Obédience : NC Loge : NC 11/02/2012

La progression vers la connaissance suprême

Dans cette intervention devant vous, je n’ai pas la prétention de déclamer des vérités mais seulement d’exposer le fond de ma pensée qui elle même résulte de l’expérience acquise depuis mon initiation au 1e degré jusqu’à ce jour.

Le chemin de l’initié au 14e est jalonné de symboles lui permettant de progresser vers la connaissance suprême. Il doit être éprouvé par la mer d’airain, symbole de résistance qu’il doit surmonter en lui-même. Il faut qu’il élève sa pensée vers le créateur, ainsi que le signifie la fumée du sacrifice. Il a besoin des pains de propositions pour effectuer son voyage. En quelque sorte, il semble qu’en fonction de l’étape franchie par celui qui poursuit son cheminement, le REAA le conforte dans ses dimensions matérielles et immatérielles ainsi que dans les outils qui sont mis à sa disposition pour surmonter les épreuves qu’il ne manquera pas de rencontrer. Que ce soit dans les 1ers degrés comme au 14ème degré ; j’ai eu besoin, en contrepartie de mon serment, de la confiance de mes frères pour y puiser mes forces. J’ai eu besoin d’appréhender leur aura maçonnique pour trouver plus facilement le souffle me permettant de m’élever. J’ai eu besoin, à travers un rituel, de me nourrir de tout un corpus symbolique comme viatique pour les voyages que je devais accomplir.

En loge de perfection j’ai ressenti trois fortes notions  qui ont marquées la graduation de mon élévation. La notion de DEVOIR indispensable pour se mettre sur le chemin de la connaissance, la notion de VOULOIR indispensable pour s’éveiller et devenir meilleur, enfin la notion de POUVOIR indispensable cette fois pour témoigner de la vérité voire de la faire connaître.

Le GEPSM a fait alliance avec la vertu et les hommes vertueux et plus particulièrement avec ses frères et le REAA. Dans cette démarche il est le premier bénéficiaire d’un conditionnement permettant son élévation sublimée dans un égrégore transcendant.

Cette alliance c’est aussi celle entre le Corps et l’Esprit, un corps que j’ai refaçonné comme un temple depuis ma première initiation. Un temple auquel je me suis identifié un temple que j’ai observé, un temple que j’ai édifié selon les instructions et les plans qui m’ont été fournis ; j’ai apporté la matière première et mon travail acharné. J’ai appris aussi que quoiqu’il arrive je serai protégé dans les lieux les plus secrets de cette réalisation dont les fondations  qui relèvent de mon essence ont elles mêmes précédé mon existence. En maçonnerie les plans sont toujours préétablis et ne souffrent d’aucune improvisation ; aussi il m’a toujours été demandé de travailler, de chercher, d’appliquer suivant une méthode et à partir du matériau dont je suis dépositaire : mon propre corps.

Ce corps qui est pour moi l’objet le plus immédiat, je m’en suis servi comme une Clé pour pénétrer l’essence et la volonté même du monde que je constitue et qui me constitue. Dés le 4eme degré, j’ai manifesté, en portant la clé d’ivoire, ma détermination de rechercher en moi l’absolu. Cette clé était d’apparence absurde car disposée à ouvrir sans pouvoir ouvrir ; à l’image de notre égo qui peut nous emprisonner mais sans lequel nous ne pourrions parler de libération. A l’image aussi de l’ascension métaphysique qui ne peut être linéaire ni perpendiculaire, ni directe.

La démarche initiatique permet de dépasser la seule expérience externe de la réalité et d’entreprendre de la saisir dans ce qu’elle a de plus intime c a d pour ce qui nous concerne, notre propre corps, celui-ci est ce par quoi nous connaissons tout le reste. Notre corps lui-même nous apparaissant de 2 manières : à la fois, dans le rapport tout extérieur qu’il entretient avec les autres corps ; mais en même temps, nous le vivons de l’intérieur. Il nous est donné, de façon intime, et à chaque acte nous transformons l’invisible en visible et pour l’initié les ténèbres en lumière.

Progresser vers la connaissance suprême passe sans doute par ce travail intime et initiatique qui nous fait entrevoir la clé ultime du déchiffrement de l’énigme du monde. Il suffirait de bien se servir de cette clé pour savoir ce pourquoi nous sommes là et la place qui est la notre dans la perfection du monde. Cette clé c’est probablement la volonté du monde que j’abrite.

Cette volonté qui m’anime n’a ni cause ni raison, ce constat conduit à l’absurdité de l’existence humaine pour celui qui ne sait où aller. Mais pour l’initié que je suis l’existence si elle n’apparait pas comme un don constitue une dette que j’ai le DEVOIR d’honorer. C’est la démarche que j’ai empruntée en travaillant à la gloire du GADLU. C’est cette démarche qui m’a aussi conduit à contracter une ALLIANCE avec la vertu et avec les hommes vertueux ; c’est ainsi que j’arriverai à fondre le sentiment de l’existence individuelle dans celui de l’existence universelle.

Quand le sentiment du Sublime nous domine, nous sentons que nous ne faisons qu’un avec le monde. Mais nous ne sommes pas des purs esprits. Ce qui nous permet GEPSM de vivre notre double nature d’en prendre conscience et de réaliser que nous sommes dans une progression vers la connaissance suprême. C’est ainsi que mon être intérieur se sent partagé entre 2 grandes réalités : le monde de la matière et le monde de l’esprit. L’un a besoin de raison rationnelle l’autre appartient aux sentiments, à l’intelligence du cœur.

Pour Progresser vers la connaissance suprême il me faut transcender l’équilibre entre ces 2 mondes qui sont pourtant inégaux mais l’harmonie permanente qu’il me faut atteindre est à ce prix. Il ne s’agit plus d’être le fléau d’une balance oscillant entre la partie objet et la partie sujet de mon identité. Et comme dans toute progression il faut accepter à un moment de se mettre en déséquilibre pour rendre le premier pas possible.

L’harmonie est atteinte lorsque la spiritualité absorbe le matérialisme, lorsque l’Amour absorbe la haine. L’équilibre ne veut pas dire, non plus, neutralité mais au contraire engagement dans l’action sur mon environnement, avec autrui pour participer à la création du monde qui nait chaque jour.

Agir c’est créer, et pour le GEPSM que je suis cette acte de création se confond avec l’acte d’amour. On ne peut pas être GEPSM à temps partiel ; une partie du temps dans l’égoïsme et l’autre dans l’Amour. Trop penchés dans la corporalité et le matérialisme, nous sommes à la merci d’un égo qui s’enfle facilement et nous rend sourd à l’appel de nos semblables.

Trop versés dans le spiritualisme nous pourrions perdre notre dimension corporelle et du même coup le lien avec nos semblables. Cela dit un ego en miettes serait le pire de tout ; car comment pourrions trouver les mots, les gestes, les sentiments à partager si nous nous privions de la capacité d’éprouver le bon, le beau pour atteindre le bien.

Nous ne sommes pas dieu, nous sommes ses créatures et en tant qu’initiés travaillant à la GADLU nous persévérons dans notre réalité humaine, nous la perfectionnons et tentons de la déifié par la sublimation. Je serai tenté de penser que la perfection est atteinte quand il nous est possible de puiser dans une partie de nous même ce qu’il nous est nécessaire pour réaliser le complément à l’autre partie de nous même. Ne serait ce point là une étape décisive dans la progression vers la connaissance suprême à laquelle nous convie le 14eme degré.

Dés le premier degré, l’initié est confronté au principe de contradiction d’une certaine lecture binaire du monde qui l’entoure, qui l’imprègne, qui le constitue. Si ce principe est appréhendé, transcendé ; concilié il n’en demeure pas moins que l’apparence de cette dualité se manifeste tout au long de notre cheminement où nous sommes en présences de phénomènes qui nous paraissent en opposition et nous inspirent au mieux interrogations et au pire angoisses. Jusqu’à ce que nous adoptions la démarche qui révèle l’harmonie du monde. Cette démarche le GEPSM l’accomplit dans son unicité mais en partage avec ses frères. L’ultime moment étant sans doute celui où chacun aura tellement donné qu’il n’y aura plus rien à partager, puisque tout aura été mis en commun comme un souverain bien.

L’initié ne peut pas cependant aspirer à l’apothéose vers je ne sais quel olympe ou Jérusalem céleste. La place de l’homme est d’être parmi les hommes. L’ultime perfection est aussi dans l’Alliance avec soi même, c’est épouser la volonté qui est placée en soi, c’est aimer son destin et l’épouser.

L’ultime perfection c’est sans doute aussi le parfait achèvement de la formule VITRIOL, me connaître moi même pour découvrir la mission qui m’est attribuée par le créateur. Dés mon initiation au premier degré ce travail m’a été confié, j’ai commencé par l’équerre et le compas et il m’a fallu affirmer ma dimension physique, puis appréhender ma dimension spirituelle pour accéder ensuite à la dimension métaphysique. Cette méthode m’a été proposée progressivement par le REAA décliné dans chaque degré qui a gradué mon cheminement initiatique. Sans cette méthode j’aurai probablement succombé au découragement à l’instar de Guibulum dans sa progression hésitante vers la neuvième arche.

Dans la démarche de perfection le GEPSM a déjà transcendé le monde matériel en assumant parfaitement sa corporalité sans laquelle il ne pourrait assurer la médiation avec la spiritualité.

L’initié est ainsi un médiateur c'est-à-dire un tiers entre deux parties de lui même que sont d’une part un esprit subtil et un corps incontournable, indispensable, éphémère mais dépositaire d’éternité, d’éternel de divin.

L’humilité devrait me conduire à dire dépositaire d’une parcelle d’éternité, d’une parcelle d’éternel, d’une parcelle de divin, mais peut on détenir partiellement ce qui est indivisible ?

C’est une question dont la réponse se trouve probablement dans le cheminement qui me mène vers la connaissance suprême.

J’ai dit

T\ H\


7018-5 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \