Obédience : NC Loge : NC Date : NC


De midi à minuit


Il y a de cela quelques années, j'avais fait cinquante minutes de Boeing 737

Survolant l'Amazonie de Belém, destination Santarem. De la, monte sur un de ces petits bateaux de bois de transport de passagers, j'étais parti pour vingt quatre heures de remonte du fleuve trombeta.

En m'endormant sur mon hamac. J'essayais d'imaginer le village Oriximina , le but de mon voyage ou j'allais rencontrer des producteurs d'acajou.

Au réveil, moi qui pensais croiser sur le fleuve une pirogue de tronc avec des indiens de tribus locales, me voila, croisant des bateaux minéraliers de plus de 100.000 tonnes remplis de bauxite.

A plus de 1000 km de l'océan je prenais conscience que je naviguais au milieu de deux bulles de temps.


D'un cote une bulle de temps faite de technologie, bateaux, marche de commodités, communication par satellite, usines d'aluminium et que sais je encore et de l'autre une bulle de temps encore faite d'eau, de terre, de feu et d'air.


Je naviguais entre deux espace-temps et je réalisais qu'en aucun cas, je ne pouvais pénétrer ni dans l'un ou l'autre de ces espaces. J 'aurais beau frapper à la porte, mes mots, signes et attouchements n'aurait eu aucun sens, ni même à minuit et combien même à midi de ces civilisations parallèles.


Au milieu de mon fleuve que pouvais-je faire ? Attraper du temps, acheter du temps, retenir du temps, remonter le temps, avancer le temps, j' avais beau retourner le problème de tous les cotes, le temps il serait déjà parti.


Pour arriver à pénétrer dans l'une ou l'autre de ces bulles de temps, il me fallait impérativement oublier mon temps . Mes vérités n'étaient plus que non sens. Mais comment faire quand vous êtes perdu au milieu du fleuve de la vie pour être reconnu comme une variété requise par une des bulles de temps.


Qui viendra me prendre par la main pour me dire regarde, nous t'avons fait pénétrer dans un des compartiments du temps universel. Tu es un grain de sable de notre sablier, l'écoulement du temps te polira et tu aideras à polir les autres grains de sable. L'action de l'écoulement du temps faisant, il diminuera la dimension du grain, mais augmentera la qualité du polissage et la vitesse de l'écoulement ainsi nous gagnerons de l'espace parce que le temps est immuable. Cet espace que nous libérerons ensemble permettra l'augmentation de la quantité de grain de notre sablier, temple du beau, comme un trou noir qui avale de la matière.


Maintenant de retour sur le rivage, quand je vois ma loge ouvrir ses travaux je vois une bulle de temps s'ouvrir, nous retournons le sablier, les grains se frottent, se polissent, circulent.

Le temps s'écoule inexorablement de midi a minuit et quand nous refermons la loge, je pars en réfléchissant à la dimension de l'espace que nous avons réussi à libérer sur le chantier universel où déjà d'autres frères à midi le prenne en compte.

Un jour sans aucun doute, j'aurais donné toute la matière de mon grain de sable, mais combien en aurais-je mis ou permis d'en mettre ?


T\ F\  

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