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L’alchimie un chemin vers le Soi

Le titre de la réflexion de ce midi, l’alchimie un chemin vers le Soi, revêt selon nous une importance capitale pour tous maçons et singulièrement pour celles et ceux qui souhaitent inscrire leur pas dans ceux d’Hermès.

Afin de mieux mesurer son importance, nous mettrons en parallèle la psychologie analytique développée par le psychanalyste Jung et la tradition maçonnique, puis toujours en rapport avec cette même tradition, nous soulignerons l’intérêt d’une claire compréhension du processus d’individuation. Par ailleurs cette approche permettra la mise en lumière des principaux écueils auxquels le maçon peut être confronté durant son cheminement initiatique.

Il convient dans un premier temps de clarifier la notion d’alchimie spirituelle et certains concepts comme le « Soi » et le « moi ».
 
Pour ce qui est de l’alchimie spirituelle, le présupposé suivant peut être retenu. Prisonnier ici-bas sous l’écorce de la matérialité, nous sommes esclaves de nos pulsions, de nos pensées, et de nos désirs. De ce fait l’alchimie spirituelle repose sur une approche spécifique de l’incorporation de l’âme humaine, du parcours qu’elle emprunte, de sa descente dans la matière puis de sa remontée en vue de sa délivrance, de la génération et du partage avec l’UN.

Pour ce qui est du concept du « Soi », dont le S illustre en majesté et exprime un état de conscience. Il est un phénomène énergétique d’ordre universel, mystique et métaphysique. L’ésotérisme islamique qualifie cet état « d’Identité Suprême », l’Hindouisme en parle en terme de « Délivrance » ou de « Samadhi », DANTE le nomme « Paradis Terrestre », et pour les Platoniciens, c’est l’époptie, la vision de la Beauté en soi. Quelque soit la tradition retenue la réalisation du Soi se fait par un passage, le passage de la multiplicité et de la dispersion, à l’unité et à l’être, expression de l’ineffable.

Et enfin pour ce qui est de la notion du « Moi » ou « d’égo », elle désigne la représentation et la conscience que l’on a de soi-même. Cet égo peut constituer une entrave à notre développement spirituel lorsqu’il se prend le tout, autrement dit quand il se substitue à l’être, à l’image d’une cellule qui se prendrait pour le corps.

Le chemin vers le Soi, décliné tant par la psychologie des profondeurs, que par l’alchimie spirituelle, est un processus de création. Il crée en effet un individu autonome, libre et indivisible.

Pour y arriver, le premier pas à accomplir est indubitablement un travail d’introspection qui nous conduit quand il est bien réalisé au connais-toi, toi-même de Socrate. Le cabinet de Réflexion en est l’illustration et nous livre donc la clef et la méthode. En rapport avec la démarche l’alchimique elle représente l’Œuvre au Noir.

En effet tout son symbolisme concoure à nous inviter à entreprendre un travail sur nous même, à abandonner nos métaux, c'est-à-dire à nous débarrasser de la persona, de nos masques sociaux, de nos remparts habituels, et de nos jeux de clown dans la société. Il importe alors de se délester de nos préjugés, de nos automatismes, et de nos conditionnements mentaux et de nos conformismes...
Pour ce faire, le maçon comme l’alchimiste devra quérir cette MATERIA PRIMA, qui n’est rien d’autre que sa propre pierre brute, laquelle se trouve tapis au plus profond de sa caverne, là où l’obscurité est plus noire que noir.

Ce travail de rectification sur la pierre brute, est en réalité un travail sur le moi, sur l’égo, sur une part non négligeable du psychisme conscient. Car sa plus grande tragédie est de se prendre pour le tout, et de se considérer comme étant le centre le l’homme, en voulant constamment embrasser l’individu à l’intérieur de la sphère de sa totalité.

Nous pensons que l’égo est une fonction de la conscience globale, comme la cellule est un élément fonctionnel du corps. La prise de conscience de la réalité de l’égo en tant que fonction devient un élément déclencheur favorisant l’ascension vers le Soi, en l’occurrence vers la totalité de l’être.

Ainsi le propre du cheminement initiatique ne consiste pas à éliminer l’égo, mais plutôt par le truchement de purifications successives, à accroître sa valeur spirituelle, à étendre les frontières étroites de son horizon pour en élargir le champ d’activité afin qu’en prenant connaissance du Soi universel qui imprègne toutes choses, il puisse être au service du Soi. Comment pourrions en effet imaginer un instant, éliminer la cellule du corps. Que serait le corps sans sa cellule ? Et que serait la cellule sans le corps ?

De notre point de vue le travail sur l’égo, autrement dit les opérations réalisées sur l’égo (opérations alchimiques) s’inscrivent dans un processus d’individuation. Pour Jung le processus d’individuation revient à une descente à l’intérieur de soi provoquant d’emblée un resserrement vers l’essentiel de sa profondeur, vers l’axe, puis amène à un supplément de liberté, à un élargissement.

La prise en compte de quelques principes peut favoriser ce processus d’individuation, voire alchimique.

En effet l’exercice de la Raison, doit d’abord s’exprimer par une écoute attentive, une observation vraie, une application consciente des 5 sens, afin de tenter de vivre la permanence de la conscience, dans l’ici et maintenant.

A cette tentative de présence à soi, doit également s’ajouter une réflexion sur les grands concepts métaphysiques, conjugué à une éthique, tant sur le plan philosophique que sur sa relation à l’autre.

Ainsi surgira la vase endormie de nos profondeurs, nos torpeurs, nos angoisses, toutes nos blessures, lesquelles seront transférer à la surface du conscient, pour être éclairées afin d’être traitées.

Par une vigilance de tous les instants, on portera une attention sur nos inclinations les plus secrètes, non pour nous juger, mais plutôt pour augmenter notre connaissance de nous-mêmes, car en les éclairant, on les fait passer du côté de la lumière pour être reconnu et maîtrisé. Alors ces inclinations n’agiront désormais plus en sourdine.

Ce travail sur soi-même, présuppose d’allier vigilance active et lâcher prise car notre personnalité est un véritable mille feuilles, qu’elle soit collectives, ancestrales, éducatives ou autres, elle devra céder doucement à l’hégémonie de « l’UN » qu’impose la puissance volontaire consentie des Rites.

La où la psychologie des profondeurs rejoint la tradition hermétiste, se trouve dans le rapport entre le conscient et l’inconscient, mais aussi dans la fonction et dans la puissance du symbolisme, des mythes, contes et légendes.

A l’aide desquels nous pourrons communiquer avec notre être intérieur. Qui n’a pas aimé le Petit Prince de St exupéry ou le serpent vert de Goethe ou les contes de Grimm et d’Anderson, ils nous ouvrent le sésame de la porte de la caverne d’Alli baba. « Frapper et l’on vous ouvrira ».

Les contes et mythes ont un message très important pour notre vie et notre épanouissement car « Un rêve qui n’est pas interprété, est comme une lettre qui n’a pas été lue ». Le Talmud, Berakhot

Ainsi l’inconscient représente le grand réservoir des faits psychologiques, la plus grande partie de notre psychisme ayant influence sur notre existence, sur nos habitudes, et nos réactions. C’est tout ce que nous avons enregistré inconsciemment, dont les souvenirs sont associés à des émotions. Leur influence sur notre conscience pourra être positive comme négative.

Leur influence négative donnera naissance en nous, à un déséquilibre plus ou moins névrotique.

L’œuvre de Jung a montré que l’inconscient est peuplé de symboles et ceux-ci sont le moyen de converser avec celui-là. Une fois décodés, les blocages et symptômes dont le malade est l’objet vont disparaître. L’autre apport de Jung reste aussi en conformité avec la tradition initiatique. Ces deux approches affirment que l’inconscient n’est pas clos, c'est-à-dire qu’il est ouvert et qu’il peut entrer avec une dimension transpersonnelle.

Autrement dit, chaque inconscient est en relation l’un avec l’autre, dont chacun devient la porte invisible et cachée qui nous conduit à l’inconscient collectif et aux symboles archétypaux.

Ce qui nous amène à considérer que l’inconscient collectif est un inconscient supérieur, et il demeure un héritage mental commun à tous.

En effet nous pouvons vérifier que l’homme moderne emploi les mêmes symboles que ces ancêtres, et que les mythes, contes et légendes se répètent sur tous le globe sous des formes analogues.

Certaines personnes privilégiées ont accès à ce grand réservoir de la pensée humaine. En certaine circonstance l’être humain peut être mis en contact avec cet inconscient universel.

En conséquence le symbole est un pont entre archétype primitif et un symbole extérieur, et il a bien une action invisible et crée une ouverture intérieure qui nous permet d’accéder à un autre niveau de conscience.

Par ailleurs notre psychisme est influencé par le symbole dans la mesure où ce dernier est en relation avec l’archétype présent dans l’inconscient collectif.

Ce chemin vers le Soi, passe par le mariage parfait du conscient et de l’inconscient pour que l’homme parvienne à l’équilibre, à sa totalité. Si le conscient n’est pas assez fort, il est détruit par l’inconscient et nous vivons alors sous pilotage automatique.

En effet conscient et inconscient ont des relations conflictuelles, parce que l’inconscient ne se conforme pas à la légalité de l’être conscient.

Il convient à partir de la méthode proposée par la maçonnerie d’apprendre à désactiver le pilotage automatique pour reprendre les commandes. Car les deux parties peuvent communiquer entre elles, par le pouvoir du symbole et une ouverture au sacré, dont l’intuition sera la pierre angulaire.

De plus la dimension déiste du Rite, renforcée par les apports de nos illustres prédécesseurs, inscrit le maçon égyptien dans une dimension complètement adogmatique et nous confère alors une réelle liberté.

En conséquence l’étude des différents courants tant gnostique que kabbaliste et bien d’autres, se situe non sur le plan cultuel, mais dans sa dimension archétypale, dont la compréhension intime des forces à l’œuvre permettra à chacun de recouvrer l’unité perdue.

Alors processus d’individuation et démarche initiatique sont véritablement des aventures spirituelles. Elle implique le désir sincère et la volonté individuelle d’accepter de se transformer peu à peu, de s’affiner, pour ouvrir la porte à un certain équilibre, et de surcroît  à la Gnose.

Ce qui importe c’est l’intégration du symbolisme. Le fait de se laisser habiter par le symbole, de se laisser investir et de se laisser transporter par lui et le laisser opérer en soi-même les transformations spirituelles qu’il induit, car il est en relation avec l’archétype présent dans l’inconscient collectif.

Toutefois pour cela il importe de se mettre en comm-union, par la culture du silence.

Cette tentative d’unification ne se fera pas sans remous, car nos démons intérieurs sont tenaces, de véritables gardiens du seuil qui chercheront constamment à amplifier nos clivages.

Nous pensons que si l’initié ignore le contenu de son abîme, et ne s’est pas par ailleurs familiarisé avec la culture symbolique pour en apporter du sens, alors le choc de la vision lui sera bouleversant, voire traumatisant.

Bon nombre de maçons égyptiens, ont fait fit des mises en gardes des Anciens, et l’absence d’un travail purificatoire, associé à une véritable éthique au quotidien, ont malheureusement amplifié leur déséquilibre et ils ont ainsi privilégié consciemment et/ou inconsciemment l’ombre à la lumière.

Comme nous le savons, outre sa dimension physique, l’homme possède une dimension psychique. L’incompréhension des mécanismes psychiques, et celle des blessures conscientes et inconscientes, ont conduit nombres de maçons égyptiens à devenir de petit potentat, de véritable mandarin de bas étages, les amenant parfois à créer leur propre courant initiatique, ajoutant ainsi plus de confusion à la confusion que traverse actuellement la maçonnerie égyptienne, entrainant à leur suite des chercheurs sincères dans des voies d’enténèbrements.

Ce dévoiement n’est-il pas dû à une grande confusion entre expérience spirituelle et développement spirituelle. Expérience opérée sans avoir atteint  un équilibre psychique et dépourvue d’une sérieuse préparation psychologique, et de surcroit complètement dénuée d’une véritable éthique au quotidien et pour terminer une crasse vision du concept de l’initiation.

A un degré nettement moindre, quelque soit l’âge obtenu sur l’échelle initiatique, le maçon doit être particulièrement vigilant pour ne pas céder à la tentation de se croire important, car en réalité on s’initie que par soi même.

Etre extrêmement fort pour ne céder à la volonté de toute puissance.

Etre profondément sage pour ne pas exiger des autres ce que l’on ne s’est pas soi même imposé.

Dès lors évitons soigneusement le syndrome du gourou éclairé et ne croyons jamais détenir toutes les lignes directrices qui donnent le sens permettant d’atteindre la véritable unité métaphysique.

Gardons nous d’être des moralisateurs plus ou moins bavards ou éloquents. Puissions-nous être plutôt, un jour ou l’autre, d’humble transmetteur de numineux, de devenir des chandeliers pour bougies allumées.

Pour notre part, en guise de conclusion nous pensons que l’objet final de l’initiation, c’est le retour à l’Unité, d’autres utiliseraient le concept de Réintégration. Par l’initiation, il nous a été transmis les outils, il convient à chacun de nous de devenir des ouvriers habiles dans leur manipulation pour le retour à l’Unité, cette quête de l’Un à travers le multiple.

Grâce à la maitrise des symboles, des mythes et d’une ouverture de la psyché au sacré, nous pourrons alors transcender la diversité apparente du monde existentiel ou extérieur pour atteindre l’universalité, l’unité du monde essentiel ou intérieur. Au-delà de la vie physique et psychique, nous accéderons peut être à la vie spirituelle dans sa plénitude.

Mes S\ S\ et mes F\ F\ conscient de l’immensité du travail à accomplir, par nous même et sur nous même, nous ne prétendons nullement avoir parcouru le chemin. Nous sommes simplement en recherche de ce qui en nous est plus que nous.

Gloire Honneur et Fidélité au Travail.

J\ M\ A\ D\


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