mentales, sociales ou économiques.
Pourtant ce possible impossible est réaliste puisque techniquement et matériellement il est réalisable. Donc, de nos jours, le réalisme est utopique !

Pour nous francs-maçons, ceci est inacceptable.
Il doit y avoir un impossible possible !
Il doit y avoir une utopie réalisable !
Comment pourrions nous désespérer de l’homme ? Il faut démontrer que l’utopie est viable et possible, sinon nous allons vers une spiritualité inexistante dans une société mortelle. Nous ne pouvons pas rester spectateur inactif devant le délabrement évident de notre société.

Mes frères, toutes proportions gardées, n’est-on pas un exemple d’utopie réalisée ? Nous avons refusé l’immobilisme au sein de notre petite communauté. Nous avons prie des risques financiers pour assurer la pérennité de notre temple. Pour notre recherche spirituelle nous n’hésitons pas à faire et construire notre moi avec l’humilité nécessaire et le regard de l’autre. Que se soit dans le profane, ou le spirituel nous avons refusé l’inaction et le pourrissement, nous avons fait !

Comment transmettre aux profanes ?
La question est-la. Avons nous le droit au prosélytisme ? Nous croyons à notre méthode maçonnique pour aller vers une société plus conviviale, mais avons nous le droit d’en exprimer la finalité sommes tout individuelles ? Pourtant, si nous y regardons de près, peu d’entre nous étions faits à l’origine pour travailler et réfléchir ensemble. Pourquoi sa marche ? Comment sa marche ?
Comment ? La maçonnerie nous a donné les outils nécessaires à une auto-analyse à une auto-construction. En aucun cas elle nous impose des dogmes ni même une finalité. L’objectif ROYAL nous le découvrons individuellement mais parfois jamais pour certains d’entre nous…

La transmission de l’art Royal n’est-elle pas l’œuvre SACRE de tout maître Maçon ?
Dans notre démarche maçonnique, dans notre itinéraire spirituel, les premiers pas se font dans le silence et l’écoute de la transmission mais il ne faut pas confondre communication et transmission. La tradition nous est transmise et donnée pendant le temps sacré de l’exécution du rituel. Nous sommes venus frapper pour nous mettre à couvert et connaître. Il y a lieu de dire que la communication est profane et que la transmission est du domaine du sacré.

Un de nos Maîtres, le T.ILL.F\ Jean-Paul KRIEGER comparait avec humilité notre principal travail de maître à celui du camionneur qui livre d’un point à un autre un chargement important. Toute la difficulté est là. Il nous arrive trop souvent, quand nous voulons véhiculer la tradition, de vouloir exprimer le contenu qui est du domaine de l’incommunicable, de l’innommable, et d’oublier de donner à chacun l’authenticité du rituel et du symbole.

Il nous faut plus d’humilité, donnons notre confiance à la tradition maçonnique, travaillons plus sur les symboles. Ils sont les seuls à exprimer un message universel plus du domaine des sens que de l’intellect. La transmission opérative se faisait par les outils. L’homme, l’ouvrier, par son travail par son obstination, arrivait ou n’arrivait pas à son chef d’œuvre. Le travail spéculatif ou opératif anobli l’homme mais la finalité spirituelle est du domaine individuel bien qu'elle participe à la réalisation d’un plan Divin.

L’initiation permet à quelques-uns uns d’entre nous d’allumer en eux un feu intérieur communicatif. J’oserais parler d’un 6ème sens. A chaque degré de notre progression maçonnique nous restons parfois un temps dans un certain marasme intellectuel. Chacun de nous doit être attentif et permettre l’assurection de l’autre. Comme le dit l’auteur de ce mot (Charles Bovelles) « les assurections s’efforcent de nous emporter vers les cimes et jusqu'à DIEU lui-même ».

Ne laissons pas la structure de l'ordre prendre le pas sur notre devenir spirituel. Quelle que soit notre place dans cette fausse hiérarchie de l’institution Maçonnique, il doit y avoir un temps pour la transmission. Soyons l’assurection de l’autre, chacun avec ses ressources, chacun avec sa pierre. Notre ambition c’est d’être un jour au moins une fois, pour un de nos frères, le reflet de l’Art Royal : « Il n’enseigne pas, il éveille. »  
Après avoir pénétré et essayé de maîtriser notre intimité spirituelle,
Après s’être ouvert au monde extérieur pour connaître et ressentir,
Après avoir accepté sa solitude dans la fusion avec le tout,
Après un long travail de méditation et surtout une complète humilité,
Non, je dirais non !
Je ne dirais pas après mais je dirais pendant !

Pendant ce long travail de toute une vie de conscience maçonnique, il est de notre devoir d’assumer la transmission. Il s’agit pour nous de participer à l’immortalité de notre Loge, de notre Rite, et quelque part à notre propre immortalité.

La tradition ne transmet que des symboles, que des outils, peut être un plan, un objectif librement consenti. Elle a donc la merveilleuse faculté de laisser à tous son libre arbitre, en résumé sa LIBERTE. N’hésitons pas donc à transmettre avec AMOUR cette spiritualité de la LIBERTE. Elle est noble et peut être une des solutions pour le devenir de l’individu dans sa vie sociale.
Jean Mourgues nous dit « Dans le propos de la Franc Maçonnerie initiatique, il y a ce risque fou, pris sans doute sans que chacun en mesure bien la portée : créer, construire, une religion sans église, vivre une fraternité organique fondée sur les grandes vérités humaines, créer une communauté qui ne repose plus ni sur le combat pour le pouvoir, ni sur l’entreprise dominatrice, ni sur la volonté de primer, mais sur la joie d’être et l’exaltation des modalités généreuses de l’être. »

Pour de tels objectifs, je veux bien transmettre et donner à d’autres les outils de la méthode qui nous permettent une quête permanente, une quête pour la faim, la faim de donner, la faim de recevoir, la faim d’amour et de liberté.
J’ai dit

B\ D\


7041-A L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \