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Mystères des trois premiers nombres

L’apprenti maçon a trois ans car il doit être initié aux mystères des trois premiers nombres.

Cette phrase tirée du tuilage du premier degré, est une réponse sur l’âge de l’apprenti. Les termes de cette réponse m’ont conduit à me pencher sur certains d’entre eux.

Le premier est le mot « initié », le dictionnaire LITTRE nous livre une définition « introduire à la connaissance et à la participation des mystères. Par extension c’est donner à la connaissance d’une chose, c’est à dire révéler un secret que l’on va s’approprier » Il y a donc dans l’initiation à la fois une découverte d’une dimension que le profane ignore mais aussi une transmission notamment avec l’épée flamboyante symbole du pouvoir créateur du V\ M\ qui crée, constitue et reçois.

Vient ensuite le mot « mystère », le dictionnaire nous parle de culte secret dans le polythéisme auquel on était admis après des initiations successives. Mystère et initiation sont intimement liés. Le mystère est surtout quelque chose de caché avec un caractère sacré et nous touchons là je crois le point le plus important de notre démarche de cherchant. Nous avons tous eu au préalable de notre initiation envie d’aller au de là, de nos préoccupations de la vie matérielle.

En dernier lieu je crois qu’ il faut distinguer les notions de nombres et de chiffres. Dans le langage profane on utilise l’un ou l’autre terme de manière indifférentié, on parle habituellement du chiffre 1 ou du chiffre 3, et plus rarement du nombre 1 ou 3. La notion de chiffre est utilisé dans le langage ou dans l’écriture pour quantifier, c’est une façon d’écrire un nombre, on peut d’ailleurs exprimer un nombre de plusieurs manière selon l’époque ou la civilisation, nous connaissons tous les chiffres romains, les chiffres arabes…

Les nombres, eux existent de manière indépendante des chiffres. Ils appartiennent au monde de l’idée au sens platonicien du terme, c’est à dire au monde intelligible, faisant totale abstraction de nos sens, de notre raison, pour laisser place à notre intuition spirituelle. Le littré dans sa définition du nombre parle de l’Unité, que l’on pourrait écrire avec un U Majuscule, les nombres sont une collection d’unités qui nous renvoient au nombre UN, à l’unité principielle. L’étude des nombres nous pousse donc à aller chercher un sens caché, ils sont un outil dans notre recherche spirituelle.

Mais quels mystères peuvent revêtir les nombres ?

Une piste nous est donnée la phrase suivante du tuilage qui dit : ce sont des analogies qui se déduisent des propriétés des nombres (....) Il y a lieu de ramener le binaire à l’unité par le biais du nombre trois. Voila ce que nous dit le rituel.

Arrêtons nous quels instant sur la valeur symbolique du nombre deux. Il est formé par l’addition d’une unité à une autre 1+1. L’image reçue est une dualité formé par « l’un et l’autre », formant une opposition. C’est la première division du UN primordial. C’est la chute adamique celle ou Adam et Eve Passent du jardin d’Eden (monde idéal symbolisé par le UN) après avoir mangé un fruit de l’arbre de la connaissance, à un monde duel. L’image de l’unité est perdue et ne peut être retrouvée. Il existe a présent une tension entre l’un et l’autre, entre le bien et le mal qui n’existait pas dans le jardin harmonieux que Dieu avait crée.

Lorsque nous entrons dans le temple en tant profane, nous sommes un être binaire. Nous sommes constitué de notre corps enveloppe charnelle et nous sommes animé par notre âme au sens latin du terme « anima », c’est à dire ce qui nous anime, nous permet de ressentir, penser, réagir.

La dualité est symbolisée en loge par le pavé mosaïque, continuité des deux colonnes entre lesquelles nous passons pour entrer dans le temple. Formé de carrés blancs et noirs, nous retrouvons dans ces eux couleurs les symboles de morts (au monde profane) et de naissance (de l’initié qui est appelé à « une vie nouvelle »), de lumière (reçue lors de l’initiation) et de ténèbres (monde profane d’où nous venons), et plus généralement du bien et du mal.

La cérémonie d’initiation va nous transformer et nous sortir de cette dualité.

N’oublions pas que le 3ème voyage se fait sur le pavé mosaïque, sous le fil à plomb, par la purification des flammes qui doivent embraser notre coeur. L’énergie retirée de ce dernier ouvre nos potentialités, et nous revèle à une dimension ternaire : corps âme esprit.

Chez Pythagore le nombre 3 est un nombre de paix et de concorde, il réunit les contraires 1 et 2. Pour Platon le nombre 3 est une synthèse de plusieurs éléments en une totalité, il est le symbole de l’UN. Dans la tradition chrétienne le nombre 3 est l’image sensible de la divinité incarnée, le père est le principe, le fils est engendré, le St esprit procède des deux.

Cette dimension spirituelle par le passage du 2 au 3 doit nous permettre à ne plus opposer la dualité, mais à dominer ces forces positives et négatives. « vaincre ses passions, soumettre sa volonte et faire des progres en F\M\» nous dit le rituel. Cela passera par une prise de conscience, celle que notre âme peut être aussi le siège d’une intuition spirituelle qui va nous ramener à l’unité, c’est à dire devenir un homme accompli, ou du moins meilleur, sur une voie de progression.

Cela va passer par un vrai combat contre notre égo, nos certitudes, nos aprioris, nos dogmes. Le but est d’éveiller notre conscience à cette dimension tridimensionnelle, pour nous diriger vers la lumière. Il s’agit là de découvrir en nous cette dimension cachée, celle du cherchant, qui par dévoilement successif va peut être s’approcher de cette dimension sacrée et espérer établir une relation avec le divin. Le nombre 3 nous ramène ainsi au nombre UN symbole du divin. Notre démarche vise canaliser nos contradictions, pour synthétiser et réunir ce qui est épars, et trouver cet équilibre qui fera de nous un homme nouveau, un homme libre, libéré de ses contraintes.

Il nous appartient pour cela d’entamer un travail personnel pour mettre en acte ce que nous avons reçu au travers de notre initiation, pour libérer les potentialités dont nous sommes porteur. Nous sommes des êtres ternaires, un corps sorti de la matière et une âme qui reçoit de Dieu l’Esprit.

En conclusion je voudrais vous livrer en guise d’anecdote cette citation de Saint Exupéry qui résume assez bien notre conception profane. Il écrit « les grandes personnes aiment les chiffres, quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu’il préfère ? Est-ce qu’il collectionne les papillons ? Au contraire elles vous demandent quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères et soeurs ? Combien pèse-t-il ?Combien gagne son père ? Alors seulement elles croient le connaître ».

Sortons mes frères de cette quantification dont se moque Antoine de Saint Exupéry, en nous dépeignant sous les traits des grandes personnes avides de chiffres.

Ne passons pas à côté de l’essentiel, partons à la recherche de l’essence, à la recherche de cette pierre cachée, Profane nous sommes un être binaire, créé par Dieu à son image, le deux étant issu du UN comme je l’ai dit précédemment. Mais notre chemin d’initié est de nous élever au ternaire, l’esprit nous ramenant à ce qu’il peut y avoir de sacré en nous.

Dans notre démarche la question n’est pas de savoir ce que nous pouvons faire avec les nombres mais ce que les nombres peuvent faire sur nous.

J’ai dit.

D\ G\ C\


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