GSA Loge : Hathor - Orient de Saint Etienne Date : NC

   

L'Alchimie véritable

Qu’est-ce que l’alchimie ?

Ce travail représente une tranche importante de ma vie, qui s’étend sur neuf ans d’étude alchimique. Pour la plupart des " initiés ", l'alchimie est l'art de faire la pierre philosophale qui a la pouvoir de transmuter le plomb en or. Cette définition est l'idée-force. Pour faire la pierre, il y a une partie technique avec du matériel, fourneau, ballon et une partie se faisant à l'oratoire. L'oratoire favorise la réussite des opérations.

Voici posée la définition la plus répandue et de nos jours elle n'a pas perdu sa vigueur. Le mirage de l'or est encore très fort. Il conduit le plus souvent l'opérateur à une impasse qui se solde par une précieuse perte de temps. L’Art est long, la vie est brève, dit un adage alchimique latin. C'est parce que je suis arrivé à cette conclusion qu'il m'a semblé important de vous présenter ce travail.

Tout d’abord que veut dire le mot alchimie ? Alchimie = chimie de AL (ou EL en hébreu). AL = Dieu. Chimie = kimia = terre noire (qui est l'Egypte). Ajoutons Al à Kimia et nous obtenons " la terre de dieu ". En hébreu, Adam signifie " Terre rouge ". Dans sa traduction de la Bible, André Chouraqui traduit ce mot par " le glébeux ".

L'alchimie métallique

La principale forme de l'alchimie est l’alchimie métallique. Elle se divise en deux branches ; la voie sèche (Canseliet, Fulcanelli) et la voie humide (Roger Caro).

Les ouvrages traitant du sujet sont innombrables. Ajoutons les histoires merveilleuses, les affirmations de ceux qui ont vu la pierre, les procès d'intention et tout ce qui a été inventé par des esprits fertiles et convainquants. Tout a été raconté, du plus sérieux au plus farfelu, certains auteurs allant même jusqu'à falsifier des documents qui étaient déjà faux pour entretenir cette définition de l’Art. Je n'oublie pas aussi ceux qui ont expliqué les textes des maîtres en fourvoyant volontairement leurs lecteurs. Difficile dans ces conditions de lever les voiles qui depuis des siècles s'accumulent sur l'alchimie véritable.

Au début de ma recherche, ma conviction était la suivante : Transmuter le plomb en or c'est vérifier la bonne qualité de la pierre obtenue à l’issue des travaux. Le plus important consiste en la transformation de l'opérateur qui s'effectue en même temps qu'avance sa pierre, l'un s'épurant au contact de l'autre.

Mes doutes

A cette époque j'étais convaincu de la valeur de ces définitions, puis j'ai lu Le Grand-Oeuvre de Paul F. Case, fondateur de BOTA (Builders of the Adytum). J'ai lu et ça m'a agacé. Ce qui était écrit était différent de ce que j'avais étudié et expérimenté. Je suis retourné à mes livres que j'ai relus.

J'ai arrêté de me torturer l'esprit lorsque je me suis rappelé les paroles de Roger Caro qui parlait de la quintessence et du prolongement de la vie. " Vivre vieux, sans limite ? Mais à l'époque on mourait à 40 ans. Avec la quintessence on vivait le double. Tu t'imagines vivre jusqu'à 160 ans ? Replace toi toujours dans le contexte initial ". Il avait raison, réduire la pierre à un doublement de la durée de vie et à une bonne santé, même si on a de l'or, paraît être un résultat bien décevant.

Autre doute : les alchimistes qui prétendaient avoir réussi la pierre philosophale n’étaient pas transformés du tout. L’idée que la pierre et l’opérateur s’épuraient conjointement ne fonctionnait pas. Je connais un alchimiste qui prétend faire la pierre en deux heures. Que cela soit vrai ou faux importe peu. Ce qui me frappe chez ce personnage haut en couleur est son attitude. Rayonnement du corps de gloire ? Inexistant.

Avec moins de résultat prétendu dans les travaux de laboratoire, mais une fin de vie, Roger a eu une fin de vie plus calme consacrée à la prière. On passait du temps avec lui comme ça, pour rien, pour le plaisir, parce qu'on se sentait bien chez lui. A une certaine étape de sa vie, il avait lâché l'alchimie métallique pour se consacrer uniquement à la prière. Après sa consécration par Armand Toussaint (lignée identique à la nôtre), il fut le patriarche de l'Eglise Universelle de la Nouvelle Alliance qu’il avait mise sur pied.

Tous ces éléments m'ont fait comprendre que les travaux de l'alchimie métallique poursuivis avec pour seul objectif les buts qu’affiche cette alchimie sont un cul-de-sac et que je devais recommencer les études. " L’alchimie métallique pour l’alchimie métallique " est une impasse comme l’est " la théurgie pour la théurgie (invocations, évocations, production de phénomènes) ".

En conclusion, il existe deux types de manuels d’alchimie. Le premier est très technique. Il repose sur les ballons (voie humide) ou les fourneaux (voie sèche). Le second parle aussi de technique mais sans matériel. Il parle toujours de prière. La Bible y est souvent mise en avant. Dans tous les cas, l'imagerie est très précise et trop souvent sous-estimée.

Qu’est-ce que la véritable alchimie ?

Si spagyrie et alchimie métallique sont des impasses, qu'est ce que l'alchimie véritable ? 
Revenons un instant sur la définition de l'alchimie. C'est la TERRE DE DIEU. Le principe, que des milliers de membres d’Ordres pseudo-initiatiques n’entreverront jamais, est le suivant :
L'être humain est potentiellement immortel. En lui se trouve l'embryon d'immortalité. Je précise, ce n'est qu'un embryon. La vie, notre vie terrestre est une période de gestation de cet embryon. La mort, notre mort physique est un accouchement. Accouchement qui relève plus de la fausse-couche si durant notre vie nous n'avons rien fait. Accouchement d'un enfant viable, d'un adulte ou d'un adepte si nous avons pris soin de le choyer et le nourrir. Chacun de nous est semblable à une femme enceinte. Sa grossesse dure toute sa vie.
Il est à noter que la franc-maçonnerie véhicule encore cette définition, en particulier le rite Egyptien de Cagliostro. Comme l’écrit Denis Labouré, " Il est illusoire de penser qu’une filiation historique ininterrompue aurait permis aux secrets des Mystères antiques de parvenir jusqu'aux loges maçonniques. 
Mais ils ne sont pas tombés du ciel et il est probable qu'ils y sont parvenus par des lignées de mages et d'alchimistes qui oeuvrèrent dans le silence de leur oratoire, avec ou sans patente ! Au XVIIIe siècle, les loges leur servirent de support d’enseignement ou de vivier dans lequel ils recrutèrent. Des hommes comme Cagliostro intégrèrent dans les rites maçonniques qu’ils créèrent les pratiques apprises dans des cénacles plus fermés. En1784, Joseph Balsamo (1743-1795), alias Cagliostro, créait à Lyon le " Rite de la Haute Maçonnerie Égyptienne " qui ne lui survécut pas. Historiquement, rien n’est certain sur les origines du rite mis en place par son créateur après un séjour à Malte puis à Naples. Le hiérophante ou " Grand Cophte ", son titre en Maçonnerie Égyptienne, affiche son objectif ; la construction d'un corps de lumière, un corps glorieux. Dans les quarantaines spirituelles, il précise : " Chacun recevra en propre le Pentagone (Étoile Flamboyante), c'est-à-dire cette feuille vierge sur laquelle les Anges primitifs ont imprimé leurs chiffres et leurs sceaux, et muni de laquelle il se verra devenu Maître et chef d'exercice ; sans le secours d'aucun mortel, son esprit est empli d'un feu divin, son corps se fait aussi pur que celui de l'enfant le plus innocent, sa pénétration est sans limites, son pouvoir immense, et il n'aspire à plus rien d'autre qu'au repos pour atteindre l'immortalité et pouvoir dire lui-même : Ego sum qui sum. " Cette immortalité étant acquise pendant la vie physique, Cagliostro décrit ici une étape de l'alchimie interne. "

Le schéma qui suit, extrait d’un livre taoïste, est précis, étudions-le.

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Changeons de tradition et lisons Saint Paul. " Mes petits enfants pour qui j’éprouve les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. " (Gal. 4,19) De quel Christ parle-t-il ? Certainement pas d’un dieu extérieur auquel nous devons croire en lui rendant un culte, mais de cet enfant qui doit croître en nous. De cet enfant qui, lorsqu’il vient de naître, est fragile, et doit être protégé des agressions extérieures. Par " l’amour maternel " écrit l’auteur taoiste. Par la fuite en Egypte, écrit l’évangile de Matthieu après avoir parlé d’une célèbre nuit. Il est certain que ce secret met en péril dogmes et clergés et rares sont les Eglises qui ont osé parler clairement de ce problème. Il est à l’honneur de l’Eglise Catholique Libérale, fondée par C. W. Leadbeater, Annie Besant et d’autres théosophes, d’avoir écrit des phrases comme celles-ci dans leurs documents officiels, dans ce cas à propos de Noël : " C’est une jeune lumière, pleine de promesse, la Lumière d’un enfant, car elle est pleine de promesses, et de la promesse seulement, de la glorieuse lumière du Soleil...C’est comme si l’étoile de la conscience de l’homme,..., descendant de la tête jusqu’au coeur, jusqu’à ce qui, en occultisme, est appelé la cavité du coeur, et parfois la grotte. C’est dans le coeur, une place strictement délimitée et soigneusement capitonnée, telle une chasse secrète et sainte...C’est comme si l’absolu, la réelle demeure de l’homme était descendue dans le coeur ; on dirait que l’étoile de la conscience de l’homme descend dans le coeur et y brûle très paisiblement...( Les pouvoirs divins derrière les fêtes chrétiennes, Van der Stok ).

On retrouve des enseignements similaires dans les mystères antiques (Eleusis, Isis ...), dans la Franc-Maçonnerie (lire " les quatre corps de l’homme " et " De Cagliostro aux Arcana Arcanorum " par notre frère Denis) et dans l’hindouisme (lire le chapitre " le corps de diamant-foudre " dans Le Yoga Tantrique, de Julius Evola). La messe est une allégorie de cette alchimie, comme le sont d'ailleurs les manipulations de l’alchimie métallique.

Comment s’y prendre ?

Situons-nous dans le cas d’un frère ou d’une soeur occidentaux initiés aux Mystères (maçonniques pour ce qui nous concerne, mais ils pourraient être aussi bien pythagoriciens ou chrétiens). Dans un premier temps, il lui faut étudier les textes qui parlent clairement de ce dont il s’agit. Plusieurs sont cités dans le paragraphe " Comment aller plus loin ? ". La tradition hermétique de Julius Evola est un pré-requis. Les ouvrages taoïstes expliquent également bien l'alchimie véritable, les textes n'ayant pas souffert de manipulations, de remaniements, d'interprétations douteuses et de censures religieuses.

Le respect d’une éthique (je ne parle pas de morale conventionnelle) sans faille est une obligation. Elle seule donne l’attitude juste face à la quête. Elle est rappelée sans cesse dans les rites maçonniques, mais également dans toutes les traditions spirituelles. Les deux principaux écueils sont :

* les compromis faits au cours de la quête pour acquérir pouvoirs et honneurs - les fameux cordons de la Franc-Maçonnerie. Ce qui est une autre façon de faire de l’or !

* l’incapacité de donner sans attendre de retour. Chaque maître a toujours eu son disciple, a toujours pris soin de placer un autre homme sur le barreau de l’échelle qu’il quittait lui-même. C’est un don gratuit, condition pour qu’il reçoive. Mais donner en échange d’autre chose, donner en attendant quelque chose de l’autre, ou exiger sans donner conduit à l’arrêt immédiat de toute progression dans cette Voie et rompt le contact avec l’Esprit.

Quant aux objectifs, il s’agit de l’établissement d’un contact avec le Saint Ange Gardien, le Daïmon de Socrate, l’éon-guide, ou le Virgile de Dante dans la Divine Comédie. Cela s’obtient par une pratique théurgique ou de prière, dans le cadre d’une voie sacerdotale. Chaque tradition (pythagoricienne, shivaïte, chrétienne, etc.) a sa procédure. Ce contact conduit aux intuitions qui " ouvrent " les livres spirituels ou les manuels d’alchimie à la compréhension de l’initié. Tel est le programme...

Une fois cela acquis, la pratique conjointe des procédures alchimique et sacerdotale est indispensable. Il n’y a pas d’alchimie laïque. L’alchimiste et le prêtre se répondent au sein d’une même personne. Pour que le rite fonctionne, le prêtre doit être alchimiste et oeuvrer à sa transformation interne. Pour que les techniques alchimiques " prennent ", l’alchimiste doit être prêtre, c’est-à-dire ouvert à l’effusion de l’Esprit. Dans un cadre chrétien, au cours de la messe, l’image de Dieu en l’homme rejoint son archétype céleste. La créature fait retour à son Principe. Je l’ai constaté lors de célébrations en milieu averti, alors que l’air ambiant se chargeait de particules de Lumière.

 A quoi sert l’étude de l’alchimie métallique ?

Pourquoi continuer l'enseignement de l'alchimie dans la voie humide ? Sa pratique permet de se familiariser avec un vocabulaire, une façon différente de raisonner et de voir les choses. Elle brise des schémas mentaux qui nous empêchent de voir ce qui est devant nos yeux. C'est une préparation à la suite, le tout est de le savoir.

Qu’advient-il après la réussite du Grand Oeuvre ?

Venons-en à ceux qui ont découvert le Grand Oeuvre. Dans un premier temps, ils rendent grâce à Dieu, l'Eternel Tout Puissant. Leur vie devient prière. Dans un second temps, ils écrivent un document résumant (de façon codée, mais peut-être l’incommunicable ne peut-il être exposé autrement ?) leur expérience et on n'entend plus jamais parler d'eux.

Clap de Fin.

Ne dites pas à un alchimiste classique que l'alchimie métallique est une impasse, vous auriez de drôles de réactions, car il n’y entend généralement rien. Cela peut être amusant, mais vous risquez de tuer l’enfant, trop fragile, qui venait de naître en vous. D’où les serments maçonniques de secret et de silence. Ce que je dis là est peut-être valable pour une communauté, si j’en juge l’expérience de notre loge et notre fuite en Egypte. La mienne étant d’ailleurs une fuite à l’anglaise !

La voie vous est ouverte. Vous pouvez travailler sur l'essentiel si vous le voulez.

ORA - LEGE - LEGE - RELEGE - LABORA - INVENIES

J'ai fait mon devoir !

F\ F\ M\


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