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Le Rituel détourné à l’usage de l’Apprenti

Lorsqu’on est admis en Franc-Maçonnerie, au-delà de l’initiation, vient la première tenue.

Pendant, cette tenue, où l’on balbutie notre gestuelle, sous les mimiques et signes des frères, soulignant d’un façon bienveillante nos hésitations, contre temps et gestes à peine ébauchés.

Pour l’apprenti, le silence est de règle, mais l’ouïe est aux aguets, captant ici des mots, s’accrochant là aux coups de maillet que se renvoient le Vénérable et les deux surveillants.
Bref, tout est fait pour que l’on soit à l’aise dans l’absolu, mais pas dans la réalité, nous étudierons ce soir la dialectique et seulement la dialectique.
Car comme tous les vieux briscards de la Maçonnerie le savent, avec le symbole ce n’est pas possible puisque tout est symbole.
Donc mes frères, ce soir, nous ne serons pas dans la polémique, mais dans l’analyse scientifique de notre dialectique.

L’apprenti pénètre pour la seconde fois dans le temple, dans son œil se reflète comme un présentoir de chez Casto, du carrelage, alternant le noir et le blanc, c’est soit disant un pavé mosaïque. On dit aussi carré long!
Ah! bon, c’est un carré étiré alors!
Il prend place au Nord ou Septentrion parce qu’apprenti, il se tient sur le côté le moins éclairé pour rappeler qu’il doit étudier et s’instruire.

Si l’apprenti revient des sports d’hiver ou des Baléares bien bronzé, la tête des maîtres et des compagnons au sud « blancs comme des cierges de Pâques » cela peut faire désordre!

Ah! Moment important, le Vénérable demande de s’assurer si le temple est couvert.

Eh! Bée, se dis l’apprenti s’il pleut on va être tous trempés, mais non c’est seulement pour s’assurer que l’on ne soit pas dérangés pendant la tenue, le frère rapière va vérifier si tout est bien fermé, souvent l’on dit « il descend de Véné » alors qu’il est parfois plus vieux en âge que le Vénérable, en fait c’est l’ancien vénérable qui a gagné le droit de buller.

Un petit coup de batterie ça vous dit ?
A moi, mes frères par le signe, la triple batterie et l’acclamation!

Et là, le Vénérable parfois démarre en trombe, les plus chevronnés suivent, l’apprenti lui tape le 3ème coup quand retenti « liberté », il s’accroche, rattrape tout le monde et finit l’épreuve sur ce mot magnifique: « fraternité »

Le boulot commence, ou les travaux sont ouverts. L’apprenti se présente devant l’autel des serments (là ou tout initié fait promesse de ne rien révéler à la presse, l’Express, le Point etc.) il doit harmoniser les trois grandes lumières au grade d’apprenti, ce n’est pas rien les trois grandes lumières, l’épée sous la constitution ouverte, le compas ouvert à 30° pointes vers soi dessus, l’équerre sur le compas, pointe de l’angle à 90° vers soi, ça m’est resté gravé d’une façon indélébile, alors soit vigilant mon frère apprenti, grave.

Un maître-maçon « majordome » se promène avec une canne sculptée, allume sept bougies ; puis se met devant le présentoir de chez Casto et annonce d’une voix forte une pub pour une voiture italienne haut de gamme :

« FIAT LUX»

Casto et Fiat sponsors de la Franc-Maçonnerie ? Je suis abasourdi !
Au moment de l’instruction du grade, le vénérable demande au 2ème surveillant s’il est Franc-Maçon, étonnant alors qu’ils se connaissent depuis longtemps, en plus il insiste. A quoi le reconnaitrai-je?

A mes signes, mots et attouchements!
Pour le signe, je le dis discrètement c’est une petite boite à outils qui contient une équerre, un niveau et une perpendiculaire, mais signe c’est plus court!

Et puis là, tout de suite le drame, le geste désespéré, maçon un jour, maçon toujours: « Que je préférerais avoir la gorge coupée plutôt que de manquer à mon
Serment »  version 2003 ou « Que j’aimerais mieux avoir la gorge coupée que de révéler les secrets qui m’ont été confiés » pour la version 1992 utilisée dans notre atelier.

Si l’on a pas failli, on donne l’attouchement au 2ème surveillant qui pas rancunier vous le rend et dit: « L’attouchement est correct Vénérable Maître ».
A mon grand étonnement, le Vénérable, lui demande le mot de passe, alors que tout le monde est déjà à l’intérieur du temple, le 2ème surveillant ne se démonte pas et répond du tac au tac :

«  TUBALCAIN « 

Version 1992: «  C’est le nom du premier homme qui, d’après la légende biblique, ait travaillé le métal » version 2003: «  C’est le fils de Lameth qui inventa l’art de travailler les métaux ».

Nous avons le père et le fils , pour le troisième je vous renvoie à votre liberté de conscience !

Subitement, sans que rien ne le laisse présager à la demande: «  Donnez moi le mot sacré! » il perd les pédales, ne sait plus ni lire, ni écrire et ne sait qu’épeler, bon, avec du mal, il s’en tire à peu près, mais tout juste.

A tour de rôle, des frères peuvent monter à l’Orient pour faire part de leurs travaux, cela s’appelle une planche, la vérité: c’est qu’ils travaillent pour le frère Orateur, qui pour un orateur ne dit pas grand-chose, mais les embrasse à chaque fois pour les remercier de faire son boulot d’Orateur, et ensuite il les remercie encore avant qu’ils ne regagnent leurs places.

Souvent, avant de regagner leurs places et après que la parole fut donnée sur les colonnes, (seules colonnes horizontales au monde ) ils sont pris en flagrant délit de travail dissimulé, ils avouent avoir touché leurs salaires, alors qu’ils ne peuvent fournir le moindre bulletin de paye. C’est fort ça, non!

Le pire, c’est que l’Orateur n’est jamais inquiété!

Vient le moment que je préfère, pour deux raisons la première, c’est que nous formons une chaîne fermée, nous tenant tous par la main, ce qui matérialise tous les maçons du globe, la deuxième est en gros que dans une demi-heure je vais goûter à l’enchantement culinaire concocté par le frère chargé des agapes.

C’est la minute culturelle.

Alors «  AGAPES » la racine grecque AGAPE, dérivée d’un verbe qui signifie «  accueillir avec amitié » montrer de l’affection pour quelqu’un, elle renvoie à une forme d’amour singulière, distincte de l’EROS, un amour oblatif, dont l’équivalent latin est «  CARITAS » sans relation avec le désir captatif ou la passion amoureuse.

Une bouffe entre frangins quoi!

Et là, mais alors là, le top du top, certains font tourner les tables, nous nous faisons circuler les troncs, curieusement l’un se nomme, clin d’œil à notre atelier cauchois «  pouc aux propositions » une sorte de pouc  à idées, soit une planche maçonnique ou une planche sociétale, l’autre le « tronc de la veuve » où depuis des temps aussi reculés que le 18ème siècle, les Francs-Maçons mettent leurs oboles pour payer une tête, des bras, des jambes à cette pauvre veuve qui n’avait pas besoin de ça, ayant déjà perdu son mari!

«  Rassembler ce qui est épars » ça s’appelle!

Après la fermeture des travaux er l’extinction des feux, nous sommes invités à regagner les parvis et récupérer nos métaux, ce qu’on laisse à la porte du temple, avant la tenue, emmerdes, soucis, tracas, mauvaises pensées, seuls sont autorisés, rage de dents, mal de dos, cors aux pieds.


Voilà mes biens chers frères, ma façon de désacraliser notre rituel, c’est irrévérencieux certes mais cela participe au seul et unique but de mettre à l’aise l’apprenti, du décontractyl façon Jean-Marie.

Si vous désirez une copie, demandez au frère Greffier qui note tout scrupuleusement, si bien sûr le Taulier est d’accord, les frères 1er et 2ème matons, le frère Baratineur, le frère Bignoleur vous envoient depuis l’Orient Eternel la triple accolade de notre frère Pierre DAC.

J’ai presque tout dit Vénérable Maître

Postscriptum: Dans mon dictionnaire Hachette de 2004, il est écrit au mot: CAPITATION « Taxe par tête, abolie en 1789 »
Solennellement mes frères je vous le dis à quoi sert le progrès, là-dessus il faudra faire toute la lumière.
Là j’ai vraiment tout dit Vénérable Maitre ou presque !

J
\M\ T\

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