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a Franc-Maçonnerie et le Sacré

Vénérable Maître et vous tous mes biens aimés Frères, je viens ce soir vous présenter ma réflexion, sur «la Franc -Maçonnerie et le sacré » une liaison certes dangereuse mais pour nous  fondamentale .Effectivement, quand je dis « Et le sacré » je parle bien de la conjonction de coordination et non du verbe « être », d’où la notion de danger à l’égard de certaines autres courants de « Pensée Maçonnique et profane ».


Une réflexion comme celle que j’entends mener sur« La Franc-Maçonnerie et le sacré » ne saurait faire l’économie d’une petite définition de la religion. Parmi toutes celles qui ont pu être données, deux ont retenu particulièrement mon attention, parce que ensemble elles rendent bien compte de la complexité du sujet.
Pour le Larousse la religion est « un ensemble de doctrines et de pratiques qui constitue le rapport de l’homme avec la puissance divine ».
Pour le Robert c’est un « ensemble d’actes rituels liés à la conception d’un domaine sacré distinct du profane et destiné à mettre l’âme humaine en rapport avec Dieu ».
Ainsi la  Franc-Maçonnerie traditionnelle en générale et la notre en particulier pourrait être considérée comme religion selon le Robert. L’initiation qu’elle pratique s’accomplit  au travers d’actes rituels à la gloire du Grand Architecte de l’Univers, reconnu comme Dieu révélé .Que ce soit au travers de signes, de gestes, de maximes morales. L’initié est donc mis en rapport avec Dieu.
Mais cela suffit-il pour que «La Franc-Maçonnerie » soit considérée comme une religion ?

Pour certains la réponse est positive .Pour d’autres, parmi lesquels je me range, elle ne l’est pas.
Ceux qui assimilent volontiers la Maçonnerie traditionnelle à une religion forment un assemblage hétéroclite, composé d’athées et de  croyants, Maçons ou pas.

Pour certains croyants qui ont une conception «totalitaire »de l’institution ecclésiale, en ce sens que celle-ci doit être le seul témoin du sacré auquel ils se rattachent, notre Franc-Maçonnerie traditionnelle avec sa référence à un Dieu révélé et ses rites initiatiques accomplis à la gloire du Grand Architecte de l’Univers, apparaît comme une sorte de contre- église, distribuant dans ses cérémonies des simulacres de sacrements.           Aussi condamnent-il aujourd’hui la Franc-Maçonnerie à cause de son caractère religieux.

Certains Maçons, pour justifier l’évolution de la Franc-Maçonnerie, déclarent volontiers que leur rejet de Dieu comme Grand Architecte de L’univers correspond non seulement à un désir de liberté de conscience mais à une envie de clarification vis-à-vis de la religion. D’autres vont même jusqu'à répudier la notion d’initiation. Pour être complet, il y a aussi ceux qui ont gardé les principaux signes extérieurs de la
Franc-Maçonnerie traditionnelle mais qui les sont vidés de leur contenu. Ainsi parle-t-on volontiers d’initiation et de sacré, mais par rapport à un Grand Architecte de l’Univers qu’on refuse d’identifier à Dieu et qui peut donc être n’importe quoi, pour pas dire n'importe qui.       
En identifiant le Grand Architecte de l’Univers à Dieu, nous avons pas le sentiment d’avoir transformé nos Loges en chapelles, nous sommes simplement restés fidèles à la tradition du vieux Métier des bâtisseurs qui se voulait à l’origine chrétienne.

Cette Franc-Maçonnerie de 1723 n’est pas entrée en guerre avec l’Eglise. Ses principes n’avaient rien de contraire à ceux de la foi chrétienne, et il ne serait venu à l’idée de personne de dire d’un chrétien Franc-Maçon de l’époque qu’il avait double appartenance. Il devrait en être de même aujourd’hui. En effet, le sacré auquel se réfère la tradition judéo-chrétienne est lié à un Dieu ineffable et jamais totalement connaissable. La réalité divine ne s’épuise donc pas dans la création et dans la rédemption.
 Aussi « l’Eglise institution » ne saurait avoir le monopole du sacré, bien que pour nous chrétiens, elle demeure le lien obligé dans l’obtention du salut. De plus, la Franc-Maçonnerie ne propose aucune quête de salut. Le sacré de nos rites d’initiation est un sacré de création qui s’adresse d’abord et avant tout à la construction de notre «  être » en ce monde. La Franc-Maçonnerie ne dispense pas un enseignement sur l’au-delà.
Pour bien préciser ma pensée, je voudrais aborder le problème des rapports entre l’initiation maçonnique et les sacrements. Nous vivons en effet en pays de culture chrétienne, aussi est-ce par rapport au christianisme que je me situerais, et ce, dans un esprit le plus œcuménique possible. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi l’exemple du baptême, sacrement commun à tous les chrétiens.
L’initiation symbolique transforme obligatoirement l’homme, elle se trouve dés lors en similitude avec la transformation du sacrement chrétien.  

Comparons le baptême et l’initiation. Le mot baptême dérive du grec « baptizein » qui signifie immerger, laver. L’Ancien Testament connaissait déjà des rites de purification par l’eau .Ezéchiel (36, v25) Dieu dit à son peuple  «  je vous aspergerai d’une eau pure, et vous serez purs ; de toutes vos impuretés et de toutes vos Saletés je vous purifierai ».Après l’exil, à Babylone, les rites d’ablution se multiplièrent, en particulier chez les pharisiens dans le but de permettre l’accès au temple pour les sacrifices. Jean Baptiste, quand a lui dans la droite ligne du psaume 51, donnera au baptême d’eau le sens du pardon des péchés et de la conversion du cœur pour se préparer à vivre les temps nouveaux, l’ère messianique du christianisme.

D’une certaine façon donc, on peut constater que le baptême entre en concurrence avec le culte sacrificiel du Temple, les sacrifices étant offerts pour le pardon des péchés. De plus, Jean Baptiste annonça explicitement la venue du Messie qui devait baptiser de feu et d’esprit. La transition, entre le baptême de Jean le baptiste et celui de Jésus, s’opéra lors du baptême de Jésus lui-même, par Jean Baptiste .Après le baptême d’eau, dés que Jésus remonte des eaux du Jourdain, l’Esprit de Dieu, confirmé par la voix, descend sur Jésus sous forme d’une colombe. Pour les Evangiles, il y a beaucoup de passage qui parle du sujet, j’ai retenu les derniers versets de celui de Marc qui rapporte l’ordre de Jésus ressuscité à ses apôtres, passage très important parce que considéré comme étant un des textes d’institution du baptême. Jésus leur dit: « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création, celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné .Voici les signes qui accompagneront ceux qui ont cru :En mon nom, ils chasseront les démons ;ils parleront de nouvelles langues;ils saisiront des serpents ;s’ils boivent quelques breuvage mortel, il ne leur fera point mal ;ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris. Le seigneur, après leur avoir parlé fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu».

Ce texte, qui institue le baptême comme sacrement, c’est-à-dire, pour reprendre une définition de saint Augustin, « comme le signe visible d’une grâce invisible » appelle trois petites remarques théologiques.
Premièrement le baptême est lié à la foi, il lui apparaît même comme primordial. Le baptême et la foi, lien qui est souvent perdu de vue dans nos grandes Eglises pratiquant le baptême d’enfants.
Deuxièmement le baptême et le salut. Il apparaît comme nécessaire au salut mais non pas d’une nécessité absolue, ni une condition sine qua non. Il n’y a pas, en effet, de parallélisme entre les deux formules. Il est dit : « celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » on ne dit pas «  et ne sera pas baptisé » là encore la foi prime.
Troisièmement les signes qui accompagnent ceux qui auront cru sont des signes que l’on pourrait appeler « des signes magiques ou paranormaux », tel le pouvoir de guérison, la connaissance d’aspects cachés du sacré, l’immunité devant la maladie.

En résumé, à partir du texte évangélique, le baptême n’est pas un acte magique, il n’a d’action salutaire que là où la foi a été placée dans le cœur de l’homme par le Saint Esprit ; la volonté humaine mue par la foi est donc sollicitée.
Saint Paul dans l’épître au romains chapitre VI  v. 3&4 nous dit : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Christ Jésus, c’est en sa mort que nous avons été baptisés?Nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme Christ est ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous menions une nouvelle vie » Ici Paul fait du baptême un véritable rite d’incorporation à la mort et à la résurrection du Christ, ce n’est plus en tant que rite purificateur par l’eau seulement que le baptême lave du péché Il associe le récipiendaire à l’acte salutaire du Christ en le faisant passer par deux phases : la mort et la résurrection. En fait le sacrement de baptême se rattache essentiellement à la mort et à la résurrection de Jésus. Lorsque Jésus triomphe de la mort, il reçoit auprès de son Père la gloire du fils de Dieu. De même nous au moment de notre baptême, nous passons d’un monde sans Dieu, d’un monde mort à une vie avec Dieu qui, celle-là, est éternelle.

Sans vouloir entrer dans des détails fastidieux je dirai simplement que le rite maçonnique, dans beaucoup de ses degrés, et ce, dés le premier même, évoque l’idée de la mort et de la résurrection. Certes le cadre ainsi que le but de l’initiation, puis les passages et élévations se présentent d’une manière différente de ceux du rite baptismal. Il est question de la mort de réalités anciennes, de la naissance à des réalités nouvelles, d’accès à des vérités éternelles, ce sont-là autant de points communs entre baptême et initiation. Où est alors la différence ? Dans un mode différent d’approche du sacré si, bien entendu, on conserve à l’initiation maçonnique sa dimension traditionnelle, la foi seule rend le baptême efficace pour le salut, et oriente la volonté humaine dans le sens des Evangiles, alors que le pouvoir de l’initiation est un pouvoir agissant sur l’éveil des forces qui existent déjà dans l’individu et qu’il faut appeler à se manifester. Ces forces en éveilleront d’autres au fur et à mesure des passages de degrés et de l’expérience acquise de la vie initiatique jusqu'à un certain épanouissement .L’initiation maçonnique n’agit que là où elle rencontre quelque chose :
Volonté de connaissance, de recherche, désir de progrès etc. Je ne connais pas pour autant tout ce à quoi appelle le sacrement religieux et qui ressemble aussi aux objectifs de l’initiation.  

Toujours est-il que ce que les jansénistes appelaient la grâce, n’est pas une condition rédhibitoire de l’élévation en maçonnerie fût-elle traditionnelle, mais elle n’est pas non plus incompatible.
Le chrétien baptisé témoigne des évangiles, le maçon purifie sa pensée de tous les préjugés de tous les sophismes, de toutes les passions aveugles, et de tous les bas appétits, pour renaître à une vie supérieure.

L’un honore Dieu, l’autre honore la fraternité maçonnique toute entière.

Le maçon rectifié honore l’un et l’autre.

Ah…sacrée Maçonnerie !!!

D\ B\
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